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    - Spiritualité et humanisme                                                 

                          

 Dernière mise à jour le :  samedi 16 juillet 2022 

                                                    

 

Horizon Spiritualité Ce que je crois ! Chercheurs de Sens

                                                                                                               Pour nous, la seule religion qui soit est l'amour, la seule classe est celle de l'humanité et le seul langage, celui du coeur.

 

TABLEAU DES ARTICLES PARUS

 

- De la religion et la spiritualité G. de Fonclare 2022 06

- La mort et les monothéismes (vidéo) 2022 03

- L'attente de Dieu selon Paul Tillich 2022 01

- Noël aujourd’hui dans notre monde... J. Musset 2021 12

- Libre pensée chrétienne 2021 10

- Pourquoi je suis resté catholique ? M. Légault 2021 09

- Lettre ouverte à la presse religieuse 2021 06

- Ne vous indignez plus, Révoltez-vous P.O. Léchot 2021 06

- Sur le chemin d'humanité  P. Hubert 2021 05

- Le geste qui sème l'espérance 2021 04

- Printemps en vue ! Bernard Lamy 2021 03

- Se libérer des formatages Plein-Jour 2021

- Être honnête avec Dieu  John Shelby Spong 2021 01

- Où est-il ton Dieu ? Jacques Musset 2021 01

- Jésus, un homme vraiment ? Michel Lecomte 2020 12

- Les défis de la fraternité  Anthony Favier 2020 11

- Assez ! D. Vanhoutte 2020 05

- Dieu peut-il échouer ? A. Gounelle 2020 05

- Une vieille légende; Brahma 2020 04

- Notre foi en l'humain  M. Bellet 2020 03

- A quel besoin répondaient les religions ? J. Arregi 2020 01

- Marcel Légaut et la religion catholique D. Lerch 2019 12

- De l'enfant-dieu à l'enfant-roi A. Comte-Sponville 2019 12

- Questions à Jacques Gaillot 2019 11

- Où s’exerce la spiritualité ? 2019 11

- Méditation : d'un monde à l'autre M. Elain 2019 09

- La dérive fondamentaliste A. Nouis 2019 06

- Etre disponible au Souffle intérieur  J. Musset  2019 06

- Funérailles d'aujourd'hui en France 2019 06

- Pédophilie dans l'Eglise  J. L'hour 2019 01

- Texte à méditer par L. Jerphagnon 2018 12

- Prosélytisme par M. Théron 2018 12

- La différence entre protestantisme et catholicisme A. Nouis 2018 11

- Nos êtres chers Michel Fortin 2018 10

- Peut-on se passer de religion ? A. Comte-Sponville 2018 10

- J’aime le monde dans sa complexité ! J.M. de Bourqueney 2018 09

- Vous commencerez par le respect M. Bellet 2018 06

- De la prêtrise à l’abandon des doctrines Préface du livre de  R. Sougnier 2018.06

- Lève-toi et prends ton lit A. Grun 2018.02

- Inch'Allah, Dieu est une bonne excuse, V. Barat 2017.10

- Une représentation déiste de Dieu JC Barbier 2017 09

- Où donc est Dieu ? Elie Wiesel  2017 09

- Nous rompons le pain Charles Hedley 2017 09

- Minuscule traité de spiritualité M Bellet 2017 08

- La parole est vivante JC Guillebaud 2017 06

- Les Tisserands A Bidar 2017 05

- Méditer 2017 05

- Adieu l'Eglise  J Meurice 2017 04

- Lettre du peintre Fra Angelico à un ami 2016 12

- Mal être et spiritualité Monique 2016 11

- Tâchez d'être heureux M Ehrmann 2016 10

- Faut-il invoquer ce Dieu qui nous est inconnu S Soulié 2016 09

- Les leçons de la maladie H Rouveure 2016 08

. Pays chrétien 2016 06

. Trois traditions spirituelles R Moghaddassi 2016 05

. Jésus pour le XXIe siècle J S Spong 2016 04

. Revue des Réseaux du Parvis 2016 03

 

. Faire naitre la fraternité M Elain 2015 12

. Eviter le choc ou l'amortir ? A Verheyen 2015 11

. Vie de partage Paul Abela  2015 07

. Le pardon et l’oubli Jacques Buchhold 2015 05

. Un pas de côté qui coûte, libère et rapproche P Rousse 2015 04

 

. Les gros cailloux de la vie 2014 12

. Ecoute et Partage formule ses convictions 2014 11

. Parole et présence J Musset 2014 09

. Que fais-tu Grand-mère ? Luce Bachoux 2014 07

. La loi pour la terre J Dahan 2014 06

Peut-on être agnostique et croyant ? J Mellado 2014 04

 

Flash d'information de Pâques 2014 03

Dieu super GPS  H Van den Meersshaut 2013 11

Le jour où je me suis aimé pour de vrai C Chaplin 2013 10

Rebelle J Sullivan 2013 05

Un événement majeur J Gaillot 2013 05

Va avec la force que tu as A Houziaux 2013 03

Respect de l'autre ou règle d'or Frédéric Lenoir 2013 02

 

L’adoption est la “bonne nouvelle” M Serres 2012 12

Question de croyances par « N Escobar » 2012 11

Un être particulièrement aimé est décédé R Parmentier 2012 10

Une autre manière d'entendre les Béatitudes M Bellet 2012 08

L’irréformabilité de l'Eglise Catholique J Meurice 2012 06

Terre-Mère 2012 02

Heureux ceux J Folliet 2012 01

La parabole des nombrils 2011 12

Union de prières L Njeim 2011 11

Notre aventure humaine G Riobé 2011 10

Se libérer de la religion J-M Kohler 2011 07

Message d'Espérance - Parvis 2011 05

Chapeau l’Artiste 2011 04

Dans la simplicité, la joie et le secret Frère Roger 2011 02

Khalis, chanteur algérien 2011 02

Souffle de vie G Castenau 2011 01

 

 Suite des articles, cliquer : Spiritualité (2) et humanisme

 

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« Nous confondons souvent le psychique et le spirituel. La sérénité, la détente, le bien - être sont des résultats appréciables, mais l’âme reste hors d’atteinte. Le psychique ne dépassera jamais la thérapie, qui n’a qu’un but : le mieux - être.

Le spirituel, lui, nous travaille dans une perspective radicalement différente : le plus - être. Par une croissance purement qualitative : il faut qu’il grandisse et que je diminue.»

Philippe Mac Léod

Lecture biblique du jour :

 https://www.taize.fr/fr_article30.html

 

 

D'autres points de vue ? Cliquer :

Athéisme ? L'homme debout  

 

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« La spiritualité, c'est simplement la partie la plus élevée de notre vie psychique, celle où nous sommes confrontés à l'absolu et à ce qui nous dépasse. C'est ce qui va au-delà de notre égo, ce qui reste ouvert sur tout, et donc aussi sur l'inconnu; trop facile, sinon, de n'être ouvert qu'au connu, à l'acceptable, au prévisible.

La spiritualité, c'est ne pas fuir devant ce qui nous dépasse mais au contraire, s'y exposer en pleine conscience. Ce qui nous dépasse ? Ces trois vertiges que sont l'infini, l'éternité et l'absolu ...

La spiritualité suppose absolument ce double mouvement : engagement et détachement ...»

Christophe André

 

"La spiritualité, c'est le feu intérieur d'un être en recherche de conscience et de liberté au cœur d'un univers dont il est solidaire"

Pierre de Locht

 

"Chaque fois que nous faisons parler Dieu pour nous légitimer, c’est nous qui parlons à sa place et c’est lui que nous faisons taire".

Conseil national de l’Église réformée de France

 

Quelle est la différence entre les catholiques et les protestants ?

   

À l’origine de la Réforme (de Luther ndlr), se trouve une libération par rapport à une image superstitieuse de Dieu … La réforme s’enracine dans la découverte que l’homme ne devient pas juste par ses œuvres, mais c’est parce qu’il est considéré comme un juste devant Dieu, en Jésus-Christ, qu’il peut accomplir de bonnes œuvres.

    Pour les catholiques, il y a Église lorsque se trouvent un évêque sur qui repose l’autorité du Christ et un peuple de baptisés, alors que pour les protestants, il y a Église lorsque l’Évangile de la justice de Dieu est annoncé et les sacrements de la grâce administrés. https://www.reforme.net/gratuit/differences-protestants-et-catholiques/

 

 

Des entrevues enrichissantes avec Frédéric Lenoir :

50' lors de l'émission canadienne "Plus grand que soi", Radio Mieux-être. Cliquer :  https://www.youtube.com/watch?v=ZxZdNFsYMg4

 

9’42 avec "L'essor de la spiritualité laïque"  Cliquer :  https://www.youtube.com/watch?v=IU-rDhotpJA

Les colombes de l'amit par P. Pourchez

 

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Nous vous remercions à l'avance pour votre participation

 

Guillaume de Fonclare, Ecrivain;

La vie de foi est un chemin, et même parfois un chemin de crête. Entre la joie d’apporter sa participation à une église et le carcan que peut devenir ce sentiment d’appartenance ; entre une spiritualité vivante et un grand flou dans lequel seules ses émotions le dirigent, le chrétien doit d’abord apprendre à être libre.

Considérables sont ceux, qu’ils soient servants ou fidèles des Églises, qui s’affligent de la diminution sensible du nombre de croyants qui se disent appartenir à une religion et qui pratiquent dans ce sens. La religiosité recule d’une manière qui paraît inéluctable , au profit de la spiritualité, qui s’affranchit du dogme et des doctrines et qui permet à tout un chacun de s’inventer une relation au Ciel unique et personnelle. Fatras de convictions hétérodoxes pour les premiers, signe de la plus grande liberté pour les seconds , la spiritualité vécue comme une expérience de l’Ineffable à la portée de chacun porte en soi les ferments d’une indépendance intérieure qui n’obéit à d’autres lois que celles qu’on se fixe pour soi-même. En ce sens, la spiritualité est éminemment une affaire intime qui ne regarde que soi, et qui ne répond à aucune contrainte extérieure, ce qu’exige par ailleurs la pratique d’une religion. Être membre d’une église, c’est satisfaire favorablement à la nécessité de croire en respectant un dogme et un certain nombre de commandements qui orientent l’usage. Si je cultive ma spiritualité en allant à l’office du dimanche, je n’en demeure pas moins constituant d’une communauté qui a ses lois : pour un chrétien, vénérer le Christ rédempteur et ressuscité, faire siennes les injonctions du Décalogue, obéir à l’autorité morale d’un prêtre, d’un pope ou d’un pasteur, quand bien même les rôles de ceux-ci sont divers et ne correspondent pas à des impératifs identiques.

Un édifice intime
Certes, être pratiquant, c’est aussi nourrir une dimension spirituelle. Mais beaucoup, désormais, préfèrent n’invoquer que cette dimension-là, au détriment de tout un corps de doctrine qui encadre la vie des croyants impliqués dans une église . Et d’aucuns de se faire, à leur échelle et à leur image, leur propre représentation de la divinité, de se construire leur petit missel personnel, avec leurs propres prières, leurs propres usages, et de s’inventer une relation personnelle à Dieu qui ne s’embarrasse ni de contraintes ni de carcans d’aucune sorte. Je ne dis pas que vivre en religion est un carcan, non. Mais il faut reconnaître qu’intégrer une communauté qui a son dogme et sa doctrine est une autre affaire que de bâtir un édifice intime d’expériences spirituelles , certes nourries de lecture ou d’échanges avec ses contemporains, mais ne répondant à aucune autre règle que celles régissant son for intérieur. Et que dire des pratiques de développement personnel censées enrichir cette spiritualité intérieure qu’on voudrait unique et libre de toute interférence religieuse ? Méditation, sophrologie, randonnée, même, sur les chemins de pèlerinage, sont les outils modernes pour activer ou améliorer son expérience spirituelle, en toute liberté. Bien sûr, ces usages demandent souvent discipline et détermination pour s’assurer d’un résultat, qui se traduit par un enrichissement de l’âme , cela ne fait aucun doute . Mais quid de l’obligation morale qu’exige l’appartenance à une église et à son corps de doctrines ? L’exercice spirituel, délivré de tout rituel, de toute nécessité autre que celle de se sentir bien, n’est-il pas alors le lieu de tous les petits arrangements, de toutes les petites compromissions ?

Accepter d’être accompagné
Si je crois en Dieu, qu’il me fut dévoilé par l’Église catholique, protestante ou orthodoxe, et que je pratique, prie, participe à l’office en respectant l’impératif de dévotions qu’il convient pour faire partie intégrante de la communauté, j’accepte un cadre qui oriente ma façon de faire, ma manière d’être. J’accepte, en somme, d’être accompagné dans ma démarche spirituelle, et de croire en toute bonne foi au credo de mon Église . La spiritualité, elle, ne s’embarrasse guère de cadre ; elle va et vient au gré de mon humeur, changeant au fil de mes rencontres et des conversations, de mes expériences , fussent-elles mystiques. Elle est certes vivante, mais d’intensité variable . Un jour, je me gronde, un autre, je m’absous d’un petit péché, un matin, je me réprimande d’une petite malhonnêteté, l’après-midi,
je loue ma capacité à pardonner une parole déplacée. Un jour, je prie, un autre, j’oublie, un matin, je m’abandonne en extase, l’après-midi, je jure dans les bouchons. Certes, nous en sommes tous là, quelle que soit notre façon de pratiquer, et ceux qui se disent « religieux » ne sont pas exempts de ces soubresauts de l’âme. Néanmoins, le cadre qu’ils se sont fixé détermine la route, et permet d’éviter certaines chausse-trappes. Car la spiritualité se fait consumériste, elle vient nourrir les rayons des librairies, entre psychologie et développement personnel ; la religiosité, quant à elle , a ses propres références littéraires, communes et acceptées par tous, et qui constituent le corps de la doctrine chrétienne. Liberté d’agir et de penser d’un côté, cadre et pratiques bien définies de l’autre. C’est seulement dans cette conscience d’être que se place l’existence du croyant, qui choisit dès lors en toute liberté sa façon de croire, de vivre et d’espérer.

Hebdomadaire Réforme n° 3947

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La mort et les monothéismes

Juifs, chrétiens ou musulmans le mystère de la mort et de l'au delà est au cœur de la foi. Même s'il s'agit pour l'heure de demeurer vivants jusqu'à la mort. C'est toute notre existence vue et mort qui est liée à celle de Dieu.

Comment chacune des traditions interprète la question de la mort ... et de la vie !

Pour répondre à cette question,  une vidéo de 6 mn, cliquer :

https://www.youtube.com/watch?v=cLhnc6BbqNI

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Noël aujourd’hui dans notre monde...

Qu’est-ce que peut-être pour les chrétiens une fête de Noël qui soit davantage qu’un congé bienfaisant, un agréable rassemblement familial, des échanges de cadeaux, un festin des meilleures spécialités, toutes choses bonnes en soi mais pas spécifiquement évangéliques ? Pour le grand mystique du XIIIe siècle, le dominicain Maître Eckhart, la naissance de Jésus est certes un fait historique, mais à longueur de siècles, elle s’effectue désormais au plus intime de l’existence de chacune et de chacun de ses disciples, lorsque ceux-ci accueillent en eux ses paroles et ses actes libérateurs, issus de sa fidélité sans faille à son Dieu jusqu’à la mort, lorsqu’ils les méditent, qu’ils s’en nourrissent l’esprit et le cœur, et qu’ils s’efforcent de les actualiser d’une manière inédite dans leurs choix, leurs relations, leurs engagements. Telle est la façon pour Jésus de naître aujourd’hui dans notre monde, quand sa façon de vivre est actualisée par ceux qui sont convaincus que la voie qu’il a inaugurée est un chemin de vie. 

C’est le cas en ce début du XXIe siècle. Il existe, plus qu’on ne pense dans notre vaste monde, des témoins de l’Evangile qui ne sont pas obligatoirement des piliers d’église mais qui rayonnent l’esprit des béatitudes au sein de leur famille, de leur travail professionnel, de leurs relations quotidiennes, de leurs engagements sociaux. On le constate aux fruits produits : la fraternité, le refus du mensonge et de la violence, la simplicité de mode de vie, le partage, la solidarité, l’écoute, l’accueil, la réflexion féconde qui pulvérise les peurs et les préjugés, qui ouvre les yeux sur la réalité et qui est initiatrice des changements que l’on redoute mais qui s’imposent. Ce n’est pas d’ailleurs l’apanage des chrétiens de vivre de l’esprit de l’Évangile qui est un humanisme. Sans l’être, beaucoup de gens, fidèles aux exigences qui montent à leur conscience, mettent en pratique cet esprit, qui est, pour une grande part, commune aux sources des religions et des voies spirituelles. Sociologiquement, les christianismes, le catholicisme et les autres, sont aujourd’hui beaucoup moins voyants qu’en période de chrétienté. Dans nos sociétés occidentales sécularisées, ils sont devenus minoritaires numériquement parlant. Mais l’esprit de l’Évangile est-il moins vécu ? Le Royaume de Dieu que Jésus annonçait et dont il faisait les travaux pratiques ne désignait pas d’abord des Églises qui ont pignon sur rue mais avant tout la qualité d’humanité qui a nom : liberté intime, fraternité, intériorité, authenticité imprégnant les consciences humaines pour se traduire en actes.

Personnellement, je ne me désole pas de la désertion des églises. Ce qui me réjouit par contre tous les jours, c’est de voir l’Évangile à l’œuvre dans les engagements de personnes en faveur des migrants, des pauvres, des oubliés, des malades, des mal à l’aise dans leur peau, et encore dans leurs luttes pour une planète vivable pour tous et contre les puissances d’argent et les dictatures. Le Jésus de l’évangile de Jean dit à ses amis : « Ne craignez pas. Vous ferez mes mêmes œuvres que moi, vous en ferez même de plus grandes... » C’est vrai aujourd’hui comme hier, mais les formes et les circonstances ont changé. Le levain dans la pâte, lui est aussi actif. Le voyons-nous au travail ?

Jacques Musset

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          L'attente de Dieu selon P. Tillich 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malel  ;  tapisserie "Le Christ rouge"

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Libre pensée chrétienne

http://librepenseechretienne.over-blog.com/

Fondateur : André Verheyen (1925-2007)
 Pour un discours chrétien crédible

1.  Nous sommes un groupe de chrétiens soucieux de présenter une expression crédible du message chrétien pour le troisième millénaire.

2. Nous estimons que le discours officiel de nos Eglises est largement dépassé et, de ce fait, grandement responsable de la désaffectation massive vis-à-vis du christianisme que l'on constate en Occident au début de ce troisième millénaire.

3.  A la lumière des études historiques, sociologiques, philosophiques et théologiques de ces dernières décennies, nous pensons que c'est la forme historique des religions instituées qui a perdu sa pertinence.
    En effet, à côté des valeurs profondes qui subsistent dans la quête spirituelle de l'humanité, les limites et relativités de l'œuvre humaine que révèlent les religions suscitent de nouvelles exigences de vérité et de crédibilité.

4.  Nous restons attachés à l'option pour Jésus de Nazareth et l'Evangile car nous pensons que leur message, correctement actualisé, reste libérateur aujourd'hui.

5.  Les trois orientations qui nous semblent les plus importantes dans cette optique sont :
    A.  La liberté de pensée qui est un acquis irréversible de l'humanité et une condition essentielle à la démarche de foi.
    B.  Une relecture des textes bibliques à la lumière des acquis de l'exégèse contemporaine en refusant tout fondamentalisme et tout dogmatisme.
    C.  Une ouverture qui accueille aussi ceux qui, sans se référer à une institution confessionnelle, adhèrent aux valeurs de Justice, d'Amour, de Liberté et de Vérité  

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         Pourquoi je suis resté catholique ?

Cette question - qui s'inspire du Pourquoi je reste toujours chrétien de Hans Küng, éd. du Centurion 1988 - correspond à quelque chose de très réel à notre époque. Nous sommes tellement déstabilisés que toutes nos positions ont continuellement besoin d'être repensées pour être vraiment vécues. C'est une question que nous avons à nous poser, chacun suivant sa vigueur spirituelle. Nous sommes dans une situation tellement différente de celle qu'on pouvait rencontrer encore il y a 50 ans. Notre univers mental est complètement bouleversé par toutes les connaissances nouvelles qui se présentent, non seulement les connaissances scientifiques du réel, du monde, du cosmos, mais aussi les connaissances que nous avons de toutes les religions qui jadis étaient tellement loin des horizons intellectuels de nos pays d'occident que ces religions ne posaient pas question.

Actuellement, grâce aux relations plus faciles que nous pouvons avoir dans le monde entier, grâce aussi à des pionniers comme par exemple Le Saux, l'hindouisme, l'islam, toutes ces grandes religions qui peuvent même prétendre avoir des adeptes plus nombreux que le catholicisme lui-même, sont maintenant suffisamment implantées dans nos pays pour que nous ayons en France, des monastères indiens, des monastères zen, monastères qui étaient tout à fait impensables, il y a seulement 10 ou 20 ans. Donc il est tout à fait naturel que, devant ce très large horizon de vie spirituelle, nous nous posions la question, que : pourquoi donc es-tu catholique ? pourquoi es-tu protestant ? C'est d'autant plus difficile que notre religion a 2000 ans d'existence, que sa doctrine et sa loi sont très marquées par les temps de leur naissance et de leur développement et que l'univers mental qui a présidé à cette naissance et à ce développement n'est pas du tout l'univers mental que nous avons maintenant. De telle sorte que si nous voulons faire comme dans le passé, ce qui était authentiquement vivable, il y a 50 ans et même moins, ne l'est plus maintenant. Notre grand danger, c'est que nous nous contentions de "faire comme si", que nous nous contentions de croire que nous faisons comme faisaient nos ancêtres. Nos ancêtres pouvaient vivre authentiquement ce que nous ne pouvons pas vivre authentiquement. Que nous le voulions ou non, nous sommes enfermés dans notre univers mental.

Nous avons une autre sensibilité, une autre manière d'imaginer, une autre manière de vivre et nous y sommes irrémédiablement enfermés. Chaque fois que nous voulons être d'un autre temps que du nôtre, nous ne sommes ni du temps précédent, ni du temps présent. Nous sommes dans l'espace. C'est pourquoi chacun de nous doit se poser la question : pourquoi je suis catholique ? Pour moi, est- ce que je vis mon catholicisme ? Est-ce que je le vis comme un habit ou est-ce que je le vis comme une nourriture qui m'est nécessaire pour devenir moi-même ? pour devenir ce que je dois être de par les potentialités qui sont en moi ?

Voilà toutes les questions que nous devons nous poser à différents âges. Sitôt que des questions nouvelles se posent dans notre propre vie, qui touchent nos œuvres vives, il faut que nous prenions des initiatives. Il ne suffit pas d'imiter ce que d'autres avaient fait jadis dans les mêmes conditions, mais [il faut] inventer. Dans l'ordre de la vie chrétienne proprement dite, pour ma part, j'insiste beaucoup sur l'approfondissement humain, car si cet approfondissement n'est pas réel, suffisant, nous ne sommes pas capables d'inventer, d'atteindre au dedans de nous la prise de conscience d'exigences qui nous sont propres et qui nous permettent, dans une certaine mesure, d'être nous-mêmes dans un milieu qui est tout à fait différent de celui dans lequel nous avons été enseignés, tout à fait différent de la doctrine que nous avons apprise, tout à fait différent des lois morales qui nous avaient été jadis imposées. Il nous faut chacun découvrir d'une façon ou d'une autre la religion personnelle qui nous est nécessaire pour être nous-mêmes. C'est à ce titre-là que nous avons une religion qui nous nourrit, que nous avons une religion que nous servons, une religion qui ne va pas de soi mais envers laquelle nous avons le sentiment d'avoir une certaine responsabilité. Et à mesure qu'on se donne à l'Église, on reçoit d'elle.

Marcel Légaut,

Tiré de « Le Seuil » Belgique

Février 1989

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Lettre ouverte à la presse religieuse en France par Robert Ageneau, Robert Dumont et Jacques Musset ("Pour un christianisme d'avenir")

Il est admis qu'aujourd'hui la pratique dominicale est tombée à 2% de la population en France, contre 25 à 30 % il y a soixante ans. C'est dire qu'un nombre considérable de personnes , et pas uniquement parmi les plus jeunes, s'est détaché, souvent sur la pointe des pieds, de l'Église catholique ...

Pour lire tout l'article paru le 24 juin 2021 dans la revue Golias, cliquer

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Ne vous indignez plus – Révoltez-vous  par Pierre-Olivier Léchot

L’indignation a la vertu facile, le jugement agile, mais elle ne produit rien. Elle permet certes de se donner bonne conscience, de se refaire une vertu, bref de s’imaginer en chevalier blanc – en justice warrior comme on aime à le dire au temps de la cancel culture. Mais elle en reste à la prise de parole épidermique qui, une fois passée, ne laisse derrière elle que le vide et un étrange sentiment d’inachèvement. La révolte, elle, est portée par une exigence et une espérance. « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige » écrivait Albert Camus. Oui, se révolter, c’est se sentir requis par un horizon nouveau qui reste à bâtir et un engagement de tous les instants que rien ne saurait altérer. Se révolter, c’est ressentir en soi la terrible pesanteur du présent mais aussi un appel irrésistible à le dépasser. C’est ce qui fait que la révolte n’est jamais fille du désespoir mais bien de l’espérance.

Se révolter, c’est espérer, c’est construire demain – c’est avoir la foi ! L’Évangile est tout entier un cri de révolte : révolte contre le formatage de la foi, révolte contre le carcan étroit du moralisme, révolte contre le refus de croire en la promesse d’amour gratuit de Dieu faite à l’humanité. L’histoire de la foi chrétienne, quant à elle, n’est rien d’autre que l’histoire d’une perpétuelle révolte : révolte de Martin Luther contre une foi en perte de conviction, révolte de Pierre Bayle contre l’intolérance religieuse, révolte d’Albert Schweitzer contre la souffrance humaine, révolte de toutes ces personnes qui, aujourd’hui, luttent dans nos rues pour redonner de la dignité aux sans-voix. Car la révolte, fille de l’espérance et de la foi, est aussi, et surtout, fille de l’amour. Alors, révoltons-nous, soyons des révoltés de l’Évangile !


  https://www.evangile-et-liberte.net/                                                                                                    

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 Sur le chemin d'humanité    Pascal HUBERT

 

J’ignore si demain me gardera intacte

Je dis que l’espoir de se laisser être

Éloigne le désespoir

Joséphine Bacon

 

Bienveillance, ouverture d’esprit, non-jugement, pleine conscience. Plus je vieillis et plus je sens combien il m’importe d’emprunter ce chemin. Avec plus d’audace, de ténacité, de désir. À l’opposé du repli sur soi, des croyances stériles, des peurs envahissantes. La réalisation de soi exige un tel désentravement.

Il est impossible de vivre pleinement sa vie, en étant dominé par son ego, ses mesquineries, ses innombrables travers. Au fond, il s’agit de s’apaiser peu à peu. L’envers de la colère, des rancœurs, des coups bas. Cela exige une profonde connaissance de soi, pour déraciner ce qui nous paralyse au plus profond. Et avoir ainsi chance de muter vers plus de liberté intérieure.

 

Et je ne peux m’empêcher de penser, avec tristesse : nous et les autres, nous nous manquons si souvent. Par incapacité à nous dire, par crainte d’être vrais. Je veux dire : fragiles, tels que nous sommes en vérité. Ce gouffre entre ce que nous donnons à voir et ce qui nous agite au plus profond. C’est là le drame, l’écartèlement, notre condition humaine parfois si douloureuse à vivre.

Il faut tellement de temps pour se connaître et s’apprivoiser. Pour s’accepter et s’aimer en vérité, tels que nous sommes. Ne plus attendre la reconnaissance d’autrui, ne plus s’astreindre à un idéal vain. Ne plus se trahir derrière le sourire des apparences, alors que nous crevons parfois d’amour. Par nécessité vitale, partir seul sur son propre chemin d’humanité. Dans l’espoir fou de se trouver, perdre peu à peu ses illusions.

Tellement de temps, pour trouver les mots justes. Dire simplement ce qui est. Il est tellement facile d’enfuir, de se refermer sur soi. À chaque fois, ce besoin de se recentrer, de descendre en soi. Pour retrouver ce qui nous fait vivre et nous rassemble vraiment. Loin de nos particularités, retrouver l’universel. Devenir humain est un si long chemin, que je me perds bien souvent en route.

 

C’est ainsi, tout accepter. Malgré la fêlure, à cause d’elle. Mon indicible différence, avec laquelle il me faut bien vivre. Je sens la blessure, au creux de ma chair. Je tenterai de faire avec, sans tous les oiseaux de malheur. Existant ou imaginaires, tous là au creux de mes os. Les charognes rôdent toujours, au-dessus de nos têtes vulnérables. Tout cela m’appartient, je me fais trop souvent des idées. Illusions d’une folle enfance, d’une peur diffuse, et jamais vraiment apaisée. N’est-ce pas, plus ou moins, notre lot à tous ?

Oser pourtant sortir de sa zone de confort, modifier ses schémas de pensée, prendre conscience de ses peurs, regarder soudain la vie sous un autre angle, croire encore aux possibles. Aimer enfin la vie, après avoir tant désiré la mort parfois. Puisque nous sommes là, faire de chaque jour un jour neuf. Rester disponible à la rencontre, avec soi et les autres. Et briser, peu à peu, le sortilège qui nous endort et nous paralyse trop souvent. Peut-être, alors, qu’un jour notre univers intérieur sera plus ample. Peut-être, alors, volerons-nous au-dessus des charognes.

 

De toute façon, pas d’autre chemin que celui de mon humanité. Quitte à ne plus savoir, à m’y perdre encore. Si loin de mon semblable, en solitaire souvent. Mais je n’ai rien cherché ni désiré, cela je le sais désormais. J’assume ma vie, comme je peux. Elle me rend tantôt plus aimant, tantôt plus aigri. Tantôt plus humain, tantôt plus dur. On répète souvent le passé, on ne parvient pas toujours à s’en dégager. Et si souvent mes mots se perdent encore, dans la brume de ma confusion.

Malgré tout, demeurer sur ce chemin d’humanité…

 

Pascal HUBERT

https://laveritesijemens242355175.blog/2019/04/08/sur-ce-chemin-dhumanite/

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Le geste qui sème l'espérance

C'est un geste actif …

qui invite à ne pas s'arrêter en chemin. L'époque que nous vivons, nous pousse à la prise de conscience que le moment est arrivé, que c'est le bon moment. 

C'est un geste simple …

qui nous montre que les petites actions quotidiennes sont une occasion pour semer et vivre de petits changements qui contribuent à améliorer notre monde. Ce qui implique que nous soyons constants dans nos activités quotidiennes pour vivre l'amour, la paix, le service et la justice.

C'est un geste qui implique la Vie.

Nous semons pour que jaillisse une vie nouvelle. Nous avons l'espérance que la graine grandira et portera des fruits. Aider à croître, se mettre au service des autres et donner la priorité à la dignité humaine sont des gestes de l'Évangile qui nous libèrent et nous font nous sentir toujours plus vivants. 

C'est un geste gratuit.

Quand le semeur sème, il n'espère rien en échange. Pour lui, ce qui est important c'est de semer, même s'il sait que tout ce qu'il a semé ne germera pas. Donner, partager sont des actions qui n'impliquent pas forcément qu'il y ait un retour 

Frères Maristes    (Proposé par A. BARRIER)

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Printemps  en vue ! par Bernard Lamy

Nous voici de nouveau invités  à (re)naître à nous-mêmes et à nous laisser transformer :
« Si le pommier ne fleurit pas en vous, il n’y a pas de printemps » (Jean Sulivan)
S’il n’y a pas en vous  puissance de re-surrection, Jésus n’est pas ressuscité.

L’activité spirituelle ne se réduit pas à suivre un code de simple moralité. Le message des religions peut certes aider le monde à se maintenir dans une conscience éveillée.  Mais dans l’activité  spirituelle, chacun œuvre pour son accomplissement humain selon les motions et  les exigences qui montent en lui tel qu’il est. La vie spirituelle, c’est faire l’expérience de la Présence du divin en tout ;  c’est prendre conscience  que l’amour du prochain et l’amour de Dieu ne font qu’un ; c’est consentir au réel, précieux et cruel à la fois ; c’est tout prendre : « l’innommable souffrance des hommes et la rutilante merveille de la vie » (Christiane Singer)

Dieu n‘est pas seulement présent dans la brise légère (1 Rois 19/9) ; il l’est aussi dans l’ouragan, le tremblement de terre , le feu et… le néant (Maître Eckhart).
« Au long des piétinements des avancées et des reculs, au milieu de l’enchevêtrement des ambiguïtés et des complexités des comportements que provoquent événements, situations et rencontres, à travers peut-être aussi chances et malchance, quel cheminement ! […] Ce cheminement n’a eu besoin que de l’accueil qu’au long de la vie " l’homme en chemin"  a fait comme il l’a pu à une motion singulière dans son ordre. » (M. Légaut).

Le maître-mot est ‘consentir’ malgré nos limites, malgré la lourdeur des jours  ;  non pas « malgré » mais avec.
Jésus révèle en chacun de nous, qui que nous soyons,  une force de vie, de dépassement, de re-surrection. Il révèle aussi  ‘l‘éternisation’ possible de l’instant (« L’éternité, c’est la qualité de l’instant »dit saint Augustin).

Le message de nos Eglises n’est donc pas uniquement d’inviter chacun à une vie de bonne moralité ni de faire de nous des gens parfaits appelés à vivre dans un paradis terrestre;
mais « ce que je demande aux religions, c’est d’être contemplatives de la spiritualité de l’humanité entière, de se laisser éclairer par cette croissance qui déborde leurs repères, afin de ne pas rendre la foi impossible aux hommes et de maintenir pour eux les cieux ouverts » (Bernard Feillet L’étincelle du divin ) .
Et de célébrer les jeunes pousses au printemps.

                                                                                                           

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« Se libérer des formatages »  

 

- Formatage de la sacralisation du prêtre.

Des responsables religieux protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, y sont bien parvenus. Les pasteurs, popes, rabbins, imams, tant femmes qu'hommes, ne sont pas sacralisés. Le célibat n'est-il pas lié à une telle sacralisation ?

 

- Formatage de la sacralisation de l'eucharistie, considérée comme renouvellement du "sacrifice

de Jésus", avec tout ce faste, ces habits, ces rites, etc. Alors qu'à l'origine, il s'agissait de la "fraction du pain", mémoire en partie du repas des hébreux, effectué si souvent par Jésus, en ses lieux et temps.

 

- Formatage de la sacralisation de la mort de Jésus, aboutissement quasi inévitable de ses engagements. Seulement, cette mort a été réinterprétée comme un sacrifice expiatoire, en faveur de son Dieu.

 

- Formatage de la sacralisation du gibet, devenu un jour "la croix", symbole de toute torture dont celle de Jésus. Cette croix finit par devenir une "croix glorieuse"(!), puis un "crucifix", avec le corps sanguinolent d'un Jésus, au sexe pudiquement caché, fixé sur la croix. Ce symbole est désormais

un bijou en or: quelle honte que cette sacralisation ! Surtout, quand on pense à tant et tant de torturés à mort !

 

- Formatage de la sacralisation de ces rites, aux origines si humaines, devenus des sacrements.

- Formatage de la sacralisation de la sexualité consacrée comme don de soi à Dieu... et des habits religieux pour cacher sa féminité et sa masculinité. Ainsi, la religieuse, le prêtre, méritent le respect, la considération, etc.

 

- Formatage de la sacralisation des textes bibliques, présentés comme les "Paroles de Dieu".

On pourrait poursuivre la liste. La question du célibat sacerdotal est à considérer globalement …

 

Plein Jour déc 2019 ; Extrait d’une lettre,: https://plein-jour.eu/wordpress/

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Être honnête avec Dieu  Par John Shelby Song

 

Lettres à ceux qui cherchent

 

Résumé

Ce livre pédagogique, fait de dialogues, en forme de questions/réponses, nous livre de nouvelles manières de dire Dieu, Jésus de Nazareth, notre humanité et comment vivre, de manière honnête et responsable, dans le monde qui vient… et qui est déjà là.

Pourquoi le christianisme doit-il changer ou mourir ? Comment dire Dieu dans le langage du XXIe siècle ? Quel est le sens de l’athéisme moderne ? Quelle est la valeur historique des évangiles ? Quelle révolution Jésus, le croyant juif, a-t-il initiée par ses paroles et ses actes ? Comment actualiser aujourd’hui l’esprit qui l’animait ? L’Église catholique peut-elle se réformer en profondeur ? Telles sont quelques-unes des questions de ses lecteurs auxquelles répond l’évêque John Spong. Ce recueil de lettres ne s’adresse pas seulement aux chrétiens à la recherche d’une foi croyable dans la culture de notre temps. Il peut intéresser aussi toute personne sensible à une nouvelle vision du christianisme.
L’évêque anglican américain possède une grande culture en exégèse qui lui permet de relire la bible juive et la bible chrétienne d’une manière critique et non littérale. Il a intégré aussi depuis longtemps, dans sa manière de penser et de croire, les connaissances philosophiques et scientifiques modernes. Notamment en astrophysique, en sciences de la vie et de l’homme. Une pratique de cinquante ans, comme pasteur et évêque, l’a mis à l’écoute de ses contemporains et de leurs interrogations.
En complément de ses six ouvrages déjà traduits et publiés en français, ce livre pédagogique, fait de dialogues, en forme de questions/réponses, nous livre de nouvelles manières de dire Dieu, Jésus de Nazareth, notre humanité et comment vivre, de manière honnête et responsable, dans le monde qui vient… et qui est déjà là.

Après plus de vingt-cinq ans passés dans un travail pastoral de base, John Shelby Spong a été évêque de Newark (1976-2000) dans l’Église épiscopalienne des États-Unis (tradition anglicane). Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages en anglais, dont quatre ont été traduits en français. On lui doit notamment Jésus pour le XXIe siècle (Karthala, 1re édition 2013 ; 2e édition revue, 2015) et La Résurrection, mythe ou réalité ? (Karthala, 2016).

 Editions Karthala 19 €

 

       Ce livre est un outil de réflexion particulièrement riche pour tous ceux qui cherchent … qu’ils soient croyants ou non, chrétiens ou non ! Il répond en effet simplement mais clairement à toutes les questions qu’un occidental baigné dans une culture judéo-chrétienne du 21ème siècle peut se poser sur les légendes, paroles, mythes, traditions, prophéties, miracles présentés dans la foi chrétienne … notamment après les révélations succéssives de Copernic, Galilée, Kepler, Newton, Darwin, Freud ou Einstein …

       110 questions et des réponses qui bousculent les approches traditionnelles : que peut représenter ce que l’on nomme “Dieu” ? Qui est réellement Jésus ? Un chrétien peut-il être athée ? …

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Où est-il ton Dieu ? par Jacques Musset

 

La présence autour de moi de proches et d’amis qui pensent et vivent paisiblement leur existence sans référence à Dieu continue de m’interroger depuis de longues années : pourquoi continué-je personnellement à croire en Dieu ? Avec certains d’entre eux j’ai partagé autrefois des convictions chrétiennes, puis ils s’en sont lentement éloignés et ils ont tiré définitivement l’échelle. Qu’est-ce qui nous différencie ? Nous avons le souci identique de ne pas mener une vie de somnambule, d’automate et de girouette. Nous partageons les mêmes valeurs d’humanisme que nous nous efforçons tant bien que mal de pratiquer au quotidien : nous essayons d’accueillir autrui dans sa singularité, de l’écouter, de l’accompagner dans les passes difficiles qu’il peut traverser. Nous acceptons de prendre des responsabilités pour le bien commun ; ainsi, quand il y a trois ans il a fallu dans ma commune envisager de recevoir une famille de migrants, c’est ensemble que nous nous sommes mobilisés pour créer de bonnes conditions d’accueil, et cette expérience de solidarité a resserré les liens entre nous...Bref, je suis frappé de constater que notre façon d’exister humainement n’est pas bien différente. Nous ne sommes ni plus humains ni moins humains du fait que nous croyons ou pas en Dieu.

 

Aucun de ces proches et amis ne m’a demandé pourquoi je continuais de croire en Dieu. S’il leur en venait l’idée, je leur dirais à peu près ceci.

Mes amis, peut-être cela va-t-il vous étonner mais comme pour vous le sens et la valeur de ma vie se jouent ici et maintenant dans la manière dont je cherche à m’humaniser et à contribuer à humaniser notre monde et notre société. Pour tout être humain d’ailleurs ne doit-il pas en être ainsi dès lors qu’il est honnête avec lui-même ? Si la démarche n’est pas acquise d’avance - tâtonnements, fléchissements, erreurs, épreuves la jalonnent - ne se révèle-t-elle pas une voie féconde quand on la poursuit dans la durée ?

 

Mais alors, me rétorquerez-vous, à quoi te sert de croire en Dieu ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

Rien en vérité qui me qualifie davantage en humanité. Je ne suis pas plus que vous dispensé de chercher ma route, protégé des inévitables épreuves de l’existence, éclairé d’emblée sur les choix à faire. Je n’ai pas de solutions toutes faites, je peux errer, hésiter, douter.

 

Je vous entends me presser : dis-nous précisément qu’est-qui te fait croire en Dieu ? Avant tout, je dois vous préciser à quels Dieux je ne crois pas. Copernic, Galilée, Newton, Darwin, Freud m’ont ouvert les yeux. Je ne crois plus en un Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, qui ferait la pluie et le beau temps, en un Dieu créateur de l’homme à son image et à sa ressemblance, en un Dieu consolateur de nos misères qu’il pourrait nous alléger dès cette terre si nous le lui demandons, en un Dieu paratonnerre protecteur en échange du culte qu’on lui rend, en un Dieu qui aurait confié aux religions le soin d’interpréter ses volontés et de les faire respecter.

Les exégètes de même qui depuis quatre siècles décodent les vieux textes bibliques et évangéliques m’ont eux aussi dessillé les yeux et vacciné à tout jamais contre les lectures fondamentalistes. Je ne crois pas au Dieu dont la voix retentit à travers le ciel ouvert, au Dieu qui conduit en sous-main l’histoire, je ne crois pas au Dieu qui sacrifie son Fils bien-aimé pour que les hommes pécheurs soient réconciliés avec lui, je ne crois pas au Dieu qui se joue des lois qui régissent le monde et les humains... Ces représentations de Dieu me paraissent indignes de l’homme, car elles le déresponsabilisent et l’abêtissent.

 

La représentation de Dieu qui est crédible à mes yeux, je la tire d’un questionnement qui m’habite depuis longtemps dans l’invention quotidienne de ma vie d’homme. Comme vous j’essaie de la conduire en tâchant de vivre vrai, car j’expérimente que là est la vraie vie. Mais en même temps je n’échappe pas aux sirènes qui m’invitent à emprunter la pente spontanée de la facilité, de l’égocentrisme, du renoncement. Je vis un tiraillement. Ce qui m’étonne tout de même quand j’y réfléchis – et c’est là le lieu de mon questionnement récurrent – c’est qu’en dépit des sinuosités de mon existence, je constate que j’ai progressé en humanité au long des années. Mes choix fondamentaux se sont révélés féconds, les épreuves que j’ai traversées m’ont appris non sans douleur parfois à consentir et à m’approprier la réalité, avec en prime une maturation inespérée ; la paix qui m’habite en profondeur n’est pas altérée par les houles de surface. J’en arrive à ma question permanente : comment se fait-il que malgré tous les obstacles intérieurs et extérieurs, j’ai pu malgré tout advenir à une qualité d’humanité que j’ignorais il y a soixante ans ? Je reconnais m’être efforcé vaille que vaille d’obéir à une exigence intime d’ouverture, de dépassement, de probité, de lucidité, de cohérence, de ressourcement. Mais d’où vient cette inspiration parfois si pressante ?

 

Je fais mienne la réponse de Marcel Légaut, mon maître spirituel. Il appelait cette inspiration « motion intérieure » et y lisait les traces en lui d’une « action qui n’est pas que de lui mais qui ne saurait être menée sans lui ». Il en concluait qu’on pouvait « appeler cette action qui opère en soi l’action de Dieu sans nullement se donner de Dieu – et même en s’y refusant – une représentation bien définie comme celles dont par le passé les hommes ont usé si spontanément et si puérilement »[1]

 

Bien entendu, cette prise de position n’est en rien une preuve mais l’interprétation croyante d’une expérience de « transcendance » commune à tous les humains, cette capacité qu’a l’homme de vivre à un niveau éminent de profondeur, d’authenticité, d’ouverture à autrui, de don de soi-même. Cette capacité, j’imagine que vous, mes amis athées, l’expliquez par les propres ressources dont dispose l’homme, ressources cachées et si souvent méconnues auxquelles il a peine à croire tant elles sont peu exploitées ? Mais le mystère demeure. Pascal en était vivement conscient : « L’homme passe infiniment l’homme ». Comment rendre compte de cette étonnante expérience ?

 

Suis-je éloigné de l’expérience qu’avait Jésus de son Dieu ? Je ne le pense pas ? Certes Jésus s’exprimait dans la culture de son temps. Il se représentait Dieu comme un Père qui est aux cieux, qui donne généreusement du pain à ceux qui l’en prient, et qui est sur le point de faire advenir définitivement son règne sur le monde en catapultant d’un coup les forces de mort. Cette représentation ne peut être la mienne aujourd’hui. Mais si nos représentations divergent, nos expériences de Dieu convergent-elles ou non ? Jésus vivait en intimité avec son Dieu en présence duquel il aimait se recueillir solitairement. N’est-ce pas en ces moments qu’il se ressourçait en force intérieure, en approfondissement de ses engagements, en fidélité à sa propre mission ? J’expérimente pareillement les bienfaits de ces temps de recueillement tels qu’en parle Marcel Légaut : « La parole qui s’efforce de dire exactement ce que j’atteins de Dieu malgré une ignorance invincible de nature, ce que j’aspire à être par le plus authentique qui s’efforce en moi-même, ce que j’atteins de moi quand je suis à moi-même dans la lucidité est la seule prière dans le langage de l’homme qui soit langage pour Dieu. L’adressant à moi-même dans le recueillement, je me tiens devant Dieu. L’adressant à Dieu dans l’adoration, j’entre en ma présence. Autant qu’il m’est donné, quand je me parle ainsi, Dieu m’écoute ; quand je m’écoute ainsi, Dieu me parle[2]. »

 

Par ailleurs, le critère de fidélité de Jésus à son Dieu, c’était son investissement dans sa pratique de libération, en paroles et en actes, au bénéfice de ses compatriotes marginalisés, exclus, victimes de toutes sortes de déshumanisation. Jésus se situait ainsi vigoureusement dans la ligne des prophètes, ses grands devanciers qui répétaient à longueur de siècles : le vrai culte rendu à Dieu est « que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » (Amos 5, 24-25). Jésus a poussé à l’extrême cette logique en mettant sur le même pied les deux grands commandements : aimer Dieu et aimer son prochain (Mc 12, 28-34), ce qui a fait dire à l’auteur de la première lettre de St Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas » (4, 20).Telle est pour moi, disciple de Jésus, le cœur du christianisme. Etre et devenir humain et participer à l’humanisation du monde actuel. Rien en cela de religieux à la vérité concernant des rites à accomplir ou des lois à appliquer, « Rien d’autre que le respect du droit, l’amour de la fidélité, la vigilance dans ta marche avec Dieu », disait déjà au VIIIème siècle avant notre ère le prophète Michée. Cette exigence retentit toujours, aujourd’hui comme hier, au fond des consciences humaines. C’est à travers elle que « Dieu » « parlait » à Jésus et qu’il me « parle ». Sans que je puisse me Le représenter, il est appel constant à maintenir en mon être l’ouverture qui empêche ma vie de se cadenasser, de se rapetisser, de s’enfermer, de s’aseptiser, de s’endormir, de se clôturer. Cet appel, je tâche de l’entendre au travers des mille sollicitations des événements quotidiens. Parfois je suis sourd, mais l’exigence revient et je m’efforce tant bien que mal de la traduire en actes. C’est là le grand exercice vital de mon existence. C’est la voie de la vie. Je l’expérimente comme tel.

 

Au fond, mes amis, ce qui nous différencie, ce n’est pas l’ambition que nous avons les uns et les autres de vivre une vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la traduire en actes au quotidien. C’est la manière dont nous nommons ce qui nous inspire communément au plus intime. Ce n’est pas secondaire à mes yeux, mais c’est second par rapport à l’expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le respect de la manière dont chacun donne sens à son cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui vaille : celle de grandir en humanité et de participer à l’humanisation de notre monde.

 

Jacques Musset

 

Résumé :

Croyant et athée

Qu’est-ce qui différencie un croyant et un athée ? Nous partageons les mêmes valeurs d’humanisme que nous nous efforçons tant bien que mal de pratiquer au quotidien : nous essayons d’accueillir autrui dans sa singularité, de l’écouter, de l’accompagner dans les passes difficiles qu’il peut traverser. Nous acceptons de prendre des responsabilités pour le bien commun … Bref, notre façon d’exister humainement n’est pas bien différente. Nous ne sommes ni plus humains ni moins humains du fait que nous croyons ou pas en Dieu.

Au fond, ce qui nous différencie, ce n’est pas l’ambition que nous avons les uns et les autres de vivre une vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la traduire en actes au quotidien. C’est la manière dont nous nommons ce qui nous inspire communément au plus intime. Ce n’est pas secondaire à mes yeux, mais c’est second par rapport à l’expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le respect de la manière dont chacun donne sens à son cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui vaille : celle de grandir en humanité et de participer à l’humanisation de notre monde.

 

Jacques Musset

 

[1]      Devenir soi ou rechercher le sens de sa propre vie, Cerf, pages 135-136

[2]      Prières d’homme, Aubier 1978,1984, pages 31-32

 

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 Jésus, un homme vraiment ?

La doctrine classique de l’Église catholique romaine affirme depuis le concile de Chalcédoine la double nature de Jésus Christ : vrai Dieu et vrai homme. Pourquoi ? Parce qu’il faut qu’il soit à la fois homme et Dieu pour pouvoir rédimer le péché originel - un homme seul n’aurait pu suffire du fait que l’offense visait Dieu lui-même. Un homme, on sait a peu près de quoi il s’agit : un être soumis à la différence des sexes, faillible et situé dans un temps et une culture particulière. Mais quand le concile de Chalcédoine affirme en 451 que Jésus est vrai Dieu, de quoi parle-il exactement ?

À cette époque, Dieu est défini comme un être qui siège dans les cieux, un être spirituel omnipotent, omniscient, créateur du monde et des hommes. Comment un tel être peut-il coexister avec l’être fini et contingent qu’est Jésus ? Comment un tel être peut-il s’unir avec l’être forcément faillible et sexué qu’est Jésus ? A moins d’affirmer que Jésus n’est pas tout à fait un homme comme les autres en lui attribuant la toute-puissance de Dieu et notamment en le faisant échapper au « péché originel » puisque celui-ci serait censé marquer l’humanité. En divinisant Jésus, on le sort de l’humanité réelle. Cette idée d’incarnation de la substance de Dieu en l’homme Jésus mutile son humanité.

Puisque selon la doctrine classique Jésus n’est pas véritablement un homme du fait de son union avec la divinité, il ne peut naître que d’une femme qui, elle aussi, n’en est pas vraiment une puisqu’elle aussi n’a pas été marquée par le péché originel d’une part et d’autre part, n’a pas connu l’acte sexuel à l’origine de la naissance de Jésus : on dira qu’elle est l’immaculée conception et que la conception de Jésus fut virginale puisqu’elle est la theotokos, la mère du Dieu Saint ne peut être qu’infiniment pure.

Il faut prendre conscience des présupposés théologiques sur lesquels repose une telle dogmatique. La place donnée dans ces présupposés à la double nature du Christ, au péché originel et au péché « actuel » (en particulier au péché lié à l’exercice de la sexualité), la suréminence des notions de rachat et de sacrifice dans le salut, tout cela forme un ensemble cohérent ou les titres donnés à Marie forment une sorte de puzzle qui parachèvent l’image. Si on commence à en retirer une pièce ou l’autre, tout le système s’écroule.

Il est évident que je ne peux souscrire à cette doctrine plutôt fantasmagorique. La notion de péché originel fait tomber sur l’homme et la femme une culpabilité originelle extrêmement néfaste. De plus les sciences de l’évolution nous indiquent que jamais il y eu un couple à l’origine de notre humanité ; l’homme doit plutôt être conçu comme un être en développement. Il n’y a jamais eu de paradis terrestre que le sacrifice du Christ nous permetrait de retrouver après notre mort. Je n’en dirais pas plus sur le modèle aliénant que Marie a exercé sur les femmes au cours des siècles. Jésus est pour moi le Christ, c’est à dire l’homme en qui Dieu a manifesté la puissance de son dynamisme aimant et créateur. Son Royaume est devant nous et non dans le passé d’un sacrifice supposé rédempteur.

Michel Leconte, psychologue clinicien  26 octobre 2020 

http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1447.htm

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Les défis de la fraternité     

 

« Fratelli tutti » : avec cette formule, François, le pauvre d’Assise, proposait à ses frères et sœurs « un mode de vie au goût de l’Évangile ». Ces mots constituent désormais le titre de la dernière encyclique de l’autre François, le pape. Dans ce long texte, dont ne sont absents ni le souffle ni le lyrisme, il redit son opposition à une mondialisation qui laisse circuler idées et capitaux sans barrière mais en érige d’infranchissables devant les migrants.

 

Ce texte arrive à un moment crucial pour notre humanité, après que la crise sanitaire a « mis à nu nos fausses certitudes » et notamment notre « incapacité d’agir ensemble ». Le désespoir pourrait nous gagner et nous pourrions être tentés de nous replier dans le cocon de nos vies ou de limiter notre horizon à un pays ou une communauté. François professe quant à lui sa foi dans une « fraternité ouverte qui permet de reconnaître, de valoriser et d’aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique ».

 

Comme son prédécesseur Jean XXIII avec Pacem in Terris (1963), François, pasteur à la tête d’un peuple de plus d’un milliard de fidèles, trace une feuille de route. Il veut instituer les catholiques, et toute personne de bonne volonté, comme les gardiens de la dignité universelle de tout être humain. À nous d’édifier un monde, organisé par des institutions internationales, où la peine de mort et les armes nucléaires n’auraient pas droit de cité.

 

Sous sa plume, d’ailleurs, nulle condamnation d’une humanité pécheresse dont le seul salut serait de se réfugier dans le giron d’une Église qui détiendrait jalousement les clés de ce qui est juste et vrai, à l’exclusion des autres sagesses et philosophies. Entre les religions, appelées à se positionner fermement contre la dérive terroriste, « un cheminement de paix est possible ».

 

Il y a cinq ans, Laudato si’ appelait les croyants, et tout être humain de bonne volonté, à s’investir dans la préservation de la Création. Fratelli tutti complète ce programme. Sauver la planète sans prendre en charge l’humanité qui vit dessus, de manière solidaire et collective, n’aurait d’ailleurs guère de sens.

 

Le texte du pape François est en définitive un vibrant appel à reprendre la mondialisation des mains des financiers et sauver l’humanité des impasses du consumérisme ou de l’individualisme. Saura-t-on entendre cet appel et, surtout, le mettre en œuvre ?

Anthony Favier

Article de TC N° du 8 octobre 2020

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ASSEZ !

Assez de lire partout que LES catholiques pensent que…

Cela a l’air de signifier que dans ce pays qui a instauré la laïcité il existerait une communauté, LES catholiques, dont les membres ne sauraient être envisagés individuellement, c’est-à-dire comme des personnes autonomes qui pourraient agir sans se référer automatiquement à la parole d’une autorité censée maîtriser ce que chacun pense. Cela revient à oublier la colonne vertébrale de la laïcité, la liberté de conscience. Cela revient à croire que les catholiques ne sont pas des Français comme les autres et qu’ils ne pensent pas par eux-mêmes, alors que certains d’entre eux le font pourtant souvent en opposition radicale avec ceux qui prétendent les représenter tous et en toute occasion.

Assez que l’on s’imagine que l’autorité absolue que s’attribuent donc la plupart des clercs, et surtout des évêques, est acceptée par tous les catholiques. Depuis plus d’un siècle, la laïcité a permis à de plus en plus de ces « catholiques » de s’affranchir de cette tutelle. Grâce à la laïcité, de véritables révoltes se sont produites dans le catholicisme. Et des mouvements sont nés qui ont tenu dès l’origine à leur indépendance. Pensons à la JEC, à la JOC, nées dans l’entre-deux-guerres, aux prêtres ouvriers et à tant d’autres organisations créées ensuite, comme NSAE (Nous Sommes Aussi l’Eglise), puis Réseaux du Parvis. On parle rarement d’elles dans les media…

Assez qu’aux yeux de beaucoup le christianisme ne trouve de représentation adéquate que dans des rites souvent imprégnés de superstitions primitives, mis en scène par une caste cléricale « sacrée » et donc au-dessus du lot commun de l’humanité. Cette pratique très restreinte correspond précisément à la manière dont Émile Durkheim décrivait ce qu’est une religion. Le christianisme est pourtant né il y a 2000 ans de l’enseignement suivi de l’exécution d’un homme qui rejetait cette conception et avait une autre approche spirituelle du monde. Les prêtres du Temple se sont alors alliés aux forces d’occupation romaines pour l’assassiner. Nombreux sont les catholiques qui restent passionnément attachés à son message d’espérance et non à une institution autocratique et despotique appuyée sur le magique et la misogynie.

Assez que, dans la mesure où sont acceptées les dispositions prises pour empêcher l’islam de se retrouver sous tutelle étrangère à cause de l’arrivée d’imams venus d’ailleurs, on ne dénonce pas le fait que le catholicisme soit en réalité totalement dirigé lui aussi depuis l’extérieur. En effet les évêques sont nommés par le Vatican, et les associations diocésaines qui dirigent les diocèses, y compris l’enseignement privé catholique, sont totalement sous la coupe desdits évêques, y compris la nomination même des membres qui les constituent. C’est donc une puissance étrangère qui domine l’ensemble du « catholicisme » français.

Assez que l’on oublie que cette France, « fille aînée de l’Eglise », n’est plus vraiment « catholique », puisque seulement 3 ou 4% de ses citoyens sont des « pratiquants » réguliers. Est-ce que cela veut dire que seule cette faible proportion de Français se rallie au message évangélique ? Certes non. Mais le désintérêt pour l’obsolescence effrayante de l’Église institutionnelle est immense. Il faut donner la parole à des représentants de ces catholiques « extérieurs » qui savent que, comme « La Maison Usher », cette institution est en train de s’effondrer. En un temps où l’on essaie d’imaginer le monde de demain, une vraie clairvoyance s’impose. Que l’institution catholique veuille, en ces temps de pandémie, que les rassemblements rituels aient des droits supérieurs aux autres rassemblements humains dans notre pays est simplement inacceptable. Vouloir l’imposer à la puissance publique interroge sur la réponse qu’elle va donner. Accepter une telle usurpation de pouvoir reviendrait à nier le fondement même de la laïcité, qui sépare les religions du domaine décisionnel. Contrairement à ce que certains d’entre eux croient, les clercs ne sauraient être des citoyens au-dessus des autres. Leur obéissance à Rome tend à le leur faire oublier en mainte occasion.

Didier Vanhoutte  le 07.05.2020

Ancien président fondateur du CEDEC (Chrétiens pour une Eglise dégagée de l’Ecole Confessionnelle) Membre actif de l’OCL (Observatoire Chrétien de la Laïcité),

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Dieu peut-il échouer ? par André Gounelle

Durant des siècles, les chrétiens et les juifs ont majoritairement privilégié les textes bibliques qui proclament la souveraineté, la seigneurie et la puissance illimitées de Dieu. Il règne sur l’univers en monarque absolu. Les choses sont et vont exactement comme il le veut ; n’existe et n’arrive que ce qu’il a décidé. Dans cette optique, envisager un échec de Dieu paraît absurde et blasphématoire. Un Dieu qui échoue n’est pas vraiment un Dieu.

Plus récemment (surtout après les deux guerres mondiales) et plus rarement, on a contesté cette insistance sur le pouvoir absolu de Dieu. Ne rend-elle pas incompréhensibles les souffrances, atrocités, misères et injustices qui sévissent dans le monde ? Comment la concilier avec les passages bibliques qui parlent de la lutte de Dieu contre des puissances mauvaises, incarnées dans les figures mythologiques de Satan et des démons ? L’Ancien et le Nouveau Testament ne racontent-ils pas de multiples révoltes d’hommes et de peuples qui s’opposent à Dieu et font « ce qui est mal à ses yeux » ? Ces textes suggèrent que Dieu ne parvient pas à imposer sa volonté et que ses entreprises sont constamment contrariées. Ce qui rejoint notre expérience : dans notre vie personnelle et notre histoire collective, nous n’avons pas le sentiment que tout soit gouverné par la toute-puissance d’un Dieu aimant épris de justice et de paix.

D’où le thème du Dieu battu, outragé et humilié, qu’esquissent, avec nuances et variantes, des protestants tels que Wilfred Monod (1867-1943) et Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), des juifs tels que Hans Jonas (1903-1993) et Etty Hillesum (1914-1943), des philosophes comme John Caputo (1940). Ici, l’échec caractérise Dieu : il est un faible souvent vaincu ; on déclare même parfois qu’il appelle les croyants à son secours afin qu’ils le sauvent. Autrement dit, l’amour ne règne pas dans notre monde ; il nous mobilise pour des combats périlleux, indécis, que fréquemment il perd.

Ces deux thèses, celle du Dieu à qui rien ne résiste et celle du Dieu mis en échec, semblent contradictoires. Certains théologiens tentent cependant une conciliation. Ainsi, ceux du courant contemporain du Process voient en Dieu pas tant un souverain absolu qu’un architecte ou un chef de chantier affairé à l’édification de ce que Jésus appelle le « Royaume ». Il se heurte à des résistances qui entravent son projet, le ralentissent, le font parfois reculer, mais il les surmonte en inventant des solutions inattendues : ainsi un « nouveau testament » vient réparer les insuccès de l’alliance avec Israël et la Résurrection renverse ou retourne l’échec de la Croix. Si, hypothèse extrême mais nullement impossible, notre histoire se termine par ce désastre que serait la fin de la vie sur terre dans une catastrophe atomique ou écologique, alors Dieu relancera son projet ailleurs dans l’Univers, avec d’autres êtres que les hommes. Il ne se résignera, n’abandonnera ni ne renoncera jamais.

À notre question, ces théologiens répondent donc à la fois : oui et non. Oui, Dieu subit des défaites lourdes et douloureuses pour lui et pour nous. Non, car ces défaites ne sont jamais définitives. En toute situation, Dieu poursuit la lutte, continue son œuvre, va et nous entraîne plus loin. Ainsi la foi comporte-t-elle trois éléments : une sérénité née de la confiance en la puissance de Dieu ; une conscience aiguë des tragédies et des détresses de l’heure ; un engagement actif pour que le projet de Dieu réussisse.

www.andregounelle.fr

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Brahma ;

Une vieille légende...

Une vieille légende hindoue raconte

qu'il y eut  un temps où tous les hommes étaient des dieux.

Mais ils abusèrent tellement de leur divinité  que Brahma, le maître des dieux,

décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit

où il serait impossible de le retrouver.

Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.

 

Lorsque les dieux mineurs furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème,

ils proposèrent ceci :

“ Enterrons la divinité de l'homme dans la terre. ”

Mais Brahma répondit : “ Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera. ”

 

Alors les dieux répliquèrent :

“ Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans. ”

Mais Brahma répondit à nouveau :

“ Non, car tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans,

et il est certain qu'un jour, il la trouvera et la remontera à la surface. ”

 

Alors les dieux mineurs conclurent :

“ Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer

d'endroit que l'homme ne puisse atteindre un jour. ”

 

Alors Brahma dit :

“ Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme :

nous la cacherons au plus profond de lui-même,

=  Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit  où il ne pensera jamais à chercher. ”

Depuis ce temps-là, conclut la légende,

l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé,

à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.

 

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Notre foi en l’humain

 

Notre foi en l’humain est affaire d’expérience. Elle se joue de façon concrète dans sa relation à autrui, elle est souci de l’autre, et non pas de nos croyances ou de nos théories. Elle est dans notre façon de croire en lui, dans le regard, l’écoute, la main qui soutient ou qui donne. A ce titre elle a quelque chose de premier, elle n’est pas la conséquence ou l’application de ce qu’il faut croire, par exercice de raison ou de conviction religieuse. Elle est comme une naissance d’humanité.

 

Elle concerne sans doute le rapport à soi-même comme, au-delà des proches, à toute l’humanité, mais c’est dans la même lumière.

 

Cela dépasse l’éthique, ou en tout cas lui donne un autre ton. Car ce n’est pas d’abord de l’ordre du devoir, qui peut être si froid, mais c’est dans la chaleur du don. C’est au principe d’une convivialité nécessaire pour que la vie humaine puisse être goûtée comme bonne.

 

On pressent qu’une telle attitude rencontrera des obstacles. Mais ce qui apparait déjà, c’est que cette relation-là doit être respectée, qu’il faut en garder ce qu’on pourrait appeler sa transcendante naïveté.

 

C’est bien pourquoi la conséquence en est qu’en un sens, il ne faut rien y ajouter. S’avancer dans son déploiement, supporter ce qui la met à l’épreuve, combattre ce qui la meurtrit, mener à l’extrême ses exigences ou plutôt sa puissance de vie – soit. Mais ce qui interviendrait du dehors, fût-ce pour expliquer, justifier, régler, c’est en trop ; c’est-à-dire que cela réduit et diminue. La foi en l’humain ne se connait et ne se justifie que par l’être humain lui-même, dans sa présence toute concrète, quand par lui l’humain se dégage de l’inhumain, de cette violence profonde qui peut tout corrompre, y compris les idées les plus nobles et les comportements les plus dignes.

 

Conséquence de la conséquence : il ne faut pas ajouter Dieu.

 

Maurice BELLET

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A quel besoin répondaient les religions ? Entretien avec José Arregi.

Si les religions se sont formées dans les sociétés complexes de l’époque agraire, c’est que ces sociétés en avaient «  besoin  ». Ces sociétés-là avaient besoin de mythes ou de « récits » fondateurs, d’une cosmovision sûre, d’une vérité indiscutable, d’un code éthique incontestable et de rites. Cela devait garantir le sentiment d’une identité partagée, la cohésion sociale, l’harmonie intérieure des personnes dans l’harmonie sociale ou politique. Et si ces religions ont perduré des millénaires, c’est qu’elles ont su s’adapter à ces besoins, et ont rempli une fonction. La loi fondamentale de l’évolution de la vie s’applique aussi aux religions, comme à toutes les institutions culturelles : seules les formes adaptées réussissent.

Mais il arrive souvent, trop souvent, qu’une religion établie se renferme sur soi, sur ses intérêts institutionnels, contraires au bonheur personnel et collectif, ou qu’elle s’attache à des langages ou à des formes d’un passé révolu, croyant ainsi mieux assurer sa survie, ou qu’elle s’allie aux pouvoirs établis, qu’elle légitime le pouvoir oppresseur comme volonté divine, ou qu’elle encourage la résignation face à l’injustice, dans l’espérance du ciel ... l’opium du peuple. Mais la vie finira par réagir contre cette religion pervertie, pour la réformer ou pour s’en défaire.

Les religions (Églises, doctrines, cultes, etc.) sont-elles aujourd’hui quelque chose de ringard, appartenant à un passé révolu ?

Je crois que c’est bien le cas. Et pas par mauvaise volonté des dirigeants des institutions religieuses, mais plutôt par manque de vision historique ou de vision spirituelle, parce qu’ils confondent l’esprit avec la lettre, Dieu avec l’institution, ou le Mystère divin avec des images et des constructions humaines. Tout ce qui a été dit ou que nous disons de «  Dieu  » est une construction humaine. Tout ce que nous comprenons sur « Dieu » n’est pas Dieu (Saint Augustin).

Mais on ne croit pas ce que l’on veut, mais ce que l’on peut, selon le « croyable disponible » (Paul Ricœur), à chaque époque, dans chaque culture. Or, la vision du monde et de l’être humain, les croyances, les catégories et le langage, les rituels et l’organisation sociale qui soutiennent toutes les religions traditionnelles datent d’environ 3000 ans avant notre ère. Il y a 5000 ans. Un monde tout autre par rapport au nôtre, qui est celui des sciences et de l’incertitude à la fois, du pluralisme, de l’éclatement de la vérité. Nous sommes immergés dans une culture de la connaissance, de l’information et du changement accéléré. Nous ne pouvons plus croire que l’univers a été créé par une divinité extérieure, avec la Terre au centre de l’univers, et l’être humain comme sommet, et l’homme dominant la femme. Nous ne pouvons plus croire en un « Dieu » souverain « très-haut » qui commande, châtie et récompense, qui condamne et pardonne, qui élit les uns et rejette les autres, qui intervient miraculeusement dans le monde quand il veut, qui révèle des vérités et des normes immuables, qui établit de son doigt ses représentants sur terre... Nous ne pouvons plus croire en un Dieu qui, au cours de 13,7 milliards d’années d’expansion de l’univers, se serait incarné une seule fois, justement sur la planète Terre, dans la figure d’un homme juif, il y a 2000 ans.

Que reste-t-il alors des religions traditionnelles en général, et du christianisme en particulier ? Il reste l’Esprit en entier, mais l’Esprit exige que la lettre et les formes soient comprises d’une manière accordée à notre cosmologie et à notre anthropologie.

Les religions sont-elles encore vraiment nécessaires pour répondre aux besoins de l’être humain ?

Pendant des millénaires, les religions ont été ou ont cru être le support fondamental du bien-être humain, personnel et social. Ce n’est plus le cas maintenant. Les besoins les plus profonds continuent d’être les mêmes (bonté heureuse, bonheur solidaire, confiance profonde, paix créatrice, harmonie écologique intégrale, etc.). Les «  besoins de transcendance  » (sens du Mystère, admiration et respect, confiance vitale fondatrice, sentiment de l’interconnexion de tout ce qui existe) continuent d’être tout aussi essentiels et actuels. Les religions devraient essayer d’y répondre, mais elles ne possèdent plus le monopole de la vérité.

Certes, les religions possèdent un riche héritage millénaire, des maîtres et des maîtresses de vie, des textes pleins d’esprit et de sagesse profonde pour une vie meilleure, mais les formes anciennes parlent un langage que personne ne comprend plus, dans notre société. Et, de toute façon, elles ne sont pas les uniques propriétaires de la vérité et du bien. En fait, l’expérience nous montre que les personnes et les sociétés religieuses ne sont ni meilleures, ni plus heureuses, que les non-religieuses.

Alors, tous ces besoins peuvent-ils être pleinement satisfaits sans recourir à une religion, à un Dieu ?

Les besoins de cette espèce humaine Sapiens, si merveilleuse et malheureuse, si contradictoire, ne peuvent jamais être pleinement satisfaits. Les besoins sont infinis, nos capacités de les combler sont limitées.

Au fond, les religions sont nées de la nécessité de combler ce besoin humain le plus profond : la bonté heureuse. Mais, comme toute organisation et toute institution, l’institution religieuse se compromet inévitablement avec des intérêts institutionnels et elle se pervertit à poursuivre des buts avilis. Une des déformations de la religion, c’est de la convertir en « moyens pour », en recours pour obtenir quelque chose. Alors, elle perd son véritable sens libérateur. C’est-ce qui arrive avec Dieu. Un Dieu qui sert pour expliquer le monde, fonder l’éthique, ou légitimer le pouvoir en place, est toujours une idole fabriquée par l’homme. L’être humain doit se libérer du « Dieu » fonctionnel, pour se laisser guider par le Mystère indicible et insaisissable qui l’habite, par l’Esprit sans nom qui souffle dans tous les êtres. Pour cela, il n’est point nécessaire de parler de « Dieu ».

Étant donné l’état des religions chrétiennes aujourd’hui, le message de l’évangile a-t-il besoin d’une religion structurée ?

Il me semble évident que non. Rappelons la parabole du bon samaritain (Lc 10) : le prêtre et le lévite, fonctionnaires de la religion « véritable », quand ils voient le blessé au bord du chemin, «  passent à bonne distance ». Le samaritain, jugé comme païen ou tout au moins comme hérétique, en voyant l’homme blessé, se laisse porter par ce qui l’habite au plus profond : compassion et pitié.

Ou rappelons les mots que, selon le quatrième évangile, Jésus adresse à la femme, samaritaine elle aussi, qui l’interroge sur le lieu du culte véritable : « L’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père (...). L’heure vient  –  et maintenant elle est là – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4, 21-23). Ou encore les mots de Jésus à Nicodème : « Le vent [l’Esprit] souffle où il veut » (Jn 3, 8).

Le grand défi spirituel de nos jours, c’est justement de chercher des voies pour apprendre et enseigner une spiritualité laïque à une société qui ne se reconnaît plus dans aucune religion, mais qui a besoin de vivre une vraie spiritualité, autrement dit, une vie de « qualité humaine profonde ».

Alors, les religions vont-elles disparaître ?

Tout ce qui apparaît disparaît. C’est la loi de la vie. Et il se pourrait bien que nous soyons au début de la fin des religions. En Europe, le processus est très avancé, et il semble imparable. Stephen Bullivant, dans son étude Jeunes adultes européens et religion (2018), soutient que la « religion en Europe est en train de mourir ». En ce qui concerne la France, Guillaume Cuchet a publié un livre qui s’intitule Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Anatomie d’un effondrement (2018).

Le jour où la population du monde aura en majorité un grade universitaire  –  aujourd’hui ne le possèdent que 7 % de la population mondiale, et 50  % des Européens  –, les religions traditionnelles ou bien disparaîtront, ou bien auront à se transformer profondément.

En réalité, c’est un processus qui vient de loin : vers le VIe siècle av. J.-C., une véritable révolution globale, philosophique, éthique et religieuse s’est produite depuis la Chine (Confucius et Laozi) jusqu’à la Grèce (Pythagore, Héraclite, Socrate), en passant par l’Inde (Bouddha, Mahavira), l’Iran (Zoroastre) et Israël (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel). C’est l’époque que Karl Jaspers* désigne sous le terme de « période axiale ». Ce large mouvement, au-delà des croyances, des rites et des institutions religieuses, vise l’expérience mystique, la libération de l’ego, la pratique de la justice. Au fond, ce qu’aujourd’hui on appelle la « spiritualité laïque ».

D’aucuns parlent de « deuxième période axiale » à propos de notre époque, et il ne semble pas inexact de considérer le changement actuel de paradigme comme aboutissement de celui qui eut lieu il y a quelque 2500 ans. Mais la métamorphose culturelle et religieuse de notre temps est bien plus radicale que celle de la première « période axiale ».

Personne ne connaît l’avenir. Mais il ne me paraît pas exagéré de dire que le paradigme dualiste (matière-esprit, transcendance-immanence), dogmatique, ritualiste, hiérarchique et clérical, ainsi que l’image théiste d’un « Dieu personnage » séparé du monde, n’est plus soutenable pour la presque totalité de la population de nos pays européens occidentaux. Et je crois que, à court ou moyen terme, la diffusion de la vision scientifique du monde amènera la crise globale des religions traditionnelles.

Les institutions religieuses ne devraient pas s’opposer à ce changement de paradigme, au passage vers un temps post-religieux et post-séculier, vers une nouvelle ère spirituelle trans-religieuse. L’Esprit souffle sans cesse en recréant la face de la terre, en inspirant une communauté globale de vie bonne, fraternelle et heureuse. Accueillir ce souffle de l’Esprit et l’incarner, voilà en quoi consiste la spiritualité de la vie, avec ou sans religions.

* Karl Jaspers (1883-1969), psychiatre et philosophe allemand, associé au mouvement existentialiste. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, notamment dans l’approche de la transcendance.

Entretien avec José Arregi, théologien qui a enseigné à l’Université jésuite de Deusto (Bilbao. Religieux franciscain, il a dû quitter son ordre après que l’évêque de San Sebastian lui eut imposé le silence. On lui reprochait d’appeler au pluralisme des expressions de la foi.)

Propos recueillis par Régine et Guy Ringwald (Les Réseaux des Parvis ~ janvier-février 2020)

Pour lire tout l’article de Parvis de Janvier 2020 :

https://www.dropbox.com/s/bz0ybwxhs4rpqo5/Parvis%2096%20La%20religion%20d%27o%C3%B9%20vient-elle%20o%C3%B9%20va-t-ellepdf.pdf?dl=0

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action d'un lecteur à propos de : " les religions traditionnelles ne peuvent que ou disparaître progressivement, ou se transformer profondément pour répondre simplement aux questions essentielles que l’homme se pose" :

 

A vrai dire, d'après ce que je constate, je ne suis pas de cet avis : les religions qui non seulement survivront mais qui en plus croitront seront celles qui ont le plus de branches extrémistes, celles qui exigent de leurs fidèles de tout croire sans poser de question ; le doute étant perçu comme un manque de foi et donc punissable par l'enfer. Les religions qui perdureront seront celles qui , comme depuis toujours, exploiteront le plus la peur des gens face aux catastrophes que connaît le monde, et comme le plus grand nombre est crédule et influençable ... Sans compter la mise à mort de notre école républicaine qui fut si réputée pour un ersatz qui n'en portera que le nom. C'est elle qui permettait de faire face à l'obscurantisme ; or on a tout fait pour la boycotter et la faire plonger au nom de la justice, de la bienveillance et de la... confiance. Le train des réformes roule à pleine vitesse : il est impossible de l'arrêter.

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Marcel Légaut et la religion catholique

           Toute sa vie, Marcel Légaut s’est affirmé catholique, et gardait un attachement réel à « son » Église, tout en étant lucide sur l’institution, « ma mère et ma croix » écrivait-il ou « Elle dont je ne me séparerai jamais ,mais qui est si lourde à mon coeur » (Travail de la foi,Seuil ,1972 ,p.40) . Toute sa vie également, il n’a cessé de reprendre, de corriger sa réflexion, de la soumettre à un public lors d’échanges, ou simplement à la Magnanerie de Mirmande, autour du groupe Légaut. Au cœur de cette réflexion, Jésus, la nécessité de devenir disciple, et de faire mémoire de la dernière Cène. Il était assez incisif sur le fait que les évêques ne trouvent pas de solution face à la disparition progressive des célébrations de la Cène, évoquant la non-assistance à personne en danger spirituel ! Tout en proposant aux évêques d’exercer, dans un cadre à taille humaine – le diocèse de Strasbourg compte plus d’un million d’habitants –, ses fonctions d’animateur, de régulateur de communautés de base.

 Ces quelques éléments sont fixés dans une méditation du 2 juillet 1990, quatre mois avant sa mort. La gravité de la situation ne lui échappe pas : « L’avenir se prépare à travers une quasi sorte de mort par le fait que ce ne sera pas à proprement parler un prolongement ». Toutefois, pour lui, « ce qui est important […] c’est que ce que Jésus a vécu ne peut pas disparaître ». Encore faut-il accepter l’idée que « l’essentiel n’est pas dans ce que Jésus dit, ce qu’il a fait, mais son évolution ». La découverte progressive de sa mission, marquée par ce texte décrivant Jésus lisant Isaïe (61,1-2) et déclarant qu’il s’agit de lui-même. Jésus est mort de fidélité à une mission qu’il découvrait au fur et à mesure qu’il avançait.

 Légaut est parti d’un monde sacré, et a progressivement ôté ses « habits d’enfant de chœur », disait-il avec humour. Relativiser ce qui a été donné comme sacré, « c’est un énorme pas qui n’est pas à conseiller à tout le monde ». Les écrits que nous avons considérés comme point de départ (Évangiles, Épîtres) sont « des approximations limitées, très marquées par les temps et les lieux, d’une réalité que chacun a essayé d’approcher mais qu’il n’a pas atteinte ». Il faut donc, à nos risques et périls, cheminer par certains côtés dans la nuit, et tirer d’une relecture ininterrompue de ces textes un cheminement. Sachant qu’entre Spong, Meier, Amphoux ou Marguerat, les éclairages s’interpellent.

 Toutefois, « si le christianisme a demeuré et a un avenir, ce n’est pas grâce à ses doctrines – les chrétiens les ignorent – c’est à cause de cette religiosité viscérale qui nous habite au plus profond […] ». Notre vie est nécessaire pour devenir disciple : sortir du climat euphorique de la doctrine pour entrer dans le réalisme plus ou moins inhumain, atroce de l’histoire de Jésus. Et découvrir la prière adressée par Jésus à ses disciples, la mission confiée aux siens sans ignorer leur impuissance. En étant non seulement devant eux, mais en eux, prière adressée à tous ceux qui succèderaient aux apôtres dans la foi.

 Manifestement, la réponse à la question posée n’est pas simple : où trouver une transmission des Évangiles, des Épîtres, voire d’autres textes ; où trouver une communauté, la foi ne se vivant pas en solo ; comment approcher Jésus ? Je retrouve, lisant Légaut lorsqu’il responsabilise chacun : à nos risques et périls d’avancer.

                                                                                                                  Dominique Lerch

Prière improvisée de Marcel Légaut vers 1935/1936, d’après les notes de Jean Ehrhard :

Béni sois - tu d’avoir ainsi confié à nos mains fragiles  cette mission à dimension d’existence

 et  de nous rappeler sans cesse

  que dans le passé, rien n’est définitif, rien n’est sacré

  que tout est toujours à dépasser

  que le futur est à inventer, sans oublier ou seulement méconnaître les racines de l’avenir.

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De l'enfant-dieu à l'enfant-roi !

Les saisons sont plus anciennes que les religions. C'est le rythme premier, celui de la nature, moins immédiat que l'alternance du jour et de la nuit, mais aussi prégnant, aussi indépendant de notre volonté, et qu'il faut suivre de gré ou de force. C'était vrai déjà pour les chasseurs-cueilleurs, durant le Paléolithique, et plus encore pour les agriculteurs, après la révolution néolithique, il y a quelque dix mille ans. Labourer, semer, désherber, récolter... Les travaux et les jours, comme disait Hésiode, sont gouvernés par le climat, donc (ultimement et bien avant qu'on ne le sache) par le mouvement de la Terre autour du Soleil et l'inclinaison de son axe de rotation. Les deux solstices, d'hiver ou d'été, le marquent spectaculairement : ce sont les jours les plus courts (vers le 21 décembre dans l'hémisphère nord) ou les plus longs (vers le 21 juin) de l'année. Et qui ne préfère la Saint-Jean, ses soirées interminables et douces, ses joies faciles, sa sensualité à fleur de peau, cette exultation de toute la nature ? Le solstice d'hiver est plus sombre, plus sévère, plus inquiétant ! Le froid, la pluie ou la neige, le vent ou le brouillard, des journées si courtes, comme rongées matin et soir par cette nuit qui n'en finit pas... Et si le printemps allait ne jamais venir ?

C'est alors qu'il est beau d'espérer, ou plutôt d'avoir confiance.
« Il n'y pas d'espoir sans crainte », disait Spinoza. Espérer le printemps, cela supposerait qu'on craigne qu'il ne vienne pas. Et ce fut le cas, peut-être, pour les premiers humains, tremblant et priant dans le froid. Ce ne l'est plus pour nous : nous savons bien que le printemps, beau ou pas, sera là dans trois mois, et l'été dans six... Nos peurs se sont déplacées, donc nos espérances aussi. Mais ce n'est pas un hasard si les chrétiens, après tant d'autres, ont fait du solstice d'hiver la fête de l'espérance et de la confiance réunies (c'est ce qu'on appelle la foi) : parce que c'est au plus froid de l'année qu'on a le plus besoin de croire au retour des beaux jours, ce que la nature nous promet en effet, voire au triomphe définitif de la lumière sur l'obscurité, ce que seules les religions annoncent, et que Dieu seul, s'il existe, peut garantir...

Ces fêtes du solstice sont de tous les pays, de tous les temps, de toutes les religions. La singularité de Noël, donc du christianisme, est ailleurs : dans la célébration non d'un dieu tout-puissant mais d'un enfant nu, dans une étable. Quoi de plus faible qu'un nouveau-né, quoi de plus fragile, quoi de plus démuni ? Comment mieux signifier que la force n'est pas tout, ou plutôt qu'elle n'est rien, en tout cas rien qui vaille, ou qu'elle ne vaut qu'au service de la faiblesse et de l'amour ? Ce dieu-là, le plus faible de tous les dieux, et qui finira sur une croix (quoi de plus faible qu'un innocent supplicié ?), est le seul qui me touche. C'est le dieu le plus humain, et pour cela le plus divin. Zeus, Mithra ou Odin, à côté, sont dérisoires ou effrayants, et souvent les deux à la fois. Dieux de la foudre ou du Soleil, des armées ou des prêtres, de la force et de la gloire, de la peur et des sacrifices... Le premier bébé venu nous en apprend plus : parce que nous n'avons rien à en craindre, rien à en espérer, sauf pour lui-même, parce qu'il a besoin de nous, parce que nous n'avons aucun droit sur lui, juste des devoirs, à commencer par celui de le protéger, de le respecter, de l'aimer, si nous en sommes capables. Il n'est pas étonnant, au fond, que Noël soit devenu la fête des enfants. Hélas ! pourquoi fallait-il qu'elle devînt celle de la consommation, du mensonge (le Père Noël) et des cadeaux ? C'était passer de l'enfant-dieu à l'enfant-roi (exigeant, insatiable, tyrannique), de la crèche au supermarché, des Rois mages au vieillard postiche et bedonnant. On a les superstitions que l'on mérite.

 

André Comte-Sponville 

Auteur de Contre la peur et cent autres propos (Albin Michel, 2019).

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Questions  à Jacques Gaillot

par Francis X. Rocca, correspondant du Wall Street Journal au Vatican.

 

A votre avis, pourquoi le pape Jean-Paul II vous a-t-il révoqué en tant qu’évêque d’Evreux ?

Au moment de ma révocation d’Evreux, le 13 janvier 1995, le pape Jean-Paul II se trouvait aux Philippines à Manille pour les journées mondiales de la jeunesse.

C’est le cardinal préfet de la Congrégation des évêques, qui m’avait convoqué à Rome.

Il me signifia que mes nombreuses interventions dans les médias sur des sujets sensibles causaient le trouble et la division chez de nombreux fidèles y compris des évêques. « Vous êtes fait pour l’unité et vous divisez. Cette situation ne peut plus durer. »

Je gardais le silence. Une parole du cardinal eut l’effet d’une flèche qui me blessa :

 « On dit que vous ne croyez pas à l’Evangile. Pour vous, l’Evangile est une parole comme un autre. »

Je n’étais pas là pour me défendre mais pour entendre un jugement qui tomba comme un couperet :

« Demain à midi, vous ne serez plus évêque d’Evreux. »

Un an après, le pape Jean-Paul II souhaita me rencontrer.

Comme toujours il se montra très fraternel.

« Les gens d’Evreux ne doivent pas aimer le pape » me dit-il d’emblée. 

« Rassurez-vous. Ils pensent que vous n’y êtes pas pour grand-chose, et que c’est une affaire de la Curie romaine ».

Le pape sourit mais me parut ennuyé de cette affaire.
 

A votre avis, pourquoi le pape vous a-t-il transféré au siège de Partenia au lieu de vous désigner simplement évêque émérite d’Evreux ?

C’est le cardinal préfet qui était à la manœuvre :

  « Si vous signez votre démission, vous serez évêque émérite d’Evreux.

« Et si je ne signe pas ? »

« Vous serez évêque transféré. Vous avez quelques heures pour réfléchir. »

Prenant congé du cardinal, ma décision était déjà prise : je ne signerai pas. Je ne voulais pas être forcé au divorce. Avant de reprendre le train de nuit pour Paris, je commençais de rédiger un message aux diocésains d’Evreux : 

« Je cesse de vous servir, mais je ne cesse pas de vous aimer. »

Le cardinal attendit ma réponse, mais la réponse ne vint jamais.

Je n’ai pas reçu de rescrit prescrivant les motifs de ma révocation.

Par la presse, j’appris que j’étais nommé évêque de Partenia.

 

Quelles sont selon vous, vos principales réussites en tant qu’évêque de Partenia ? Y a-t-il eu des épisodes particulièrement satisfaisants ? Des défis particulièrement difficiles ?

Des amis se réjouissaient de ma nomination et voulaient la réussite de ce diocèse hors norme :

« C’est formidable : au moment où Rome te nomme à Partenia, tu as un media qui correspond à ce diocèse sans frontières : le net. C’est un outil merveilleux qui te permettra de communiquer avec des gens de partout. »

Le site Partenia fut créé à Zurich par Katharina Haller qui en plus de son travail, se donna à fond à cette tâche.

Le 20 de chaque mois je lui envoyais :

  + le partage d’un ou deux évènements vécus dans le mois.

     Cela donnera un livre : « Carnet de route. »

+ Un partage d’Evangile fait en équipe.

    Un livre en sortira : « La Bible à livre ouvert »

  + La rédaction en équipe d’une question concernant la foi     

    Qui donnera naissance à un livre : « Un catéchisme au goût de liberté ».

  + La réponse à trois questions d’actualité posées par un journaliste de la télévision.

Katharina envoyait ces textes aux traducteurs et traductrices bénévoles de différents pays pour une traduction en 7 langues.

Au début de chaque mois, ces textes paraissaient sur le site Partenia. Et cela sans interruption pendant 15 ans.

Quelle prouesse ! 

De nombreux internautes de différents pays venaient régulièrement consulter le site Partenia.

Il y en avait toujours deux du Vatican !

Un défi a été difficile pour moi à relever :

Du jour au lendemain, ayant été révoqué par Rome, j’étais considéré comme non fréquentable et déviant dans mon Eglise. Je n’étais plus invité. Fini les interventions, les prédications, les retraites, les invitations aux rencontres d’évêques. J’étais rayé des listes.

Désormais, il me fallait aller vers ceux du dehors : les exclus.

Les migrants, les prisonniers, les sans-logis me sentaient à eux car j’étais comme eux un exclu. Grâce à Rome !

Je ne prêchais plus dans les églises, et ne m’adressais plus à un public chrétien.

Je prenais la parole hors les murs, sur les places publiques, dans les rues, au cours de manifestations où se trouvaient militants, syndicalistes, migrants…

Je compris qu’il me fallait partir de l’humain. L’humain d’abord. En toute circonstance. Avec un vocabulaire nouveau.

Je découvris que ceux qui parlaient si bien de l’homme dans les manifestations, me disaient quelque chose de Dieu.

Je constatais l’importance pour les exclus de reconnaître leur dignité.

Personne n’a jamais pu prendre leur dignité, malgré les menaces et les humiliations. La dignité leur appartient.

Je constatais que la seule attitude qui puisse libérer quelqu’un, c’était de reconnaître sa dignité.

 

Lors de votre rencontre avec le pape François en 2015 avez-vous parlé de votre ministère en tant qu’évêque de Partenia ? Le pape vous a-t-il dit quelque chose sur ce thème ? Avez-vous parlé d’autre chose ?

Ce fut une très belle rencontre. Je n’avais rien à demander au pape François. Il m’avait téléphoné sur mon portable pour me dire qu’il souhaitait me rencontrer.

Le pape était intéressé de savoir ce qui faisait ma vie sur le terrain parisien.

« Je suis responsable d’une association de migrants africains dont le but est d’obtenir un titre de séjour.

Je me sens bien avec eux. Ils sont ma famille.

Je visite des prisonniers qui ont de longues peines. Nous sommes devenus des amis qui m’apportent beaucoup ».

« Continuez ce ministère, c’est si important ! » soupira François. Puis après un moment de silence me demanda :

« Avez-vous une expérience des familles ?»

 « Des familles un peu particulières… Dernièrement j’ai béni un couple de divorcés remariés. Ils sont ensemble depuis 20 ans. Arrivés à l’âge de la retraite, ils veulent se remarier civilement et désirent comme chrétiens, une bénédiction. N’ayant pas trouvé de prêtre, ils s’adressent à moi. J’accepte et vais dans un village où se trouve leur résidence secondaire ainsi qu’un modeste parc où se fait la célébration. 100 personnes sont présentes. Il y a les chants la musique. Les mariés prennent en premier la parole et disent pourquoi ils tiennent à une bénédiction.

L’assemblée écoute l’Evangile que j’actualise, puis nos prières de demande s’adressent à notre Père commun et je donne une large bénédiction.

Tout le monde est heureux. C’était vrai et çà donnait du sens.

Le pape restait silencieux.

Alors je continuais :

J’ai béni un couple d’homosexuels. Deux hommes de 29 et 30 ans. Ensemble depuis 10 ans, ils veulent se marier civilement et comme ils sont chrétiens, désirent une bénédiction.

Ne trouvant pas de prêtres qui acceptent, l’un d’eux m’écrit une belle lettre témoignant que sa foi fait partie de sa vie. Comment pourrais-je refuser ?

La célébration se déroule dans un domaine loué pour le weekend. Il y a 80 invités.

C’est jour de fête et de joie. L’assemblée écoute le témoignage des mariés ainsi que l’Evangile choisi par eux et que je commente.  Je donne aux mariés la bénédiction qui leur donnera lumière et force tout au long des jours.

Le pape leva alors les bras : 

« La bénédiction, c’est dire la bonté de Dieu à tous, sans exception. »

 

En regardant en arrière voyez-vous l’action de la Providence dans ce chemin ?

Ou aurait-il été préférable que vous restiez à Evreux jusqu’à votre retraite ?

L’action de la Providence était certaine pour moi. Je me sentais dans la main du Père. J’ai vécu cette révocation en grande paix malgré tous les remous que provoquait mon départ. Je pardonnai à mes détracteurs victorieux qui téléphonaient à l’évêché pour dire qu’ils sablaient le champagne.

Jésus faisait ma route et me préparait à une autre aventure pour l’Evangile. Je partais avec confiance sans savoir où je me poserais et ce qui m’attendrait.

Après avoir été près de 13 années à Evreux, il était bon que je parte. J’avais donné toute ma mesure au peuple d’Evreux.

Sur les routes de Partenia, mon cœur s’est élargi pour rejoindre l’humanité entière.  Tant de rencontres dans tant de pays, m’ont fait grandir en humanité, m’ont ouvert aux autres, ouvert à l’Esprit.

Arrivant bientôt au terme du chemin, ma prière est surtout faite d’action de grâce.

 

Jacques Gaillot,            Evêque de Partenia.

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Où s’exerce la spiritualité ?

Citoyens[i] poursuit son approche de la spiritualité. Une spiritualité concrète, ordinaire, celle qu’éprouve tout être. Pas cette vitrine de tous les trafiquants d’imposture, pas ce vernis prétentieux qui fait rutiler certains textes. Non, simplement, cette méditation sur le sens de la vie, cette estimation de la personne, cette réflexion sur le mystère du monde.

Aux nihilistes qui clament que la vie n’a pas de sens, on doit répondre que la vie a le sens qu’on lui donne. Et que c’est une grande entreprise.

La spiritualité inspire chacun de nos actes, en creux ou en plein. Elle dirige nos choix, donne sa profonde valeur au mot liberté. …

C’est aussi la spiritualité qu’on retrouve dans les rencontres avec les migrants, rencontres humaines fortes, foisonnantes, loin des caricatures d’une certaine presse. Ces articles nous rappellent une évidence : un homme, quels que soient son origine et son pays, est toujours un univers plus riche et plus inattendu ...

“I have a dream” a lancé Martin Luther King à Washington en 1963 devant le Lincoln Memorial. C’est ainsi qu’on peut concevoir la spiritualité : ce souffle qu’on ressent en soi et qui nous pousse à construire un monde nouveau.

François Leclercq, Président de LVN

[i] Citoyens, revue de l’association LVN ou La Vie Nouvelle

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Méditation : D’un monde à l’autre

 

Nous sommes dans un temps de passages, d'un monde à l'autre.

"Nous ne savons pas où nous allons mais nous y allons".

Nous ne savons pas quel sera ce nouveau monde.

Nous en voyons les prémices : dérèglements climatiques, dérèglements économiques, dérèglements militaires; les guerres sont toujours présentes;

Il suffit d'un incident comme en Iran pour que les décisions de guerre soient prises.

Le radicalisme, le fanatisme gangrènent des familles, des peuples ...

 

Les manifestations continuent; elles sont à répétition, même si nous condamnons les violences.

Nous constatons de vraies revendications pour plus de justice sociale.

Le pouvoir en place a du mal à reconnaitre la place des plus fragiles.

Les choix financiers passent en premier.

Les actionnaires sont privilégiés; avant les employés ...

 

Les idées écologiques deviennent essentielles;

Elles traversent tous les groupes politiques mais elles ont à se concrétiser à grande échelle.

On voit bien les tergiversations, les hésitations du G20 au Japon;

Les intérêts économiques, l'argent l'emportent tout le temps

sur les choix environnementaux, la répartition des richesses.

 

Parfois des décisions semblent être prises au niveau mondial (COP21);

Mais elles sont enterrées, oubliées; il n'y a pas de volonté politique.

Alors retentissent ces messages des jeunes :

 

"Il ne s'agit plus d'être écolos mais d'être vivants".

"Nous venons de naitre au monde; cette crise, nous allons  devoir vivre avec, et aussi nos enfants et petits-enfants ..."

"A quoi bon suivre une éducation scolaire et préparer un avenir s'il n'y a pas d'avenir ..."

 

Pouvons-nous croire à la créativité des peuples pour inventer d'autres modèles ?

L'humain et la nature sont indissociables.

L'argent rend l'humanité folle; on fait de la croissance en épuisant toutes les ressources, en utilisant le vivant comme des machines à produire.

Il faut envisager l'avenir avec sobriété et modération, nous disent Pierre Rabhi, Gaël Giraud, Patrick Viveret ...

Il y a une autre logique à mettre en place, à partir de la sobriété, la proximité, le respect du vivant, la protection de la nature, des nouvelles formes de participations démocratiques ...

 

Et dans ce contexte, quelle actualisation des Evangiles ?

 

Maurice Elain 

 

http://www.reseaux-parvis.fr/

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« Dieu a permis des faiblesses dans la Bible pour nous montrer que nous ne devons pas nous satisfaire d’une interprétation littérale de l’Écriture » Origène

La dérive fondamentaliste par Antoine Nouis

 

Le fondamentalisme est la position de ceux pour qui la Bible rapporte les faits tels qu’ils se sont déroulés, depuis la création du monde jusqu’à l’annonce du retour du Christ. Le terme est né aux États-Unis au début du XXe siècle pour souligner les fondements essentiels de la foi chrétienne en réaction à ce qui était considéré comme une dérive libérale. La liste de ces fondamentaux repose sur l’inerrance de la Bible, c’est-à-dire son infaillibilité. Les fondamentalistes croient à la création du monde en sept jours, à la naissance virginale de Jésus, à son humanité exempte de péché, à ses miracles, à sa mort expiatoire et rédemptrice, à sa résurrection corporelle, à son ascension, à son œuvre médiatrice et à son retour personnel dans la puissance et dans la gloire. De nos jours, ces adeptes sont actifs dans le combat contre ce qu’ils considèrent des dérives de la modernité : l’évolutionnisme, l’autorisation de l’avortement et la complaisance vis-à-vis de l’homosexualité. Cette idéologie est une maladie de l’interprétation qui réduit la parole de Dieu à une doctrine consignée dans un document. Le rabbin Jonathan Sacks a écrit à son sujet : « Le fondamentalisme consiste à lire les textes comme si Dieu était aussi simple que nous. Il y a peu de chance que ce soit le cas. » Comme les théories sommaires sont séduisantes, surtout en période d’incertitudes,  l’intégralisme religieux se retrouve dans toutes les religions. Il cultive en outre un certain orgueil spirituel, car il donne l’illusion d’être dans une fidélité radicale, à la différence de toutes les autres lectures qui font des compromis avec la vérité de Dieu.

 

Une idolâtrie

Le fondamentalisme est une idolâtrie, car, en enfermant Dieu dans une doctrine, il le réduit à la compréhension que nous en avons. Ce peut être rassurant dans un premier temps, mais la foi ne nous permet pas d’échapper au risque de l’incertitude, car elle ne se présente pas à nous comme un savoir cadenassé, mais comme une rencontre. La théologie nous rappelle que Dieu peut être désigné, mais jamais enrégimenté. Les défis de l’interprétation En outre, le fondamentalisme est une insulte pour l’intelligence, car il suffit de lire les textes fondateurs pour s’apercevoir qu’ils sont traversés par des traditions divergentes. Malgré l’uniformité de son style, le Coran n’est pas moins pluriel que le Nouveau Testament, et cette diversité conduit au jeu des interprétations. Nous pouvons facilement appliquer au Coran ce qu’a dit le Père de l’Église Origène : « Dieu a permis des faiblesses dans la Bible pour nous montrer que nous ne devons pas nous satisfaire d’une interprétation littérale de l’Écriture, mais pour que nous cherchions toujours son sens profond. » Un lieu de fécondité dans la rencontre avec les musulmans est de faire dialoguer nos méthodes d’interprétation. On prête au théologien Karl Barth l’anecdote suivante. Alors qu’un étudiant lui demandait comment le serpent pouvait parler dans le jardin, il a répondu : « Il ne s’agit pas de savoir s’il a parlé ou s’il n’a pas parlé, l’important est de savoir ce qu’il a dit. » Les Réformateurs ont dégagé un principe d’interprétation qui veut qu’un texte doit toujours être mis en relation avec celui qui s’y révèle, le Christ. Tout récit biblique doit être interrogé à partir de ce fondement : quelle parole christique, de grâce, peut-il transmettre ? Dans l’islam, l’ijtihad est l’effort personnel d’interprétation. Il entretient l’intelligence de la foi, et appelle à un effort de réflexion collectif ayant pour but de promouvoir un islam qui est en phase avec son environnement social. Dans les deux religions, la démarche croyante conduit à faire entrer le texte fondateur en résonance avec la vie pratique, nos questions, nos sentiments, nos peurs et nos soucis. Que ce soit dans le christianisme ou l’islam, Dieu appelle le fidèle à l’aimer avec toute son intelligence, ce qui revient à ne jamais abandonner le chantier de l’interprétation.

 

Antoine NOUIS -  Réforme n°3805 du 6 juin 2019

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Pentecôte : être disponible au Souffle intérieur

 par Jacques Musset 

Livre des Actes des apôtres, 2, 1-13

 

La vérité de cet étonnant récit n’est pas d’ordre historique mais symbolique. Il résume sous la forme littéraire d’une belle histoire, comme il y en a tant dans la Bible, ce qui peut arriver dans les communautés chrétiennes lorsqu’elles se laissent bouleverser par le Souffle qui animait Jésus au plus intime. Ce qui peut advenir aussi à chaque être humain lorsqu’il est disponible au Souffle intérieur qui ne cesse de l’inspirer.

 

De la richesse du texte des Actes des Apôtres, je retiens trois expressions : « Tout à coup »,  « sur chacun d’eux », « dans nos langues, les merveilles de Dieu ».

 

Tout à coup

Combien de fois n’ai-je pas été surpris, étonné, émerveillé mais aussi décontenancé, dérouté par des événements qui survenaient à l’improviste et me poussaient en avant, m’obligeaient à sortir de moi-même, à ouvrir les yeux, à élargir mes horizons, à me remettre en cause, à découvrir la richesse d’autrui à laquelle je n’avais pas jusqu’alors porté attention ! Sans ces « tout à coup », que serais-je devenu ? Ils m’ont poussé hors de mes enclos, hors de mes œillères, hors de mes préjugés.

 

Sur chacun d’eux

L’une de mes plus grandes joies est de percevoir en ceux et en celles que je croise sur mon chemin, à commencer par les êtres qui me sont les plus proches, quelque chose du mystère intérieur qui les habite, du souffle qui les anime, du feu qui brûle en leurs profondeurs, au cœur et au-delà de leurs limites et de leurs failles. Cette attention à l’être profond d’autrui n’est ni évidente ni facile. Il faut creuser au-delà des apparences pour découvrir cette richesse intérieure. L’autre est porteur de souffle comme je le suis moi-même mais nous ne le sommes pas de la même manière. L’autre est porteur de lumière comme je le suis également, mais chacun éclaire et réchauffe de façon singulière.

 

Dans nos langues, les merveilles de Dieu

Depuis Jésus, puisque sa mémoire est parvenue jusqu’à nous, chacun doit pouvoir  entendre la Bonne Nouvelle  dans sa propre langue. Aujourd’hui, cette Bonne Nouvelle, je me la formule, je m’efforce d’en vivre et d’en témoigner en paroles et en actes, à travers ma culture et ma façon d’exister d’homme du 21e siècle, qui sont toutes différentes de celles d’un homme du 1er ou du 13e siècle de notre ère. Le miracle, la merveille, c’est que, tout au long des générations de croyants, des êtres très divers n’ont cessé de traduire la même inspiration première en des représentations et  des modes d’existence  d’une étonnante  diversité.

 

 Aujourd’hui comme hier, des chrétiens dont les  conditions d’existence sont inédites par rapport à celles de leurs devanciers expriment à nouveaux frais le message initial afin d’y trouver du sens. Cela suppose de ne pas confondre fidélité et répétition ce qui fut, au fil des siècles, une tentation permanente et mortifère à laquelle il a été si facile de céder. Rénovateurs et réformateurs en ont fait les frais, encaissant condamnations, exclusions et excommunications. Immense gâchis de forces vives réduites au silence et discréditées par les tenants de l’orthodoxie,  se croyant  les détenteurs de la vérité ! La fidélité créatrice implique que les Églises, chaque communauté  et chaque chrétien prennent la responsabilité d’inventer à leurs risques et périls, à partir de l’héritage reçu, des manières de confesser leur foi qui donnent sens au vécu de leurs membres.

 

Je suis pour ma part infiniment heureux d’entendre la voix lointaine de l’Évangile résonner dans ma vie d’aujourd’hui et y produire des fruits. Pour cela, j’ai dû m’autoriser à traduire son message dans un langage qui soit crédible pour moi. Œuvre de réinterprétation nécessaire, d’une nécessité vitale au moment où la lecture traditionnelle des textes bibliques et évangéliques n’avait plus de sens pour moi. Œuvre de longue haleine qui m’a demandé beaucoup de travail mais auquel je n’ai jamais rechigné puisque cette recherche était une question fondamentale de survie personnelle. Oeuvre parfois incomprise et soupçonnée d’intellectualisme et d’individualisme alors qu’elle touchait au plus profond de mon identité spirituelle. Oui, je suis profondément heureux de m’être livré à cette démarche de libération qui s’est révélée féconde pour moi et, je le crois, pour un certain nombre de gens que j’ai croisés sur ma route. De même je suis comblé de joie quand je constate le même mouvement chez d’autres êtres. Depuis que j’ai commencé à naître à moi-même, j’ai eu la chance formidable de trouver sur mon chemin des hommes et des femmes en quête d’une foi intelligente et exigeante. Avec eux s’est établie une communion en profondeur qui ne s’est jamais démentie.

 

Par contre, combien je déplore les discours répétitifs, dogmatiques et moralisants, qui invitent sans relâche à l’obéissance, à la conformité, à la reproduction pure et simple du passé ! Est-ce cela la Pentecôte ? Accepter personnellement d’être surpris, décontenancé, dérouté par la parole vive de l’Évangile, permettre à chacun de recevoir la Bonne Nouvelle dans son propre cheminement, quels que soient les sentiers qu’il emprunte, ne pas craindre pour soi, pour les autres et pour les Églises le grand vent qui bouscule les habitudes frileuses et les fausses sécurités, ne pas redouter de s’exposer au feu qui brûle impitoyablement les masques et pulvérise les faux-semblants, ne serait-ce pas plutôt cela  la Pentecôte pour chacun et pour chaque communauté qui se veut chrétienne ?

 

Le Souffle de Dieu est au plus intime de tous les humains. Notre responsabilité n’est pas de prier qu’il vienne mais bien plutôt de nous rendre disponible quotidiennement à son inspiration à travers les événements. Pour cette œuvre essentielle, existe-t-il d’autre chemin que de nous approprier ces événements, à travers les rencontres qui nous sollicitent à l’écoute et à la solidarité, à travers les choix qui nous mettent en demeure de faire la vérité ? Si nous nous aventurons sur cette voie, pourquoi le reste ne nous serait-il pas donné  par surcroît et peut-être bien au centuple ?

 

Jacques Musset

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Funérailles d'aujourd'hui en France

 

   En l’espace de quelques mois, le quotidien La Croix (du vendredi 12 avril 2019), et deux hebdomadaires : La Vie (du 25 au 31 octobre 2018), et Réforme, hebdomadaire protestant (du 7 mars 2019) se sont intéressés aux mutations que connaît le monde funéraire en France métropolitaine. Ce regain d’intérêt sur le sujet avait été précédé par la publication en 2007 d’un livre de François Michaud Nérard, directeur des services funéraires de la Ville de Paris, intitulé « La révolution de la mort », aux éditions Vuibert, ouvrage qui fait toujours autorité. 

  

Personne ne conteste que la France soit devenue une société laïque et sécularisée : érosion de la pratique religieuse, grande fluidité dans les appartenances confessionnelles, mais aussi, plus largement, existence d’une forme d’indifférence ou d’incompréhension à l’égard des préoccupations spirituelles.

  

Toutefois, la demande de spiritualité à l’occasion de funérailles n’a pas disparu totalement de la société française. Dans un sondage réalisé par les services funéraires de la Ville de Paris, publié le 4 octobre 2018 et mentionné dans La Vie, 45% des personnes sondées souhaitaient organiser une cérémonie religieuse à l’occasion de leurs obsèques, 26% une cérémonie civile et 28%, aucune célébration. 

 

…Dans ces trois journaux, je constate que les représentants de l’Eglise catholique en France ou de l’Eglise protestante unie de France, qui ont été interviewés se sont plus attachés à défendre la pastorale des funérailles de leurs Eglises respectives et les possibilités de l’améliorer que d’analyser les résultats du sondage concernant les motifs pour lesquels des personnes vont choisir une cérémonie civile ou aucune célébration.

 

  Toutefois, à aucun moment, les représentants des Eglises ne se sont posés la question : Qui peut accueillir les personnes confrontées à la mort d’un proche, dans leurs vies personnelle et sociale lorsqu’elles expriment, parfois confusément, une quête de sens face au non-sens que représente la mort, alors qu’elles n’ont pas accès à la compréhension des paroles prononcées par le célébrant d’une cérémonie religieuse, ni aux gestes accomplis, ni enfin à ses symboles ? François Michaud Nérard, dans son livre déjà cité, constatant que le temps des funérailles est une étape indispensable pour ceux qui seuls et démunis doivent effectuer un travail de deuil, a répondu par une proposition pouvant paraître singulière et curieuse : amener les entreprises de pompes funèbres, publiques ou privées, à proposer aux personnes proches du défunt l’organisation de funérailles civiles avec lecture de textes et de témoignages, projection de vidéo, de photos, diffusion de musique, présence d’objets familiers… Il est vrai que les considérations commerciales ne sont pas absentes des nouveaux services proposés par les entreprises. Oui et alors ? Ces cérémonies civiles, en permettant de rendre plus forte l’évocation du défunt et de verbaliser les émotions des participants veulent créer une solidarité, vivifiant de ce fait leurs liens sociaux.

 

…Aucun représentant des deux Eglises n’a parlé des personnes qui, dans le sondage, n’envisageaient pas de cérémonie à l’occasion de leur décès, comme s’il n’y avait nulle intention, pour ceux qui seront présents de témoigner de la vie de la personne décédée, alors que, bien souvent, les proches ou les amis, aidés parfois par la bienveillance des employés des pompes funèbres, ressentent le besoin de rendre présent une dernière fois celui ou celle qu’ils ont connu par un mot, une parole ou un geste.  

 

  Je trouve particulièrement intéressant de voir comment dans ces cérémonies civiles ou même en l’absence déclarée de toute cérémonie, surgit la question du sens lors d’une étape importante de l’existence des participants. Bernard Feillet, dans son homélie intitulée « Ces liens mystérieux de la vie et de la mort », pose la question essentielle : « Comment-ceux que nous avons tant aimés-continuent-ils à vivre en nous ? ». La réponse appartient à chacun d’entre nous, uniquement parce que nous sommes des humains, dans le secret de notre cœur et cette réponse change et se fait plus silencieuse et cependant plus présente au cours des années.

                                                                                                                                                                JJ Chevalier    Quelques Nouvelles ACML N°332 Juin 2019

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Pédophilie dans l'Eglise

 

L'épidémie de pédophilie dans l'Eglise (dont nous ne savons sans doute pas encore toute l'étendue) et l'omerta qui l'a couverte - et continue encore de la couvrir - à tous les échelons de la hiérarchie donnent la nausée. Il est probable qu'on n'ait pas fini d'en payer le prix...

 

Beaucoup mettent en cause, et avec raison, la loi du célibat des prêtres qui les rend plus vulnérables à ces débordements criminels. Plus largement, on souligne aussi la peur viscérale de la sexualité dans l'Eglise et les conséquences qui en découlent dans la formation des prêtres. Plus fondamentalement encore sans doute faut-il incriminer la conception sacrale du sacerdoce et de la vie religieuse. Contrairement à ce que dit St Paul de l'égalité de tous dans la diversité et la complémentarité des ministères (1 Corinthiens 12), la réalité est que tous les chrétiens ne sont pas égaux dans l'Eglise.

 

Et cela tient d'abord à la sacralisation du « sacerdoce ministériel ». Il y a, d'un côté, les « consacrés » (voire les « sacrés » pour les évêques) auxquels sont assimilés les religieuses et les religieux, et, de l'autre, les laïcs, lesquels ne sont donc ni « sacrés » ni « consacrés ». Aberration absolue. Tous les baptisés, je dirais même tous les humains, sont également « sacrés » aux yeux de Dieu. L'ordination sacerdotale est l'habilitation à exercer un ministère particulier au service du sacerdoce du peuple chrétien, et non une mise à part de ces ministres à côté ou au-dessus de la communauté. La notion même de « caractère » (définitif, inaliénable, indélébile) attachée à l'ordination des prêtres doit sans doute être remise en question car elle induit l'idée d'une différence de nature et pas seulement une différence de fonction entre les « prêtres » et les laïcs. Le Concile Vatican II avait bien souligné la priorité fondamentale du sacerdoce des fidèles, mais on est encore loin d'en avoir tiré les conclusions.

 

Il paraît évident que le caractère « sacré » attribué aux prêtres ordonnés leur confère, aux yeux des fidèles, un pouvoir « surnaturel » quasi magique qui n'est pas sans conséquences sur la perception qu'en ont les fidèles. Les « prêtres », ayant intériorisé ce pouvoir qui leur vient d'en haut, courent naturellement le danger d'en abuser au nom même de « Dieu ». Quant aux fidèles, ils sont tout aussi naturellement enclins à s'incliner. La vulnérabilité de nombreux chrétiens et particulièrement des enfants face aux prêtres et aux religieux en est la triste illustration. Le « cléricalisme » que fustige le Pape François n'est pas un simple abus de pouvoir ordinaire, mais il a ses racines dans le «caractère» attaché à l'ordination sacerdotale.

Il  convient donc, à mon humble avis, de « désacraliser » le prêtre, ainsi que les religieuses et les religieux, au bénéfice de leurs fonctions, ou bien, ce qui revient au même, de reconnaître comme également « sacrés » tous les chrétiens et tous les humains. Vatican II avait ouvert la voie, mais beaucoup reste à faire pour sortir de l'impasse païenne et magique du « sacré » qui pollue les mentalités et les institutions.

 

Jean L'Hour, ( Revue Plein-jour https://plein-jour.eu/wordpress )

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Texte à méditer

O mon Dieu, comme c’est dur d’avoir tort...
Et de l’accepter bonnement, sans se chercher d’excuses.
Sans chercher à fuir ce fardeau de l’acte posé.
Sans chercher à le faire porter par deux ou trois autres.
Ou par la Société, le Hasard, ou la malchance.
Sans chercher dix raisons valables, dix explications filandreuses pour prouver aux autres — et surtout, pour se prouver à soi-même — que ce sont les choses qui ont tort, et que le monde est mal fait.
Qu’il est dur d’accepter d’avoir tort...
Sans rager parce que je m’enferre dans ma plaidoirie pour moi-même, avec des arguments qui ne tiennent pas debout.
Sans vouloir à tout prix être infaillible, impeccable, et quoi encore ?
... Seigneur, pour que je sache accepter la morsure bienfaisante du Vrai, délivre-moi de moi-même.

Lucien Jerphagnon, philosophe (1921-2011)

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Prosélytisme

Un jeune américain de 27 ans a été tué à coup de flèches, dès son arrivée sur leur territoire, par les indigènes habitant l’île de North Sentinel, dans un archipel de l’Océan Indien rattaché à l’Inde. Très croyant, ce jeune homme se pensait en terre de mission. Dans une ultime lettre adressée à sa famille, rédigée le matin de sa mort, il confiait : « Vous pensez peut-être que je suis fou de faire tout ça mais je pense que ça vaut la peine d’apporter Jésus à ces gens … Ce n’est pas en vain –les vies éternelles de cette tribu sont à portée de main et j’ai hâte de les voir adorer Dieu dans leur propre langage. » (Source : lemonde.fr, 21/11/2018)

Ce prosélytisme en effet est bien comme il le disait une folie. Il peut malheureusement s’autoriser de la fin de l’évangile de Matthieu : « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. » Passage funeste, au nom duquel beaucoup de vies furent sacrifiées dans l’histoire, non seulement celles des évangélisés, mais comme ce vient d’être le cas pour notre pauvre jeune homme, des évangélisateurs.

Il était sans nul doute illuminé, et naïf de croire que la peuplade en question n’avait aucune vie spirituelle, aucun contact avec le divin. Ce sont de fervents animistes, manifestement en tout cas plus imprégnés de spiritualité dans leur vie quotidienne et le moindre de leurs gestes que la plupart des croyants « civilisés ». Qu’ils trouvent Dieu dans la Nature, pourquoi le leur reprocher ? C’est bien ce qu’a dit Spinoza chez nous. En attendant, l’intrusion de ce corps étranger, même mort, chez eux risque de leur apporter des agents infectieux mortels contre lesquels, vivant en autarcie de temps immémorial, ils n’ont pas d’immunité, au point que selon un ONG de protection des tribus autochtones tout leur groupe risque maintenant de périr. Finalement, au lieu de leur apporter Dieu, le jeune homme peut leur avoir apporté la mort, comme celle dont il a été victime. Funeste dessein, et funeste destin !

Michel Théron ( http://golias-editions.fr/   Hebdo n°553)

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La différence entre protestantisme et catholicisme par Antoine Nouis,

Elle se situe autour de la question du rapport au pouvoir. Et au caractère saint ou non de l’Église. Assemblée de pécheurs pardonnés ou institution infailliblement liée au Christ ?

Avant de dire pourquoi je ne suis pas catholique, je voudrais commencer par exprimer pourquoi je pourrais l’être et ce que j’aime en son sein.

J’aime l’universalité du catholicisme dans le temps et il m’arrive de penser que les protestants pèchent par orgueil quand ils négligent de prendre en considération la richesse de la tradition.

J’aime son universalité dans l’espace. Son organisation internationale est un vrai soutien pour les Églises qui vivent dans des situations difficiles. L’Église catholique a mieux résisté que d’autres à la dictature des pays de l’ancien bloc communiste. De nos jours, son caractère international fait que l’Église est une des institutions qui fonctionnent bien en Afrique, par exemple.

J’aime sa capacité à articuler une extraordinaire diversité avec une unité symbolisée par sa hiérarchie. J’admire chez mes amis catholiques leur talent pour articuler la liberté avec l’obéissance et négocier avec l’institution.

Je suis édifié par l’engagement social de nombreux catholiques qui témoignent dans les quartiers les plus populaires et qui partent en mission dans les pays les plus pauvres. Ils sont pour moi d’authentiques témoins du Christ. Je suis en outre nourri par la doctrine sociale de l’Église.

Enfin, je suis en admiration pour de nombreux ordres religieux qui font preuve d’une spiritualité, d’une exigence intellectuelle et d’un engagement de foi que j’aimerais voir fleurir dans ma propre Église.

Le rapport au pouvoir

Toutes ces raisons me font aimer l’Église sœur mais une raison, une seule, m’empêche de devenir catholique, c’est la question du rapport au pouvoir. Au fondement du catholicisme se trouve un acte de foi : le pari que l’Église n’est pas une institution comme les autres mais qu’elle a une part de divinité en elle. Le thème de l’infaillibilité de l’Église ne veut pas dire qu’elle ne se trompe jamais mais qu’elle demeure infailliblement Église du Christ jusque dans ses erreurs et ses errances, du fait de sa fondation divine. Cette position est belle, et peut même se justifier bibliquement, sauf que l’histoire a montré que bien souvent l’Église a eu un comportement qui était en contradiction radicale avec le message de l’Évangile. La sociologie nous a appris que les institutions connaissent une évolution qui les conduit à privilégier leur propre fonctionnement au détriment de l’intuition qui les a fondées. Sur ce registre, je suis obligé de constater que l’Église est une institution comme les autres. Les institutions génèrent des jeux de pouvoir alors que le Jésus des Évangiles a toujours privilégié le pouvoir de l’amour sur l’amour du pouvoir. Comment exercer une autorité au nom de celui qui a contesté toutes les autorités de son temps ? Relisons l’histoire, dans toutes les Églises, nous avons vu des hommes de foi devenir des hommes d’appareil.

Un des récits qui définissent le programme de l’Évangile est celui de la tentation du Christ. Le diable propose à Jésus la richesse (« Transforme ses pierres en pain »), le pouvoir (« Je te donne la gloire des royaumes ») et la séduction religieuse (« Jette-toi du haut du temple et tout le monde t’adorera ») mais Jésus sait reconnaître dans ces offres des tentations diaboliques en contradiction radicale avec le Dieu qu’il sert.

La tentation du diable

Sur ces trois domaines du rapport à l’argent, au pouvoir et à la séduction religieuse, l’Église, toutes les Églises se sont fourvoyées et ont succombé à un moment ou un autre de leur histoire à la tentation du diable. Je ne veux pas énumérer ici toutes les compromissions mais l’Évangile m’oblige à dire que lorsque l’Église bénit les canons, qu’elle autorise la torture au nom de la vérité, qu’elle justifie l’antisémitisme et qu’elle rend grâce à Dieu pour certains massacres, il n’y a plus rien de divin en elle : elle n’est plus Église du Christ mais Église du diable. Je ne parle pas ici que de l’Église catholique car je sais que les Églises protestantes ont leur part d’ombre mais il est plus facile de critiquer l’Église quand on la considère comme un rassemblement de pécheurs pardonnés que quand on la considère comme catholique, c’est-à-dire entière, universelle et intégrale.

La contradiction de l’Église est évoquée dès le Nouveau Testament. Dans l’évangile de Matthieu, Pierre se fait traiter de Satan à peine cinq versets après que Jésus a déclaré que c’est sur lui que l’Église sera fondée (1).

J’aime l’Église. Je sais que l’Église est nécessaire et qu’elle est souvent conduite au compromis mais il me semble que, si elle veut rester fidèle au Christ, elle doit toujours rester ouverte à l’interpellation d’un Évangile qui vient contester ses institutions plutôt que les confirmer. Les Églises sœurs peuvent être ces signes de contestation, c’est pourquoi mon amitié pour l’Église catholique me conduit à rester protestant. De la même manière, je considère l’altérité de l’Église catholique comme un signe de contestation de ma propre Église, pour lui éviter de chuter du côté où elle penche.

(1). Mt 6,18-23.

https://www.reforme.net

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NOS ETRES CHERS par Michel FORTIN

 

Ceux que nous avons aimés et chéris profondément

Sont toujours là dans cet Au-delà de nous même.

 

Ils ont rejoint la Conscience Universelle

Qui ne cesse de nous assurer l’Etre, le Mouvement et la vie.

 

Nous sommes Un avec eux,

Encore plus profondément qu’autrefois.

 

Quand nous marchons, nous ne sommes pas seuls à marcher.

Nos êtres chers marchent avec nous.

 

Quand nous nous sentons libres et joyeux,

Ils se sentent libres et joyeux.

 

Quand nous posons nos pieds sur le sol, pas après pas,

Des  milliers de pas se posent en même temps que les nôtres.

 

Je ne vous demande pas d’y croire,

Mais de vous inscrire dans cet au-delà

De la mouvance actuelle de notre mental historique.

 

Marchons désormais, au sens propre comme au sens figuré,

Avec tous ceux qui nous ont devancés

En l’Ultime Conscience Universelle

Et disons-leur au tréfonds de nous-mêmes :

 

«  Je sais, dans le passé, vous avez souffert, beaucoup peut-être,

Mais vous avez aussi fait de belles choses

Et je suis fier de vous.

A présent, votre courage et votre bonne volonté sont en moi.

Marchant avec vous, je deviens fort et ma confiance se renforce. »

 

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Peut-on se passer de religion ?

Dieu existe-t-il ? Les athées sont-ils condamnés à vivre sans spiritualité ?

Autant de questions décisives en plein «choc des civilisations» et «retour du religieux». André Comte-Sponville y répond avec la clarté et l’allégresse d’un grand philosophe mais aussi d’un «honnête homme», loin des ressentiments et des haines cristallisés par certains.

Pour lui, la spiritualité est trop fondamentale pour qu’on l’abandonne aux intégristes de tous bords. De même que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux les plus frénétiques.

Aussi est-il urgent de retrouver une spiritualité sans Dieu, sans dogmes, sans Église, qui nous prémunisse autant du fanatisme que du nihilisme.
André Comte-Sponville pense que le XXIe siècle sera spirituel et laïque ou ne sera pas. Il nous explique comment. Passionnant.

Philosophe humaniste, André Comte-Sponville est l’auteur de nombreux ouvrages qui, par leur clarté et leur pédagogie, mettent la philosophie à la portée de tous. Il se définit comme un athée fidèle, car il se reconnaît dans une certaine tradition et histoire des valeurs gréco-judéo-chrétiennes, et pense que l’homme peut se passer de religion, la philosophie en étant l’un des moyens.

L’esprit de l’athéisme ; Introduction à une spiritualité sans Dieu (Albin Michel), André Comte-Sponville

. Intégrisme et spiritualité Par André Comte- Sponville

 

Le retour à la religion a pris, ces dernières années, une dimension spectaculaire, parfois inquiétante. On pense d’abord aux pays musulmans. Mais tout indique que l’Occident, dans des formes certes différentes, n’est pas à l’abri du phénomène. Retour de la spiritualité ? On ne pourrait que s’en féliciter. Retour de la foi ? Ce ne serait pas un problème. Mais le dogmatisme revient avec, trop souvent, et l’obscurantisme, et l’intégrisme, et le fanatisme parfois. On aurait tort de leur abandonner le terrain. Le combat pour les Lumières continue, il a rarement été aussi urgent, et c’est un combat pour la liberté.

Un combat contre la religion ? Ce serait se tromper d’adversaire. Mais pour la tolérance, pour la laïcité, pour la liberté de croyance et d’in-croyance. L’esprit n’appartient à personne. La liberté non plus.

J’ai horreur de l’obscurantisme, du fanatisme, de la superstition. Je n’aime pas davantage le nihilisme et la veulerie. La spiritualité est une chose trop importante pour qu’on l’abandonne aux fondamentalistes. La tolérance, un bien trop précieux pour qu’on la confonde avec l’indifférence ou la mollesse. Rien ne serait pire que de nous laisser enfermer dans un face à face mortifère entre le fanatisme des uns –quelle que soit la religion dont ils se réclament- et le nihilisme des autres. Mieux vaut les combattre tous, sans les confondre et sans tomber dans leurs travers respectifs. La laïcité est le nom de ce combat. Reste, pour les athées, à inventer la spiritualité qui va avec.

 (Livre "L’esprit de l’athéisme")

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J’aime le monde dans sa complexité !   par Jean-Marie de Bourqueney

Je n’aime pas quand on oppose le Ciel et la Terre, le « monde libre » et le monde soviétique, le choc des civilisations, le noir et le blanc, les Français de souche et… les autres ! L’Évangile, tel que je le lis, m’appelle vers le monde, à vivre dans ce monde, à aimer et à servir ce monde. Il ne m’appelle pas à le fuir pour un Ciel meilleur, mais à me rendre compte que le ciel commence au-delà de ma peau, entre nous, que le Ciel de Dieu n’est pas une fuite des hommes.

Je n’aime pas non plus quand on oppose les religions entre elles sans voir d’insoupçonnables passerelles dans le dialogue. Pas plus, je n’aime que l’on considère qu’un protestant est un chrétien qui, simplement, n’est pas un catholique et se définit en opposition au catholicisme. Ni que l’on considère qu’un protestant libéral est simplement contre les protestants orthodoxes ou évangéliques. Enfin, je n’aime pas que l’on oppose foi et athéisme dans un simplisme réducteur, car je ne sais pas où mettre le curseur de ma foi entre zéro et dix.

J’aime le monde qui se cherche, qui se construit. J’aime l’humain qui rencontre, dialogue et partage. Et même, je crois que Dieu aime cet être humain sans le juger et le contraindre à la religion pour le sauver. Je suis triste pour ceux qui pensent avoir trouvé une réponse définitive à toutes choses… Comme ils doivent s’ennuyer, se replier, ou même parfois haïr les autres. Mon Évangile est un Évangile qui fait le choix de l’Homme.

Je forme le souhait d’inventer un nouvel outil de mesure : le « subtilomètre ». Peut-être celui-ci nous permettra de descendre de nos opinions péremptoires, et de remettre de la subtilité au cœur du débat, de la vie et de la foi. Même dans le désaccord ou l’opposition, soyons, les uns et les autres, forces de proposition. Chercheurs de vérité et constructeurs de demain

Evangile et Liberté Éditorial, Journal 1er  juin 2018

 Penser, critiquer et croire en toute liberté  https://www.evangile-et-liberte.net

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Vous commencerez par le respect. *

 

Vous ne direz point : la vieille qui brûle un cierge et marmonne est une superstitieuse. Ou : cet homme amoureux d'un enfant n'est qu'un pédéraste. Ou : ce révolutionnaire aigri est un aigri. Ou : ce prêtre qui couche avec une femme est un mauvais prêtre. Ou : cette femme acariâtre et dévoreuse de ses enfants est une malade. Vous ne direz rien de tel. Vous ne mettrez point votre frère et semblable dans une prison. Tu ne tueras pas.

Vous commencerez par le respect. Vous ne direz pas : bleu est ceci et cela, il existe ou il n'existe pas (c'est-à-dire : il est comme je l'imagine, ou : comme je l'imagine, il n'est pas). Vous ne me ferez pas dire ce qui vous convient. Vous ne tirerez pas à vous ce qui, de moi, parvient très lointainement à vos oreilles, pour en faire la justification de vos crimes. Tu ne feras pas d'image de moi.

Vous ne vous jetterez pas de-ci, delà, selon l'humeur, le pouvoir qui vous y pousse, la mode, les convenances, la commodité. Vous resterez bâtis sur le roc, intraitables quant à la vérité et la justice. Mais vous saurez que vérité comme justice ne sont pas vôtres et que rien ne me fait tant horreur que le fanatisme, l'odieuse confiscation des biens sans prix. Vous n'aurez en vénération ni l'argent, ni la violence, ni les pouvoirs, ni vos plaisirs, ni quelque seigneur ou maître ou père, ni vous-mêmes. Vous serez libres. Tu n'auras d'autre Dieu que moi seul.

Vous commencerez par le respect. Vous quitterez père et mère, afin de mener votre propre vie, sous mon soleil. Vous ne remplacerez pas votre père ou votre mère par quelqu'un d'autre, pas même et surtout sous prétexte de me mieux servir. Vous les quitterez, vous irez assez loin pour les reconnaître tels qu'ils sont, pour les connaître, homme et femme, bien semblables à ce que vous êtes, et pour leur donner gratitude de vous avoir donné la vie. Car même s'ils ne vous ont rien donné de plus, et même s'ils ne vous ont pas voulu et désiré - ou s'ils vous ont transmis leur mal et leur misère-, ils vous ont donné la vie, quelque chose de ce qui les dépasse et vient de moi est passé en eux, et vous êtes nés, vous qui, sans eux, ne seriez pas. Ainsi, vous serez (peut-être à grand prix) réconciliés avec eux. Tu honoreras ton père et ta mère.

Vous commencerez par le respect. Vous ne prendrez pas à l'autre ce qui est son bien, ce qui fait partie de sa propre vie, ce qui le fait vivre, ce qui le soutient dans son existence. Vous ne lui prendrez pas sa nourriture, vous ne lui prendrez pas son travail, vous ne lui prendrez pas sa maison, vous ne lui prendrez pas ceux qu'il aime : sa femme, ses enfants, ses frères, ses amis. Vous ne lui prendrez pas ses certitudes, son espoir, son désir, l'œuvre où il met son esprit, son cœur et ses mains. Vous ne lui prendrez pas sa vie. Vous ne lui prendrez pas sa mort. Vous ne lui arracherez par force rien de ce qui le tient en vie. Tu ne prendras pas le bien d'autrui. Tu ne prendras pas la femme d'autrui.

Vous commencerez par le respect. Vous ne traiterez personne de lâche, vaurien, voyou, vous ne traiterez personne de bourgeois, de nègre, de raton, de moricaud, de flic, de bolchevik - sachant d'ailleurs que ce qui dans votre bouche est injure, peut être pour lui dignité. De qui que ce soit, vous ne ferez l'objet de votre plaisir. Vous ne souillerez pas la parole humaine, où je suis, vous ne souillerez pas votre parole par le déni de justice, l'invitation trompeuse, le mépris insultant, l'entortillement de la vérité, le chantage ou quoi que ce soit qui induise autrui à l'erreur et au malheur. Si vous parlez mal de moi, je ne vous en tiendrai pas rigueur, car vous ne sauriez, de moi, parler bien ; je saurai entendre vos cris, vos imprécations, vos murmures, et même je saurai comprendre que, ne me connaissant pas, vous soyez conduits malheureusement à me voir tout autre que je ne suis, vous veniez jusqu'à me maudire, ou à vous désintéresser de moi. Mais je ne vous pardonnerai pas, si vous vous y obstinez d'écraser ce qui témoigne de moi là où vous êtes, le respect de la vérité, le respect de la vie, et, signe entre les signes le respect de celui qui vous est semblable et face à face, l'autre homme. Tu ne blasphémeras pas. Tu ne feras pas de faux serment.

Vous ne vivrez pas seulement pour le travail, ou pour l'argent, ou pour vos jeux, ou pour accroître votre pouvoir ou pour assurer l'établissement et le profit des vôtres. Vous commencerez par réserver dans vos vies la place du grand repos, du grand loisir, où vous serez disponibles à ce qui vient, attentifs à ce qui est sans prix. Vous réserverez soigneusement la place où je suis. Ainsi devras-tu respecter mon Jour.

Vous commencerez par le respect. Alors vous sera donné d'entrer dans ce chemin de l'impossible, où vous souffrirez extrêmement et où nul ne vous ravira votre joie. Telle est la porte de mon bonheur.

 

Maurice Bellet

* Prêtre et théologien formé à la psychanalyse, né en 1923, Maurice Bellet est mort le 5 avril 2018

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 « De la prêtrise à l’abandon des doctrines » Livre de Roger Sougnier

 

Préface de Jacques Musset pour ce livre

 

Le livre que vous allez lire est le témoignage  d'un prêtre âgé de quatre-vingt-dix ans qui  éprouve le besoin de partager  ce que fut son long cheminement dans l'Eglise catholique. Il s'en est détaché non pas par une sorte de rébellion adolescente à retardement mais au terme d'un lent processus de questionnements qui l'ont conduit pas à pas à  remettre en cause  l'identité chrétienne qu'on lui avait enseignée et qu'il était chargé de transmettre.

 

Son parcours ne le prédisposait pas à  pareille conclusion.  Comme beaucoup de séminaristes et de jeunes prêtres des années cinquante, il s'est mis généreusement au service de l'Eglise pour annoncer la Bonne Nouvelle de l'Evangile.  Envoyé par son évêque faire des études supérieures de théologie à l'université de Louvain, il se passionna pour la recherche en toutes les matières religieuses. Et son enthousiasme s'est décuplé comme pour nombre de ses confrères à l'annonce du concile Vatican II qui devait ouvrir les fenêtres de l'Eglise et apporter de l'air frais dans la vieille maison catholique empoussiérée. On y campait depuis des siècles sur une doctrine dogmatique intransigeante et une organisation  pyramidale où le pouvoir romain s'exerçait autoritairement en tous domaines. Roger Sougniez qui avait à peine quarante ans à la fin du concile a cru,  à l'instar de la plupart des catholiques, prêtres et laïcs, que l'événement conciliaire allait révolutionner  l'Eglise romaine et libérer les énergies disponibles  en vue de sa rénovation.

 

Dès son ordination en 1955  et durant trente ans, il a retroussé ses manches et s'est mis à l'ouvrage, d'abord en paroisse où il a poursuivi  des études à l'université de Louvain  en Histoire de l'Eglise puis durant vingt-cinq ans à partir de 1959 dans une Ecole Normale de formation de maîtres laïcs chrétiens, eux-mêmes chargés par la suite d'enseigner la doctrine chrétienne  dans les écoles du royaume.  C'est dire la confiance que son évêque avait à son égard. Pendant des années il s'acquitta  avec conscience de sa charge, jusqu'au moment où, approfondissant davantage les données de la foi catholique, il commença à se questionner sur leur crédibilité.

 

Il aurait pu comme beaucoup de ses confrères repousser  interrogations et doutes comme des tentations auxquelles il importe ne pas succomber, puisque  l'Eglise catholique, avait-il appris « ne peut ni se tromper ni tromper les fidèles ».  Ce comportement est relativement courant chez les prêtres et les évêques du fait des conditionnements reçus au cours des études et qui agissent comme un surmoi s'imposant à leur intelligence et leur conscience.  Y contrevenir serait un péché.  En fait au nom de l'honnêteté intellectuelle qui l'obligeait à ne pas se dérober aux questionnements et à les creuser sans a priori, il fut impossible à Roger Sougniez de se dérober aux objections qui surgissaient  du sein même de sa recherche. Sa réflexion alimentée aux meilleures sources exégétiques, historiques et théologiques lui firent percevoir peu à peu la relativité de la doctrine catholique. Celle-ci en effet  demandait indûment à la Bible et au Nouveau Testament de cautionner des affirmations de foi élaborées par la suite et de les considérer comme d'origine divine. Par ailleurs, R. Sougniez découvrait que la théologie de Vatican II, malgré des aménagements de surface,  reprenait les vieilles conceptions  du catholicisme romain.  Par fidélité à son souci de probité intellectuelle, il continua sa déconstruction de l'imposant édifice doctrinal romain découlant logiquement  de quelques postulats admis comme allant de soi parce que « révélés » par Dieu.

 

Au bout du compte, en relisant l'histoire de son parcours,  il en est venu à professer un athéisme tranquille  concernant les certitudes bétonnées  de la doctrine catholique, énoncée dans le « Catéchisme de l'Eglise catholique, » rédigé par le futur Benoît XVI, alors responsable de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, et promulgué solennellement  en 1992 par Jean-Paul II comme la référence officielle de la foi catholique. R. Sougniez cite l'ouvrage à de nombreuses reprises  pour en démonter les formulations.

 

Notre auteur ne demande pas à ses lecteurs de le rejoindre ; il a trop de respect à l'égard de la conscience de chacun pour imposer sa vérité qui ne s'écrit d'ailleurs qu'avec un v minuscule. Son souhait c'est que  celles et ceux qui liront son livre le considèrent comme le récit réfléchi d'un homme qui s'est efforcé de croire avec son intelligence et qui s'est aperçu qu'il lui était impossible d'accorder du crédit à  nombre de déclarations qui humiliaient l'intelligence humaine en lui imposant d'adhérer à des affirmations  incroyables. Son désir est également que son ouvrage suscite voire continue de stimuler, chez ceux qui s'y aventureront, l'esprit critique, c'est à dire l'esprit de discernement sur la doctrine catholique et l'organisation catholique  qui en découle, et à cette fin  ne se lassent pas de lire,  de réfléchir seuls et en groupes.

 

Dans la culture de la modernité qui est la nôtre et dont les racines remontent aux XVIème et XVIIème siècle,  nos contemporains revendiquent à bon droit de penser par eux-mêmes et non plus par procuration. C'est l'une des raisons pour lesquelles  beaucoup de chrétiens ne supportent plus que leur soit imposés d'en haut des « vérités à croire et des commandements à pratiquer » selon l'antique formule du petit catéchisme d'autrefois. Ils désertent les églises, se regroupent entre petites communautés ou deviennent carrément indifférents.

 

Etre chrétien, mieux le devenir,  exige donc une démarche personnelle pour s'approprier  la source de son christianisme qu'est l'enseignement et la pratique libératrice de Jésus de Nazareth.  Chemin faisant, celui qui s'avance sur cette voie s'aperçoit de l'immense décalage entre le témoignage de Jésus en son temps et la massive  doctrine catholique qui s'en prétend la manifestation. En ce cas , le livre de Roger Sougniez, plutôt que d'inciter  à rejeter le christianisme, pourrait plutôt  servir  de  décapage salutaire en en soulignant les perversions et les déformations. Dès lors si son témoignage est fossoyeur d'un catholicisme dogmatique et intransigeant, tâche utile et même incontournable,   il  laisse ouvert le chemin  d'une réinterprétation de l'héritage chrétien afin qu'il soit crédible en notre temps. C'est dans cet esprit que je suggère de le lire.

 

Jacques Musset

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Lève-toi et prends ton lit

 

« Lève-toi, prends ton lit et va ! » Jean 5, 8

Au lieu de ruminer sur ce que les autres pensent de moi, si je suis assez bien et si ce que je fais est juste, ne dois-je pas plutôt me dire comme Jésus m’y invite :

 

« Lève-toi, prends ton lit, prends tes doutes, tes complexes, tes incertitudes, tes peurs sous le bras et avance dans ta vie. Tu ne dois pas attendre d’être parfait. Sinon tu ne te lèveras jamais. Le lit, c’est tes incertitudes, tes doutes, tes remises en question. Tu ne dois pas le jeter. Tu ne dois simplement pas te laisser enchaîner à ce lit. Prends-le sous ton bras et poursuis ton chemin avec toutes tes incertitudes. Alors tu trouveras la voie de la réussite et tu seras une bénédiction »

Père Anselm Grun

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« Inch’Allah »; Dieu est une bonne excuse,    par Vanessa Barat

 

Il y a une multitude de conflits religieux plus ou moins explicites. D’une revendication politique vers une dérive religieuse. D’un conflit religieux vers une crise politique. Personne n’en réchappe. Que l’on soit croyant ou non, peu importe le courant, la religion, la croyance, nous sommes tous touchés, de près ou de loin.

Une foi, une croyance, un ou des Dieux, les religions, la spiritualité, ce sont seulement différents chemins pour accéder à une paix intérieure, des règles pour vivre ensemble. Je ne crois pas qu’il y ait une meilleure version de l’une par rapport à l’autre. La spiritualité est polyglotte et il y a tellement de voix et de voies pour y accéder. Pour une différence d’approche, on se permet de juger, d’enfermer ou de tuer nos semblables. Ce qui me semble dangereux, c’est ce désir intense de vouloir propager sa propre version de la spiritualité. Pourquoi vouloir convaincre que sa version est la seule bonne, la seule vraie ?

 

Il y avait cette journée de mousson au Myanmar (Birmanie). Je suis allée visiter un camp de Rohingya, cette minorité ethnique musulmane. La pluie diluvienne et persistante créait des cours d’eau entre les baraquements temporaires. « Temporaires » ? Ils n’en ont que le nom, cela fait cinq ans que les musulmans sont parqués dans ces camps, suite à un conflit avec la majorité bouddhiste de l’était de Rakhine, sans possibilité de mouvements. Ce jour-là, certaines maisons se sont effondrées sous l’effet de l’érosion, des flots et du vent. Ces gens n’ont plus rien depuis si longtemps. La fatigue a dû jouer, mais je suis rentrée ce soir-là, les larmes aux yeux, le cœur serré par le désespoir et l’incompréhension. Comment peut-on, au nom d’une religion, d’un Dieu, quel qu’il soit, aller si loin ?

La valeur d’une vie varie selon la culture, la récurrence de la mort. J’ai toujours ressenti un stress lorsqu’en disant « à demain », je m’entendais répondre : « Inch’Allah ». Ce mot résonnait comme une sentence, comme si soudainement je devais faire face à une disparition si proche. De même, entendre le pilote d’un petit avion devant me déposer en brousse, nous demander de prier tous ensemble avant de décoller est un facteur de stress. « Euh, vraiment ? On a besoin de Dieu pour arriver sain et sauf ? Ça ne me rassure pas … ».

 

 

 

 

 

J’ai fini par comprendre que ce que j’interprétais comme une marque de doute est aussi une philosophie liée à « tout peut arriver ». Tout peut arriver et l’on s’en remet à Dieu. Inch’Allah, « si Dieu le veut », « par la grâce de Dieu », car oui, ici, tout peut arriver, vraiment tout.

 

Je ne compte plus mes périodes d’indifférence à la religion, Dieu, la foi. L’humanité est violente. C’est un fait. Tous les prétextes sont bons, Dieu est l’un des plus fréquents. Dieu est une bonne excuse. Ainsi, par la grâce de Dieu, le point d’eau sera réparé, il suffit d’attendre. Inch’Allah, demain nous aurons la livraison. Le divin devient le mot de justification pour toute action mais aussi inaction. Au final, je ne tiens plus Dieu pour responsable des malheurs des Hommes Je crois en la responsabilité de chacun. Je crois profondément au bien en chacun. Je garde la foi en l’être. De même, j’estime que les religions sont faites (et défaites) par les Hommes.

 

L’humanité ne cessera donc jamais de me toucher. Car parmi toute cette douleur et cette violence, il y a ces personnes avec une spiritualité si profonde qu’une « aura » apaisante émane d’eux. Leur simple présence suffit pour apaiser une âme tourmentée, un calme intérieur nous envahit. Seraient-elles l’expression de Dieu ?

L’expérience de ces douleurs humaines ne fait donc que grandir mon Amour pour cette humanité, Dieu se réduisant ainsi à une idée apportant un espoir notamment aux plus affaiblis. Je finis par me contenter d’accepter ce rôle qui semble minime. Mais finalement, peut-être est-ce plus important… J’ai l’impression que les peuples les plus fervents sont les plus démunis. Le divin rythme le quotidien. Il est ce qu’il reste lorsque l’on a tout perdu, il est cet espoir d’un jour meilleur.

 

Vanessa Barat (Revue "Evangile et Liberté" n°312 Octobre 2017)

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Une représentation déiste de Dieu pour le XXIème siècle ?

par Jean-Claude Barbier

En rejetant la fusion / confusion du dogme trinitaire, les antitrinitaires des Réformes protestantes du XVI° siècle ont ouvert la porte à une nouvelle théologie, centrée cette fois-ci sur Dieu seul, non associé : ni Jésus (considéré comme un rabbi des années 30), ni la Bible (qui ne fait plus autorité à elle seule car elle doit se conjuguer avec la raison et les connaissances scientifiques). Dès lors, Dieu n’est plus le dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (selon la vision monolâtre des Israélites), ni même celui (plus universel) de Jésus, un dieu Amour qui aime ses enfants avec une fibre toute paternelle, certes fort sympathique mais relevant d’un anthropomorphisme évident : Dieu à l’image de l’Homme !

Cette dissociation de Jésus et de son Père / notre Père, nous permet de nos jours de suivre les progrès scientifiques et l’exploration de notre univers. Il était temps car le Dieu bienveillant de la Bible ne résiste pas à la violence cosmique que nous découvrons. A commencer sur notre planète bleue saisie de multiples convulsions avec les explosions volcaniques, les tremblements de terre, les tsunamis, les perturbations atmosphériques et climatiques, les épidémies, etc. Avec l’héritage biblique, l’argutie était que Dieu punissait nos péchés, redressait nos cœurs endurcis en nous envoyant ces catastrophes, ou bien encore (thème très développé entre autres chez les catholiques) que les souffrances ainsi causées étaient rédemptrices en les joignant à celle du Christ durant sa Passion, etc. C’était « le problème du Mal » qui aboutissait à un « mystère » et que seule « la foi » pouvait surmonter par on ne sait quelle obscure gymnastique (faite surtout d’obéissance aveugle à Dame Eglise !).

Il s’avère que le récit biblique du Déluge était prémonitoire : notre planète est bel et bien fragile, menacée par la chute d’astéroïdes, sujette à de fortes variations climatiques, sans compter bien sûr l’éventualité d’une guerre atomique. On cherche, en vain pour l’instant, d’autres planètes où la vie a été (cas de Mars) ou serait possible. 

Un autre grand mythe biblique redevient lui aussi d’actualité, celui de la Genèse où il est dit que Dieu est créateur de l’univers et donneur de vie. Dans l’état actuel de nos connaissances, nombre de croyants situent volontiers Dieu à l’origine du Big-bang ; mais alors c’est plutôt un dieu source d’énergie et non plus forcément un dieu personne, à notre écoute, sensible à nos prières, soucieux de justice, défenseur des pauvres et des humbles. 

Faut-il en conséquence lâcher la main de Jésus ? Les chrétiens disent volontiers que Jésus nous montre la « vraie » nature de Dieu, mais Jésus est de son temps, qui plus est d’une mouvance eschatologique qui s’était développée dans les milieux esséniens et qui s’exprimait par des écrits prophétiques et apocalyptiques sur la fin des Temps. Mais faut-il que les disciples non contemporains d’un maître spirituel épousent ses croyances ? Qu’est-ce qui fonde la relation entre le maître et ses disciples ? Pour les fondamentalistes, les propos qu’un fondateur a tenus sont assurés par la tradition à 100% et sont des vérités éternelles car inspirées par Dieu ou révélées, quitte à faire avaler aux dévots les contradictions internes des textes. Or, la relation est plus complexe et plus intime ; au-delà des idées, qui sont nécessairement liées à une époque et à un milieu socioculturel, c’est la personne du maître, elle-même, qui est appréciée et aimée, sa façon d’être et de faire ; c’est particulièrement vrai pour Jésus dont la personnalité reste étonnamment moderne. Dès lors, il convient de déculpabiliser les chrétiens en les invitant à ne plus être des perroquets et à retrouver leur pleine liberté de penser. Par contre l’imitation de Jésus reste bien sûr d’actualité.

En principe, le déisme, qui accepte l’existence de Dieu mais ne se prononce pas sur sa nature et son mode de présence, dispense les fidèles de prières puisqu’il n’y a rien à demander à un tel Dieu et que les causes de nos maux sont de l’ordre du naturel ! Mais le culte de louanges (donc sans demande d’intervention) reste tout à fait possible … et souhaitable. C’est bien ce que les unitariens-universalistes américains ont compris en se référant à la Vie et en y voyant une dimension spirituelle. Face à la Nature, la contemplation de celle-ci peut conduire également au sentiment d’une transcendance à l’exemple du philosophe transcendantaliste Ralph Waldo Emerson. Et puis, les chrétiens peuvent se réunir, même en dehors d’un culte, pour partager leur plaisir d’être d’une façon ou d’une autre avec Jésus et étudier les textes qui en parlent. 

Pour l’instant, ce sont les francs-maçons chrétiens, en référence au Grand Architecte de l’Univers (GAdLU), qui représentent ce courant déiste au sein du christianisme, mais rien n’interdit que d’autres chrétiens adoptent eux-aussi cette façon de penser Dieu.  

Les déistes restent des croyants en Dieu, mais ils s’abstiennent d’en bavarder pieusement et doctement sur ce dont ils ne connaissent rien. Ils sont critiques vis-à-vis des représentations toutes humaines de Dieu, rejoignant d’ailleurs sur ce point la forte tradition biblique qui interdit de représenter le Dieu d’Israël par des idoles « faites de main d’homme » ; un Dieu en quelque sorte dématérialisé même s’il est à l’origine de la matière cosmique et surtout sans plus d’attribut anthropomorphe.

http ://labesacedesunitariens.over-blog.com

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Où donc est Dieu ? par Elie Wiesel

(Elie Wiesel raconte sa déportation à l’âge de quatorze ans au camp de Monowitz-Buna en Pologne. Humiliations, brimades , arbitraires sont le lot des souffrances quotidiennes qui lui sont infligées avec ses codétenus. C’est dans un tel contexte d’infamie que la foi de Wiesel finit par chanceler.)

Jamais je n’oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois vérouillée. Jamais je n’oublierai cette fumée. Jamais je n’oublierai les petits visages des enfants dont j’avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet. Jamais je n’oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n’oublierai ce silence nocturne qui m’a privé pour l’éternité du désir de vivre. Jamais je n’oublierai ces instants qui assassinèrent  mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. Jamais je n’oublierai cela, même si j’étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais …

(Elie Wiesel, entre autres cauchemars qui le taraudent intérieurement, évoque un des jours les plus terribles qu’il ait vécus. A chaque exécution par pendaison de condamnés, on oblige les détenus à défiler devant ceux qui agonisent au bout d’une corde. Un jour, l’un des trois condamnés est un jeune garçon de douze ans qui, décharné, tarde à rendre son dernier souffle à la différence des adultes déjà morts.)

Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints. Derrière moi, j’entendis (quelqu’un) demander : « Où donc est Dieu ? ». Et je sentais une voix en moi qui lui répondait : « Où il est ? – Le voici : il est pendu ici, à cette potence … ».

Elie Wiesel

Extrait du livre « La nuit » ; Les éditions de Minuit.

Nous rompons le pain

Nous rompons le pain pour tous les hommes, quelle que soit leur foi ou leur croyance. Pour ceux qui suivent la voie du Bouddha, pour ceux qui vénèrent les Dieux de l’hindouisme, pour nos frères et nos sœurs de l’islam, le peuple  juif qui est notre origine, les peuples des religions traditionnelles, les différentes Eglises chrétiennes et ceux qui ne reconnaissent pas Dieu, afin qu’un jour nous soyons unis.

Nous rompons ce pain pour notre planète bleue, pour la richesse de sa production d’où nous tirons nourriture et vêtement. Nous voulons sauvegarder la création de tout notre cœur et de toute notre sagesse. Nous voulons préserver la bénédiction originelle de Dieu sur la création.

Nous rompons ce pain pour ceux qui sont sans pain. Sans maison et sans pays. Nous voulons combattre avec passion pour la justice afin que ce monde soit accueillant pour tous les peuples.

Nous rompons ce pain pour la vie brisée en nous, pour l’enfant blessé au fond de nous, nos amitiés perdues, notre méfiance à l’égard de nos prochains qui sont différents, et ce alors que nous avons tout pleinement en Christ.

Amen !

Charles Hedley, prêtre, recteur de l’Eglise anglicane St James de Londres

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Minuscule traité acide de spiritualité

Si votre passé est lourd, très lourd, inavouable, criminel (mais oui, cela arrive), alors la tentation des tentations est de lui rester fidèle, ficelé dans le sentiment d’être indigne de vivre, d’aimer et d’être aimé, d’agir et d’enfanter.

Mais si vous en êtes sorti, si vous êtes sur le chemin d’en sortir, n’êtes-vous pas au cœur de ce qui fait l’humain de l’homme ? Et davantage ?

Car il y a deux interprétations d’un passé infâme : ou bien  tout ce que vous êtes vous y ramène, ou bien parvenir à en sortir vous justifie par delà toute justice.

Car ce qui juge un être humain, hors de tout jugement de ce monde, c’est le chemin qu’il fait. Ceux qui viennent de l’abîme, s’ils arrivent jusqu’au seuil de la vérité, n’est-ce pas chose prodigieuse ?

Même le mal où vous avez plongé se transmue en grâce. Il vous donne de comprendre et d’accueillir ceux d’en bas ; il vous garde à jamais de la prétention du pharisien. Il va même nourrir, d’une expérience irrécusable, ce que vous ferez et direz.

Et il y a plus de joie dans le Ciel pour un qui revient des terres de la mort que pour quatre-vingt-dix-neuf qui sont restés à la maison.

Maurice Bellet

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 La parole est vivante

Une fois par mois, je déjeune avec le grand théologien qu’est mon ami Maurice Bellet. C’est un moment de ressourcement spirituel et nos conversations me sont devenues précieuses. La dernière fois (le 16 mai), nous avons réfléchi ensemble au rapport compliqué que nous entretenons avec l’Évangile. Mais pourquoi compliqué ? À force d’en revenir au texte évangélique et aux épîtres de Paul, à mettre ses lectures et relectures au cœur de nos liturgies, nous risquons de fétichiser ce qui est écrit. Dans ce cas, nous serions tentés d’en faire une lecture littérale, figée, immuable, comme s’il s’agissait d’un texte gravé dans le marbre. Ou dicté par Dieu. Pour parler comme les musulmans, nous en viendrions ainsi à « fermer les portes de l’interprétation ».

Les chrétiens n’en sont pas là, mais nous sommes parfois plus attachés à la lettre qu’à l’esprit. D’où cet effet de récitation, de répétition, de psalmodie qui appauvrit notre lecture. Procédant ainsi, même poussés par une intention irréprochable, nous finissons par oublier que l’origine des Évangiles est orale. Il s’agit des « paroles du Christ » recueillies par Marc, Luc, Matthieu et Jean. Leur statut ontologique est celui d’un verbe, d’un propos oral. Le message évangélique n’est pas « écrit » ni dicté par Dieu, mais annoncé par Jésus et transcrit tant bien que mal par les évangélistes.

Confrontés à une parole, nous sommes plus proches de l’esprit que de la lettre. Au demeurant, nombreux sont les théologiens à souligner les mille et une petites contradictions entre les évangélistes. Luc situe à Jérusalem les premières apparitions de Jésus aux 11 disciples, après sa résurrection, et Matthieu les situe en Galilée. Dans Matthieu (8, 1-4), les modalités de guérison d’un lépreux ne sont pas du tout les mêmes que dans Marc (1, 40-45). Et l’on pourrait prolonger la liste.

Cela signifie qu’on ne peut pas se conformer de manière rigide au texte, ni lui obéir. Il s’agit de s’en inspirer, ce qui est bien plus riche, plus vivant. À la différence d’un texte, une parole n’est jamais séparée de la vie, « dans le mouvement infini de la parole et de l’écoute » (Maurice Bellet). Elle s’adresse à l’autre, suscite l’échange, la discussion, la relation. Gardons ici en tête le premier verset de l’Évangile de Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. »

Pour cette raison, l’Évangile n’est pas un livre qui aurait été interprété une fois pour toutes. Ce n’est pas un savoir intellectuel, ni une érudition intimidante. Il est vivant, comme toute expérience humaine. Il revit d’une manière différente à chaque lecture. Comme la parole qu’on écoute, il n’a jamais le même grain, le même accent. Depuis 2 000 ans, cette parole rebelle défie la mise en cage. Nul ne peut la prendre en otage ou la couler dans le bronze. Elle n’est pas faite pour être enrégimentée. Elle reste donc subversive.

Au cours d’une messe routinière, il suffit qu’une voix se fasse entendre pour que nous soyons soudainement libérés de la récitation et que notre âme ne soit plus « habituée », comme le craignait Charles Péguy. Sur ce sujet, Maurice Bellet, qui aura 94 ans en décembre, est habité par une fraîcheur et une joie communicative. Merci Maurice !’

Jean-Claude GUILLEBAUD, journaliste, écrivain et essayiste

        JC.GUILLEBAUD@LAVIE.FR

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Les Tisserands

J’appelle Tisserands ceux qui réparent le tissu déchiré du monde.

Un nombre sans cesse croissant de Tisserands ont entrepris avec une énergie considérable de nous faire changer d’ère …

Grâce à tous ceux-là, les réseaux de la vie reliée se multiplient maintenant comme la montée de la sève au printemps irrigue l’arbre d’une vitalité nouvelle …

Cette vie tisserande est une vraie alternative au religieux qui le concurrence directement sur son terrain et qui va s’y révéler encore plus forte que lui. Ce terrain c’est celui du sens de la vie, de l’être plus (plus humain, plus conscient, plus vivant) et non de l’avoir plus. On attendait en vain depuis le siècle des Lumières une telle force de proposition qui rivalise pleinement avec la religion. Si jusqu’ici celle-ci s’est maintenue et revient actuellement occuper tant d’espaces, c’est justement faute d’un tel substitut. Mais à présent qu’il a émergé, même s’il y a encore des croyants dans l’avenir, les systèmes religieux vont probablement subir une désagrégation de plus en plus rapide et irréversible. En effet, face à la liberté offerte par la « vie reliée », les limites spirituelles de ces systèmes vont apparaitre au grand jour et se révéler dépassés : leurs lois, leurs interdits, leurs dogmes … tout ce qu’ils imposent aux individus va prendre un sacré coup de vieux.

Chacun des Tisserands contribue à nous faire faire l’expérience dont les religions ont voulu se réserver jusqu’ici l’exclusivité : nous faire grandir en humanité et nous appeler vers le mystère de l’existence. Ainsi le triple lien (-avec soi, avec autrui, avec la nature-) non seulement nous libère-t-il de l’enfermement dans le petit moi, mais libère-t-il en nous une vie infiniment plus vaste.

Abdennour Bidar (extrait du livre « Les Tisserands »)

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Méditer

 

 

 

Méditer, c’est prendre une posture qui vous rend présent à vous, ouvert au monde, disponible.

Méditer, c’est respirer sans consigne, ni sanction.

Méditer, c’est se déconnecter, se foutre la paix et retrouver ses aspirations profondes.

Méditer, c’est un acte naturel par lequel je laisse la vie revenir en moi, grâce auquel je redeviens vivant.

Méditer, c’est entrer en relation avec ce qui est : moi, les autres, le monde, ce qui nous dépasse…

Inspiré de Fabrice Midal « Foutez-vous la paix et commencez à vivre »

Faire calme et silence, apprendre à lire les sensations de notre corps, se libérer de nos pensées, s’ouvrir sur l’infini.

Se pacifier par le souffle, pas en le contrôlant, mais en se connectant humblement à lui et en l’accompagnant doucement.

Lâcher prise, vivre pleinement l’instant présent, apprendre à faire attention et confiance.

Méditer en pleine conscience, c’est se connecter au monde si fortement que les distinctions entre soi et non soi deviennent absurdes, inutiles et encombrantes.

 Inspiré de Christophe André « Méditer jour après jour » 

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Adieu, l’Eglise

 

Jésus a adopté une méthode de persuasion progressive, libre et spontanée. Tous les évangiles le montrent assez clairement. Il n’impose pas, il n’oblige pas, il ne dicte pas de nouveaux commandements, une nouvelle loi. Il propose un esprit nouveau, où Dieu descend sur la terre, où on va l’appeler père, ce qu’il y a de mieux comme type d’homme, pour comprendre ensuite qu’il faut le découvrir dans celui qui souffre, celui qui a faim, qui est en prison. Dieu s’est fait homme. Dieu, c’est l’homme qui a besoin des autres. Dieu c’est l’amour des hommes. Il n’y a pas d’autre dieu ou Dieu que l’amour partagé entre les hommes. …

 

La vérité dont Jésus voulait témoigner, c’est qu’il ne faut chercher Dieu, ni dans les nuages et le ciel, ni dans une religion, quelle qu’elle soit, avec ses temples et sa liturgie, mais qu’il faut le découvrir au cœur de l’homme, dans ses meilleures aspirations, dans ses meilleures intentions. Dieu c’est ce que l’homme a espéré, ce qu’il a voulu de mieux, ce qu’il a fait de plus grand, pour du sens à sa vie, et rien d’autre. …

 

La fin du monde n’est pas pour demain, mais la fin d’un monde peut-être. Ce monde occidental, rongé par son complexe de supériorité, bardé de certitudes, persuadé d’avoir toujours raison, propriétaire du bon droit, le meilleur, celui du plus fort, est en péril. …

Un monde sans Dieu et sans dieu ? Sans doute pas, car l’homme est devenu expert pour en créer, et n’importe quel groupe humain, en quête d’absolu, est tout à fait capable d’en inventer de nouveaux à tout moment. C’est même un droit de chaque individu de s’essayer à cet art, et cela ne pose pas de graves problèmes si, dans chaque maison, près de la porte d’entrée, comme dans les anciennes villas romaines, on prévoit un petit placard pour y placer les dieux lares : dieu gardien des meubles, dieu protecteur des moissons, dieu de la bonne humeur, ou dieux des jeux d’enfants …

 

Ce dont il faudrait, à tout prix, libérer l’humanité, c’est de la religion, de toutes les religions. Elles sont toutes, actuellement, à tel point travaillées par leurs intégrismes et leurs fondamentalismes, qu’elles sont véritablement devenues des dangers pour l’humanité. D’une façon ou l’autre, elles distribuent des armes, elles désignent les adversaires, elles suscitent des guerres. Il n’y en a pas une bonne, et d’autres, mauvaises. A des degrés divers, à des époques différentes, et selon les endroits, elles ont toutes ce genre de défaut. …

 

L’Eglise catholique vit son dernier siècle. Elle fait de plus en plus penser à l’ancienne armée mexicaine. Il y a un empereur à la tête, tout blanc : le pape ; un nombre important et renforcé de généraux, tous habillés de rouge : le sacré collège des cardinaux ; une foule d’officiers et de fonctionnaires de toutes sortes, avec ceintures et boutons de couleur : la curie, les nonces, les monsignori ; et puis, derrière, il n’y a plus que quelques soldats, la plupart âgés, malades, blessés, malheureux : ce sont les prêtres, trop peu nombreux pour assurer la tâche pastorale des paroisses, et les laïcs, tout aussi rares, dans une population dont la pratique religieuses se situe péniblement entre cinq et dix pour cent, parfois moins.

Ce qui va tuer l’Eglise catholique, ce sont ses divisions internes. Le pouvoir y est disputé avec acharnement entre les intégristes et les charismatiques. C’est entre eux deux que le pape hésite, chancelle, trébuche, sans bien savoir à qui il va se raccrocher. …   

 

Peu importe, d’ailleurs, la façon dont l’Eglise va finir. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est jeter le bébé avec l’eau du bain ! Il faut sauver, si pas le christianisme, car méfions-nous des noms en isme, qui facilement engendrent systèmes et excès, du moins le message chrétien.

Cela veut dire qu’on n’a pas fini de lire les évangiles, seul ou ensemble, de les commenter, de les étudier. Tous les évangiles, même les apocryphes, et les textes de la même époque, qui les éclairent. Cela veut dire aussi qu’on n’a pas fini de se battre pour que tous les hommes aient les mêmes droits, pour que la terre soit à tous et nourrisse chacun, pour que l’idée qui mène le monde, soit celle de l’amour, que la paix soit sans cesse l’objectif des politiques.

Comme on est encore loin de tout cela, le message chrétien gardera tout son sens et toute son actualité, sans qu’il faille liturgie, prêtres et sacrements pour l’emballer et le présenter. Ce qu’on abandonnera, sera sans aucune mesure, avec ce qu’on continuera de rechercher, d’élaborer et mettre en œuvre.

 

Evidemment, là où nous allons, il n’y aura ni ciel, ni paradis, ni enfer non plus, ni purgatoire. Il n’y aura ni ange, ni démon, ni péché, ni vision béatifique. Il n’y aura pas d’éternité, pas d’immortalité, pas de jugement dernier. Courage ! Il y aura seulement l’homme avec toute sa richesse et toutes ses pauvretés, l’homme à respecter, l’homme à parfaire, l’homme à aimer. L’homme limité par la condition humaine. L’homme mortel, l’homme spatio-temporel. Mais l’homme entier, autonome, libre, créateur. …

 

Jacques Meurice

Chemin d’un prêtre-ouvrier (Editions L’Harmattan)

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Lettre du peintre Fra Angelico à un ami :

Ami,

Il n’y a rien de ce que je pourrais vous offrir que vous ne possédiez déjà, mais il y a beaucoup de choses que je ne puis donner et que vous pouvez prendre.

Le ciel ne peut descendre jusqu’à nous, à moins que notre cœur n’y trouve aujourd’hui même son repos.
Prenez donc le ciel.

Il n’existe pas de paix dans l’avenir qui ne soit cachée dans le court moment présent.
Prenez donc la paix.

L’obscurité du monde n’est qu’une ombre. Derrière elle, et cependant à notre portée, se trouve la joie. Il y a derrière cette obscurité une splendeur et une joie ineffables, si nous pouvions seulement les voir.
Et pour voir, vous n’avez qu’à regarder.
Je vous prie donc de regarder.

La vie est généreuse donatrice, mais nous, qui jugeons ses dons d’après l’apparence extérieure, nous les rejetons, les trouvant laids ou pesants, ou durs. Enlevons cette enveloppe et nous trouverons au-dessous d’elle, une vivante splendeur, tissée d’amour par la sagesse, avec d’abondants pouvoirs.
Accueillez-la, saisissez-la et vous toucherez la main de l’ange qui vous l’apporte.

Dans chaque chose que nous appelons une épreuve, un chagrin ou un devoir, se trouve, croyez-moi, la main de l’ange ; le don est là – ainsi que la merveille d’une présence adombrante.

De même pour nos joies : ne vous en contentez pas en tant que joies, elles aussi cachent des dons divins.

La vie est tellement emplie de sens et de propos, tellement pleine de beautés au-dessous de son enveloppe, que vous apercevrez que la terre ne fait que recouvrir votre ciel. Courage donc pour le réclamer. Mais vous avez du courage et vous savez que nous sommes ensemble des pèlerins qui, à travers des pays inconnus, se dirigent vers leur patrie.

Ainsi, en ce jour de Noël, je vous salue, non pas exactement à la manière dont le monde envoie ses salutations, mais avec la prière : que pour vous, maintenant et à jamais, le jour se lève et les ombres s’enfuient.

Fra Angelico

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Mal-être et spiritualité

« A mes yeux, être spirituel c'est s'intéresser à son âme, c'est aussi vouloir comprendre les sources de son mal-être, c'est se relier à l'esprit, c'est donc se remettre en question quand cela s'impose, ça ne va pas de soi...Il faut apprendre à ressentir ces choses au fond de soi. Il convient sans doute de les intégrer dans son vécu sans les nier...
L'intellect seul, le refoulement, ne me semblent guère efficaces en ce domaine si sensible...Montrer le chemin, c'est bien, encore faut-il l'avoir arpenté. 

Il n'y a pas de "méthode" efficace, juste un pansement, si l'on ne s'attaque pas au problème : d'abord l'acceptation, la considération de ses ressentis ( l'intellect -c'est mon avis- ne guérit de rien, il fait tourbillonner le mental), à ce moment-là le "pouvoir de l'intention" peut amorcer un chemin plus lumineux, un travail personnel de tous les jours  = enfin poser des actes ...ainsi se crée le mouvement, un nouveau cheminement, car rien ne nous est dû, la vie terrestre nous offre les moyens de faire ces expériences, il faut prendre des risques, y compris celui de souffrir, et d'avoir à "rebâtir" sans cesse ...sans se plaindre mais au contraire avancer avec gratitude ... »

Monique

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Tâchez d'être heureux

Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.

Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité, et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant ; ils ont eux aussi leur histoire. Evitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit.

Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.

Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste soit-elle ; c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez prudent dans vos affaires ; car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et partout la vie est remplie d'héroïsme.

Soyez vous-même. Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe.

Prenez avec bonté le conseil des années, en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.

Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles ; vous avez le droit d'être ici. Et qu'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devrait.

Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception d'elle ou de lui, et quelles que soient vos peines et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme. Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Soyez positif et attentif aux autres.

Tâchez d'être heureux.

Max Ehrmann (1872-1945)

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Faut-il invoquer ce Dieu qui nous est inconnu

 

Les situations dramatiques de la vie peuvent nous inciter à rechercher un réconfort fallacieux et à nous perdre dans des consolations illusoires.

 

Faut-il prier pour les malades ? La question peut paraître incongrue pour les chrétiens, tant cette démarche est pour eux la conséquence de leur foi. À y regarder de plus près, on constate que peu participent à ces réunions de prières. S’ils ne les critiquent pas, ils évitent de donner les raisons de leur absence comme s’il y avait en eux une contradiction entre leur désir de voir le malade guérir et la demande d’une intervention divine. Ils sont mal à l’aise avec une telle demande.

La confiance en la médecine l’emporte sur celle en un Dieu pouvant intervenir sans que pour autant ils osent le formuler aussi clairement. Pour autant, ils ne remettent en cause ni leur foi ni leur engagement dans l’Église.

Madame L. soigne depuis plus de trois mois son mari placé en soins palliatifs au domicile familial. Très entourée, des membres de différentes communautés viennent une fois par semaine prier auprès de son mari qui ne peut plus quitter son lit tant il est affaibli. Elle ne participe plus à ces réunions.

 

La veuve et l’orphelin

Elle dit ne plus supporter qu’il soit demandé à Dieu de faire un miracle comme il le fit pour la traversée de la mer Rouge ou pour assurer la victoire de Josué en arrêtant le soleil. Pour elle, Dieu n’est pas un dieu païen. Il sait ce qui est bon pour nous mieux que nous-mêmes.

Les dieux païens – elle fait référence à quelques dieux grecs ou romains dont elle a entendu parler – demandent à être invoqués parce qu’ils font croire aux hommes qu’ils détiennent tous les pouvoirs à l’instar du dieu Baal de la Bible.

Bien qu’ayant trois enfants en bas âge, elle a confiance en Dieu qui pourvoira à sa nouvelle situation parce que, dit-elle,

Il prend soin de la veuve et de l’orphelin.

Elle ajoute ne pas se reconnaître dans cette messe organisée dans son village, suppliant Dieu d’envoyer la pluie après plusieurs mois de sécheresse. Elle dit batailler souvent avec ses voisins qui cherchent la guérison à tout prix en consultant des guérisseurs et s’adonnant à des pratiques condamnées par la Bible.

Toujours selon elle, nous n’avons pas à dicter à Dieu ce qu’il doit faire mais chercher auprès de lui l’intelligence et les forces qui permettront de s’organiser et de s’adapter à la situation du moment qu’elle n’attribue pas à Dieu mais au déroulement de la vie dans le temps.

Mme L. nous ramène à la philosophie d’Épicure selon lequel les dieux n’interviennent pas dans les affaires des hommes.

La différence vient de ce qu’elle ne se réfère pas à la philosophie mais à la Bible. C’est dans ce livre qu’elle trouve ses convictions et sa position face aux malheurs qui arrivent dans une vie.

Ceci est d’autant plus remarquable qu’elle ne théorise pas une attitude à prendre face au mal et à la mort qu’elle sait proche pour son mari, elle vit dans sa chair la dure réalité sans capituler devant la souffrance et la douleur causées par la perte de celui qu’elle aime sans oublier sa situation de femme sans emploi, seule avec trois enfants à élever.

Comme Job, elle rejette les consolations illusoires qu’elle croit déceler dans la prière de ses amis. Elle ne remet pas en cause Dieu. Elle ne croit pas davantage aux puissances maléfiques qui, dit-elle, sont déjà vaincues. Elle s’inscrit dans le temps qui passe et cherche à assumer les responsabilités qui lui incombent. Dieu est une source auprès de laquelle elle se désaltère sans revendiquer.

Au moment où le christianisme en Occident est remis en question, l’attitude de Mme L. nous interpelle. Les humains voudraient croire en un Dieu intervenant dans la vie privée des hommes et répondant à leur requête selon leurs sentiments et leur façon de voir. Ils voudraient que Dieu exerce les pouvoirs qui leur échappent.

Lorsque celui-ci ne se plie pas à leur volonté, beaucoup le quittent. Certains parmi les chrétiens ou membres d’autres religions, se raidissent dans les dogmes, les rites, les pratiques ou encore la morale pensant ainsi le convaincre, et l’amener à intervenir. Une autre voie reste possible. Celle qui nous amène à repenser Dieu, à revisiter les représentations qui en sont faites et à renoncer aux interventions surnaturelles qui lui sont demandées pour mieux le percevoir, le rencontrer et le comprendre dans la réalité de tous les jours.

 

Serge Soulié

pasteur retraité Église unie, psychologue

www.sergesoulie.over-blog.com

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Un lecteur d'Ecoute et Partage, atteint d'un cancer, nous transmet sa réflexion que nous avons le plaisir de partager ci-dessous :

 

Les leçons de la maladie        Hervé Rouveure  08 2016

 

            Emile Nicole (un ami, ndlr) et moi avons un point en commun : celui d’avoir le même cancer. Il avait intitulé son message « Les leçons de la maladie ».

            Une première réflexion personnelle : chaque épreuve, dont la maladie fait partie, nous apprend quelque chose. Sur nous, sur Le Seigneur. Il ne s’agit pas de se torturer l’esprit pour en connaître les causes, ni de se dire « Quel péché ai-je commis pour être frappé ainsi ? », mais simplement de nous mettre à l’écoute de ce que Dieu veut nous dire ou nous rappeler.

            La question qu’on entend souvent, c’est « pourquoi moi ? » comme si notre propre justice, nos bonnes œuvres, la perfection de notre caractère, la grandeur de nos sentiments, nos nombreux mérites, notre fidélité à toute épreuve, notre amour fraternel inépuisable… devaient nous épargner ce qui est commun à l’humanité entière. Pourquoi ne pas se poser plutôt la question : « pourquoi pas moi ? » même si c’est dur à avaler. Notre corps vieillit et s’use inexorablement. Le cancer de la prostate est un cancer de l’homme âgé, je fais désormais partie de cette catégorie, je dois l’admettre et vivre avec. Un de mes rapports d’examen contenait un mot désagréable à lire à propos de ma hanche et de mon épaule : il s’agit du mot « dégénérescence ». Voilà donc que je dégénère et vous avec moi, mais pas nécessairement au même stade ou au même organe.

 

            Revenons au message d’Emile Nicole. Il débutait ainsi : « Je ne voudrais pas qu’on accorde une importance excessive à ma personne ou à un problème de santé qui malheureusement n’a rien de très exceptionnel. Mais j’ai pensé qu’il ne serait pas juste que je garde  à mon seul profit quelques-unes des leçons bénéfiques que Dieu m’a accordées ces dernières semaines en raison de ce problème. Mon vœu et ma prière, c’est que, les problèmes de santé en moins, vous puissiez en retirer un réel bénéfice spirituel. » (Fin de citation).

            Je vais donc vous lire le message de Emile Nicole, mais je vais y ajouter d’autres réflexions personnelles, car, chacun de nous étant unique, le même type d’épreuve peut susciter des réflexions différentes, complémentaires, mais non contradictoires. Ainsi, lorsque je dirai « je », ce pourra être lui qui parle aussi bien que moi. Le but du message n’est pas de découvrir ce qui revient à Emile Nicole et ce qui me revient, mais d’en tirer une leçon personnelle.

 

Premier texte : 2 Rois 20.1 : « 1 En ces jours-là, Ezéchias fut atteint d'une maladie mortelle. Esaïe, fils d'Amots, le prophète, vint le trouver et lui dit : Ainsi parle le SEIGNEUR : Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir ; tu ne vivras plus. 2 Ezéchias tourna son visage vers le mur et pria le SEIGNEUR en disant : 3 S'il te plaît, SEIGNEUR, souviens-toi, je t'en prie, que j'ai marché devant toi avec loyauté et d'un cœur entier, et que j'ai fait ce qui te plaît ! Et Ezéchias se mit à pleurer abondamment.

4 Esaïe n'était pas encore sorti de la cour centrale lorsque la parole du SEIGNEUR lui parvint : 5 Retourne dire à Ezéchias, chef de mon peuple : Ainsi parle le SEIGNEUR, le Dieu de David, ton père : J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Je te guéris ; le troisième jour, tu monteras à la maison du SEIGNEUR. 6 J'ajouterai quinze années à ta vie. Je te délivrerai, ainsi que cette ville, de la main du roi d'Assyrie ; je protégerai cette ville, à cause de moi et à cause de David, mon serviteur. « 

7 Esaïe dit : Prenez un gâteau de figues sèches. On le prit et on le plaça sur l'ulcère, et Ezéchias resta en vie.»

 

            Remarquez au passage la belle répétition finale au cas où le roi n’aurait pas bien compris l’annonce qui lui est faite. Il n’y a pas beaucoup de cas dans la Bible où la mort d’une personne est ainsi annoncée avec autant de précision et j’ai envie de dire avec autant de brutalité.

            Mes médecins ne m’ont pas dit : « vous allez mourir », le Seigneur ne me l’a pas dit expressément non plus, ni par la bouche d’un prophète, ni par celle de Pascal notre pasteur. En tout cas, je vais mourir ou pour le dire moins durement, j’ai en moi un mal qui peut me faire mourir dans un avenir imprévisible. Voilà la dure réalité qui s’impose et que je dois prendre en compte. En fait, c’est une chose qui nous concerne tous depuis le jour de notre naissance, nous allons tous mourir tôt ou tard, sauf si le Seigneur revient avant. Nous voilà donc partagés entre deux attentes : le retour du Seigneur ou notre mort. Nous devons nous préparer à ces deux éventualités et en terme de probabilités, c’est à notre propre mort que nous devons (je ne dis pas surtout) nous préparer. Car s’il y a une chose certaine, inéluctable c’est bien celle-là ; mais c’est une chose de le savoir en général et pour un futur plus ou moins éloigné, c’en est une autre d’en prendre conscience pour soi et de voir l’échéance se rapprocher soudainement.

            Ezéchias a prié et il a beaucoup pleuré. Le texte biblique ne nous parle pas de son âge, mais par recoupement on peut calculer qu’il devait avoir 39 ans. C’est bien tôt pour mourir (mais peut-être pas tant que ça à son époque) et avec les 15 années supplémentaires que Dieu lui a accordées en réponse à sa prière, il est quand même mort à 54 ans ce qui est bien peu face à l’espérance de vie actuelle qui dépasse les 80 ans.

 

            Mais face à l’inéluctable, nous avons un recours et une espérance.

Le recours, c’est la prière et la guérison possible. Je ne voudrais pas trop m’y attarder, non pas que ce soit sans intérêt ou banal, un miracle c’est toujours une grande et belle chose. Mais , c’est une chose de croire aux miracles chez les autres, aux miracles d’autrefois, et de croire aux miracles pour soi, aux miracles maintenant. Croire que ce qui a été possible pour Ezéchias, l’aveugle-né, le boiteux, le paralytique, les 10 lépreux, la femme atteinte d’une perte de sang, la fille de Jaïrus, Lazare et tant d’autres… l’est aussi pour moi aujourd’hui. Alors, je dois l’avouer, je n’ai pas cette foi qui transporte les montagnes, y compris celle de la maladie.

Comment maintenant puis-je comprendre le verset « C’est Lui qui guérit toutes tes maladies » ? D’une manière « spirituelle » ou bien concrète ?

Je sais que la chirurgie, en ôtant l’organe malade, ôtera aussi le mal, mais laissera d’éventuelles séquelles (Je pourrais sûrement enlever le mot « éventuelles »). Ce ne sera pas une guérison miraculeuse, on parlera de miracle de la technique, de la médecine ou du génie humain, alors que la technique, la médecine et le génie humain ne font pas de miracles, ils ne font que ce qu’ils sont capables de faire à un moment donné de nos connaissances.

            Par contre, si le Seigneur me disait expressément « tu es guéri, l’opération est inutile », j’aurai, je l’avoue encore, ce doute qui tenaillait Thomas ou Gédéon et je dirai : « Seigneur, si je ne vois les résultats des analyses, je ne croirai pas ».

 

            Mais au fond, ma foi se nourrit-elle de signes et de miracles ? Ne doit-elle pas plutôt et d’abord se nourrir de la Parole de Dieu ? L’épreuve que j’affronte, que notre famille affronte et que vous affrontez, j’en suis sûr, avec nous, n’est-elle pas aussi un moyen de grandir dans la foi, de s’abandonner à la grâce de Dieu, d’accepter l’épreuve, mais sans fatalisme, simplement avec la force et la grâce que Dieu accorde jour après jour, un pas après l’autre.

 

            Mais au-delà d’une guérison éventuelle, reste l’échéance inéluctable pour Ezéchias : « Tu vas mourir ». Et pour moi aussi. Me voilà donc bousculé, ébranlé dans mes certitudes. Je me croyais en bonne santé, quasi inébranlable. A vues humaines, « sous le soleil » comme dirait l’Ecclésiaste, le pire est devant moi et le pire c’est de mourir, mais n’est-ce pas aussi le meilleur : être auprès du Christ ; « Christ est ma vie et la mort m’est un gain » écrivait Paul. Affirmation un peu lointaine et abstraite quand on a 20, 30 ans ou 40 ans, mais plus proche et plus réaliste quand on en a 70 ou 80.

            L’annonce de la maladie, dont je me doutais depuis quelques mois, aurait pu m’accabler, me plonger dans le désespoir ou la dépression. Sauf que le chrétien a une espérance, une espérance que le monde dans lequel nous vivons tend à nous déposséder, de deux manières notamment.

 

            D’abord en refusant de parler de la mort, (je nuancerai dans un instant cette affirmation),. en nous proposant de vivre comme si la mort n’existait pas. On dit parfois que la mort est occultée, cachée. Ce n’est pas vrai, car on la voit partout : dans les journaux , au cinéma, dans les feuilletons télévisés, dans les jeux vidéos où elle est virtuelle. En réalité, elle est occultée en tant qu’expérience de vie. On pourrait parler longtemps sur le sujet, je me contenterai d’un simple exemple. Voici deux recueils de cantique : « Sur les ailes de la foi » et « JEM 3 ». Dans le premier, le plus ancien, j’y ai recensé très vite et sans grandes difficultés, au moins 30 cantiques qui mentionnent l’épreuve suprême qui nous attend tous. J’ai été grandement aidé par la table des matières par thèmes : Vie chrétienne considérée comme un voyage, épreuves et consolations, le Ciel, enterrements, fuite du temps. Et les auteurs de ces cantiques n’ont pas peur des mots ; jugez vous-mêmes :

 

-Si nous devons bientôt quitter ces lieux bénis

-Je vois ainsi venir le terme de mon voyage en ces bas lieux

-Lorsque la mort sous ses flots m’engloutira

-Bientôt pour moi le terme du voyage

-Le sombre passage

-J’avance vers la mort

-Quand quitterai-je ma tente

-Quand de la mort je franchirai le flot

 

Par contre, dans le second cantique, je n’ai encore rien trouvé et le classement par thèmes ignore complètement ceux que j’évoquais ci-dessus. A croire que le chrétien du XXIème siècle ne meurt plus.

Je pense aussi à nos vieilles campagnes d’évangélisation, pas pour les regretter, mais pour dire qu’on ne prenait pas de gants pour vous annoncer que si vous ne prenez pas de décision aujourd’hui pour Christ, vous risquez de ne pas pouvoir en prendre demain. « Aujourd’hui », le seul moment qui nous appartient pour prendre une décision, ou agir.

            Sans nous en rendre compte, nous nous sommes conformés au siècle présent qui occulte la mort en tant qu’expérience universelle pour tout être humain, mort qui est le symbole de l’échec total, or nous vivons dans un monde qui ne supporte pas l’échec, un monde qui nie certaines réalités incontournables.

 

Alors, ne plus parler de la mort conduit insensiblement à ne plus parler de l’espérance que nous avons face à la mort. Et les cantiques dont je parlais il y a un instant n’étaient pas des cantiques de désespérance. S’ils évoquaient sans fard la dure et triste réalité, ils parlaient aussi de cette espérance qui devrait nous habiter tous : celle de la résurrection.

« Je vois ainsi venir le terme de mon voyage en ces bas lieux, et j’ai l’attente vive et ferme du saint héritage des cieux. Sur moi si la tombe se ferme, j’en sortirai victorieux. »

Et un autre cantique que je ne connais pas s’intitule : « Nous mourrons tous, MAIS »

Dans la deuxième aux Corinthiens, chapitres 4 et 5, Paul décrit notre condition humaine par une série d’images : « vases de terre, tente, vêtement provisoire, réalité visible, passagère, éphémère ». Pourtant une autre réalité existe, pas encore visible, mais éternelle. A la tente fragile, l’apôtre oppose le domicile céleste, l’habitation éternelle, la vraie patrie. Au vêtement à déposer, qui symbolise la mort, il oppose un autre vêtement, une vie nouvelle capable d’engloutir la mort. « Celui qui a réveillé le Seigneur Jésus nous réveillera aussi avec Jésus »

 

            Une seconde stratégie de ce monde pour diminuer et discréditer notre espérance : essayer de nous persuader que l’espoir d’une vie bienheureuse au-delà de la mort serait, au mieux, une bizarrerie inoffensive et au pire une tromperie destinée à maintenir les pauvres et les opprimés dans la misère en leur faisant croire que tout ira mieux après : « la religion, c’est l’opium du peuple », la formule est bien connue.

            Face à cette critique, n’avons-nous pas tendance à dire : la vie chrétienne, ce n’est pas seulement pour plus tard, c’est déjà pour maintenant, ce n’est pas simplement l’espérance de l’éternité bienheureuse, c’est maintenant l’action concrète pour aider nos semblables, pour secourir les malheureux, pour lutter contre les injustices, pour œuvrer en faveur de la paix.

            Tout cela est vrai, mais comment pouvons-nous dire ce n’est pas simplement l’éternité bienheureuse comme si c’était une chose simple qui va de soi, de peu d’intérêt, alors que Paul nous présente la perspective inverse en 1 Corinthiens 15 : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux des hommes ».

            Le monde, lui, nous dit : « Si c’est dans une vie ultérieure que vous espérez en Christ, vous êtes les plus malheureux des hommes. »

            Qui allons-nous écouter ?

 

En conclusion : 

            Je terminerai par cette exhortation du psalmiste : « Enseigne-nous à bien compter nos jours que nous conduisions notre cœur avec sagesse ».

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Pays chrétien

 

Nous entendons beaucoup en ce moment des responsables politiques, et en particulier un ancien président de la République en précampagne pour 2017, qualifier la France de « pays chrétien ».

À chaque fois, en tant que chrétiens, nous ne pouvons nous empêcher d’y voir une insulte à la foi : comment un pays, dans son essence, pourrait-il être chrétien ?

Il ne s’agit pas ici de nier le nombre d’Églises présentes en France, le nombre de personnes se disant chrétiennes – en diminution constante ces dernières années – mais bien d’affirmer qu’un pays, une nation, ne peut pas se revendiquer de ce qui est un choix personnel.

Pour nous, être chrétien, c’est s’engager personnellement à suivre le Christ et son enseignement, à faire un choix radical pour vivre pleinement l’Évangile. Dire que la France est chrétienne rabaisse le message révolutionnaire de l’Évangile à un simple style architectural, à un corpus culturel ou artistique plus ou moins connu et partagé, à une vision d’un passé fantasmé.

Mais pire encore est de se servir de cette excuse pour rejeter l’étranger. Car un christianisme qui rejette l’étranger, c’est un christianisme qui rejette l’Exode et le Deutéronome : « Souviens-toi que tu es toi-même étranger et esclave. » C’est un christianisme qui rejette l’évangile de Matthieu : « Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli. » C’est un christianisme qui oublie que Pierre nous dit : « Vous êtes étrangers et voyageurs sur la Terre. » C’est un christianisme qui rejette finalement le fondement même du message évangélique : « Aime ton prochain comme toi-même »...

 

Antoine ROLLAND, Stéphane LAVIGNOTTE, Laurent GAGNEBIN, Philippe KABONGO, Mathieu GERVAIS, Marina TOUILLIEZ, Philippe GUTTINGER, membres du Christianisme social

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Trois traditions spirituelles

 

Né d'un musulman et d'une catholique, Reza Moghaddassi, philosophe franco-iranien a aussi embrassé le bouddhisme pendant dix ans.

 

La vie m'a amené à rencontrer trois traditions spirituelles. J'ai pu vivre de l'intérieur l'islam, le bouddhisme et le christianisme et cela m'a convaincu qu'aucune de ces voies n'avait rien à envier à l'autre. Dans chacune, j'ai contemplé une grande beauté, une vaste richesse, une immense profondeur. J'y ai aussi constaté des choses moins admirables, telles que la crispation religieuse, le manque d'ouverture, la confiscation de l'universel. J'ai entendu que la vérité était là et pas ailleurs. Que les autres se trompaient. Ce type de propos a toujours blessé mon âme et m'a donné envie de fuir. Car telle n'était pas mon expérience.

 

Mon critère n'est pas la fidélité à la coutume, à la tradition, ou à la raison, bien que je sois philosophe, mais il réside dans le témoignage des sages et des saints. Dans la réalisation spirituelle de la personne. Je suis plus attentif aux fruits de l'arbre qu'à l'arbre lui-même. Il est frappant de constater que les discours des maitres spirituels présentent des points communs malgré les différence d'époques, de cultures et de traditions. Bergson disait qu'il est plus facile de susciter l'entente entre les mystique de diverses traditions qu'entre les gardiens de l'orthodoxie. Par leur manière d'être au monde et à autrui, les maitres spirituels prouvent qu'ils sont dans la vérité.

Un mystique persan a dit : "Mohamed est la vérité, mais la vérité n'est pas que Mohamed". On pourrait dire aussi bien ; "Ma tradition, c'est la vérité. Mais ma tradition ce n'est pas la totalité". Le soleil qui se reflète dans un tel miroir est une réalité. Mais il se reflète aussi ailleurs. L'expérience de la claire lumière n'est pas la propriété des bouddhistes. Et celle d'un amour inconditionnel n'est pas celle des chrétiens. L'Esprit souffle où il veut.

 

Je suis persuadé qu'il existe une vérité absolue au delà des contradictions entre les traditions. Je vois les religions comme autant de langues à travers lesquelles les hommes tentent de se rapprocher de Dieu. Les rituels, les représentations, les croyances sont comme des icônes, des fenêtres ouvertes sur l'absolu. Le danger serait d'idolâtrer nos propres représentations. Blaise Pascal le disait très bien : "De la vérité on se fait une idole". Nous ne pouvons nous passer de formes, de représentations, d'une théologie affirmative, comme nous ne pouvons embrasser toutes les langues et les religions. L'humilité est donc de ne pas dénier aux autres la possibilité de faire un chemin vers Dieu. Il ne s'agit pas de relativiser sa foi, mais d'"absolutiser" l'Absolu : parce qu'il est absolu, je ne peux pas l'enfermer dans une boîte.

 

Reza Moghaddassi,

Tiré de La Vie N° 3689, Les essentiels

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Jésus pour le XXIe siècle

John Shelby Spong, évêque de l’Eglise épiscopalienne des Etats-Unis

Quand on vit au vingt-et-unième siècle, comment peut-on comprendre le Jésus de l’histoire ? Pouvons-nous encore croire qu’il a fait son entrée dans ce monde, accompagné par une étoile nouvellement apparue dans les cieux, ou que sa naissance a été annoncée par des anges déchirant le ciel de la nuit pour chanter à des bergers sur une colline ? Pouvons-nous encore croire que sa mère était une vierge et que son père était l’Esprit Saint ? Lors de son baptême dans le Jourdain, pouvons-nous encore suggérer que les cieux se sont ouverts et que l’Esprit est descendu, avec la voix de Dieu proclamant « celui-ci est mon fils » à tous ceux qui pouvaient entendre ? Nous est-il possible de croire qu’un personnage appelé le diable, a réellement tenté Jésus dans un vrai désert ? Pouvons-nous encore imaginer qu’il a réellement prêché le Sermon sur la montagne ou qu’il a nourri cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons ? Des esprits du vingt-et-unième siècle peuvent-ils encore comprendre un Jésus qui a relevé des morts une enfant, le fils d’une veuve, et Lazare ? Est-il vraiment possible qu’il ait réellement marché sur les eaux ou apaisé une tempête ? Pouvons-nous vraiment croire qu’il ait redonné la vue aux aveugles, l’audition aux sourds, la capacité de sauter aux boiteux et aux invalides, et la capacité de parler aux muets ? Pouvons-nous croire que le troisième jour après sa mort, il est physiquement sorti d’une tombe en marchant ? Y a-t-il quelqu’un parmi nous pour croire encore l’histoire qui nous dit qu’il s’est élevé dans le ciel d’un univers à trois étages ou que, une fois installé dans le ciel, il a envoyé l’Esprit Saint sur ceux qui le suivaient, dans le grand moment de Pentecôte ?

Si, à toutes ces questions, je répondais un « Non » retentissant, pourrais-je encore me dire chrétien ? Cependant, le fait est que je ne crois pas qu’aucun de ces événements ait littéralement eu lieu dans l’univers spatio-temporel où nous, êtres humains, vivons et pourtant je suis encore un chrétien profondément croyant et engagé. ...

 

Pour lire la suite Jésus pour le XXIème Siècle, cliquer

[...] Il y a des gens tellement attachés aux formules religieuses traditionnelles que, lorsqu'ils découvrent que ces formules ne fonctionnent plus et qu'elles ne sont même plus crédibles, ils ne veulent plus avoir affaire avec ce qui, pour eux, est devenu un christianisme de désillusions. Je ne suis pas l'un de ceux-là. Je regarde le déclin et la mort des conceptions religieuses d'hier comme une opportunité de croître, de pénétrer dans un nouveau sentiment de conscience, d'explorer des voies nouvelles pour parler de l'expérience de Dieu. Je découvre une liberté vivifiante à reconnaître que la naissance virginale n'a rien à voir avec la biologie, que les miracles du Nouveau Testament ne sont pas à confondre avec une intervention surnaturelle, que la Résurrection n'a rien en commun avec une résurrection physique, et que la croyance en la divinité de Jésus ne peut pas être identifiée à l'invasion d'une déité externe dans le monde humain. Je suis ravi de découvrir que le théisme ne concerne pas plus la nature de Dieu qu'il n'est une négation de ce qu'est Dieu.

Je ne peux pas me taire plus longtemps.
[...] Je suis à la recherche d'un Jésus au-delà des Saintes Écritures, au-delà des Credo, au-delà des doctrines, au-delà des dogmes et au-delà de la religion elle-même. Ce n'est qu'en arrivant à ce stade que notre regard pourra se tourner vers le mystère de Dieu, le mystère de la vie, le mystère de l'amour et le mystère d'être. Au cours de cette recherche, nous nous tournerons inévitablement vers le mystère de notre propre humanité, le mystère de la conscience de soi et celui de la transcendance.

[...] Au cours de chaque génération, les adeptes de Jésus n'ont jamais fini de lutter

D'autres barrières, d'autres préjugés motivés par la peur ont été érigés tout au long de l'histoire par certains adeptes de Jésus et sont de même destinés à être démolis, Au cours de chaque génération, les adeptes de Jésus ont dû lutter contre leur propre mentalité de survie. on peut en effet considérer l'histoire du christianisme comme ayant été et étant toujours l'arène d'une bataille entre les règles religieuses d'hier et la liberté qui semble sourdre sans cesse de Jésus de Nazareth. À travers l'histoire, même si les victimes ont changé de nature, les barrières qui les empêchaient de célébrer leur pleine humanité ont été surmontées. Nous pourrions parler de l'évolution des mentalités vis-à-vis des malades mentaux, des Afro-Américains, des Juifs, des gauchers, des homosexuels et des lesbiennes, tous ceux auxquels on a fait ressentir de plein fouet les coups cinglants de leur rejet par la religion chrétienne. Avec le temps toutefois, chacune de ces barrières d'exclusion est finalement tombée sous les coups du même pouvoir que les contemporains avaient ressenti en Jésus. Dieu n'est pas un juge céleste ! Dieu est une force vitale qui s'épanouit dans la nature humaine, jusqu'à ce que l'humanité soit libérée de ses barrières, de ses préjugés. C'est ce Dieu-là qui a été révélé dans la plénitude de l'humanité de Jésus. Cette nouvelle définition a déplacé notre ancienne vision d'une force externe à la vie en quelque chose qui se trouve en son centre. La réalité de ce Dieu nous appelle à être ; la vie de ce Dieu nous appelle à vivre ; l'amour de ce Dieu nous appelle à aimer. Jésus a vécu la vie de Dieu. C'est pourquoi nous proclamons que c'est dans la vie de Jésus qu'on peut voir la source de la vie. Que dans son amour on peut voir la source d'amour. Que dans son courage, qui l'a rendu capable d'être pleinement humain, on peut voir le fondement de chaque existence. C'est pour exprimer cette expérience-là que le mot « réincarnation » a été créé, pour nous la communiquer. La réincarnation n'est pas une doctrine à laquelle il faut croire, c'est en réalité la conception d'une présence à ressentir, dont il faut faire l’expérience.

Dietrich Bonhoeffer, le premier, a inventé l'expression « un christianisme athée ». Bonhoeffer disait que, quand l'humanité sera mûre, un jour nouveau émergera dans la conscience humaine. Autrement dit : « Quand les êtres humains auront appris à écarter de leur chemin le dieu surnaturel, externe, parental, de leur vieille religion théiste ». Pendant beaucoup trop longtemps, ce dieu théiste nous a caché le Dieu de la vie et de l'amour, un Dieu qui émerge au cœur des êtres humains, un Dieu qui est la véritable profondeur, le sens véritable de « l'expérience de Jésus ».

C'est ainsi que l'appel du Christ que j'avais ressenti est devenu un appel à voyager au-delà de toutes les barrières qui entravent et qui limitent notre humanité ; un voyage qui permet à chacun d'exprimer son plein potentiel. Jésus ne fut pas un être divin, un être humain dans lequel un dieu externe aurait pénétré, ce que la christologie a toujours prétendu. Jésus était et est divin parce que son humanité et son degré de conscience étaient tellement développés que la signification de Dieu pouvait librement s'écouler de lui vers son entourage. Il était donc à même d'ouvrir l'esprit des gens à cette dimension transcendante de la vie, de l'amour et de l'existence que nous appelons « Dieu ».

C'est là la base de la christologie de l'avenir. Être chrétien, selon les paroles de Bonhoeffer, ce n'est pas être une personne croyante, mais une personne épanouie. Jésus est le portrait de cette plénitude ; c'est pour cela qu'il est pour moi, grâce à son humanité totale, l'expression ultime de Dieu.

Extrait du livre « Jésus pour le XXIe siècle »

Spong récuse globalement la conception « théiste » d’un Dieu tout-puissant demeurant dans un au-delà surnaturel, l’idée d’un Christ né du Saint-Esprit, faiseur de miracles, mort pour apaiser la colère de Dieu et ressuscité corporellement, la vision d’une théologie ignorant Copernic, Darwin, Freud et la science moderne.

Il est un grand connaisseur du monde juif, de la pensée rabbinique et de la spiritualité hébraïque. Il montre comment les traditions de la Pâque juive, du Yom Kippour, de la notion du Fils de l’Homme du prophète Daniel, de l’image du Serviteur souffrant d’Ésaïe ont fourni un langage et des images permettant aux premiers chrétiens de rendre compte de la personne de Jésus.

Spong dénonce aussi avec véhémence et… réalisme les mille et une vilénies dont l’Église s’est rendue coupable, comme par exemple l’esclavage ancien et le racisme récent des Noirs aux États Unis.

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Ligne éditoriale de la Revue des Réseaux du Parvis

 

- Sa référence doit être le message de Jésus le Nazaréen qui révèle à chaque personne sa dignité et nous invite tous à l'amour réciproque pour accomplir notre humanité.

- La revue aura à respecter, refléter et faciliter la diversité des groupes et des personnes qui cheminent au cœur ou à distance des Eglises : quand ils partagent la même recherche de spiritualité, les mêmes valeurs essentielles, ces différences sont un atout pour une confrontation salutaire.

- Elle devra témoigner d'une solidarité sans faille à l'égard de tous ceux et celles, quelles que soient leurs convictions et leurs origines, qui sont victimes de l'injustice, de la pauvreté, et de l'exclusion.

- Elle devra œuvrer à la prise de conscience que la justice et la fraternité proposées par l’Evangile ne seront promues que grâce à un combat pour l’égalité entre tous les êtres humains, genres, orientations sexuelles, ethnies, cultures et classes sociales confondus, dans et à l’extérieur des Eglises.

- Elle sera amenée à dénoncer la manière dont les religions sont tentées d’imposer aux sociétés leurs règles propres. Cette imposition réduirait en effet à rien la liberté de l’humanité de penser par elle-même, dans sa totale diversité.

- Elle devra constamment rappeler qu’aucun acte de foi ne peut être imposé, mais qu’il ne peut être que le fruit d’une totale autonomie de la personne. Que la grandeur du Dieu de Jésus réside dans sa fragilité, dans la possibilité qu’il nous donne de l’ignorer. Que « la » vérité n’est la propriété de personne, qu’elle demeure une quête, qu’elle nous échappera toujours dans ce monde, et que celles et ceux qui sont le plus loin du christianisme y ont aussi accès. Elle insistera sur la conviction que nulle « caste », en particulier cléricale, n’est, par nature, détentrice du vrai.

- La fidélité réaffirmée au message de Jésus et la liberté revendiquée par rapport aux dogmes et aux institutions, permettront à la revue l'exploration fructueuse de nouvelles théologies ancrées dans l'expérience de nos contemporains.

Les co-éditeurs de cette revue partagent la conviction que les progrès harmonieux de la justice et de la démocratie dans le fonctionnement des sociétés et des Eglises – entendues comme des organisations humaines faillibles –, ainsi que l’épanouissement des personnes, sont conditionnés par l’accès de tous au savoir, et à la culture en général pour favoriser une pensée critique et féconde. La revue doit aussi considérer qu’elle contribue à la dynamique du partage d’expériences grâce auquel les Associations du Parvis vivent ensemble une aventure humaine constructive et que promouvoir la « connaissance » est l’une de ses tâches essentielles.

La revue proposera des informations et des analyses sur les réalités sociales, culturelles, scientifiques, économiques, politiques susceptibles d'éclairer les orientations ci-dessus définies et la réalisation concrète de nos idéaux.

 

contact@reseaux-parvis.fr             http://www.reseaux-parvis.fr/

 

Faire naître la Fraternité ….

 

 

     La question qui est posée est : Comment la fraternité peut-elle devenir une direction, un projet de vie, un projet de société en faisant  converger nos vies, nos engagements, nos institutions, nos métiers et toutes nos forces vers un but commun ?

     Qui peut insuffler dans nos vies une dimension spirituelle, un but partagé pour tous qui pourrait réunir "ceux qui croient au ciel et ceux qui n'y croient pas" comme le disait Aragon.

     Pouvons-nous "spiritualiser nos vies par l'entrée

dans la fraternité universelle" comme nous le dit Abdennour Bidar dans "Plaidoyer pour la fraternité".

 

    Si nous cherchons la fraternité et que nous ne la trouvons pas, ce n'est pas qu'elle n'existe pas mais c'est parce que nous ne l'avons pas cultivée, comme une plante qu'on n'arrose pas et qui se dessèche.

 

  Pour sortir des idéalismes, des grands principes

théoriques, des développements qui dessèchent,

nous avons besoin de la fraternité, sinon la laïcité, la liberté, l'égalité, la citoyenneté resteront des valeurs froides.

 

  Le 11 janvier 2015 il y a eu ce formidable élan,

des marches historiques. Chacun était de tout coeur

avec l'autre. C'était un réveil de la vie, du coeur.

Cela pose la question suivante : comment passer du choc des indifférences à la fraternité du coeur ?

La victoire est toujours du côté de la vie, de la chaleur humaine, de ceux qui la respectent.

 

    Mais attention ne restons pas d'un optimisme excessif car nous risquons de retomber dans nos divisions habituelles.

     Il reste la question : comment transformer cet enthousiasme du vivre ensemble en actions quotidiennes ? Car nous ne pourrons jamais empêcher durablement les hommes de se battre, de se haïr, de s'ignorer.

    Il est donc nécessaire d'apprendre d'abord à

se rapprocher, à se soucier les uns des autres,

à s'estimer mutuellement, à prendre soin de soi et de l'autre.

     Il est nécessaire d'associer la laïcité et la fraternité.

    La laïcité comme moyen de vivre ensemble

et la fraternité comme lien entre nous

de vivre ensemble.

 

     La fraternité est une valeur universelle que l'on trouve dans tous les héritages, dans les sagesses religieuses et les morales profanes.

   

 

La fraternité nous ramène à l'essence même de notre humanité, l'évidence que nous ne sommes rien les uns sans les autres.La fraternité s'apprend. On ne naît pas fraternel, on le devient : comment s'investir dans la relation à l'autre en faisant attention, en étant patient, confiant, bienveillant et disponible...

 

Le 19 ième siècle a été celui de la conquête politique de la liberté, le 20ième fut celui des conquêtes sociales, de l'égalité, Souhaitons que le 21 ième soit celui de la fraternité universelle.

Nous pourrions alors actualiser la phrase de St Augustin : "sois fraternel et fais ce que tu veux."

    

     La fraternité peut devenir le point de convergence de toutes les sagesses de l'humanité quelles soient religieuses ou profanes.

Cette aspiration est présente sous des formes diverses aussi bien dans le Bouddhisme, l'Indouisme, le Confucianisme, dans les religions monothéistes, les philosophies et les morales athées.

    Avec la devise :" Fais à autrui tout le bien que tu voudrais qu'il te fasse." toutes les grandes

civilisations peuvent se rencontrer sur ce principe.

 

     Chacun a sa contribution propre à apporter.

Le meilleur du religieux et du profane se rencontre dans la fraternité. "On ne voit bien qu'avec le coeur" nous dit le Petit Prince.

 

     On ne reconnaît l'humanité de l'autre que si l'oeil du coeur est ouvert.

 

La fraternité n'est pas une croyance, elle se vit.

La fraternité ne s'enseigne pas, elle se pratique

au quotidien, en développant les capacités de        coopérer.

  

 Nous comprenons alors que

chacun n'est rien sans les autres.

 

Mettons-nous à fabriquer de la fraternité.

Nous ne sommes pas seulement citoyens mais frères.

« La fraternité est le divin de l'homme"

                         nous disait Pierre de GIVENCHY

 

       Tous les chemins de fraternité mènent au divin de l'homme qui est en tout être humain.

 

Maurice ELAIN

 

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Eviter le choc ou l'amortir ?

 

La plupart des gens vous diront qu’il faut éviter de choquer les personnes.

Et c’est ainsi qu’il y a des choses dont on préfère ne pas parler.

 

Pendant toute ma vie, j’ai répété avec toute la communauté chrétienne que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, que Marie est la mère de Dieu, que Jésus est un homme dans lequel la deuxième personne de la Ste Trinité s’est incarnée et qui sait donc tout et peut tout.

 

Depuis quelques années, je me sens solidaire des chrétiens pratiquants et engagés qui refusent de continuer cette proclamation d’un ensemble dogmatique périmé. C’est une question de conscience, une question de sincérité et de fidélité à ce qu’a réellement été Jésus de Nazareth.

 

Je me trouve donc confronté à la question : "Faut-il éviter les sujets qui risquent de choquer ?" Ma réponse est sans équivoque : le mal est fait ; des millions de gens sont choqués et ont quitté  "une Eglise qui parle depuis le Moyen-Age".

 

C’est certainement parce que je suis prêtre que je n’ai pas quitté mon Eglise et je considère qu’il faut amortir le choc pour toutes les personnes dont on pense qu’elles ne pourront pas l’amortir elles-mêmes. Mais il ne sert à rien d’éviter des questions qui se reposeront de toute manière un peu plus tard.

 

Rappelons-nous la réflexion, qui se voulait critique à l’époque du Concile : "On nous change la religion !". Il fallait montrer alors qu’on changeait par rapport à ce qui avait déjà changé avant, ce qui avait déjà trahi le projet de Jésus et qu’il s’agissait donc d’un retour à une certaine authenticité évangélique. La liturgie était le domaine dans lequel le problème était le plus palpable.

 

Aujourd’hui, la mutation est d’un tout autre ordre : il ne s’agit pas tellement de manières de faire mais de manières de penser et de s’exprimer. Finalement le problème se trouve dans notre conception de Dieu.

Nous en convenons tous : le monde évolue à une vitesse effrayante. Mais nous sommes beaucoup moins nombreux à admettre qu’il en va de même pour la réflexion théologique. Elle aussi évolue à une vitesse déstabilisante ! Et ici, il y a un problème, c’est que la plupart des gens pensent que les vérités religieuses ne peuvent pas changer. Il suffit de constater la proportion de conservateurs dans l’Eglise, ainsi que les mouvements de refus vis-à-vis des réformes.

 

La tolérance et la bienveillance permettent cependant d’approfondir la réflexion sur des sujets qui divisent. La méthode écrite favorise encore le climat de dialogue serein car les débats oraux - on le voit bien sur nos plateaux de télévision - prêtent souvent aux émotions et à l’emballement.

 

Le sujet que nous allons traiter est certainement un de ces sujets qui peuvent "fâcher" au début, mais qui sont incontournables dans notre société occidentale contemporaine. En effet, certains vouent tellement de respect et de vénération à des réalités considérées comme sacrées ou surnaturelles, que le seul fait de proposer une réflexion à leur sujet est déjà ressenti comme une désacralisation ou une provocation.

 

Or, ceux qui proposent la réflexion à leur sujet, le font au nom de la vérité et de la rigueur intellectuelle qu’ils considèrent, eux, comme sacrées, même s’ils n’utilisent pas nécessairement cet adjectif pour le dire.

 

Ce n’est pas manquer de modestie, de constater que nous, "Libre pensée chrétienne", nous sommes bien placés pour communiquer notre expérience et notre réflexion au sujet de cette évolution, de cette maturation qui part d’une conception un peu enfantine, un peu magique de la religion et qui découvre, dans l’Evangile même les clefs d’une purification vers la spiritualité.

 

La foi dont nous devons témoigner est l’enthousiasme profond des minorités agissantes et conscientes. Les "signes du Royaume" la soutiennent : chaque fois que quelqu’un, qui se demandait s’il n’allait pas quitter ce christianisme dogmatique dépassé, nous manifeste sa joie de vivre comme une libération la découverte de ce chemin d’enthousiasme discret qu’est "La libre pensée chrétienne".

 

Sachez-le et dites-le.

 

André Verheyen  (Ecrit en Décembre 2006)

http//librepenseechretienne.over-blog.com/

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Vie de partage (à la manière de Kipling) par Paul ABELA

 

Si tu peux loyalement partager avec le pauvre et l’affamé,

Pleurer avec ceux pleurent,

Et avoir faim et soif avec ceux qui ont faim et soif,

 

Si tu peux te battre pour établir la justice et la paix,

Accueillir tes ennemis comme des amis possibles,

Et te contenter de la dernière place pour en laisser aux autres,

 

Si tu peux entrer dans le jeu du « qui perd gagne »

Renoncer à la fortune, aux honneurs et à la paix

Pour faire la fortune, les honneurs et la paix des autres,

 

Si tu peux te donner à fonds perdu

Sans t’accrocher à ton potentiel éphémère

De domination de richesse et de gloire,

 

Alors tu seras consolé au centuple

De tes pleurs, de ta faim et de ta soif

 

Et tu trouveras une fraternité et un épanouissement

Qui dépassent infiniment la fortune, les honneurs et la joie

Que le monde fait miroiter en vain

 

Car la fraternité, le bonheur et la joie sans fin

des fils de Dieu sera ta récompense

Car, plus que tout, tu seras toi-aussi appelé « fils de Dieu »

 

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Le pardon et l’oubli

Quand l’offenseur s’obstine à ne pas reconnaître sa faute, c’est lui-même qui se charge d’un poids insurmontable.

 

Y a-t-il possibilité de pardon quand l’agresseur ne reconnaît pas ses torts ?

 

Même si mon offenseur essaye d’oublier ce qui s’est passé, l’offense demeure devant Dieu. Et le pardon consiste en cette démarche exceptionnelle d’un offensé qui va dire à son offenseur : parce que tu reconnais la faute que tu as commise envers moi, la dette qui demeurait entre toi et moi n’existe plus à mes yeux. Le pardon, ce n’est pas simplement passer l’éponge.

 

En réalité, celui qui a été le plus blessé par l’offense, ce n’est pas l’offensé... mais l’offenseur ! C’est l’auteur du mal qui, ultimement, est le plus atteint, car le mal qu’il a accompli demeure sur sa tête. C’est comme un poids qui reste, c’est un « découvert sur son compte en banque » qu’il va devoir recouvrir un jour ou l’autre. Et lorsqu’un offensé se dirige vers son offenseur pour le gagner, c’est admirable, parce qu’il a compris que le plus malade dans cette affaire, c’est l’auteur du préjudice.

 

 Est-il possible que le pardon intervienne en dehors de toute repentance de l’offenseur ?

 

Contrairement à ce qu’on trouve dans certains ouvrages chrétiens, je crois devoir dire que le pardon ne saurait être accordé que si l’offenseur se repent.

En ce qui concerne la prière du Christ sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34), peut-on dire que Jésus a donné son absolution à cet instant-là ? C’est une requête, où il demande au Père de pardonner à ceux qui sont en train de le crucifier parce qu’ils ne sont pas conscients de leurs actes. Dieu le Père a-t-il exaucé la prière de Jésus-Christ ?

Il me semble que oui.

 

Peut-on dire que pardonner, ce n’est pas effacer, mais passer par-dessus ?

 

C’est parce que je me souviens de l’offense que, en pleine conscience, je peux lever le conditionnement qu’elle ferait peser sur mes actes. Il y a eu offense, elle a été traitée, je m’en souviens, et c’est précisément parce que je m’en souviens qu’elle ne va pas marquer de son empreinte toute ma relation avec l’agresseur.

Seule la non-repentance peut faire que l’amitié reste entravée par l’offense. Oui, pardonner, c’est se souvenir pour oublier.

 

Réforme N°3608 

Le pardon et l’oubli par  Jacques Buchhold ; Réédition Excelsis, 2002 ; 192 p., 13,50 €.

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Pardonner

 

 

 

. Un pas de côté qui coûte, libère et rapproche

 

Dès l'origine, je me suis senti profondément légaliste, partisan de l'ordre et du respect des choses admises. Sortir des rangs ne me serait jamais venu à l'idée même si, jeune, j'y manifestais pourtant une indiscipline notoire. Rebelle, je l'ai certes été mais jamais au point de me séparer de ma famille, ni de mon milieu, ni de mes coreligionnaires. Vivre dans un cadre établi était naturellement rassurant, ne serait-ce que du point de vue matériel. Plus tard, j'ai entrevu en outre l'énorme besoin affectif que l'appartenance au groupe me permettait de satisfaire : rester parmi les miens, fût-ce en grognant sur leurs détestables habitudes, n'était-ce pas me donner davantage de chances d'être aimé, voire de recevoir et conserver mon identité propre…?

Quand je regarde autour de moi, je me dis que nous devons sans doute être nombreux à être mus par de tels sentiments. Ce n'est pas anormal. C'est le contraire qui le serait plutôt, tant il est vrai que tout nous relie les uns aux autres. Mon nombril, trace physique indélébile, me rappelle chaque jour que je ne me suis pas fait tout seul !

Mais, dans le même temps, je ne peux me satisfaire de cette dépendance originelle. Quelque chose me dit que je suis unique, pas irremplaçable, mais unique au sens où je suis le seul à pouvoir utiliser ma conscience en vue de décider du sens à donner à ma vie et à affronter ce qui en découle. Ainsi, en dépit même de ce qui me permet d'exister, suis-je appelé à me construire décisivement seul.

Or, c'est de cette dualité que naissent précisément des conflits qu'il s'agit, tôt ou tard, d'arbitrer.

Je me suis laissé surprendre sur l'autre versant de ma vie, dans le domaine où je me croyais le moins vulnérable, celui de ma foi. Ayant non seulement grandi au sein d'une famille mixte, où cohabitaient athéisme et catholicisme, mais encore étant moi-même tombé amoureux d'une jeune athée, je m'étais forgé une foi que je croyais suffisamment forte pour faire contrepoids. Et cela a en effet assez bien marché des années durant, individuellement et ensuite en couple. Au fil du temps, nous nous sommes inscrits dans des mouvements d'Église pour finir par y exercer certaines responsabilités. La période fut exaltante, épanouissante même, vécue dans la sincérité et l'exigence d'une adéquation aussi étroite que possible entre notre appartenance à l'Église, notre discours et nos actes. Aujourd'hui nous en goûtons d'ailleurs encore d'indéniables fruits.

Inévitablement cependant, lorsque l'engagement survient, se pose la question du sens que l'on désire y mettre. Or, la réponse ne jaillit pas toujours claire du premier coup. Elle est le plus souvent le fruit d'une lente maturation qui suit son cours bien au-delà du premier "oui". Les données initiales suffisent sans aucun doute à en cautionner l'honnêteté, mais d'autres s'y ajoutent dans le cours du vécu qui peuvent changer fondamentalement la donne. Et là… là, en effet, je me suis petit à petit confronté au sens des mots, comme au contenu des symboles. Quelle réalité recouvraient-ils ? Quelle était leur histoire ? Quel était leur réel degré d'insertion dans le monde ? Comment se comportaient-ils face aux connaissances acquises ? Ce ne fut pas un choc brutal mais une lente, très lente, désagrégation de mes certitudes s'en est suivie, faite de nombreux allers et retours, ces derniers se faisant finalement de moins en moins fréquents et convaincants.

Ce fut ma période marécageuse, celle où les chemins s'évanouissent, comme ils le font en Fagnes, celle où les compagnons de route s'éloignent, comme happés par un brouillard montant. Physiquement, je me rendais présent mais en esprit se manifestait une distance grandissante. Ainsi, les prières récitées en commun rendaient-elles un son de plus en plus faux, à la limite du supportable. J'avais de moins en moins l'impression de m'y inscrire. Mon voisin disait avec conviction "Je crois en Dieu le Père tout-puissant…" alors que j'étais devenu incapable de prononcer ces mêmes mots. Or, j'étais tendu de tout mon être vers cette seule chose : surtout échapper à l'hypocrisie, au nom de tout ce qui nous a si intimement liés jusque-là… Peine perdue ! Comment ne pas choquer celui pour qui ces mots touchaient au sacré ? C'était l'impasse ! Ma famille elle-même m'était devenue étrangère, au grand dam de mon aspiration de toujours.

L'impression de solitude qui en résulta fut réellement oppressante, lancinante et difficile à combattre, perdu que j'étais et non animé d'une audace suffisante pour communiquer mon tourment à ceux pour qui j'étais encore - malgré moi, malgré tout - un des leurs !

Il n'y avait pas trente- six solutions. Il fallait que j'aille à la rencontre de ceux qui, d'une manière ou d'une autre, faisaient ou avaient fait face au même questionnement ! Je me suis alors mis à dévorer des Louis ÉVELY, Jean KAMP (1), Hans KÜNG, Eugen DREWERMANN et bien d'autres… Ils furent parmi les premiers révélateurs d'une communauté soucieuse d'affronter la réalité sans perdre les racines de son espérance. Simultanément, je m'insérai dans un groupe de parole où l'écoute des autres me permit de m'affronter moi-même, jusqu'à parvenir à me libérer enfin du poids engendré par le conflit intérieur. J'en suis là fort heureusement, aujourd'hui, au point que, loin de m'être éloigné de ceux de qui je partageais jadis aveuglément la foi, je m'en suis résolument rapproché. Il m'importe maintenant bien plus d'aimer les hommes dans leurs tentatives de réponses au mystère qui les habite - si maladroites fusent-elles et elles le sont nécessairement - que dans les réponses elles-mêmes.

Mon histoire n'a bien sûr rien d'exceptionnel. De nombreux témoignages en attestent. LPC nous en livre à foison. Au surplus, elle n'est pas particulière à la chrétienté ! L'Islam compte évidemment aussi ses adeptes agités par le doute. Des fidèles instruits – c'est important – y prononcent aussi les même mots que leurs voisins, la peur au ventre d'être rejetés, voire bien davantage, s'ils osaient se dire différents et sensibles aux faits que leur révèlent l'histoire, la psychologie, la science…

Combien sommes-nous sur terre à souffrir bêtement de la solitude autoproduite par notre incapacité à faire tout seul et librement un pas de côté lorsque notre conscience nous y invite ? Et si la question ne concernait pas seulement notre conscience individuelle mais peut-être même l'avenir de la fraternité humaine, en contribuant ainsi à briser les cloisons de nos dogmes respectifs ?

Deux aspects d'égale importance qui ne devraient laisser personne indifférent…

Philippe Ronsse LPC n° 29 / 2015

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. Les gros cailloux de la vie !

 

Un jour, un vieux professeur de l'École nationale d'administration publique (ENAP) fut engagé pour donner une formation sur La planification efficace de son temps à un groupe d'une quinzaine de dirigeants de grosses compagnies nord-américaines. Ce cours constituait l'un des cinq ateliers de leur journée de formation. Le vieux prof n'avait donc qu'une heure pour "passer sa matière ".

Debout, devant ce groupe d'élite (qui était prêt à noter tout ce que l'expert allait enseigner), le vieux prof les regarda un par un, lentement, puis leur dit : "Nous allons réaliser une expérience".

 

De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot Mason d'un gallon (pot de verre de plus de 4 litres) qu'il posa délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux a peu près gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot.

Lorsque le pot fut rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda :

"Est-ce que ce pot est plein?".

Tous répondirent : "Oui".

Il attendit quelques secondes et ajouta : "Vraiment?".

 

Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de gravier s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au fond du pot.

Le vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et redemanda : "Est-ce que ce pot est plein?". Cette fois, ses brillants élèves commençaient à comprendre son manège.

L'un d'eux répondît: "Probablement pas!".

"Bien!" répondit le vieux prof.

 

Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table une chaudière de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier. Encore une fois, il demanda : "Est-ce que ce pot est plein?".

Cette fois, sans hésiter et en chœur, les brillants élèves répondirent :

"Non!".

"Bien!" répondît le vieux prof.

 

Et comme s'y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d'eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu'a ras bord. Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe et demanda : "Quelle grande vérité nous démontre cette expérience? "

Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondît : "Cela démontre que même lorsque l'on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire ".

"Non" répondit le vieux prof. "Ce n'est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante: si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous ensuite". Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l'évidence de ces propos.

 

Le vieux prof leur dit alors : "Quels sont les gros cailloux dans votre vie?"

"Votre santé?"

"Votre famille?"

"Vos ami(e)s?"

"Réaliser vos rêves?"

"Faire ce que vous aimez?"

"Apprendre?"

"Défendre une cause?"

"Relaxer?"

"Prendre le temps...?"

"Ou... toute autre chose?"

 

"Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses GROS CAILLOUX en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas réussir...sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier, le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants de sa vie.

Alors, n'oubliez pas de vous poser à vous-même la question : "Quels sont les GROS CAILLOUX dans ma vie?" Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot (vie)"

D'un geste amical de la main, le vieux professeur salua son auditoire et lentement quitta la salle.

 

Auteur inconnu

 

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Parole et présence

 

On dit que tu nous parles,

mais je n’ai jamais entendu ta voix de mes propres oreilles.

Les seules voix que j’entende, ce sont des voix fraternelles qui me disent les paroles essentielles.

On dit que tu te manifestes mais je n’ai jamais vu ton visage de mes propres yeux. Les seuls visages que je vois ce sont des visages fraternels qui rient, qui pleurent et qui chantent.

 

On dit que tu t’assoies à notre table,

mais je n’ai jamais rompu avec toi le pain de mes propres mains.

Les seules tables que je fréquente ce sont des tables fraternelles

où il fait bon se restaurer de joie et d’amitié.

 

On dit que tu fais route avec nous,

mais je ne t’ai jamais surpris à mêler tes pas à ma propre marche.

Les seuls compagnons que je connaisse ce sont des êtres fraternels

qui partagent le vent, la pluie et le soleil.

 

On dit que tu nous aimes,

mais je n’ai jamais senti ta main se poser sur mes propres épaules.

Les seules mains que j’éprouve, ce sont les mains fraternelles qui étreignent, consolent et accompagnent.

 

On dit que tu nous sauves,

mais je ne t’ai jamais vu intervenir dans mes propres malheurs.

Les seuls sauveurs que je rencontre, ce sont des cœurs fraternels qui écoutent, encouragent et stimulent.

 

Mais si c’est toi, ô mon Dieu, qui m’offre ces voix, ces visages, ces tables, ces compagnons, ces mains et ces cœurs fraternels, alors, au cœur du silence et de l’absence, tu deviens, par tous ces frères, parole et présence.

 

Jacques Musset

 

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Que fais-tu grand’mère ?

 

« Que fais-tu grand’mère, assise là dehors, toute seule ?

 

Eh bien, vois-tu, j’apprends.

J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée.

J’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent, la précipitation du cœur qui bat trop vite.

J’apprends à marcher doucement, à bouger dans des limites plus étroites qu’avant et à y trouver un espace plus vaste que le ciel.

 

Comment est-ce que tu apprends tout cela grand’mère ?

 

J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends la patience et aussi l’ennui.

J’apprends à me réjouir au début du printemps et à la fin de l’automne, à voir un arc-en-ciel dans une goutte de pluie.

J’apprends mes erreurs, mes chagrins et mes oublis, et toutes les joies qui se faufilent, poisson d’argent dans la masse de nos vies.

 

Grand’mère, je ne comprends pas pourquoi apprendre tout ça ?

 

J’apprends qu’il n’est pas de temps perdu ni de temps gagné, mais que l’infini est là, dans chaque instant, cadeau trop souvent refusé dans le torrent des jours.

J’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur, que leurs yeux se reflètent dans nos yeux et leurs cœurs dans nos cœurs.

 

Et avec tout ça pour finir, qu’apprends-tu donc grand’mère ?

 

J’apprends, dit la grand’mère à l’enfant, j’apprends à être vieille.

 

Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste

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. Bible et actualité.

 

La loi pour la terre ; La création soupire, la planète agonise.

 

Des lois, des contraintes, des écotaxes, des interdictions, pour plus de liberté et de bien-être ! Voilà ce dont nous avons besoin collectivement pour changer nos comportements. La responsabilité individuelle ne peut se vivre que dans un cadre juridique qui s’impose à tous et dans une humanité solidaire.

Le dernier rapport du Giec*, qui est une compilation de près de 20 000 études effectuée par plus de 800 chercheurs, confirme le fait que le dérèglement climatique est dû à l’activité humaine et pointe à nouveau les interdépendances entre les différentes formes de vie, les activités économiques, les phénomènes climatiques… Les chercheurs parlent maintenant davantage d’adaptation et d’atténuation et appellent à limiter les dégâts en affirmant que c’est encore possible.

La terre souffre, la création soupire, la planète agonise. La personnification de la nature a peut-être eu un effet contraire à ce qu’on cherchait. L’homme se croyait au centre, puis on lui a dit qu’il était un parmi d’autres, et il découvre aujourd’hui, et un peu tard, qu’il est dépendant des autres.

Ainsi, nous sommes toutes et tous concernés dès aujourd’hui par les effets de nos pollutions : les migrations et l’accueil que nous devons déjà faire aux populations déplacées, chassées par la désertification, la quantité de nourriture disponible -espèces disparues, pêches intensives-, le manque d’eau potable, la rareté des ressources naturelles et la hausse des prix de l’énergie, les risques de guerres…

Tout cela, des femmes et des hommes le vivent déjà ici ou là sur le globe. Les populations riches et polluantes ne sont plus à l’abri.

 

Renoncements

 

Or l’histoire a montré que l’homme change de comportement le plus souvent lorsqu’il se sent menacé ou lorsqu’il y est contraint. N’est-ce pas exactement le problème des Hébreux dans le désert ? Libres, mais menacés de faim et de soif, ils demandent à manger et à boire. Et Dieu leur donnera le pain, l’eau… et les lois. « Tu ne vivras pas de pain seulement, mais de toutes paroles qui sortira de la bouche de Dieu », dira

Jésus au tentateur.

Rassasiés de pain et d’eau, les pays riches ont besoin de plus de lois. Une des fonctions de la loi chez les Réformateurs est de faire prendre conscience à l’homme du mal qu’il fait. Une autre est de donner à la société les moyens de le contraindre s’il le faut. Aujourd’hui, le mal est fait et continue de se faire. Il est donc urgent maintenant de taxer, d’interdire, de sanctionner pour permettre de vivre une vraie liberté collective.

Personnellement, et même si ce sont les industries qui sont davantage concernées, je veux être contraint à trier, à conso-partager, à lâcher ma voiture, à payer plus cher les produits polluants. Même s’il y aura des renoncements à faire en terme de consommation et si des aides ciblées pour les plus fragiles seront nécessaires pour vivre une transition juste. Les dix commandements sont dix paroles, enseignements, indications. Elles indiquent un chemin de vie en disant clairement non à certains comportements et en fixant des limites. Ces commandements sont dits de manière négative. La loi est un « non » qui libère. La foi en Jésus-Christ invite à vivre l’accomplissement de la loi, faire siens ses commandements, pour ne plus les subir mais obéir librement en reconnaissant le bien-être que je trouve dans cette nouvelle vie limitée, sobre, humble, pour moi-même, les autres et la création.

Comme les Hébreux, je veux être libéré d’un esclavage, celui de la consommation et de la production de toujours plus de richesse, pour faire croître ma liberté, ma relation aux autres et à Dieu. Egocentré, la loi ainsi vécue dans la foi me contraindra à devenir écocentré, centré sur la défense du vivant dans tous mes choix de vie au quotidien. Mais c’est bien la grâce qui me révélera le sens et le bonheur de mon obéissance joyeuse.

 

* Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC)

 

Joël Dahan;  Fondation John-Bost;  Réforme, Hebdomadaire protestant No 3562 • 22 mai 2014

 

Pour découvrir Réforme, cliquer

 

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. Rebelle

 

Un chrétien qui a quelque conscience de ce qu'il est, ne peut être qu'un rebelle.

Rebelle à quoi ?

Aux moeurs du monde, à son réalisme qui est la forme de ses illusions, à sa boulimie d'images, à ses mensonges et lâchetés devenus si consubstantiels au mondain qu'il les nomme culture, compréhension, charité...

Un homme ne peut pas ne pas être défait par le monde.

Il peut une chose : prendre ses distances, tenir son regard, refuser.

Dans les sociétés de proclamations, de publicité, d'assurances, loteries, les rebelles sont le levain du monde.

Ils ne s'absentent que pour être autrement présents, constituer des sociétés réelles d'amis.

 

Jean Sulivan . " Le plus petit abîme "

 

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 . «Mesdames, Messieurs,

                    Voici un flash d'information :

                                     

                                          "JESUS  EST  VIVANT"»

 

. Peut-on être agnostique et croyant ?

Lorsqu’on me pose, parfois, la question : « Dieu c’est quoi » ? Je fais une réponse agnostique : « Je ne sais pas » !
Mais en parlant ainsi je n´ai pas tout dit. Car je suis conscient d’un Dynamisme créateur de vie en moi et autour de moi. Je fais l´expérience au fond de moi d´une Source de compassion, d´un Souffle qui me fortifie, et parfois aussi d’une Voix apaisante. Est-ce la présence de Dieu ? Est-ce ma nature humaine ? je ne saurais le dire.

Pascal disait : « l´homme passe l´homme » et, en effet, il nous arrive de faire en nous l´expérience d´une transcendence qui nous rend humain, qui suscite les grandes valeurs de notre vie, qui fait que nous soyons présents au monde. Nous pouvons l´appeler « Dieu » ou ne pas savoir la nommer, mais l’important est de nous mettre à son écoute, d’être sensible à cette profondeur de Vie.
Ce dynamisme créateur est présent dans les hommes et les femmes de toutes les religions, comme aussi dans les athées qui manifestent de la compassion pour autrui.
Je prends conscience que je crois en bien des choses : la bonté, la compassion, la justice, la liberté, la vérité, en un Mystère qui nous habite.
Et je crois (je mets ma confiance) en l´homme de Nazareth, car je reconnais en lui la présence de ce Mystère. Quand les hommes s´aiment comme il l´a fait, alors c’est « Dieu » ou le « Divin » qui survient parmi nous.

Plutôt que de « Dieu », je préfère parler du « Divin qui survient » Certains diront que c’est une attitude agnostique.
Pour moi, Dieu est une expérience, un acte de compassion, un dynamisme d´amour agissant partout, dans tout les êtres. C’est là une attitude de croyant.
Est-il alors possible d´être à la fois agnostique et croyant ? Il me semble que oui et que c’est mon cas.

Julian Mellado, pasteur à Madrid

Evangile et Liberté, 14 Mars 2014   http://www.evangile-et-liberte.fr/blog/s699_Peut-on-etre-agnostique-et-croyant

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. Dieu super GPS

Nous sommes sans doute  nombreux à utiliser cet étonnant petit appareil de navigation qu’est le GPS. Je ne nierai évidemment pas son utilité, mais, en ce qui me concerne, cette voix impérative m’ordonnant de suivre aveuglément ses ordres a le don de m’énerver quelque peu.

"Préparez-vous à serrer à droite... maintenant serrer à droite...  maintenant  tourner à droite sur la E40… suivre cette route sur… etc."   C’est facile, j’en conviens. Il suffit de faire confiance, de se laisser guider avec la certitude d’être sur la bonne voie et de constater que la réalité correspond  bien à l’image virtuelle qu’en donne l’appareil. Tout va bien jusqu’au moment où vous constatez avec inquiétude que la réalité ne correspond plus à ce que votre guide vous présente. Le doute s’insinue. Vous abordez un carrefour et voilà que le GPS reste étonnamment  muet, semble perdre le nord et, après vous avoir donné des indications qui n’ont plus de sens, vous dit : "faite demi-tour dès que possible !"  Eh oui, le simple croisement  a fait place à un gigantesque nœud routier ! Il ne vous reste plus alors qu’à vous confronter à la nouvelle réalité du terrain afin de choisir vous-même votre voie.

Mais, me direz-vous, ce n’est pas bien grave; il suffit de faire une mise à jour de votre "système de localisation mondial "  Oui, bien sûr ! Quelques clics sur internet  et vous voilà bien vite rassuré.

Les religions n’ont-elles pas souvent présenté Dieu comme un super GPS programmé par leurs soins afin d’imposer à leurs usagers la seule bonne voie vers la vérité… le salut…le paradis ?  Malheureusement pour elles, depuis des siècles, elles ont omis de mettre leur système à jour, oubliant que, pendant tout ce temps, le monde avait changé et évoluait à pas de géant vers l’autonomie dans tous les domaines de l’activité humaine. Aujourd’hui, ce dieu-GPS conduit nos contemporains par des routes et vers des cieux qui n’existent plus. Le monde a choisi de se passer de lui.

Une mise à jour infiniment plus radicale que Vatican II ou la Réforme protestante s’impose donc, car ce n’est pas seulement l’Institution qui est contestée, mais aussi l’image de Dieu qu’elle véhicule. Depuis, la révolution informatique et la mondialisation sont passés par là et le paysage a encore changé. …

Et si, comme Jésus, nous nous mettions simplement à leur écoute et tentions de rendre présent, dans des gestes d’amour, de respect et de justice, le Feu qui nous anime et habite tout être humain. Il n’y a que l’amour qui peut donner sens à nos vies et les rendre plus humaines. N’est-ce pas là tout le message de Noël ?

En cette fin d’année, nous souhaitons que l’année 2014 enrichisse et approfondisse  chaque jour le questionnement qui vous anime. Notre vœu le plus cher, c’est que notre revue, qui se veut un simple outil de réflexion, puisse  modestement y contribuer  en vous  apportant, au fil de la lecture, un peu de lumière et de joie dans votre cheminement spirituel.                                                                      

Herman  Van den Meersschaut

Libre Pensée Chrétienne http://librepenseechretienne.over-blog.com/

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. Le jour où je me suis aimé pour de vrai

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai compris qu’en toutes circonstances,

J’étais à la bonne place, au bon moment.

Et, alors, j’ai pu me relaxer.

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle….

Estime de Soi.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai pu percevoir que mon anxiété et

Ma souffrance émotionnelle,

N’étaient rien d’autre qu’un signal

Quand je vais contre mes convictions.

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle…..

Authenticité.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai cessé de vouloir une vie différente

Et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive,

Contribue à ma croissance personnelle.

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle….

Maturité.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai commencé à percevoir l’abus dans

Le fait de forcer une situation, ou une personne,

Dans le seul but d’obtenir ce que je veux,

Sachant très bien que ni la personne ni moi-même

Ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment…..

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle….

Respect.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai commencé à me libérer de tout ce

Qui ne m’était pas salutaire….

Personnes, situations, tout ce qui

Baissait mon énergie.

Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme.

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle….

Amour Propre.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai cessé d’avoir peur du temps libre

Et j’ai arrêté de faire de grands plans,

J’ai abandonné les mégaprojets du futur.

Aujourd’hui je fais ce qui est correct, ce que j’aime,

Quand ça me plait et à mon rythme.

Aujourd’hui je sais que ça s’appelle….

Simplicité.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé

De chercher à toujours avoir raison, et me suis

Rendu compte de toutes les fois ou je me suis trompé.

Aujourd’hui j’ai découvert…

L’Humilité.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé

De revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir.

Aujourd’hui je vis au présent,

Là où toute la vie se passe.

Aujourd’hui je vis une seule journée à la fois

Et ça s’appelle…..

Plénitude.

 

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,

J’ai compris que ma tête pouvait

Me tromper et me décevoir.

Mais si je la mets au service de mon cœur

Elle devient une alliée très précieuse

Tout ceci est…. Savoir Vivre.

Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter….

Du chaos naissent les étoiles.

Aujourd’hui je sais que ca s’appelle… La Vie !

 

Charlie Chaplin

Charlie Chaplin aurait écrit ce poème lors de son 70 ème anniversaire, le 16 avril, 1959

Ces mots sont une vraie leçon de vie, une voie vers le bonheur

 

 

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. Un événement majeur 

   

La société française s'apprête à franchir un seuil avec l'adoption de la loi du mariage homosexuel. Si c'est le cas, ce sera un événement qui fera date dans l'histoire de notre pays et une avancée démocratique considérable, comme le fut l'abolition de la  peine de mort au siècle dernier.

La reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe et de leur droit,  en adoptant,  de fonder une famille, s'imposera peu à peu en France, comme ailleurs.

On s'apercevra alors que ce mariage tant décrié ne fait perdre aucun droit aux autres, qu'il n'est en aucune manière une menace pour les familles dites « normales », ni une régression pour la société et encore moins la fin de la civilisation.

Il est  vrai que les affrontements ont été vifs, et que les opposants n'ont pas baissé la garde. Le harcèlement des élus se poursuivra jusqu'au bout.

Mais on n'arrête pas la marée qui monte.  La reconnaissance du couple homosexuel s'inscrit dans le puissant mouvement de modernité qui, au fil des ans, fait valoir les droits imprescriptibles de l'individu et de son autonomie. L'individu est au centre. D'où l'importance accordée aux relations entre les individus.

Voilà qui relativise le modèle familial dominant et les références à un ordre naturel ou divin.

Le droit a fini par rejoindre l'évolution des mœurs : l'amour entre deux personnes de même sexe est un droit humain fondamental. Le principe d'égalité a joué.

Quant à  l'adoption,  le nouveau droit ouvre certainement un chemin qui a de l'avenir. Car l'adoption est un choix libre, fait par amour.

On sort du tout biologique.

Faut-il  rappeler que depuis l'homme de Nazareth, la religion chrétienne est fondée sur l'adoption et que les chrétiens sont tous des enfants d'adoption ?

On ne devient père ou mère que le jour où on dit à son enfant : je te choisis par amour. Nous sommes en pleine modernité.

Les évolutions en cours sont une invitation à favoriser la famille relationnelle, avec la  loi d'amour qui est essentielle. C'est l'amour qui favorise l'épanouissement de chacun, en particulier de l'enfant.

Nous sommes tous concernés. Notre responsabilité n'est-elle  pas d'éveiller des libertés ? Des libertés pour aimer ?

 

Jacques Gaillot Evêque de Partenia

 

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        . Va avec la force que tu as

    Mon frère, écoute-moi. C’est vrai, tu te sens bien impuissant. Tu es fatigué de tout et surtout de toi-même.

   

    Mais, souviens-toi, quelque part dans le vieux Livre, il est écrit : "Va avec la force que tu as : n'est-ce pas Dieu qui t'envoie ?" (Juges 6,14). Mais va quand même. Cette force t'est donnée par Celui qui met en mouvement le soleil et les autres étoiles. Elle doit te suffire. Elle te suffira.

 

    Il te faut apprendre à être pauvre et à marcher avec peu. Il te faut croire avec peu de foi, espérer avec peu d'espérance et aimer avec peu d'amour.

 

    La plante doit apprendre à pousser là où elle a été semée. Et avec ce qu'elle a. Elle ne choisit pas le terrain mais elle l'utilise. Certes, c'est vrai, elle ne peut pas changer le monde, mais la plus humble pâquerette peut fleurir son arpent de terre.

 

    Prépare ta journée de demain comme si c'était la dernière que tu aies à vivre sous ce soleil. Alors, elle sera peut-être la première d'une vie nouvelle.

 

    Tu as peu de possibilités, certes, mais elles te suffisent. Pose ta pierre, Dieu construira ta maison. Sème ta graine, Dieu la fera pousser. Panse le blessé, Dieu le guérira.

 

    Alors un jour, un jour bientôt peut-être, la porte entr'ouverte de ta maison laissera passer tant de silence qu'il recouvrira les amertumes du jour, tant de lumière qu'elle envahira les ombres et les tristesses, et tant d'amour qu'il n'y aura plus ni cri, ni clameur, ni souffrance.

 

Alain Houziaux

Evangile et Liberté http://www.evangile-et-liberte.fr

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. Respect de l'autre, la règle d'or ou "éthique de la réciprocité"

Ou la valeur exprimée à travers une maxime morale universelle qui irrigue toutes les cultures de l'humanité;

Formulation négative : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse"

Formulation positive :"Traite les autres comme tu voudrais être traité toi-même".

 

Hindouisme : "On ne peut pas se comporter vis à vis d'autrui d'une manière qui soit désagréable à soi-m^me; telle st l'exigence de la morale" Mahabharata XIII, 114

 

Boudhisme : "Une situation qui ne m'est ni agréable ni réjouissante ne saurait davantage l'être pour lui; comment pourrais-je dès lors la lui souhaiter ?" Samyutta Nikaya V, 353.35-354.2

 

Jaïnisme : "Indifférent aux choses humaines, l'homme doit traiter toutes les créatures du monde comme lui-même entend être traité". Sutrakritanga I, 11.33

 

Zoroastrisme : "Tout ce qui te répugne, ne le fais pas non plus aux autres" Shayast-na Shayast 13,29

 

Confucius : "Ce que tu ne souhaites pas pour toi-même, ne le fais pas aux autres"  Entretiens, 15,23

 

Judaisme : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaites pas qu'on te fasse à toi-même" Traité Shabbatde Rabbi Hillel, 31a; "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" Lévitique 19,18

 

Christianisme : "Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux : voilà la loi et les prophètes" Matthieu 7,12

 

Islam : "Personne d'entre vous n'est un croyant tant qu'il ne souhaite pas pour son frère ce qu'il souhaite à soi-même" Muhammad, Hadith

 

Frédéric LENOIR in "La guérison du monde"

 

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. L’adoption est la “bonne nouvelle” de l’Évangile  

Ce que l’Église peut apporter au monde aujourd’hui, c’est le modèle de la Sainte Famille.

Ce modèle se trouve dans l’Évangile de saint Luc.

On y lit que le père n’est pas le père – puisqu’il est le père adoptif, il n’est pas le père naturel –, le fils n’est pas le fils – il n’est pas le fils naturel.

Quant à la mère, forcément, on ne peut pas faire qu’elle ne soit pas la mère naturelle, mais on y ajoute quelque chose qui est décisif, c’est qu’elle est vierge.

Par conséquent, la Sainte Famille est une famille qui rompt complètement avec toutes les généalogies antiques, en ce qu’elle est fondée sur l’adoption, c’est-à-dire sur le choix par amour.

Ce modèle est extraordinairement moderne.

Il invente de nouvelles structures élémentaires de la parenté, basées sur la parole du Christ : « Aimez-vous les uns les autres ».

Depuis lors, il est normal que dans la société civile et religieuse, je puisse appeler « ma mère » une religieuse qui a l’âge d’être ma fille.

Ce modèle de l’adoption traverse l’Évangile.

Sur la croix, Jésus n’a pas hésité à dire à Marie, en parlant de Jean : « Mère, voici ton fils. » Il a de nouveau fabriqué une famille qui n’était pas naturelle.

Je n’ai pas la prétention de dicter quoi que ce soit de sa conduite à l’Église, mais puisque vous me demandez ce qu’elle peut apporter aujourd’hui, je crois que là se trouve une parole pour notre temps, où se posent tant de questions autour des modèles de la parenté, du mariage homosexuel, etc.

Le modèle de la Sainte Famille permet de comprendre les évolutions modernes autour de la famille et de les bénir.

Aujourd’hui, on dit souvent qu’un fossé se creuse entre l’Église et la société autour des questions familiales.

Pour ma part, je constate que ce fossé est déjà comblé depuis deux millénaires. Je ne l’ai pas découvert, c’est déjà écrit dans l’Évangile de Luc.

Aujourd’hui, il s’agit de faire valoir cet « Aimez-vous les uns les autres » comme régulateur de ces nouvelles relations familiales.

« Adoption », vient du latin optare, qui veut dire choix.

La religion chrétienne est une religion de l’adoption.

L’Évangile nous dit que l’on ne devient père ou mère que si on adopte nos enfants. On ne devient

père ou mère, même si l’on est un père ou une mère naturel (le), que le jour où on dit à son fils : « Je te choisis par amour ».

Tel est le modèle de la Sainte Famille.

La loi naturelle n’existe plus, c’est la loi d’amour qui compte en premier.

Je crois que l’adoption est la “bonne nouvelle” de l’Évangile.

Avant l’Évangile, il y avait la généalogie, les lois tribales, c’est-à-dire les lois par héritage. Aujourd’hui

encore, ce qui rend impossible l’arrivée de la démocratie, ce sont des luttes entre familles, entre tribus, les clans, comme autrefois dans le Moyen-Orient antique.

La nouveauté extraordinaire du point de vue politique, anthropologique et moral du christianisme, c’est d’avoir supprimé cet héritage naturel et d’y avoir substitué l’adoption, le choix délibéré et libre par amour.

 

Michel SERRES, philosophe

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. Question de croyances par « Nicky Escobar »
au groupe « Protestantisme libéral »

Voilà plusieurs années que j'étudie avec intérêt le parcours de Jésus, sa vie, son message, qui m'apparaissent ô combien plus décisifs que le fait qu'il soit mort sur la croix ou qu'il soit apparu ressuscité devant ses apôtres. J'ai continuellement remis en question cette affirmation commune à toutes les Eglises chrétiennes et j'en suis arrivé à une conclusion extrême, que ne renierai aucun déiste ou agnostique convaincu : résurrection de Jésus ou non, vie après la mort ou non... le message de paix et d'amour véhiculé par notre seigneur mérite d'être véhiculé et transmis car c'est un message de foi en l'Humanité.
Je ne suis donc ni convaincu de la résurrection du Christ, ni d'un royaume des cieux (et donc d'une vie après la mort physique), mais je continue à penser qu'une "force" cosmique, un grand horloger de l'univers (je rejoins ici la pensée déiste et agnostique ; j'aime la pensée de Spinoza par exemple, j'ai aussi lu Nietzsche) est à l'origine du premier éclair de création. Même si à mon sens, au regard des injustices et des souffrances que la nature elle même inflige parfois au monde, je ne puis me représenter un Dieu bon par nature qui interfère dans les affaires du monde pas plus qu'un diable qui serait seul à l'origine du mal ; l'enfer et le diable étant pour moi des concepts largement développés par l'Eglise catholique après l'écriture des évangiles afin d'asservir le fidèle, et non pas par le Christ de son vivant.
Je doute qu'un jour la science puisse prouver par des lois physiques l'inexistence de Dieu au sein d'un univers infini et en expansion, mais je garde des réserves et j'observe l'évolution scientifique avec intérêt.
Dans ce contexte, puis-je encore me dire "protestant libéral " alors que la notion même de résurrection m’apparaît plus comme une parabole servant de catalyseur du message christique et de l'espoir de l'humanité en un monde meilleur ?
Est-il possible alors même que je ne suis pas convaincu qu'il y ait une "vie après la mort" (même si la nature même de l'homme, dans sa complexité, l'expérience transcendantale que je crois possible, l'existence des flux d'énergie et les prouesses quasi miraculeuses que sont capables de réaliser certaines personnes me donnent de l'espoir) de me reconnaître protestant libéral ? Où s'éteignent les limites du "libéralisme" spirituel dans le protestantisme ?

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. Un être particulièrement aimé est décédé

Quelle parole de vérité entendre ?

Très chers sœurs et frères, dans le grand deuil qui est le vôtre, vous m'avez demandé de vous adresser la parole et à tous. Vous avez fait cette demande qui me touche parce que vous savez que je partage votre douleur autant qu'il est possible ; et il est vrai que j'aimerais qu'elle vous soit un vrai accompagnement, un vrai réconfort. Vous l'avez faite aussi, je le pense, parce que vous me saviez chargé d'annoncer la proposition de Jésus pour le sauvetage du monde, proposition revisitée pour notre temps non-religieux, sécularisé, comme on dit maintenant. Vous n'entendrez donc pas le message habituel chez les chrétiens, non que je le dédaigne. Je souhaite ne rien faire, d'ailleurs, pour en dissuader ceux qui y demeurent attachés. S'ils estiment en avoir besoin, leur conviction doit être respectée ? Simplement ce n'est pas la mienne, ni celle de beaucoup aujourd'hui, qui ne peuvent s'attacher au miraculeux et au surnaturel. Pardonnez-moi si je ne sais pas trouver les mots simples, et aimants pour le dire.

La vie est un cadeau merveilleux, imprévisible, incroyable, infiniment précieux, dont il ne faut pas se lasser d'être infiniment reconnaissant. Nous sommes tous là parce qu'une femme et un homme, venus le plus souvent d'horizons différents, se sont rencontrés, connus, généralement aimés. Et ils ont "donné la vie", dit-on habituellement. On devrait plutôt dire qu'ils l'ont constituée, confiée, prêtée, avec mission de la transmettre à d'autres. Quelle merveille ! Et qui aurait très bien pu ne pas se produire. Un minuscule embryon d'être humain qui aura besoin d'être nourri et protégé, mis au monde, élevé, éduqué avec beaucoup d'amour et de tendres soins. Appelé à devenir une conscience et un être responsable. Quelle mission grandiose ! Appelé à son tour avec discernement, générosité, en bonne intelligence avec tous les vivants, même les plus hostiles et les plus dangereux.

Mais cette vie humaine n'a qu'un temps comme toutes les vies sur cette terre. A l'automne les feuilles mortes se ramassent à la pelle ; à la fin de leur course, même les chênes et les baobabs disparaissent, les espèces animales aussi, et pareillement les êtres humains. C'est souvent ressenti comme dramatique, mais la douleur doit être absolument surmontée pour que la vie puisse continuer et ne pas être écrasée par la souffrance. Même si ces blessures laisseront des cicatrices jusqu'à la fin.

Des textes fondateurs le disent crûment, certains trouvent que c'est avec brutalité, mais non, c''est avec le souci de parler vrai, de dire ce qui est authentique : "Tu es poussière et poussière du redeviendras" ; et encore "Nu je suis sorti du ventre de ma mère et nu je retournerai à la poussière" (on pourrait parler de "pur produit terrestre rendu vivant provisoirement"). Ainsi de rares croyants ont su depuis longtemps que la mort était vraiment la mort, et qu'il vaut mieux voir la vérité en face, si du moins on est en état de la supporter. Et il ne faut pas juger, et encore moins condamner, ceux qui ne peuvent pas le faire.

D'autant que depuis 2000 ans est propagé un tout autre message devenu traditionnel selon lequel le tombeau de Jésus aurait été trouvé "vide" et des anges messagers auraient proclamé sa résurrection. Bien que peu crédibles, en tout cas aujourd'hui dans notre monde sans surnaturel, ces récits ont connu un succès considérable : presque tout le nouveau testament est construit sur eux et presque toutes les églises les proclament comme une vérité assurée. Un grand nombre d'entre nous ont été enseignés de la sorte. Mais les temps sont certainement venus d'une toute autre conviction.

L'évangile de Jésus ne s'intéresse pas à une après-mort, mais à la vie présente. Jésus veut nous apprendre à vivre, à l'inverse de tous les mauvais fonctionnements du monde. Jésus, simple homme, vrai prophète, nous invite à participer par amour des humains, même des pires, à son entreprise de sauvetage. Jésus s'est battu (pacifiquement) contre tout ce qui fait souffrir et mourir les humains, contre tous les mauvais pouvoirs politiques, religieux et de l'argent, et il nous propose d'en faire autant ; des raisons de vivre incomparables, exaltantes et si nécessaires !

Et il nous offre d'apprendre à aimer nos contemporains, intelligemment et généreusement, en sachant que nous n'aurons jamais que ces compagnons d'existence. Que cela vous rende entreprenants et heureux, malgré votre douleur.

Roger Parmentier, pasteur non-conformiste, non-religieux s'efforçant d'être disciple de Jésus-prophète

http://www.guetteurs-rebelles.fr/

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. Une autre manière d'entendre les Béatitudes

Je n'ai jamais dit que les pauvres devaient rester pauvres. J'ai dit qu'en les pauvres était l'avenir du monde.

Je n'ai jamais dit qu'il y avait plus de bonheur à souffrir qu'à être heureux. Mais j'ai dit qu'on ne  pouvait naître qu'en passant le seuil infiniment douloureux de la mort.

Je n'ai jamais fait l'éloge des imbéciles. Mais j'ai distingué la connaissance  de la vérité d'avec le savoir des choses vraies.

Je n'ai jamais fait l'éloge de la faiblesse. Mais j'ai fait connaître que la force véritable est étrangère à l'âpre désir du pouvoir.

Je n'ai jamais dit qu'il fallait s'avilir et s'humilier devant la cruauté et l'injustice. Mais j'ai dit qu'il fallait vaincre en soi la cruauté et l'injustice, jusqu'à ne pas se prévaloir de  son droit : ainsi peut être brisé le cercle de la violence.

Je n'ai pas dit qu'il fallait, à la loi des gestes, ajouter celle des pensées aggravant ainsi le fardeau jusqu'à le rendre insupportable. Mais j'ai dit qu'avoir les gestes conformes sans avoir le cœur vrai, c'était hypocrisie et vanité.

Je n'ai jamais pensé que la peur, ou l'humiliation, ou la tristesse, ou le manque, pouvaient élever l'homme. Mais j'ai dit que ni la tristesse, ni le manque, ni l'humiliation, ni l'angoisse n'étaient pour l'homme condamnation. Je suis même allé jusqu'à dire que c'est chez les humiliés, les accablés, les frustrés, que c'est en ceux-là, quand se lève pour eux l'aurore, quand ils rentrent d'exil, quand ils passent la mer, en ceux-là qu'est l'avenir du monde.

Maurice Bellet

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. L’irréformabilité de l'Eglise Catholique

 

Le terme d’irréformabilité n’existe sans doute pas au dictionnaire, tant nos contemporains sont persuadés que tout, en philosophie comme en politique, est susceptible de progrès, de changement, d’évolution, en un mot, de réforme. Et pourtant…l’Eglise catholique (kata tên olên gên) qui a normalement l’ambition de s’étendre à toute la planète Terre, reste terriblement figée, hostile à toute adaptation, parfois même à toute réflexion, ce qui finalement la confine à un nombre restreint d’adeptes, de fidèles qui, passivement, vont jusqu’à s’interdire toute divergence d’idées,  toute forme de recherche même.

 

Ils sont nombreux ceux qui, cependant, s’y sont tout de même essayé. Tout au long de l’histoire du christianisme, il n’a pas manqué d’hommes courageux, déterminés, pour dire tout haut, sur un mode prophétique, ce qu’un certain nombre pensait tout bas, une critique pertinente de la façon dont une doctrine s’installait, s’affirmait, souvent s’imposait, ou dont une pratique s’instaurait, parfois radicalement opposée aux principes évangéliques énoncés par Jésus. Depuis Ebion au Ier siècle, Montan au IIe, et Arius au IVe, c’est une foule de théologiens, de philosophes, de pasteurs ou simplement de chercheurs, qui se sont fait condamner, parfois conduire au bûcher par charrettes entières, habituellement parce qu’ils avaient agi selon leur conscience. L’hérésie c’est bien souvent un sursaut d’honnêteté, un réflexe de vérité, une lueur d’intelligence. On a brûlé Jeanne d’Arc, mais aussi Savonarole et Giordano Bruno. On a condamné Galilée, Luther, Calvin, mais on a soigneusement mis à l’écart aussi, et plus récemment, Hans Kung, Eugen Drewerman et Jacques Gaillot, pour n’en citer que quelques-uns. On a inventé l’Inquisition, machine à exterminer les Juifs, les Maures, les Cathares, les Albigeois, les Vaudois, les Hussites, les Protestants, les Gueux, les supposées sorcières…Derrière ce « on », c’est toute une hiérarchie qui se cache : une imposante échelle de gens en place, à tous les niveaux, constamment préoccupés de mettre des barrières pour sauvegarder leurs privilèges. La réforme pour eux, il est vrai, ce serait la remise en question, l’insécurité, la porte ouverte à l’incongru, au hasardeux, au péché sous toutes ses formes. On ne peut bien sûr pas l’envisager.

 

L’Eglise catholique s’est rendue irréformable d’abord par sa constitution dogmatique. Le dogme catholique est une définition radicale, absolue, permanente et indiscutable. C’est là sa pauvreté, proche bien souvent de la stupidité. La vérité des hommes ne se livre jamais de cette façon, mais par touches progressives, relatives, soumises à la critique, à la recherche et au perfectionnement.  Le dogme entraîne l’anathème. C’est la condamnation morale, mais aussi physique à l’occasion, de quiconque s’attribue le droit de contester. C’est une démarche qui va à l’encontre du processus évangélique. Jésus ne jugeait pas, ne condamnait surtout pas. Il critiquait les lois et contestait les pratiques du Temple. Il prenait en considération ce que chacun avait dans le cœur et l’esprit. La démarche de Jésus était essentiellement personnelle et relative. Son message, accordant la préférence au pauvre et au petit, renversait beaucoup de préjugés. Ce n’est plus, dira-t-il, (Jn IV,21-23) au temple de Jérusalem, ni sur le mont Garizim qu’il faut adorer Yahwé, mais en esprit et en vérité, c’est-à-dire au cœur de chacun.

 

L’Eglise catholique s’est rendue irréformable par son droit canon qui s’est enrichi de concile en concile. Le premier d’entre eux, à Nicée en Turquie, en 325, fut bien plus l’œuvre de l’empereur Constantin que celle des évêques. L’empereur avait assisté consterné depuis un certain temps à la déglingue totale des religions grecque et romaine. Il voulait donc les remplacer par un nouveau courant philosophique, poussé par un succès populaire évident et une volonté de s’étendre à toute la terre. Il voulait donc que son fondateur soit reconnu comme dieu et remplace tous ceux-là qui étaient devenus obsolètes. Eusèbe de Césarée raconte comment, au banquet  qu’il avait offert aux membres du concile, il allait de table en table pour persuader les évêques de voter la divinité de Jésus et la condamnation d’Arius, avec privilèges et nominations à la clé, car les évêques allaient ainsi pratiquement devenir l’équivalent des préfets. Le pape, Sylvestre Ier, homme de grande clairvoyance, n’y était d’ailleurs pas ; il n’avait pas voulu quitter Rome, refusant cette mainmise évidente de l’empereur sur l’Eglise. C’est pourtant là que fut défini le fameux symbole de Nicée, complété plus tard à Constantinople, toujours en Turquie, pour devenir le Credo des chrétiens !

 

L’Eglise catholique ne peut pas être réformée. Pour réussir l’aggiornamento dont Jean XXIII avait rêvé, il aurait fallu d’abord détricoter pratiquement tous les conciles précédents. Les dogmes sont en fait des diktats ou des oukases, ils ne laissent aucune place aux adaptations ni à la critique. La cerise sur le gâteau, ou si l’on préfère le pompon sur la barrette, fut bien, à Vatican I, en 1870, la proclamation de l’infaillibilité pontificale. En principe, il n’y aurait plus jamais dû y avoir de concile, puisque désormais la parole du Pape suffisait, et le Vatican d’aujourd’hui reste largement  persuadé que le dernier concile fut en ce sens une erreur. Il n’est en tout cas plus question de renouveler l’expérience, même si quelques progressistes y pensent ou en rêvent encore. D’ailleurs, le progressisme, s’il n’est pas tout à fait mort est en tout cas mis hors d’état de nuire. Les prises de position rétrogrades en matière de morale ont bloqué toute évolution dans ce domaine. La hiérarchie de l’Eglise catholique n’hésite pas actuellement à s’attaquer aux divorcés et aux homosexuels, aux universités qui poussent la recherche en biologie embryonnaire, aux médecins qui pratiquent l’avortement, aux jeunes qui se protègent du sida, à l’euthanasie. Et ces attaques sont de plus en plus largement ressenties comme des abus de pouvoir par l’ensemble de la population. D’où les départs, les abandons, le recul, la méfiance, le désespoir parfois, de beaucoup…

 

En Belgique, la Cour des comptes, dans son dernier rapport, a fait apparaître ce qu’on peut considérer comme le déclin de l’Eglise catholique : en 10 ans, les prêtres actifs (rémunérés par l’Etat) sont passés de 3.562 à 2.709. Mais la désaffection a commencé bien plus tôt. Il y a 40 ans, il y avait encore environ 10.000 prêtres catholiques en Belgique, et pratiquement tous les diocèses ont perdu les ¾ de leur effectif sacerdotal durant ce laps de temps. De quoi se poser des questions, non… ? Actuellement, vivent en Belgique plus de « prêtres out » que de « prêtres in », c’est-à-dire plus de prêtres qui ont quitté les structures parce qu’ils se sont mariés, qu’ils ont été exclus ou ont pris leur liberté, que de prêtres toujours en fonction pastorale. Cela ne durera qu’un certain temps car la moyenne d’âge est importante. Ce sont souvent les progressistes qui sont partis, ceux qu’on aurait pu considérer comme les forces vives, ceux qui avaient une parole prophétique à apporter, des gestes décisifs à poser, en quelque sorte l’espoir et l’avenir de l’Eglise. Apparemment, les pédophiles sont restés.

 

Aucun changement important ne peut être envisagé, car Benoît XVI exclut toute forme de « relativisme », ignorant volontairement que le christianisme s’inscrit entièrement dans le relatif et non dans l’absolu, car la vie des hommes et des femmes se déroule dans le relatif, et c’est au relatif des gens qu’il rencontrait, que Jésus s’adressait. « Si au moment de présenter ton offrande à l’autel, tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère… » L’appréciation des prêtres, des lévites et des scribes faite par Jésus est tout à fait significative : « ils chargent sur les épaules des gens des fardeaux qu’ils se refusent à porter eux-mêmes », et on peut légitimement se demander ce qu’il dirait aujourd’hui du grand prêtre qui officie comme archevêque à Malines.

 

L’Eglise catholique ne peut pas être réformée, car depuis longtemps, dans cette hiérarchie qui ressemble de plus en plus, chez nous, à l’armée mexicaine de jadis (beaucoup de généraux et très peu de soldats), la plupart des nominations (et d’ailleurs des canonisations !) ont été faites dans le même sens : celui du conservatisme, de la tradition, ou même de l’intégrisme. Il est trop tard pour songer à réformer l’Eglise catholique, elle se transforme maintenant, lentement mais sûrement, en secte religieuse, et l’action des charismatiques de toute espèce et de tout poil semble accentuer d’avantage ce mouvement et cette orientation.

 

L’Eglise catholique ne va pas nécessairement mourir, mais on sera obligé de faire de plus en plus la distinction entre elle et le christianisme. Car, au fond, le christianisme n’est pas une religion, c’est un message, une sagesse de vie, une vraie philosophie qui illumine la vie des hommes. Jésus n’a pas vraiment voulu une Eglise, rappelez-vous, il avait horreur du sacré, des sacrifices, du commerce du temple, des rites…Alors tout est à revoir, mais c’est une autre histoire, et même une aventure…

Jacques MEURICE

Blog « Libre Pensée Chrétienne »

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. Terre - Mère

 

Déclaration d'un écologiste qui présente sa religion comme "Terre-Mère" dans ses échanges sur Facebook

 

Je n'adhère a aucune religion en particulier, et si j'ai écrit Mère-Terre, c'est en toute simplicité mais non sans sincérité : Je prône et agis avec le plus grand respect pour les éléments de la nature. Ayant grandi en pleine ville et y ayant vécu pratiquement toute ma vie (comme tout le monde), j'ai décidé d'écouter plutôt ma conscience et de changer de cap !

 

Je ne connais pas grand chose concrètement à l'écologie mais j'y vais de tout ce que je peux faire dans mon quotidien. J'étudie de façon autonome sur le sujet et je m'intéresse aussi beaucoup au développement personnel et à la spiritualité. Seulement pour moi, contrairement, à ce que j'ai pu rencontrer dans mon entourage, la spiritualité se doit de se ramener vers du concret. Ce que je veux dire est que j'inclus dans ma démarche tous les éléments de notre existence, comme les instincts, l'Ego, etc. Je pense que chaque partie de nous peut nous servir à grandir SI en harmonie avec un tout et SI vécu avec conscience. Nous ne pouvons pas, à mon avis, faire une démarche personnelle remplie de bonnes réflexions et de bonnes intentions sans considérer notre environnement..

 

Et puis, que dire autre de plus vrai que simplement ce sujet et sa réalité m'interpellent. La faune et la flore m'ont toujours très attiré même lorsque j'étais tout petit et que je vivais dans le béton.

 

Alors, je ne suis pas un Amérindien avec toutes leurs belles connaissances sur les thèmes d'animaux, etc., (peut-être dans une autre vie) mais je vis en fonction du respect de Terre-Mère et je m'engage de plus en plus de façon réelle et concrète dans ma vie de tous les jours... tout simplement.

 

P.S. : Je ne sais pas quelle est ma mascotte mais j'ai rencontré plusieurs fois, en méditation profonde, le loup et la libellule.

 

Tiré du n°12 de Correspondance Unitarienne : http://labesacedesunitariens.over-blog.com

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. Heureux ceux

 

"Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes :
Ils n'ont pas fini de s'amuser.

Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière :
Il leur sera épargné bien des tracas.

Bienheureux ceux qui sont capables de se reposer et de dormir sans chercher d'excuses:
Ils deviendront sages.

Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter :
Ils apprendront des choses nouvelles !

Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux :
 Ils seront appréciés de leur entourage.

Heureux êtes-vous si vous savez regarder sérieusement les petites choses et paisiblement les choses sérieuses :
Vous irez loin dans la vie...

Heureux êtes-vous si vous savez admirer un sourire et oublier une grimace :
Votre route sera ensoleillée....."


Réflexions (anciennes) de Joseph Folliet où humour et sagesse se mêlent !

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. La parabole des nombrils

Ca me tracasse beaucoup, dit Dieu, cette manie qu’ils ont de se regarder le nombril au lieu de regarder les autres.

J’ai fait les nombrils sans trop y penser, dit Dieu, comme un tisserand qui arrive à la dernière maille et qui fait un nœud, comme ça, pour que ça tienne, à un endroit qui ne paraît pas trop... J’étais trop content d’avoir fini !

L’important, pour moi, c’était que ça tienne.

Et, d’habitude, ils tiennent bon, mes nombrils, dit Dieu, mais ce que je n’avais pas prévu, ce qui n’est pas loin d’être un mystère, même pour moi, dit Dieu, c’est l’importance qu’ils accordent à ce dernier petit nœud, intime et bien caché.

Oui, de toute ma création, dit Dieu, ce qui m’étonne et que je n’avais pas prévu, c’est tout le temps qu’ils mettent, dès que ça va un peu mal, à la moindre contrariété, tout le temps qu’ils mettent à se regarder le nombril, au lieu de regarde les autres, au lieu de voir les problèmes des autres.

Vous comprenez, dit Dieu, j’hésite, je me suis peut-être trompé ?

Mais, si c’était à recommencer, si je pouvais faire un rappel général, comme les grandes compagnies de voitures, si ce n’était pas trop de tout recommencer, dit Dieu, je le leur placerais en plein milieu du front.

Comme cela, dit Dieu, au moins ils seraient bien obligés de regarder le nombril des autres.

 

(à la manière de Péguy)

Tiré de La Vie Nouvelle  http://www.lvn.asso.fr/spip.php?article99

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. Union de prières

J’étais seule et j’admirais les nuages si blancs, unis ou éparpillés tels des agneaux d’un troupeau céleste. Je priais, je méditais, ces deux activités étant si proches dans un tel endroit de paix. Le fil de mes pensées fut interrompu par des sons venant du ciel, j’en étais persuadée.
Plusieurs personnes parlaient, une à une, utilisant des mots poignants qui faisaient revenir à ma mémoire de si tristes souvenirs.
« Je suis un Libanais torturé et mis à mort pour avoir voulu être libre, libre d’aimer et de vivre. »
« Je suis une jeune fille du Rwanda. J’ai été tuée avec ma famille par des membres d’une autre tribu, nous étions pourtant du même pays, du même sang. »
« Je suis une Palestinienne tuée dans le camp de Sabra, à Beyrouth, j’étais enceinte de six mois. »
« Je suis un Américain tué sur le lieu de mon travail, un jour de septembre. Un avion a percuté l’immeuble où je me trouvais. »
« Je suis un Algérien qu’on a égorgé tout simplement parce que j’aimais parler la belle langue d’un moine français, tué lui aussi avec ses compagnons peu de temps après moi. »
« Je suis un Arabe tué par l’armée de mon pays obéissant à des ordres donnés par mon président. Peut-on mourir deux fois ? Mourir d’incrédulité face aux commanditaires du crime et d’un arrêt du cœur ? »
« Je suis une mère libanaise morte avant de revoir son fils, ne sachant pas s’il était encore en vie, emprisonné ou exécuté. Il était tellement beau dans son uniforme. »
D’autres voix se faisaient entendre et je n’en pouvais plus de pleurer. Je compris combien il était urgent de changer les mentalités, combien il était primordial de penser à toutes les victimes des attentats, des crimes ou des massacres perpétrés à travers le monde, de penser à leur douleur, à leurs souffrances sans parler de religion à moins que cela ne soit pour prier de tout cœur.
J’ai regardé le ciel à travers mes larmes et j’ai dit à toutes ces personnes que le destin a unies dans le malheur : « Je suis citoyenne du monde, votre peine doit être mienne et je mêle mes larmes aux vôtres. » Que les douces paroles d’un Ave Maria s’envolent vers le ciel, unies aux mots d’une prière récitée devant un mur de Jérusalem, à des versets du Coran lus avec piété dans une mosquée, à la fumée des encensoirs d’un temple bouddhiste. Unissons nos prières pour vaincre le mal qui ronge ce monde de plus en plus fou.

Léna NJEIM  (l'Orient le jour, journal francophone de Beyrouth)

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.  Notre aventure humaine

 

C’est en dehors de nos Églises, je le sais, que bien des hommes recherchent ce Dieu d’amour que seul l’Esprit peut nous donner de connaître et d’aimer. Je le regrette, mais je les comprends. Toutes les institutions, tous les signes, même les plus sacrés, se dégradent s’ils n’acceptent pas à chaque printemps de faire peau neuve, quels que soient le prix et l’ampleur des déchirements et des souffrances à consentir. Nos communautés, comme toutes les institutions, n’échappent pas au temps et à son usure.

L’Église, à divers moments de son histoire, a pris peur de l’Esprit, a cessé d’être mystique et créatrice pour devenir juridique et moralisante. Alors les bourrasques de l’Esprit ont soufflé à sa périphérie et parfois contre elle dans une grande exigence de vie créatrice, de justice et de beauté. « Il y a des athées ruisselants de la parole de Dieu », disait Péguy, et c’est toujours vrai.

Je crois que Dieu nous accompagne tous dans notre aventure humaine et que seule sa présence est éternelle, et non pas les structures, les paroles, les images que, peu à peu, au fil des siècles, nous avons adoptées pour nous signifier à nous-mêmes son compagnonnage. Notre Église n’a rien à redouter des critiques qui lui viennent d’ailleurs si elle sait les écouter comme un appel de Dieu.

Elle ne saurait verrouiller les portes pour disposer plus sûrement d’elle-même. Elle se reçoit à chaque instant de Dieu pour être sans cesse envoyée, immergée dans le monde, pauvre, modeste, fraternelle, messagère de joie, donnant sa voix aux pauvres, aux hommes que l’on torture ou que l’on tue, à tous ceux-là qui nous crient silencieusement l’Évangile.

 

Mgr Guy-Riobé, évêque d’Orléans

Le Monde, 9-10 juillet 1978 (huit jours avant sa mort).

 

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. Se libérer de la religion

 

C'est l'évangile qui est notre première passion. Et non pas l'Eglise en tant qu'institution sociopolitique qui, trop à souvent, se soucie plus de sa survie que de sa vocation à incarner l'évangile. Mais que cela ne fasse pas oublier que c'est malgré tout par l'Eglise que le message évangélique s'est transmis, et qu'il n'existe peut-être pas d'autres canaux pour continuer à le transmettre.

Dans les faits, l'évangile a été accaparé par les institutions ecclésiastiques. Elles ont voulu s'approprier cette source d'eau vive pour en contrôler le cours, se mesurant au souffle et au feu de l'Esprit pour les diriger. Pourquoi et comment une telle chose a-t-elle été osée, et avec quelles conséquences ? Institution sociale, l'Eglise s'est très tôt alliée aux puissants pour servir sa propre gloire sous couvert de la gloire de Dieu, et ce péché originel la poursuit.

Pour rendre l'évangile au monde, il faut le libérer de la religion qui l'a travesti. L'avenir de Dieu parmi les hommes ne se joue pas dans les sanctuaires et moyennant des rites, ni dans les facultés de théologie. Il se joue dans la splendeur et la boue du monde, dans la jubilation et la détresse des cœurs qui aiment et haïssent, dans l'enfantement, la mort et le désir d'infini. Et ce parmi toutes les nations, toutes les cultures et toutes les religions.

Loin de se réduire aux structures et aux représentations qu'elle a héritées de l'histoire, l'Eglise n'existe pour les hommes et pour Dieu que là où se vit l'évangile. Sans doute lui faudra-t-il, pour renaitre, emprunter des formes et des appellations inédites. Ce n'est pas la continuité apostolique et le droit canon, ni même telle orthodoxie qui la constitue. C'est l'amour et le service des hommes auxquels le Christ s'et identifié.

 

Jean-Marie Kohler (tiré Les Parvis N°50)

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. Message d'Espérance - Parvis - Lyon 12 novembre 2010

 

Il ne suffit plus de se préoccuper du devenir des Eglises, il faut donc prioritairement :

Examiner l'évolution du monde auquel est destiné le message de l'Evangile.

• Se lever pour lutter contre l'iniquité et la violence inhérentes à cette évolution technique et marchande qui ruine les valeurs constitutives de l'humanité et met à mal la Planète.

S'engager dans des lieux de solidarité, de désobeissance et de positions alternatives.

• Remettre le monde à l'endroit en donnant la parole aux exclus.

• Laisser les prophètes prophétiser et porter à la lumière ce qui est en train de naître.

Oui, pour nous le message libérateur de l'Evangile est nécessaire au monde : il ne peut plus être porté par voie d'autorité.

C'est le temps pour tous, hommes et femmes, d'en être pleinement responsables dans nos sociétés sécularisées.

C'est donc le temps de donner plein essor à nos communautés héritières de Vatican ll pour y vivre

- le partage authentique de la Parole,

- des célébrations tissées de nos expériences,

- et le travail d'actualisation du Message :

                                  Une Eglise Autre est possible !

C'est le temps aussi de renforcer publiquement nos réseaux d'humanisme :

                               Un autre monde est possible ! 

                                 Le temps vient d'envisager l'avenir

                                  avec la Force et la Jeunesse de l'Esprit

                                           Souffle d'Amour et de Vie

                                                qui recrée le monde.

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. Chapeau l’Artiste !

 

En cette période pascale où une prétendue création artistique (Piss Christ) d’un prétendu artiste déchaîne la violence verbale et physique d’un certain nombre de chrétiens souhaitant défendre la chrétienté attaquée, je me suis surprise à répondre avant l’heure à l’invitation de l’Église qui, chaque Vendredi saint convie ses fidèles à contempler le Christ en croix.

Dans le silence d’une chapelle j’ai osé poser mon regard sur cette croix en plastique immergée dans un verre d’urine et par une étrange remontée dans le temps, je me suis retrouvée aux côtés du disciple bien aimé et de Marie sa mère.

Fixant mes yeux sur le bas de la photographie, je contemplais tout d’abord ces pieds plongés dans ce verre pollué. Aux crachats anonymes d’un certain vendredi en Palestine se rajoutait l’urine d’un auteur contemporain en terre de Provence. Quel réalisme ! Quelle parabole !

Je me sentis en lien de communion immédiate avec ce Christ solidaire de tous les rejetés, bafoués, outragés du monde, depuis la création jusqu’à cette heure du Calvaire.

Jésus,
Toi l’Innocent, Tu t’es laissé condamner sans te défendre,
Je te prie pour tous ceux qui sont victimes de l’injustice et de la haine
Toi, qui t’es chargé de ta Croix sans un mot de révolte,
Je te prie pour tous ceux qui sont écrasés sous le poids de leurs souffrances.
Toi, qui as rencontré Marie Ta Mère
Sur le chemin de ton supplice,
Je te prie pour tous ceux qui ont besoin de la consolation d’une mère.
Toi, qui par trois fois es tombé sur le chemin du Calvaire,
Je te prie pour tous ceux qui sont découragés et sans espoir.
Toi, que l’on a vêtu de dérision et dépouillé de ses vêtements,
Je te prie pour tous ceux qui vivent sans dignité et sans amour.
Toi, que notre péché a cloué sur le bois de la Croix,
Je te prie pour tous ceux qui meurent par la faute des hommes.
Toi, qui dans ton dernier souffle veux pardonner à tous les hommes,
Je te prie pour tout homme qui s’agenouille devant la puissance de ton amour.
Toi, dont le corps est déposé au tombeau,
Je te prie dans l’espérance de recevoir ton Corps ressuscité.
1

Résonnaient en moi les paroles du curé de campagne de Bernanos : « vous pourriez lui montrer le poing, lui cracher au visage, le fouetter de verges et finalement le clouer sur une croix, qu’importe ? Cela est déjà fait. » Une image pourrait-elle faire plus scandale que la mort ignominieuse de l’Innocent au gibet de la croix ?!

Lui qui, étant de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Au contraire, il s'est dépouillé, devenant l'image même du serviteur et se faisant semblable aux hommes. On reconnaissait en lui un homme comme les autres. Il s'est abaissé, et dans son obéissance il est allé jusqu'à la mort, et la mort sur une croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé plus haut que tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au nom de Jésus, dans les cieux, sur la terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame : Jésus Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père 2

Je luttais contre le désir qui surgissait en moi de les laver, les essuyer, les sécher ces pieds outragés par les immondices, mais au plus profond de moi j’entendais Ta prière : « Mon Père s’il est possible que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, pas comme je veux, mais comme tu veux ». Tu me demandais de contempler tes pieds souillés pour tenter de comprendre. « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? »

Me sera-t-il donné un jour de comprendre ce que Tu as fait ?

Alors mon regard remonta doucement ; de Tes pieds vers Ton corps. Quel ne fut pas mon étonnement de Le découvrir peint d’un jaune éclatant et radieux. La Lumière immergée dans les eaux obscures et croupissantes de nos excréments humains resplendissait et illuminait l’ensemble.

En ce Mercredi saint, dans la contemplation de la croix je vivais Pâques avant l’Heure. Je vivais le passage du « Christ aux outrages » au « Christ de Gloire ».

Merci Monsieur Serrano, en l’espace d’une heure, en ce Mercredi saint, vous m’avez fait comprendre le lavement des pieds du Jeudi saint. Si Christ s’est agenouillé devant ses disciples ce n’est pas pour nettoyer leurs pieds, fussent-ils eux aussi dans l’urine de leurs péchés, mais pour me redire aujourd’hui que le chemin vers Dieu passe par le bas, par l’humilité et donc par les pieds, surtout s’ils sont sales.

Merci Monsieur Serrano, en l’espace d’une heure, en ce Mercredi saint, vous m’avez permis de contempler la croix du Vendredi saint plantée dans la boue de mon péché pour pouvoir en émerger, tirée par le bras puissant d’Amour. C’est devant elle que je m’inclinerai dans quelques heures.

Merci Monsieur Serrano, en l’espace d’une heure, en ce Mercredi saint, vous m’avez fait contempler la Gloire du Ressuscité. Il nimbe de sa Lumière le tombeau jonché de toutes les sécrétions peccamineuses. Dans quelques jours la pierre en sera roulée et le Feu allumé de la nuit pascale l’illuminera.

Merci Monsieur Serrano, vous ne fûtes pas un serviteur inutile. Le Seigneur, par vous, malgré vous, au-delà de vous, a su se frayer passage vers mon cœur.

Alors avec tous les chrétiens j’ai envie de vous souhaiter : belle montée vers Pâque, Monsieur Serrano.

Quant à Toi Seigneur : Chapeau l’Artiste !

Nathalie Gadéa

 

1 – Extrait de « Le livre de toutes les prières » - Éditions Mame/Edifa 2006

2 – Lettre de Paul aux Philippiens 2,6-11

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. Dans la simplicité, la joie et le secret

 

« Garde-toi d'étaler ta justice devant les hommes pour en être admiré.

Que ta discipline intérieure ne te donne pas un air triste, comme un hypocrite qui affiche un visage tout défait pour se faire voir des hommes.

Oins ta tête, lave ton visage afin que seulement ton Père qui est dans le secret connaisse l'intention de ton cœur.

Maintiens-toi dans la simplicité et dans la joie, la joie des miséricordieux, la joie de l'amour fraternel.

Sois vigilant. Si tu dois reprendre un frère, que ce soit entre toi et lui seul. Aie le souci de communion humaine avec ton prochain. »

 

Frère Roger - (La règle de Taizé)

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. Khalis, chanteur algérien

 

Jacob était mon frère,

Joséphine, ma sœur;

L'abbé, un saint Pierre,

Mon imam, un guide dont je suis fier;

Et on a plombé l'atmosphère

Quand j'ai vu tous ces innocents mourir avant l'heure ...

J'ai vu la terreur dans les yeux de celui qui prie de Seigneur;

J'ai vu la mort monter dans un bus, dans un train, foutre en l'air des destins ...

L'islam est une religion de paix, pas d'assassins ...

 

Pour découvrir tout le texte de "kamikaze", cliquer : http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=3&ved=0CCYQtwIwAg&url=http%3A%2F%2Fwww.dailymotion.com%2Fvideo%2Fx2w3dp_khalis-kamikaze-music_music&ei=35RETcDqCd-ShAfZ2_iLAg&usg=AFQjCNHbcJHrEnUkanoP-DYwm3e075m5wg

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. Souffle de vie

 

Mon Jésus est unique à mes yeux, parmi tous les hommes qui nous font prendre conscience de la réalité humaine dans laquelle tout être puise son élan vital.

J'aime lire ce que les évangiles disent de lui : à son contact, sous son influence, les aveugles voyaient, les lépreux étaient purifiés, les morts ressuscitaient. Je comprends que ces mots désignent un dynamisme créateur, un souffle d'apaisement, une fraternité renouvelée.

Je ne dis pas qu'il était un Dieu ou un Fils de Dieu aux pouvoirs surnaturels, marchant sur l'eau, guérissant les malades, multipliant les pains et puis quittant le monde des hommes sans communiquer à personne ces pouvoirs pourtant si bienfaisants ?

Mais je sens bien que le Souffle de vie qui l'animait est le Souffle de Dieu qui monte en nous comme en lui, réoriente nos pensées et nous fait affronter le mal dans un esprit de victoire à travers nos défaites et la mort elle-même. Il nous rend humains, avec nos compagnons les autres hommes de bonne volonté.

Mon Jésus ne sacrifiait pas volontairement sa vie en une mort atroce afin d'apaiser un Dieu en rage de voir les humains se détourner de lui.

Le Dieu dont il nous manifeste la présence n'est pas un juge menaçant, obsédé par les fautes et réclamant des expiations. Je crois que Dieu a été horrifié par la mort de Jésus et par l'esprit mauvais de ses accusateurs, les intégristes juifs de son époque contre lesquels il a lutté jusqu'à la mort.

Je ne vois pas non plus en Jésus un fondateur de religion imposant des rites difficilement compréhensibles avec du vin, du pain et de l'eau et exigeant que l'on admette certains dogmes théologiques et abstraits.

Je n'aime donc pas qu'on le vitrifie dans des doctrines figées car il est toujours au-delà et ailleurs de ce que l'on peut dire de lui.

 

Gilles Castelnau  Revue Evangile et Liberté 14 rue de Trévise 75009 Paris

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