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Lorraine                              Propos          

 

                                  Textes proposés ou utilisés lors de nos rencontres

 Dernière mise à jour le :  lundi 27 juin 2022  

 

Ecoute et Partage Rencontres Ateliers Propos Vie d'équipe

                                                    

   Nous sommes en permanence nécessaires à la création quotidienne du monde. Christiane SINGER

 

TABLEAU DES PROPOS

 

- Guerres et tortures 2022 06 J-E de Linarès

- Choisir d’apprendre à vivre 2022 05 MP Ledru PRH

- Santé et démocratie; Réactions de lecteurs 2022 02

- Agir, grandir et son âme embellir Woestyne 2022 01

 

- Silence et parole  Enzo Bianchi 2021 05

- Entre présence et absence J-C Devèze 2021 03

- Pourquoi écris-tu de la poésie Abdellatif Laâbi 2021 01

- S’approprier le silence par J. Musset 2020 11

- La tendresse pour tout bagage D. Ledogar 2020 12

. Pandémie, maladie psychologique ? M. Benoit 2020 11

- Témoignages en souvenir de Jean Sulivan 2020 10

- J'ai expérimenté ce que veut dire consentir au réel par J. Musset 2020 07

. Croire ou savoir Bernard Heim 2020 04

. "Pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle 2020 03

. Qu’est-ce qui différencie un croyant et un athée ? J. Musset 2020 02

 

. Pourquoi ?  Abdellatif Laabi 2019 11

. On ne peut plus continuer à croire I. Shevchenko 2019 10

. Mon rivage par B. Lestriez 2019 06

. Cheminer avec l'Esprit  G. Oswald 2019 02

. Sommes-nous tous des mystiques ?  M. Benoit 2019 01

 

. Nos chemins de vie… un chemin spirituel ?  B. Lamy 2018 11

. Le rapport au pouvoir par Antoine Nouis 2018 10

. Je te souhaite J. Debrynne 2018.03

. Lhomme porte en lui une aspiration à l'infini A Pierre 2018.02

. L'espérance A. Chélid 2018.01

 

. Christ revient sans cesse avec les personnes en détresse D. Collin 2017.12

. Ecouter  J.C. Devèze 2017.10

. Qui suis-je ? Abdennour Bidar 2017.09

La fidélité à ce que l'on doit faire M. Légault 2017.06

. J'aime ceux qui aiment C. Bobin 2017.06

. La soif d’être aimé R. Moghaddassi 2017.05

. Quelque chose de plus grand que nous R. Moghaddassi 2017.03

. La morosité a-t-elle de l'avenir ?  Bourqueney 2017.02

. Un mensonge aveugle R. Moghaddassi 2017.02

. L’Eglise face aux défis de la modernité J. Noyer 2017.02

. Prières d’homme M. Légaut 2017 01

. Comme un voyage 2015.11

. L’attitude tolérante 2015.05

. Inconnus mais pas étrangers 2015.03

. Appelle-moi par mes vrais noms 2015.01

. Une Palestine bien vivante 2014.12

. Croire en Dieu 2014.05

. Quand je m'endormirai  2014.03

. Le présent 2014.02

. L’impossible coïncidence 2013.12

. Comment transmettre l’éveil de la conscience 2013 10

. Libre et respectueux   2013 09

. L’Évangile en liberté 2013 09

. Suite à l’élection du nouveau pape François 2013 04

. Noël ? La famille de Jésus croyait le connaître 2012 12

. Un homme tout simplement 2012 10

. Et Dieu leur répondit  … 2012 06

. Luttons contre les idées fausses 2012 05

. Le pacte civique, une approche nouvelle du changement 2012.02

. Santé et équilibre alimentaire 2011.11

. La "communauté de foi" 2011.04

. Stéphane Hessel 2011.03

. Nouveau départ … pour une année 2010.12

. Merci 2010.10

. Dans le regard vers l'autre, nous naissons 2009.12

. Force et courage 2009.11

. Une histoire d’amour en guise d’adieu 2009.03

. De "la paix avec soi-même" 2009.03

. Nos "Vœux Ephata"  2009.01 

. Le moment présent 2009.01

. Diaporama : La Morale du papillon  2008.07

. Mes conseils pour s'aimer soi-même 2008.07

. Estime de soi et souci de l’autre 2008.04

. Mes conseils pour voir l'autre 2008.02

. Etre avec les autres en restant soi-même 2007.09

. Silence et parole  2007.09

. Hommage à Christiane Singer  2007.08

. Ecouter l'autre !2007.05

. Mort et dépendance 2007.05

. De qui notre bébé sera l'étranger ?  2006.01

. Le bonheur ?  2006.05

. Expériences de vie personnelle  2005.01

. Ecoute et Partage 2003.05

 

 

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Arbre et pirogue

Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue.

Mythe Mélanésien de l’île du Vanuatu

 
 

 

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Rencontre E.C.O. Ecoute à Coeur Ouvert du Mardi 8 février 2022

La perception me permet d'être en contact avec la réalité.

Avec moi, avec l'autre, avec la nature.

 

Le bonheur est unité.

Unité avec soi-même (cœur, corps, esprit),

et unité avec l'extérieur (l'autre et la création).

Pour réaliser cette unité :

J'essaie d'être Présent à moi-même, présent au monde; je communie ...

 

Et le bonheur durable s'appuie sur l'intérieur :

Le paradis est là où je suis.

La source ultime est à l'intérieur.

Pour développer cette source intérieure, indépendante de l'extérieur, je médite :

 

Tout est atteint ici et maintenant.

 

             https://www.spiritualite-laique.com

 

Par Jean-Etienne de Linarès

Faire la guerre a toujours signifié tuer des hommes et faire pleurer des mères. Rien de nouveau depuis l’invention de la massue. Mais aujourd’hui, près de 90% des victimes d’un conflit sont des civils et les crimes de guerre – nettoyages ethniques, génocides, disparitions forcées, viols systématiques…- sont devenus le lot de tous les conflits. Et parmi eux, l’usage massif de la torture.

Si la torture se pratique en dehors des conflits armés, la guerre lui offre un champ particulièrement favorable pour se développer parce qu’alors elle devient légitime dans l’esprit des protagonistes et parce que les bourreaux savent qu’ils ne risquent pas grand-chose (part tomber dans les mains de l’ennemi).

La Gestapo, les paras en Algérie ou les Britanniques en Irlande du Nord ont d’abord torturé pour obtenir des renseignements (prétendaient-ils) ; les Russes en Tchétchénie, les services secrets israéliens ou les Américains à Abou Ghraïb ou Guantanamo ont repris le flambeau. Le prétexte est toujours le même : sauver des vies. Ben voyons, comme si la vie était un épisode de 24 heures.

On torture ensuite par vengeance. Vos copains se sont fait tuer. Vous avez retrouvé leurs cadavres émasculés. Vos familles ont été massacrées. Alors tout devient permis. Même si vous avez commencé la guerre sans être trop hostile à ceux de l’autre camp, vous en venez à penser qu’ils n’ont plus rien d’humain. Alors pourquoi se gêner ? Ils sont communistes, chrétiens, noirs, tutsis, laquais de l’impérialisme, juifs, bosniaques… la liste est longue. C’est des qualificatifs qui exacerbent l’ardeur guerrière et vous autorisent à commettre les pires crimes contre ces sous-hommes. Et puis il faut bien que les copains ne soient pas morts pour rien.

On torture enfin, surtout, pour terroriser. Pour interdire toute velléité de révolte. On ne torture pas pour faire parler, on torture pour faire taire. Pour humilier, pour écraser. Si le torturé est nu, violé, si ses organes génitaux sont frappés, ce n’est pas seulement pour la douleur physique occasionnée, c’est pour détruire l’autre bien plus que dans sa chair : dans son âme. Lui et tous ceux que l’on prétend asservir.

La torture est-elle le pire des crimes de guerre ? Peu importe. Retenons seulement qu’il n’existe pas de guerre sans torture et que les destructions qu’elle engendre sont plus profondes encore que celles causées par les bombes.

Jean-Etienne de Linarès, l’ACAT-France

PS Cet ancien article, extrait de la revue « Parvis » n°38, est bien antérieur à la guerre d’Ukraine et c’est pourquoi elle n’est pas relevée ! Mais le drame de la guerre reste toujours aussi vif … et -hélas- actuel !

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Choisir d’apprendre à vivre ?   05 2022

Depuis que nous sommes tout petits, nous sommes allés à l’école et nous avons dû apprendre. Des leçons, des poésies, des verbes irréguliers, des cartes de géographie et des théorèmes de maths. Apprendre, c’était obligatoire. Nous n’avions pas vraiment le choix. Nous avons fait de notre mieux ou pas, selon notre caractère et nos aptitudes mais aussi les enseignants que nous avons croisés. Etudiants, nous nous sommes formés pour exercer un métier. Là encore, ce n’est pas toujours un choix ; il faut bien travailler pour gagner sa vie. 

 

Mais aujourd’hui que nous sommes adultes, que faisons-nous pour apprendre à vivre ? Pour nous connaître davantage, pour mieux nous comprendre, pour mieux communiquer avec nos proches et pour prendre des décisions plus ajustées ? C’est une question qui peut paraître saugrenue car personne ne nous y oblige ! Aucun examen, aucun diplôme ne sanctionne notre manière de vivre notre vie personnelle. Nous pouvons choisir d’appliquer les principes qu’on nous a transmis, de respecter des règles auxquelles nous croyons. Mais en nous, la vie bouge. Elle vient sans cesse remettre en cause nos certitudes, nos croyances et parfois nos choix. Alors que faire ? Comment réagir pour que ce qui nous bouscule soit une occasion de devenir meilleur ? 

 

C’est d’abord une question de choix. Un choix intime, que personne ne peut forcer. Certaines personnes ne se laissent pas remettre en cause. Elles ne le veulent ou ne le peuvent pas, peu importe. Et il n’y a aucun jugement à porter sur cela. D’autres ont envie d’avancer. Parce qu’elles croient qu’il n’y a pas de fatalité, qu’un changement est possible, qu’on peut évoluer à tout âge et apprendre de ses expériences, de ses succès comme de ses échecs. Parce qu’elles ressentent en elles une force, une dynamique qui les pousse en avant et les invite, au plus intime d’elles-mêmes, à se mettre en mouvement pour aller mieux ou se réaliser. 

Pour ces personnes qui cherchent, les moyens sont nombreux. Thérapies, méthodes de développement personnel, méditation. Lectures, stages… Approches corporelles ou intellectuelles. Le choix est si vaste ! A chacun de chercher ce qui lui correspond le mieux, à un moment donné de sa vie. Et ce qui est aidant à une période ne le sera peut-être plus quelques années plus tard. 

 

Mais quelle que soit l’approche choisie, le changement ne se fait pas tout seul. Il va falloir se retrousser les manches ! Accepter de se remettre en cause, de questionner nos certitudes, de se heurter, encore et encore, à de vieilles habitudes longues à défaire bien qu’elles ne nous conviennent plus. Accepter de ne plus avoir de repères parfois. Accepter que la liberté et le bonheur sont longs à conquérir, et qu’il nous faut une détermination tenace pour nous en approcher. 

Le chemin est long, mais on y trouve très vite des motifs de satisfaction. Que de joies en effet à mieux se comprendre, à observer que l’on évolue, à oser poser des actes qui paraissaient impossibles, à se sentir « mieux dans sa peau », à améliorer ses relations… Ce chemin vaut la peine, pour les multiples avancées qu’il permet, au fur et à mesure. 

 

A toutes ces personnes qui cherchent, j’ai envie de dire courage ! Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes tout un peuple d’hommes et de femmes motivés à devenir plus humains. Déterminés à devenir qui nous sommes vraiment, au fond de nous, parce que c’est le meilleur moyen de donner le meilleur de nous à notre monde et de contribuer à le transformer. C’est long, laborieux parfois, mais n’est-ce pas la plus belle manière de donner sens à notre vie ? 

       Marie-Pierre Ledru  - Mardi 1er mars 2022

PRH France

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SANTE et DEMOCRATIE ;  Réactions de lecteurs

Vaccination,

 

J'ai été déclaré positif dès le 14 décembre 2021, point de départ d'une mésaventure de 3 semaines qui m'a conduit à l'hôpital du 24 au 30/12. Cette période ne change pas le regard que je porte humblement sur la période Covid et le danger qu'il y a à diviser la population puis à stigmatiser et caricaturer la minorité en l'excluant du groupe (tout en excitant la majorité qui se sent soudain investie d'une mission et du pouvoir de juger...). La dernière sortie de notre Président venant finalement illustrer parfaitement la situation. 

 

Il est frappant de voir avec un peu de recul comment il a suffi de quelques saillies médiatiques du gouvernement pour que toute la presse dans un silence assourdissant et la grande majorité de la classe politique suive comme un seul homme sans se poser plus de questions. Cela explique sans doute quelques heures sombres de notre histoire ...

Sur le fond il y aurait matière à débattre sur les causes de ce fiasco démocratique mais finalement ces évènements sont révélateurs sur le fait que notre fonctionnement et notre organisation ne tolère finalement que très peu (pas ?) de contre-pouvoirs des citoyens et de la société civile. Particulièrement et paradoxalement, en temps de crise, le pouvoir central entouré de quelques conseils décide du dogme à imposer à la population (dans son intérêt bien évidemment). Ensuite, un discours est construit pour le vendre coûte que coûte quel qu'en soit le prix (y compris si nécessaire la manipulation, le mensonge, la dissimulation) car seuls eux savent ce qui est bon pour nous. Et si la vente ne marche pas, il y a recours à l'autorité. Bien entendu, aucune remise en question du dogme n'est envisageable en cours de route. 

 

Dans ce mode de fonctionnement, la contradiction, le débat, la réflexion, le questionnement n'ont pas leur place. La minorité doit plier, point barre. Par exemple, est-il possible de se poser la question de l'impact sur le système immunitaire de 3 injections de vaccin par an pendant XXX mois et donc de l'évolution de son rapport coût/bénéfice, en particulier pour les jeunes pour lesquels le risque covid est quasi nul ? Apparemment non. Jamais un journaliste ne posera cette question sur un plateau télé.

Tout cela devrait montrer l'urgence d'une réforme de notre belle démocratie vers une version plus mature, plus adulte, plus transparente avec des instances citoyennes ou le pouvoir élu ne serait pas sur un piédestal mais devrait rendre des comptes en permanence et pas seulement tous les 5 ans. Mais, à la lumière de ces derniers mois, je me demande si cette opinion n'est pas finalement très minoritaire (encore !), la majorité des personnes qui m'entourent préférant finalement un système centralisé autoritaire plus rassurant qui évite de se poser des questions...

Alain Brosseau

 

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La bagarre continue !

 

À ma droite, largement majoritaires, les provax (par raison, par crainte, par soumission ?) ; à ma gauche, minoritaires, les antivax (par raison, par crainte, par complotisme ?). Entre les deux, les indécis perplexes et les nombreux vaccinés à contre-cœur (pour ne pas perdre leur travail, pour vivre une vie un peu normale). Les premiers accusent les seconds d’imprudence, d’incivisme, d’être des dangers pour eux-mêmes et pour la société et d’engorger les hôpitaux. Les seconds accusent les premiers d’imprudence et de crédulité, d’intolérance et de dictature ! Peut-on se parler en frères, discuter au lieu de s’invectiver ?

 

Trois remarques pour peut-être relativiser.

1. Si la stratégie du tout vaccin montre ses limites et entraîne, à ce que je vois autour de moi, plus de séquelles graves qu’on ne le dit, on ne peut cependant pas nier son efficacité, particulièrement pour les personnes à risques (âge, comorbidités). Il semble aussi que soigner plus précocement (grâce aux tests) sauverait bien des vies.

2. Si l’on veut traquer ceux qui engorgent les hôpitaux, il faut aussitôt interdire le tabac, sevrer de force les fumeurs et les alcooliques, car leur comportement fait beaucoup, beaucoup plus de dégâts que la Covid.

3. Enfin (je m’efforce d’être impartial), on peut comprendre les réticences devant des vaccins dont personne ne connaît les effets à long terme, puisqu’il faudrait un recul de 10 ans. C’est au bout de plusieurs années que Distilbène, thalidomide ou Mediator ont révélé leur nocivité.

Comparaison n’est pas raison, et j’espère bien que nos vaccins ne sont pas des bombes à retardement. Mais ne peut-on accepter, au bénéfice du doute, des choix différents, sans diaboliser ni violenter personne ? Hélas, on n’en prend pas le chemin !

Alain Caburet

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       Je ne suis pas du tout antivax d'une manière générale, je suis simplement non "vacciné" covid (ce n'est pas un vaccin au sens habituel) avec mes raisons construites avec mes appréciations de ce qui s'est passé depuis 2 ans. Au tout début de l'enthousiasme d'un "vaccin " miracle qui a fait grimpé le CAC 40, j'ai eu des doutes sur le sérieux de l'affaire. Je me suis renseigné auprès de médecins scientifiques indépendants de haut niveau comme par exemple le docteur Michel de Lorgeril reconnu au niveau international par ses travaux.

        Pour faire court, ce "vaccin "n'est surtout pas solidaire, il suffit d'ouvrir les yeux sur la réalité : étant vacciné on peut prendre le covid et le transmettre à d'autres !!!!

Protège t'il la personne ? Il n'y a aucune preuve probante ( les courbes de personnes décédées ou en soins intensifs sur la base des données officielles dans différents pays plus ou moins "vaccinées" sont analogues...).

        Les nombres de personnes contaminées ne représentent pas du tout la réalité : il suffit de faire peur ou d'imposer des tests pour faire augmenter le chiffre qui ne représente pas la dangerosité de l'épidémie. C'est pourtant sur ce critère que le pouvoir se base pour imposer des contraintes insupportables (notamment pour les enfants).

        Enfin, ces "vaccins " ont été appliqués à des centaines de millions de personnes à travers le monde alors que les essais cliniques ont été bradés en ne pratiquant pas le double aveugle correctement, comme tous les médicaments doivent être testés. Par conséquent ces essais n'ont aucune valeur et donc les effets secondaires inconnus. Aujourd'hui on sait officiellement qu'ils battent les records de leurs prédécesseurs....mais on en parle pas!

        La publicité vaccinale est répercutée en boucle (un peu moins maintenant) sur tous les grands médias à coup de slogans et d'ordres sans justifications scientifiques solides.

J'ai 77 ans et j'ai "survécu" au covid sans problème à part une perte de goût de 2 mois...

Jean

 

Pétition demandant la création d’une commission d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins contre le covid-19. Rendez-vous sur la plateforme e-pétitions du Sénat français : 

https://petitions.senat.fr/initiatives/i-917

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"Agir, grandir et son âme embellir" par Van de Woestyne

 

C'est quoi une vie pour finir ?

Naitre, grandir, devenir.

Espérer, vouloir, tendre vers l'avenir.

Ne pas croire que le meilleur est à venir.

Parfois le meilleur est là, mais nous évitons de le cueillir,

la tête penchée sur nos pas, à toujours vouloir courir.

Vivre, ce n'est jamais se dire que tout est acquis, sans coup férir.

L'amour d'une femme ou son sourire.

Le bonheur des enfants, dès leur premier soupir.

L'envol des ados et leurs premiers délires.

Que serions-nous sans la jeunesse pour nous éblouir ?

Sans elle, nous laisserions la Terre s'anéantir,

les espèces dépérir, les jours roussir, l'avenir s'assombrir.

Vivre, c'est toucher le bonheur, essayer de le contenir.

Le cultiver, le laisser fleurir.

Vivre, c'est réussir sans se durcir.

Construire une famille, l'agrandir.

Apprendre à donner, à offrir.

Tenir, oui tenir, sans trop dépérir.

Subir des accrocs, des drames, douter et malgré tout, sourire.

Souffrir, parfois en silence, sans rien dire.

Mais aussi se lâcher, pleurer, décompresser, se souvenir sans rougir.

Vivre, c'est apprendre, surtout, à aimer, parfois jusqu'au délire.

S'émouvoir, trembler, serrer jusqu'à faire pâlir.

Vivre, c'est aider ceux d'ici, que l'on veut chérir.

Mais aussi tendre la main, à l'étranger, venu sur un navire.

L'écouter, ne pas le juger, l'aider à rebondir.

En un mot, l'accueillir et sa vie, l'adoucir.

Vivre, c'est se chercher, se trouver, s'épanouir,

que déjà, c'est si court, il faut partir.

Non pas maintenant, encore trop de choses à découvrir.

Le temps n'est pas encore venu de fléchir.

Mais bien de continuer à s'épanouir.

Et savourer tout ce qui dans la vie nous fait encore frémir.

Car chaque jour, l'objectif demeure : agir,

grandir et son âme embellir.

Joyeux Noël. Faites de 202*, un saphir.

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Silence et parole  Enzo Bianchi

        ... Le silence est l'absence de bruits et de mots, mais, tu le sais, il recouvre une réalité plurielle : le silence peut être exigé dans certains lieux en certaines circonstances... Si certains silences sont lourds, d'autres sont nécessaires et fonctionnels. En effet, par bonheur, il existe des silences positifs, auxquels on ne saurait renoncer : le silence de respect devant la parole de l'autre; le silence que l'on choisit, car il est "un temps pour parler et un temps pour se taire" (Qo 3,7); le silence de l'amitié et de l'amour, où le langage non verbal permet au silence de devenir parole; le silence de la présence et de la plénitude, lorsqu'on est bien ensemble et que cela suffit; le silence qui est écoute amoureuse, attentive, contemplative, recueillie; le silence "d'une brise légère", qui se fait voix ténue comme pour Elie sur le mont Horeb (1R19, 12-13); et puis, il y a le silence intérieur, qui habite le cœur de chacun de nous, qui permet de faire place à la présence des autres et de Dieu...

        Mais pourquoi faire silence, pourquoi apprendre progressivement le silence ? Avant tout parce que dans le silence nous faisons l'expérience d'énergies qui génèrent une activité intellectuelle plus féconde : le silence stimule notre mémoire, il affine nos facultés de raisonnement et d'imagination. Oui, dans le silence, nous devenons plus réceptifs aux impressions transmises par nos sens : nous voyons, nous écoutons, nous sentons, nous touchons mieux ! Ainsi, lorsque nous voulons faire une caresse -ou la recevoir- le silence se fait tout naturel ...

        Tu peux tenter l'expérience de la solitude. Tu verras que les heures durant lesquelles tu ne parles pas et n'écoutes ni mots, ni bruits te rendent différent ; elles t'aident à écouter ce qui t'habite au plus profond de toi.

        Ainsi, nous prenons peu à peu conscience des raisons qui nous font parler. Nous faisons connaissance de réalités insoupçonnées : nos mots sont souvent des instruments de conquête ou de séduction, qui permettent à notre "moi" de gagner en puissance, d'acquérir un certain succès. Nous nous apercevons que nos paroles sont agressives ou intéressées, qu'elles visent un but non déclaré, qu'elles sont des outils de manipulation. Alors, dans le silence, nous apprenons à parler, à veiller toujours plus attentivement sur le style de notre communication afin que, dans le dialogue, nos mots soient toujours davantage source de communion et de paix...

     Enzo Bianchi   (Panorama)

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Entre présence et absence, entre engagement et lâcher-prise, entre disponibilité et veille Jean-Claude Devèze

Dans notre monde encombré, la recherche d’intériorité inspirant des implications responsables exige de trouver les bons équilibres entre le trop plein et le vide, entre une pleine présence à autrui dans la rencontre et une absence permettant de nourrir une vie intérieure ; cette dernière peut être porteuse d’une attention renouvelée à l’autre comme d’une ouverture à des voies nouvelles à explorer. Alors qu’il est souvent difficile de se consacrer à l’essentiel vu les tentations et les pressions d’une société qui nous harcèle, comment être à la fois disponible pour coconstruire la société fraternelle à laquelle nous aspirons et prendre le temps indispensable pour discerner la voie à suivre et nourrir notre vocation ?

Dans nos débats sur la vie démocratique de nos mouvements, une nouvelle approche est souvent privilégiée, celle du « centre vide » qui permettrait à chacun d’avoir sa part de pouvoir. Inexorablement, pourtant, se posent les problèmes de la façon de faire vivre une organisation, de l’animer et de la gérer comme de déterminer ses priorités ; lors de la création d’un mouvement, il est certes souhaitable d’autogérer le processus de création permettant de dégager des finalités partagées et un socle commun de convictions, mais il est ensuite nécessaire de se fixer des règles communes et de désigner des responsables acceptant de se mettre au service du groupe pour permettre leur mise en œuvre et leur adaptation à la vie de l’organisation. Comment concilier un engagement de tous permettant d’avancer ensemble et un lâcher-prise de chacun quand il faut laisser mûrir les décisions et se développer les initiatives ?

Dans nos vies collectives à réguler, on a besoin de personnes pleinement présentes à autrui, mais aussi capables de prendre de la distance pour se ressourcer comme pour laisser chacun cheminer sans le retenir dans des filets bridant sa créativité. Comment allier disponibilité empathique et retrait vigilant ?

Nous avons besoin de nous recentrer sur l’essentiel pour parler vrai comme pour écouter pleinement ceux qui nous interpellent et nous dérangent, le pape François comme Marion Muller-Collard nous proposant de « se réduire » pour laisser la place à l’autre. Une voie à explorer est de développer une présence contemplative, source de recréation et de renouveau.

https://www.democratieetspiritualite.org

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       Pourquoi écris-tu de la poésie ? par Abdellatif Laâbi


31 août 2015
- Pourquoi écris-tu de la poésie ? Peux-tu nous le dire ?
- Va savoir pourquoi l'abeille butine l'hymen des fleurs, pourquoi le soleil fait don gratuitement de sa lumière, pourquoi l'homme et la femme sentent monter en eux au même moment le fluide de la reconnaissance et de la fusion, pourquoi le nouveau-né sourit pour la première fois alors que ses yeux distinguent à peine ce qui l'entoure. Sans parler du pourquoi de ces pourquoi. Qui, quoi parle en nous cet idiome intérieur venu du continent intérieur et qui n'est d'abord traduisible dans aucune langue reconnue car poussée vitale dont on ne peut happer avec les mots que la partie infime, quelques ruisselets participant modestement du fleuve caché de sa houle ?

19 mai 2016
J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui dont le coeur tremble d'amour pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté paix dignité
Celui qui considère que la Vie est encore plus sacrée que ses croyances et ses divinités
J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui qui combat sans relâche la Haine en lui et autour de lui
Celui qui dès qu'il ouvre les yeux au matin se pose la question :
Que vais-je faire aujourd'hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d'être homme ?

Abdellatif Laâbi né en 1942 à Fès, est un poète, écrivain et traducteur marocain. Il a fondé en 1966 la revue Souffles

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S’approprier le silence par Jacques Musset

 

Le silence est le lieu par excellence de retrouvailles avec soi-même. Silence et recueillement ne sont pas pour autant des valeurs spontanément reconnues comme capitales, et cependant sans elles nous  risquons de traverser la vie comme des girouettes, des somnambules, des automates et des caméléons.  Occupés et suroccupés du matin au soir, nous courons de la maison au travail, du travail aux loisirs, des loisirs aux réunions, et des réunions chez le médecin qui diagnostique un stress prononcé.  Nous nous activons, mais quel sens a cette agitation qui nous mène, dont nous nous plaignons mais  dont nous ne pouvons  nous passer, comme le drogué qui aime sa dépendance. Est-il possible d’avoir prise sur cette course incessante et d’y trouver des espaces de silence où reprendre souffle, mettre à distance ce que nous vivons et la manière dont nous le vivons ?

 

La question est sacrilège pour certains qui verront dans ces moments d’arrêt un luxe pour gens désoeuvrés, une introspection  malsaine qui coupe les cheveux en quatre,  un examen de conscience culpabilisant et démobilisateur, un gaspillage de temps précieux, une focalisation sur son nombril. Ceux-là n’ont pas le temps de se poser. Ils foncent, foncent et se retrouvent au bout du compte face à un précipice, à un vide existentiel quand les enfants ont quitté la maison, quand ils sont privés, au temps de la retraite, de leurs bouillonnantes activités professionnelles, ou plus tard quand les infirmités les réduisent à l’inactivité ou à des maladies invalidantes. C’est le désastre !  C’est cependant pour certains l’occasion pour la première fois de s’interroger sur la signification de leur existence et le début d’un chemin d’appropriation de leur vie. Heureux dépouillement qui les conduit à revenir à eux-mêmes. Il n’est jamais trop tard pour le faire. Certains êtres après une vie d’insouciance et de divertissement (au sens pascalien du terme) - y compris dans le domaine religieux, car on peut « fonctionner » dans ce secteur d’existence comme dans tous les autres - s’éveillent sur le tard à leur humanité. Ils constatent alors, faute d’avoir pris le recul nécessaire au temps opportun, que dans leurs activités - vécues pourtant avec assiduité et rigueur - ils ont été plus vécus que vivants, manipulés, entraînés inconsciemment à dire, à croire et à faire des choses qui leur paraissent désormais bien superficielles et factices. Tant mieux pour quiconque  a eu cette chance avant de mourir.

 

A voir, par contre, des vies qui se terminent  dans une sorte de regard négatif sur leur itinéraire qu’elles jugent raté et qui les conduit à une passivité résignée,  à une amertume rentrée, à un  désintérêt pour tout, à un mutisme glacé, à une rancœur et une critique acerbe contre le monde entier, on peut se dire qu’il n’est pas inutile et qu’il est même essentiel, au long des années, de s’interroger sur le sens de son existence. Les moyens ne manquent pas et parmi eux l’expérience du  silence et du recueillement. Prendre le temps de s’arrêter, de faire une pose dans ses activités quotidiennes,  quelle meilleure pratique pour faire la vérité sur soi-même, laisser tomber l’agitation intérieure, relativiser ce qui prend parfois dans sa vie des proportions exagérées, calmer ses émotions, ne pas se laisser envahir ni emprisonner par les soucis immédiats, décanter en soi ce qui est artificiel, mondain, superficiel, débusquer ses illusions, se dépouiller de ses masques, prendre conscience de ses réactions récurrentes,  héritées de ses parents ou de son milieu, qui brouillent ses relations avec autrui, bref à travers tout cela  être conscient de la manière dont on conduit son existence. Mais cette décantation si nécessaire, ce travail de décapage intime si capital, cette lucidité portée sans concession sur soi n’ont pour but que de nous permettre de réajuster sans cesse notre vie sur ce qui nous semble l’essentiel, c'est-à-dire ce qui apparaît la voie de la vérité à chacun de nous. Car ce chemin n’est pas identique pour deux personnes ; il est original pour l’une et l’autre qui s’essaient cependant en même temps d’être fidèles  à la  voix intérieure qui les sollicite au plus intime. Ainsi, le silence est-il un espace privilégié pour naître à son humanité.

 

On peut trouver le silence intérieur partout si nous le cherchons : sous un abri bus en attendant le tramway ; dans un transport en commun ; sur les sentiers de randonnée solitaire ; dans  une pièce reculée de sa maison ; au fond d’une église, en dehors des offices ; dans un monastère  où l’on vient passer quelques jours ; en lisant tranquillement un livre ; dans un côte à côte régulier et recueilli avec son conjoint ou d’autres personnes. Il est bien sûr des endroits et des moments plus privilégiés. A chacun de les découvrir et de se les imposer, non comme une corvée mais comme un besoin vital dont on a déjà expérimenté les bienfaits. Il y a certes un acte de foi à franchir les premiers pas, mais si l’on y consent, n’est-ce pas parce qu’on est secrètement en attente de ce ressourcement ? Tout vient à son heure pour qui n’a pas verrouillé les portes de l’interrogation sur soi-même. Mais cette dernière hypothèse existe-t-elle dans la mesure où à maintes reprises dans l’histoire  des êtres apparemment « bétonnés »  spirituellement se sont réveillés soudainement à la faveur d’un événement qui remettait en cause les sécurités dans lesquelles ils s’étaient douillettement enfermés ? François d’Assise, Ignace de Loyola, l’abbé de Rancé, Charles de Foucault, qui ne rêvaient que de vie facile ou de prouesses guerrières ne témoignent-ils pas que tout homme  est habité au plus intime par l’interrogation essentielle : « Que fais-je de ma vie ? » même si le questionnement est recouvert d’une épaisse couche de scories qui empêchent la Voix de se faire entendre. Il suffit d’un tremblement de terre intérieur, d’une déflagration intime,  pour que le murmure de la Voix  se faufile à travers le sol fissuré et parle au coeur de l’intéressé. Là se joue sa liberté de tendre l’oreille et de commencer un cheminement dont il ne peut prévoir jusqu’où il  le conduira.

 

Toutes les traditions spirituelles qui proposent aux humains des chemins pour naître à eux - mêmes invitent à faire l’expérience du silence. On comprend que ce n’est pas sans raison. Dans la tradition bouddhiste, vieille de 2600 ans, le recueillement est particulièrement à l’honneur. Il ne s’agit pas, comme on le prétend parfois à tort, d’une fuite du monde et d’une recherche égocentrique de sérénité. Le moine ou le laïc qui s’adonne au silence et à méditation, seul ou avec d’autres, s’efforce  de prendre conscience de tous les obstacles qui l’empêchent de vivre en vérité, des illusions qui l’emprisonnent dans une façade sociale, des attachements, certains très subtils, qui le maintiennent esclave et lui barrent la route de la vraie liberté. Ces prises de conscience sont capitales pour se débarrasser de ces chancres de la vie spirituelle et pour avancer dans la pratique d’une unité intérieure.

 

Dans la tradition juive, le silence qui rime avec désert est tout aussi présent que la parole et est même une condition pour une parole authentique. «  Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler », écrit un sage. L’expérience du désert est  fondatrice du peuple de la Bible. Espace dépouillé de tout ce qui peut captiver  et retenir l’attention, où le peuple, sorti de captivité, ne dispose plus de ses appuis habituels, de son relatif confort, de ses repères,  où  l’horizon qui se perd à l’infini peut inspirer la crainte de se perdre,  où la vie quotidienne est rude, la nourriture frugale et l’eau rare,  le désert est dans la spiritualité juive le lieu par excellence du ressourcement. Le  cœur et l’âme sont mis à nu  pour devenir disponibles à l’essentiel. L’épreuve est très rude. De terribles tentations se font jour : le désir de revenir à la case départ, le doute de s’être fourvoyé, la tentative de se raccrocher aux fausses sécurités d’antan, la plainte et la récrimination permanente. Mais la traversée du désert est aussi chemin de libération. Peu à peu, le peuple nomade fait l’expérience dans la précarité de sa véritable identité. La voix qui l’a conduit au désert ne lui a pas menti : sa vocation est d’être un  peuple libre et fraternel.  Il jure qu’il lui sera fidèle. Mais devenu sédentaire, il oubliera souvent cet appel : il recourra de nouveau aux vieilles lunes et  pratiquera sans vergogne l’injustice. L’un des premiers prophètes, Elie, incompris, persécuté et au bord du découragement s’enfuira au désert retrouver souffle et revenir dire ses quatre vérités à son peuple infidèle.  Les siècles passant, il faudra pourtant une thérapie de choc. Le retour au désert qui prendra la forme d’une effroyable déportation en terre étrangère au 6ème  siècle avant notre ère sera  paradoxalement le creuset d’un réveil spirituel extraordinaire. Merveilleux malheur ! selon la belle formule du psychiatre Boris Cyrulnik, qui  exprime par là la capacité des êtres humains à rebondir dans l’existence … Pareil approfondissement et maturation auraient-ils été possibles sans ce dépouillement qui a contraint le peuple non seulement à revenir à ses sources vives mais à en faire jaillir des enseignements inédits ? Aujourd’hui, la rumination silencieuse de la Thora pour en tirer des sens toujours nouveaux précède l’exercice communautaire de débat où chacun fait part de sa lecture méditative…

 

La tradition chrétienne est l’héritière de la tradition juive. Pour elle également l’expérience du silence est essentielle pour « aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit et son prochain comme soi-même », ces trois composantes du même commandement, selon Jésus. Les évangiles témoignent de l’importance du silence dans le cheminement du Nazaréen. Lui aussi s’est retiré de temps à autre et jusqu’à ses heures  ultimes dans des lieux déserts pour se ressourcer solitairement. Moments de décantation d’une vie quotidienne surchargée, temps d’écoute de la Voix intérieure, consentement aux exigences intimes perçues dans ces instants de lucidité et d’authenticité. On comprend qu’il invite ses disciples à faire de même : «  Quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret…Quand vous priez ne rabâchez pas… Votre Père sait ce dont vous avez besoin » (Mt 6, 6-7). Etre là, silencieux, disponible, présent à soi-même et à Dieu, et d’abord à soi-même n’est-ce pas cela la prière chrétienne, car comme le dit très justement Marcel Légaut, « c’est par le plus intime de nous-même que passe le chemin qui nous conduit à Dieu ». Qu’on soit moine, au fond de son monastère, père et mère de famille veillant aux soins des enfants et à l’entretien de la maison, patron d’une entreprise soucieux du carnet de commandes, délégué syndical attentif au respect des conditions de travail,  ou député travaillant d’arrache-pied à une législation plus juste, si l’on se dit disciple de Jésus, c’est à chacun de trouver les voies et les moyens de se recueillir pour naître à son humanité. Dans les communautés de l’Arche fondées par Lanza del Vasto, il est une habitude dont beaucoup de chrétiens pourraient  s’inspirer. Toutes les heures, la cloche sonne et, pendant quelques brèves minutes, chacun, là où se trouve, arrête ses occupations et fait silence. Cette exigence, librement consentie, favorise à la longue la présence à soi-même, à autrui et à la Source intime qui ne se fait entendre que dans le murmure d’une légère brise.

 

L’Islam dans sa veine la plus pure promeut aussi le silence comme lieu de rencontre avec soi-même et avec Dieu. C’est dans la solitude des montagnes que Mahomet a pris conscience de la grandeur du Dieu unique, de sa transcendance et même temps que de sa miséricorde. C’est dans ces solitudes inhabitées qu’il a compris par contraste l’inanité des représentations grossières du divin  en vogue dans sa société. C’est de cette expérience première qu’est née la religion dont il est le fondateur. Le reste est second,  ajouté et surajouté au fil des années  dans un contexte historique dont on peut parfaitement rendre compte aujourd’hui. L’intuition fondamentale à laquelle tentent de revenir un certain nombre de musulmans aujourd’hui au-delà des lois et prescriptions socialement datées concernant la morale et la politique est cette révélation intime que le prophète a connue à la mesure de son attente intérieure. C’est, me semble-t-il, le fond même de la foi des grands mystiques musulmans, dont les confréries soufies réparties à travers le monde sont les héritiers. Un islam qui invite à l’ouverture du cœur et qui prêche la fraternité universelle. Les relations étroites qui ont lié la communauté monastique des trappistes de Tibhirine en Algérie et celle des soufis des environs sont le signe de leur connivence profonde, enracinée dans une approche respectueuse du Mystère secret et indicible qui les animait tous. Qu’adviendra-t-il lorsque les diverses traditions, décantées  de leurs éléments secondaires et recentrées sur leur essentiel originel, grâce à un travail courageux de réinterprétation - chantier toujours à poursuivre - se rencontreront pour partager ce qui les fait vivre ? Peut-être que par-delà les mots  employés -nécessaires mais jamais totalement adéquats -, la communion s’établira dans le silence.

 

Naître à soi dans toutes ses dimensions ne peut donc vraiment advenir qu’en empruntant les voies du silence et en acceptant de s’y enfouir. Il est une expérience à la portée de tous qui en est pour moi un vivant  symbole. L’hiver est la saison des longues et imperceptibles gestations. Regardez les arbres dénudés. On les croirait morts. En réalité, ils portent des bourgeons minuscules, promesses de feuilles printanières et de fruits savoureux pour les saisons d’été et d’automne. Soyez aussi attentifs aux jardiniers : ils enterrent dans leurs jardins des oignons de tulipes, de narcisses, de jacinthes et de muscaris qui fleuriront quelques mois plus tard. Quand les premières chaleurs d’avril et de mai caresseront la terre, ils ensemenceront le potager de graines de radis, de salade, de persil, de carottes, de betteraves rouges et ils planteront des pommes de terre. Le long séjour dans le silence  de l’humus conditionne l’avènement de toutes les merveilles qui par la suite enchanteront nos yeux et régaleront nos palais. Alors pourquoi en serait-il autrement dans la vie spirituelle qui est, elle aussi, un patient enfantement de soi-même ?  Si vous n’avez pas de jardin, n’hésitez pas à semer  dans un pot sur le rebord de votre fenêtre quelques graines de persil. En voyant le miracle s’accomplir, vous vous rappellerez qu’aucune vie ne pousse hors du lent travail silencieux des profondeurs. Et peut-être que devant vos quelques centimètres carrés de terre nue et  face aux premières apparitions de verdure, vous vous souviendrez que pareillement votre humanité ne peut croître que dans le mystérieux et silencieux engendrement  qui n’a jamais de fin.

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« La tendresse pour tout bagage » Denis LEDOGAR

Tout marin, tout passager qui monte dans un bateau attend et espère une traversée sans histoire. Ainsi étaient les apôtres… ainsi chacun de nous attend et espère une traversée paisible de la vie. Mais voilà… Il n’y a pas de vie sans tempête, sans orage. Qui n’a pas failli chavirer sous les rafales de la douleur, du désespoir, de la révolte, des questions sans réponses ? Oh ! non, il n’y a pas de vie sans tempête. Mais il y a des barques plus fragiles et des tempêtes plus violentes que d’autres. Comme cette tempête de douleur qu’est la disparition d’un être cher. Confronté à la plus grande des souffrances, on a envie de hurler, on a envie de cogner, simplement parce qu’on n’a pas pu empêcher ce qui est arrivé, parce qu’on se découvre impuissant face à des forces déchainées et implacables qui bousculent nos convictions, et qui arrachent sur leur passage nos ultimes certitudes. Alors seulement on fait la tragique expérience de la plus radicale pauvreté, car la mort d’un proche nous dépouille de nos mots, de nos fondements intimes, de notre courage, de nos rêves… Emporté dans la tempête, comme les apôtres, oui on a peur : on a peur d’aujourd’hui et peur de demain, peur du jour qui se lève, peur de la nuit qui va tomber ; on a peur de la solitude, peur de ne pas pouvoir y arriver seul ; on a peur des autres et de soi-même

Passage page 17 tiré du livre Editions Pocket

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   Pandémie : une maladie psychologique à l'échelle internationale ? par Michel Benoit

 

Extrait (début) :

Peut-on chercher comment s’est formé l’épais brouillard d’informations, d’annonces, de protocoles, de recommandations, d’obligations, de volte-faces… qui nous étouffe depuis 8 mois ?

C’est un trouble de l’esprit qui se traduit par une perte de contact avec la réalité. La psychose déforme la relation avec ce qui est, supprime la différence entre le vrai et le faux, le réel et l’imaginaire. ...

 

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 http://michelbenoit-mibe.com/2020/09/pandemie-une-maladie-psychologique-a-lechelle-nationale/

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       Recueil de témoignages en souvenir de Jean SULIVAN

 

 Jean Sulivan est mort accidentellement le 16 février 1980. Quarante ans après sa mort, les éditions "L’enfance des arbres" lui rendent hommage à travers ce recueil de témoignages. Le journal Le Monde a autorisé la publication des articles chaleureux ayant accompagné la sortie de ses livres. Soixante lectrices et lecteurs ont accepté de dire en quoi cette écriture était restée pour eux chant et source, parole essentielle.

 

AUTEURS :  Jean Sulivan - Bernard Feillet - Henri Guillemin - Jacques Madaule - Jean Onimus - Jacqueline Piatier - Pierre-Henri Simon

 

PAROLES D’AMIS :  Jean Debruynne - Jean Lemonnier - Allessandro Pronzatto - Joseph Guillot

 

TÉMOIGNAGES : Charles Austin - Yolande Barbedette - Maria Antonietta la Barbera - Jacques-Yves Bellay - Geneviève Berthezène - Dominique Boidin - Jacques Bonnadier - Marie Botturi - Brigitte Brender - Arnaud Choutet - Anne Chupin - Michel Cool - Dominique Collin - Guy Coq - Dominique Dao Hu Bao - Françoise Derouet - Rouillé - Vincent Doulain - Lise - Simone Gendrot - Patrick Gormally - Claude Goure - Christine Guenanten - JeanClaude Guillebaud - Gilles Herlédan - Marie- Laure Herlédan - Christiane Keller – Corinne Kitous - Bruno Lalonde - Bernard Lamy - Rémi Landais - Martin G. Laramée - Jean Lavoué - Malou Le Bars - Marc Leboucher - Paul Legavre - Guy Legrand - René Lemay - Eamon Maher - Jean Marichez - Robert Migliorini - Hélène Mora - Jacques Musset - Colette Nys- Mazure - Frédéric Pagès - René Poujol - Anne Prouteau - Bertrand Révillion - Gabriel Ringlet - Patrice Saliot - Bernard- Joseph Samain - Robert Scholtus - Anne Sigier - Geneviève de Simone-Cornet - Pierre Tanguy - Joseph Thomas - Myriam Tonus - Gérard Vincent - Marie-Thérèse Weisse

 

La parole, c’est ce « Lève-toi et marche », qui n’en finit pas d’être dit et de nous créer. Un jour j’ai résolu de faire confiance à cette parole-là, non assurée, peu glorieuse, joyeuse cependant dans la pauvreté d’un doute actif et passionnel. J’ai appris à vivre presque serein dans le buisson d’épines des questions. Je me suis aperçu que les questions éternelles se jouaient au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair, dans le souffle. Pour moi, tout a changé. Finalement, nous ne sommes tous que des passants. – En marche vers l’éternité ! – Déjà dans l’éternité. L’instant c’est l’éternité.

 

            Jean Sulivan           

 

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La vie n’est pour personne un « long chemin tranquille ». Comment utiliser alors ses propres difficultés, ses limites, ses fragilités, ses expériences comme de véritables tremplins ? Comment peuvent-elles mêmes devenir des forces nouvelles ? C’est ce que Jacques nous précise dans son témoignage par le « consentement au réel »

J’ai expérimenté ce que veut dire consentir au réel

et se l’approprier  par Jacques Musset

 

Ces mots-là me sont extrêmement précieux, ils ont acquis à mes yeux un poids très lourd de signification, mais au terme de quel cheminement malaisé ! Quel travail intérieur m’a-t-il fallu en effet pour parvenir peu à peu au consentement de ce qui s’est imposé à moi d’une façon inévitable et à en faire un tremplin de maturation humaine ?

 

Pourquoi le consentement ne va-t-il pas de soi ? C’est que les obstacles ne manquent pas qui nous font renâcler, maugréer, nous esquiver, nous encolérer, déprimer face au réel incontournable de nos existences : notre hérédité, nos héritages parentaux, notre formation intellectuelle, notre éducation, nos limites, notre tempérament avec ses tics et ses aspérités, notre appartenance à une histoire, les événements auxquels nous sommes confrontés et, notamment, ceux qui nous « tombent » dessus d’une manière imprévue comme les maladies sévères, les handicaps de toutes sortes. Ils nous mettent en face de nos impuissances, de notre finitude et au bout du compte de la mort. … C’est vrai, il est difficile et éprouvant de renoncer spontanément à maîtriser notre destin. Chacun avance à son rythme.

 

Pour ma part, j’ai eu à consentir non sans peine à la mère qui était la mienne. Directive et inquisitrice, elle m’a souvent fatiguée et agacée durant mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse avec ses questions, ses recommandations, ses conseils, ses mises en garde, son attitude de surprotection. J’ai souffert de cette situation qui m’a absorbé des énergies et les a rendus indisponibles pour d’autres investissements. J’ai rêvé maintes fois d’avoir une autre mère, idéale celle-là, qui aurait à mon égard une relation plus respectueuse. Ce malaise a duré trente-trois ans jusqu’au jour où, grâce à une psychothérapie de quelques mois, j’ai réellement consenti intérieurement à la réalité : ma mère était ma mère et il me fallait l’accepter. Ma terre originelle étant ce qu’elle était, c’était sur cette terre que je devais bâtir mon existence. A partir de là, j’ai adopté réellement celle qui m’avait donné le jour et au lieu de demeurer indéfiniment frustré de ce qu’elle ne m’avait pas apporté, au lieu d’entretenir en moi l’amertume, la révolte et la révolte, j’ai fini par « capituler », ne plus vivre dans le rêve mais dans la réalité. J’ai pris avec plus d’aisance mon existence en main. Depuis ce jour, mon regard a changé. J’ai décelé les causes du comportement de ma mère liée à une enfance éprouvée et humiliée. Je suis devenu indulgent envers elle et je lui ai pardonné volontiers ses comportements outranciers, sans en avoir peur. J’ai commencé à découvrir également ses richesses.

 

 Vis-à-vis de mon éducation religieuse dogmatique et moralisante, il m’a fallu du temps pour y consentir. Certains amis continuent de réagir violemment contre la leur. « On nous a eus », répètent-ils et ils distillent de la hargne contre le catéchisme, leur confesseur, leur curé, leurs enseignants, les évêques et le pape… Personnellement, je suis conscient de l’endoctrinement dont les petits ruraux de ma génération ont été l’objet dans leurs paroisses ... Pour lire la suite, cliquer

 

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Croire ou savoir

Les biologistes ont découvert chez l'homme des particularités physiologiques qui n'existaient au mieux que d'une façon rudimentaire chez les mammifères dits supérieurs. Dès les années 30, Mac Lean avait découvert trois niveaux du cerveau humain, dont celui qu'il a appelé "Cortex" de l'épaisseur d'une membrane chez les animaux, mais qui avait une consistance bien réelle chez l'homme. En même temps, il a pu déterminer les rôles respectifs de chacun d'eux.

Le cerveau "reptilien" se charge des fonctions instinctives, le cerveau "Limbique" de la mémoire, et le "cortex" constitue la zone de calcul, réflexion, comparaison ..., un peu comme le microprocesseur d'un ordinateur manipule les données contenues en mémoire dans le disque dur (limbique).

 

C'est ce qui fait que l'homme a de tout temps observé, corrigé, amélioré tout ce qui était son quotidien. Depuis qu'il est chasseur cueilleur, et surement bien avant, jusqu'aujourd'hui, il a un fonctionnement caractérisé par un "perfectionnement continu", aussi appelé "toujours plus".

On peut dire, sans se reporter à aucune croyance, que l'homme se perfectionne depuis la nuit des temps, et qu'il rêve de quelque chose qui soit parfait. A cet égard, on peut regarder la perspective de son évolution pour mesurer le chemin parcouru.
Il a vu l'extraordinaire alternance jour-nuit, le miracle du soleil qui se lève chaque jour, avec les prodigieuses possibilités, pour faire quand le soleil est levé, et se reposer quand le jour est fini. Il a pu en déduire que le soleil ferait une belle perfection et s'en est fait un Dieu.

Dans un autre temps, l’homme a constaté que le Nil irriguait régulièrement la vallée pour en faire une terre d'abondance... C'était un bel exemple de Dieu.
Plus généralement, il a trouvé d'autres perfections aussi diverses que variées, de l'amour, de la guerre, de l'agriculture,... de quoi meubler l'Olympe, les temples aztèques, et le reste du monde, d'autant de cultes et de religions.

On peut juste affirmer aujourd'hui que toutes ces religions ont choisi ce qu'elles reconnaissaient comme des perfections pour fonder leurs cultes et en faire leurs dieux.

 

Et lorsque dans la religion catholique on dit "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu", on confirme que Dieu est bien un modèle de perfection. 

Voilà de quoi expliquer l'avènement des religions.
Je n'entrerai pas dans le détail de ce que l'homme en a fait : des rassemblements, des communautés reliées par leur croyances, une concurrence entre les religions pour savoir la quelle était vraie... les guerres de religions, les intégrismes, les luttes de pouvoir, les hiérarchies, la soumission, la foi, mais aussi l'émergence de civilisations : égyptienne, grecque, latine, judéo-chrétienne, hindouiste, islamique, et j'en passe...

Leur légitimité n'est pas plus contestable que la diversité des pensées politiques. On ne peut que laisser à chacun le droit de choisir de croire ou de ne pas croire, ceci plutôt que cela. En réservant cependant les particularités susceptibles de contrevenir à ce que l'on a appelé les "Droits de l'homme". L'égalité homme-femme par exemple, ne peut être contestée par aucune religion, au moins dans la théorie.

 

Les "dieux" représentaient donc la perfection ou l'idéal visé par ceux qui y adhèrent. De nombreuses religions ont ainsi donné à leur Dieu, les attributs idéalisés de l'homme. Ils ont littéralement "inventé" Dieu à l'image de homme (et non l'inverse). Il est de ce fait, imprononçable et inimaginable, invisible, supérieur, créateur, tout puissant, chef, recours, sauveur, juge, modèle absolu... et on lui doit amour, vénération, soumission, obéissance, sacrifices... Plus généralement, il occupe le terrain et tire le convoi de ses fidèles, en empêchant l'épanouissement de "l'homme naturel", celui dont le moteur est indépendant et à l'intérieur de lui même.

 

La légende de Brahma illustre un peu cette histoire de divinité (perfection) de l'homme.  Cliquer : http://www.ecoutetpartage.fr/spiritualite.htm#Une_vieille_légende.

 

Après, il y a la "Nature" et le miracle continu qu'elle donne à observer. Il n'y a rien à croire ! Juste à regarder de l'infiniment petit à l'immensité de l'univers, une extraordinaire perfection...

L'homme, partie intégrante de la nature, est un miracle à lui tout seul. Je dirai un miracle dans son existence physique, la constitution de ses organes, ses évolutions physiologiques de la naissance à la mort. Mais c'est aussi un miracle dans sa capacité intellectuelle et psychologique : celle d'être capable de se considérer comme un miracle et d'en tirer des conséquences susceptibles de donner un sens à sa vie. Il pourrait aussi bien ne pas s'en rendre compte, comme la plupart de ceux qui ne cherchent pas, ou qui se contentent des solutions "révélées". En d'autres termes, il est capable d'observer son propre fonctionnement et de se connaître lui-même.

 

Oui, je crois que l'homme a une pleine conscience de son "exception naturelle" ou de sa "nature exceptionnelle" : un être vivant à durée limité, (qui a conscience de sa mort inéluctable) et en même temps, un être pensant, libre et capable de définir et choisir ses valeurs et un sens pour sa vie.

Je laisse au mot "miracle" son caractère mystérieux et inexpliqué. Mais il s'agit de miracles observables, sans croyance aucune au sujet de l'auteur du miracle, mais avec toute la magie que sous-entend le mot. Un miracle de la vie ! qui ne cesse d'émerveiller pour peu qu'on en prenne conscience.

 

En effet, l'homme est doté d'un système affectif qui lui donne la vie (confiance en soi, énergie vitale, santé). Ce système est vital : sans amour il n'y a pas de vie. (Ceci n'est plus à démontrer, il suffit d'écouter en ce temps de confinement, les témoignages des personnes qui ne peuvent accompagner leurs ainés dans les Ehpad).

L'homme éprouve des émotions, indépendantes de sa volonté, qui assurent une fonction de régulation naturelle. L'observation et l'analyse de ces émotions, permettent de vérifier qu'il existe des caractéristiques spécifiques communes à l'ensemble de l'espèce humaine (l'humanité ?). Ainsi, tous les hommes connaissent le bien et le mal, et sont sensibles au "beau", "bon", "vrai", à la liberté, l'amour, la justice, et toutes ces valeurs qui fondent la richesse de notre pensée philosophique.

On peut encore évoquer beaucoup d'autres tendances naturelles qui portent l'homme à se surpasser. Même si le fait n'est pas toujours conscient, on peut observer en particulier que l'homme éprouve de la joie lorsqu'il se sent utile ; il connaît le bonheur lorsqu'il fait le bien et son bonheur est à la hauteur des efforts qu'il a consenti pour cela.
Étonnant ! Non ? 

A titre d'exemple, je crois que l'on peut parler ici, du bonheur qui motive les soignants d'aujourd'hui, à travailler sans compter ni les heures ni la fatigue, pour sauver des vies... Dans un système de santé souffrant de pénuries de toutes sortes et de malaises sociaux depuis des années, on peut appeler cela un miracle. Pas un miracle de ce Dieu derrière son nuage, mais un miracle de la nature humaine, dans ce qu'elle a de meilleur.

 

Même si le meilleur côtoie parfois le pire, je ne connais pas de perfection plus accomplie que celle-là. Elle m'apaise et m'enchante chaque jour. Et si la Perfection s'appelle Dieu, elle est dans la Nature et dans l'Homme, assurément.

Dieu existe, je l'ai rencontré ! Chacun peut dire cela à un moment de sa vie.
Maître Eckart disait : "c'est l'image même que j'ai de Dieu, qui m'empêche de le reconnaître sur mon chemin".  

Alors, c'est vrai que j'ai parfois beaucoup de mal à reconnaître Dieu dans le quotidien, surtout si j'ai confiance et amour à l'égard de ceux qui m'ont appris le Dieu de la religion. Je n'ai pas de rancune contre eux. Ils ne m'ont pas trompé. Ils m'ont juste accompagné jusqu'à ce que mes forces me laissent libre de penser par moi-même.

Je ne souhaite pas non plus, jeter ma colère sur les religieux. Elles ont peut-être leur utilité en servant de tuteur à ceux qui ne savent pas encore distinguer le bien du mal.

Alors, trouver les incohérences des religions et pointer leurs superstitions, n'est plus mon combat que je laisse à ceux qui ont des comptes à régler ou des convictions à défendre.
Je m'en suis libéré en butinant ici et là les travaux des humanistes, de quelques philosophes qui m'ont inspiré, mais surtout de ceux qui ont construit paisiblement une autre façon de regarder le monde. Ceci n'excuse en rien les errements du passé, ni même ceux qui sont à venir.

Je veux bien partager ma pensée avec ceux qui en sont curieux.

J'ai l'habitude de dire que c'est ainsi que j'ai connu ma conversion des "il faut" travailler pour vivre... en autant de "j'ai envie" de faire ce pour quoi je suis fait.

Ne plus faire par obligation, mais entreprendre avec enthousiasme ce qui fait sens dans ma vie, c'est un miracle qui change tout. 

 

Bernard Heim

Une citation :

Le mystique croit en Dieu qu’il se représente comme un être personnel, et tire sa joie de son union à Lui, quand le sage sait Dieu qu’il a découvert comme la substance infinie et l’a réalisé en lui : « Tout ce qui est, est en Dieu, et rien ne peut, sans Dieu, ni être ni être conçu ».
Frédéric LENOIR

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Extraits des "Pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle

Dès l’aurore dis-toi par avance : « Je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un insociable. Tous ces défauts sont arrivés à ces hommes par leur ignorance des biens et des maux. Pour moi, ayant jugé que la nature du bien est le beau, que celle du mal est le laid, et que la nature du coupable lui-même est d’être mon parent, non par la communauté du sang ou d’une même semence, mais par celle de l’intelligence et d’une même parcelle de la divinité, je ne puis éprouver du dommage de la part d’aucun d’eux, car aucun d’eux ne peut me couvrir de laideur. Je ne puis non plus m’irriter contre un parent, ni le prendre en haine, car nous sommes nés pour coopérer, comme les pieds et les mains, les paupières, les deux rangées des dents, celle d’en haut et celle d’en bas. Se comporter en adversaires les uns des autres est donc contre nature, et c’est agir comme des adversaires que de témoigner de l’animosité et de l’aversion »

 

Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre II, chapitre 1

 

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Résumé de : les Pensées pour moi même

Marc Aurèle

Les Pensées pour moi-même ont été rédigées en grec par l’empereur romain Marc-Aurèle, entre 170 et 180 ap. J.C., souvent pendant ses campagnes militaires. Elles étaient à l’origine destinées à être détruites à la mort de son auteur. Mais elles ont dépassé le statut de simple journal intime, pour devenir un ouvrage majeur de la philosophie stoïcienne.

 

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Qu’est-ce qui différencie un croyant et un athée ? par Jacques Musset

Nous partageons les mêmes valeurs d’humanisme que nous nous efforçons tant bien que mal de pratiquer au quotidien : nous essayons d’accueillir autrui dans sa singularité, de l’écouter, de l’accompagner dans les passes difficiles qu’il peut traverser. Nous acceptons de prendre des responsabilités pour le bien commun … Bref, notre façon d’exister humainement n’est pas bien différente. Nous ne sommes ni plus humains ni moins humains du fait que nous croyons ou pas en Dieu.

Au fond, ce qui nous différencie, ce n’est pas l’ambition que nous avons les uns et les autres de vivre une vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la traduire en actes au quotidien. C’est la manière dont nous nommons ce qui nous inspire communément au plus intime. Ce n’est pas secondaire à mes yeux, mais c’est second par rapport à l’expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le respect de la manière dont chacun donne sens à son cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui vaille : celle de grandir en humanité et de participer à l’humanisation de notre monde.

Où est-il ton Dieu ? par Jacques Musset

La présence autour de moi de proches et d’amis qui pensent et vivent paisiblement leur existence sans référence à Dieu continue de m’interroger depuis de longues années : pourquoi continué-je personnellement à croire en Dieu ? Avec certains d’entre eux j’ai partagé autrefois des convictions chrétiennes, puis ils s’en sont lentement éloignés et ils ont tiré définitivement l’échelle. Qu’est-ce qui nous différencie ? Nous avons le souci identique de ne pas mener une vie de somnambule, d’automate et de girouette. Nous partageons les mêmes valeurs d’humanisme que nous nous efforçons tant bien que mal de pratiquer au quotidien : nous essayons d’accueillir autrui dans sa singularité, de l’écouter, de l’accompagner dans les passes difficiles qu’il peut traverser. Nous acceptons de prendre des responsabilités pour le bien commun ; ainsi, quand il y a trois ans il a fallu dans ma commune envisager de recevoir une famille de migrants, c’est ensemble que nous nous sommes mobilisés pour créer de bonnes conditions d’accueil, et cette expérience de solidarité a resserré les liens entre nous...Bref, je suis frappé de constater que notre façon d’exister humainement n’est pas bien différente. Nous ne sommes ni plus humains ni moins humains du fait que nous croyons ou pas en Dieu.

Aucun de ces proches et amis ne m’a demandé pourquoi je continuais de croire en Dieu. S’il leur en venait l’idée, je leur dirais à peu près ceci.

Mes amis, peut-être cela va-t-il vous étonner mais comme pour vous le sens et la valeur de ma vie se jouent ici et maintenant dans la manière dont je cherche à m’humaniser et à contribuer à humaniser notre monde et notre société. Pour tout être humain d’ailleurs ne doit-il pas en être ainsi dès lors qu’il est honnête avec lui-même ? Si la démarche n’est pas acquise d’avance - tâtonnements, fléchissements, erreurs, épreuves la jalonnent - ne se révèle-t-elle pas une voie féconde quand on la poursuit dans la durée ?

Mais alors, me rétorquerez-vous, à quoi te sert de croire en Dieu ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

Rien en vérité qui me qualifie davantage en humanité. Je ne suis pas plus que vous dispensé de chercher ma route, protégé des inévitables épreuves de l’existence, éclairé d’emblée sur les choix à faire. Je n’ai pas de solutions toutes faites, je peux errer, hésiter, douter.

Je vous entends me presser : dis-nous précisément qu’est-qui te fait croire en Dieu ? Avant tout, je dois vous préciser à quels Dieux je ne crois pas. Copernic, Galilée, Newton, Darwin, Freud m’ont ouvert les yeux. Je ne crois plus en un Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, qui ferait la pluie et le beau temps, en un Dieu créateur de l’homme à son image et à sa ressemblance, en un Dieu consolateur de nos misères qu’il pourrait nous alléger dès cette terre si nous le lui demandons, en un Dieu paratonnerre protecteur en échange du culte qu’on lui rend, en un Dieu qui aurait confié aux religions le soin d’interpréter ses volontés et de les faire respecter.

Les exégètes de même qui depuis quatre siècles décodent les vieux textes bibliques et évangéliques m’ont eux aussi dessillé les yeux et vacciné à tout jamais contre les lectures fondamentalistes. Je ne crois pas au Dieu dont la voix retentit à travers le ciel ouvert, au Dieu qui conduit en sous-main l’histoire, je ne crois pas au Dieu qui sacrifie son Fils bien-aimé pour que les hommes pécheurs soient réconciliés avec lui, je ne crois pas au Dieu qui se joue des lois qui régissent le monde et les humains... Ces représentations de Dieu me paraissent indignes de l’homme, car elles le déresponsabilisent et l’abêtissent.

La représentation de Dieu qui est crédible à mes yeux, je la tire d’un questionnement qui m’habite depuis longtemps dans l’invention quotidienne de ma vie d’homme. Comme vous j’essaie de la conduire en tâchant de vivre vrai, car j’expérimente que là est la vraie vie. Mais en même temps je n’échappe pas aux sirènes qui m’invitent à emprunter la pente spontanée de la facilité, de l’égocentrisme, du renoncement. Je vis un tiraillement. Ce qui m’étonne tout de même quand j’y réfléchis – et c’est là le lieu de mon questionnement récurrent – c’est qu’en dépit des sinuosités de mon existence, je constate que j’ai progressé en humanité au long des années. Mes choix fondamentaux se sont révélés féconds, les épreuves que j’ai traversées m’ont appris non sans douleur parfois à consentir et à m’approprier la réalité, avec en prime une maturation inespérée ; la paix qui m’habite en profondeur n’est pas altérée par les houles de surface. J’en arrive à ma question permanente : comment se fait-il que malgré tous les obstacles intérieurs et extérieurs, j’ai pu malgré tout advenir à une qualité d’humanité que j’ignorais il y a soixante ans ? Je reconnais m’être efforcé vaille que vaille d’obéir à une exigence intime d’ouverture, de dépassement, de probité, de lucidité, de cohérence, de ressourcement. Mais d’où vient cette inspiration parfois si pressante ? 

Je fais mienne la réponse de Marcel Légaut, mon maître spirituel. Il appelait cette inspiration « motion intérieure » et y lisait les traces en lui d’une « action qui n’est pas que de lui mais qui ne saurait être menée sans lui ». Il en concluait qu’on pouvait « appeler cette action qui opère en soi l’action de Dieu sans nullement se donner de Dieu – et même en s’y refusant – une représentation bien définie comme celles dont par le passé les hommes ont usé si spontanément et si puérilement »[1]  

Bien entendu, cette prise de position n’est en rien une preuve mais l’interprétation croyante d’une expérience de « transcendance » commune à tous les humains, cette capacité qu’a l’homme de vivre à un niveau éminent de profondeur, d’authenticité, d’ouverture à autrui, de don de soi-même. Cette capacité, j’imagine que vous, mes amis athées, l’expliquez par les propres ressources dont dispose l’homme, ressources cachées et si souvent méconnues auxquelles il a peine à croire tant elles sont peu exploitées ? Mais le mystère demeure. Pascal en était vivement conscient : « L’homme passe infiniment l’homme ». Comment rendre compte de cette étonnante expérience 

Suis-je éloigné de l’expérience qu’avait Jésus de son Dieu ? Je ne le pense pas ? Certes Jésus s’exprimait dans la culture de son temps. Il se représentait Dieu comme un Père qui est aux cieux, qui donne généreusement du pain à ceux qui l’en prient, et qui est sur le point de faire advenir définitivement son règne sur le monde en catapultant d’un coup les forces de mort. Cette représentation ne peut être la mienne aujourd’hui. Mais si nos représentations divergent, nos expériences de Dieu convergent-elles ou non ? Jésus vivait en intimité avec son Dieu en présence duquel il aimait se recueillir solitairement. N’est-ce pas en ces moments qu’il se ressourçait en force intérieure, en approfondissement de ses engagements, en fidélité à sa propre mission ? J’expérimente pareillement les bienfaits de ces temps de recueillement tels qu’en parle Marcel Légaut : « La parole qui s’efforce de dire exactement ce que j’atteins de Dieu malgré une ignorance invincible de nature, ce que j’aspire à être par le plus authentique qui s’efforce en moi-même, ce que j’atteins de moi quand je suis à moi-même dans la lucidité est la seule prière dans le langage de l’homme qui soit langage pour Dieu. L’adressant à moi-même dans le recueillement, je me tiens devant Dieu. L’adressant à Dieu dans l’adoration, j’entre en ma présence. Autant qu’il m’est donné, quand je me parle ainsi, Dieu m’écoute ; quand je m’écoute ainsi, Dieu me parle[2]»

Par ailleurs, le critère de fidélité de Jésus à son Dieu, c’était son investissement dans sa pratique de libération, en paroles et en actes, au bénéfice de ses compatriotes marginalisés, exclus, victimes de toutes sortes de déshumanisation. Jésus se situait ainsi vigoureusement dans la ligne des prophètes, ses grands devanciers qui répétaient à longueur de siècles : le vrai culte rendu à Dieu est « que le droit jaillisse comme les eaux et la justice comme un torrent intarissable » (Amos 5, 24-25). Jésus a poussé à l’extrême cette logique en mettant sur le même pied les deux grands commandements : aimer Dieu et aimer son prochain (Mc 12, 28-34), ce qui a fait dire à l’auteur de la première lettre de St Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas » (4, 20).Telle est pour moi, disciple de Jésus, le cœur du christianisme. Etre et devenir humain et participer à l’humanisation du monde actuel. Rien en cela de religieux à la vérité concernant des rites à accomplir ou des lois à appliquer, « Rien d’autre que le respect du droit, l’amour de la fidélité, la vigilance dans ta marche avec Dieu », disait déjà au VIIIème siècle avant notre ère le prophète Michée. Cette exigence retentit toujours, aujourd’hui comme hier, au fond des consciences humaines. C’est à travers elle que « Dieu » « parlait » à Jésus et qu’il me « parle ». Sans que je puisse me Le représenter, il est appel constant à maintenir en mon être l’ouverture qui empêche ma vie de se cadenasser, de se rapetisser, de s’enfermer, de s’aseptiser, de s’endormir, de se clôturer. Cet appel, je tâche de l’entendre au travers des mille sollicitations des événements quotidiens. Parfois je suis sourd, mais l’exigence revient et je m’efforce tant bien que mal de la traduire en actes. C’est là le grand exercice vital de mon existence. C’est la voie de la vie. Je l’expérimente comme tel.

Au fond, mes amis, ce qui nous différencie, ce n’est pas l’ambition que nous avons les uns et les autres de vivre une vie qui soit vraiment humaine, ni l’ardeur à la traduire en actes au quotidien. C’est la manière dont nous nommons ce qui nous inspire communément au plus intime. Ce n’est pas secondaire à mes yeux, mais c’est second par rapport à l’expérience d’humanisation vers laquelle nous tendons tous et sur la voie de laquelle nous nous accompagnons. Dans le respect de la manière dont chacun donne sens à son cheminement, poursuivons ensemble la seule aventure qui vaille : celle de grandir en humanité et de participer à l’humanisation de notre monde. 

 

Jacques Musset

 

[1]      Devenir soi ou rechercher le sens de sa propre vie, Cerf, pages 135-136

[2]      Prières d’homme, Aubier 1978,1984, pages 31-32

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                    Pourquoi ?

 

par Abdellatif Laâbi, né en 1942 à Fès, est un poète, écrivain et traducteur marocain. Il a fondé en 1966 la revue Souffles

(Proposé à la rencontre du 09 11 2019)

 

   Va savoir pourquoi l'abeille butine l'hymen des fleurs, pourquoi le soleil fait don gratuitement de sa lumière, pourquoi l'homme et la femme sentent monter en eux au même moment le fluide de la reconnaissance et de la fusion, pourquoi le nouveau-né sourit pour la première fois alors que ses yeux distinguent à peine ce qui l'entoure. Sans parler du pourquoi de ces pourquoi. Qui, quoi parle en nous cet idiome intérieur venu du continent intérieur et qui n'est d'abord traduisible dans aucune langue reconnue car poussée vitale dont on ne peut happer avec les mots que la partie infime, quelques ruisselets participant modestement du fleuve caché de sa houle ?

 

Il n'y a d'Etre humain, Abdellatif Laâbi

 

J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui dont le cœur tremble d'amour pour tous ses frères en humanité

Celui qui désire ardemment plus pour eux que pour lui-même liberté, paix, dignité

Celui qui considère que la Vie est encore plus sacrée que ses croyances et ses divinités

J'atteste qu'il n'y a d'Être humain que Celui qui combat sans relâche la Haine en lui et autour de lui

Celui qui, dès qu'il ouvre les yeux au matin, se pose la question :

Que vais-je faire aujourd'hui pour ne pas perdre ma qualité et ma fierté d'être homme ?

 

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 « On ne peut plus continuer de croire en un Dieu qui nous a été présenté masculin »  

par Inna Shevchenko (Propos recueillis par Anaïs Meynier)

Qu'est-ce qu'être une femme ? Pour Inna Shevchenko, leader des Femen, c'est être héroïque. Dans son dernier livre*, l’auteure, s'inspirant de son parcours et des figures féminines qui l'ont inspirée, propose un parcours libérateur et « immoral » pour sortir des carcans patriarcaux. © Éditions Les Échappés

Vous dites avoir été une « chrétienne orthodoxe dévouée » dans votre jeunesse. Vos héroïnes ont-elles remplacé le Dieu de votre enfance ?

Absolument. Je dis toujours que je suis allée vers l’athéisme en devenant féministe. C’est le féminisme qui m’a conduite vers la non-croyance : si nous comprenons que nous sommes capable et que nous pouvons être libre et indépendante, on ne peut plus continuer de croire en un Dieu qui nous a été présenté masculin. Un Dieu que l’on doit aimer, mais dont on doit aussi avoir peur. Un Dieu qui demande que l’on soit silencieuse, passive et qui nous réduit à un corps qui serait, par nature, sexuel et faible ; nous faisant nous sentir coupable pour ce que nous sommes. À un moment donné, lorsque nous commençons à croire en nous-même, on ne peut plus accepter ce Dieu.

Selon vous, « les religions et le féminisme sont incompatibles ». Pourquoi ?

Je suis vraiment convaincue que nous pouvons être croyant et féministe. Mais, pour cela, nous devons rester critique sur le dogme et laïque. Nous devons comprendre que les religions n’ont pas de place dans le monde politique. Donc, on peut être croyant dans un cadre privé et, en même temps, choisir le féminisme comme la réponse politique à tous les sujets de la société. Dans ce cas-là, il n’y a pas de conflit. Si, au contraire, nous nous comportons dans la société par le prisme de règles religieuses, il y aura litige. Nous ne pouvons pas traiter de la question des droits des femmes à travers la question des dogmes religieux. Ce serait contradictoire. Les religions rendent les femmes silencieuses alors que le féminisme se bat pour libérer leur parole. Les institutions religieuses, telles que nous les connaissons aujourd’hui, sont patriarcales et masculinistes, construites autour du culte d’un homme. Dans mon livre, je cite Mary Daly : « Si Dieu est un homme, l’homme est un Dieu. » Donc, si on continue à croire au culte qui est construit autour d’un homme, si on projette cette croyance sur la société, l’homme devient un Dieu. C’est absolument le contraire d’une société féministe.

En définitive, vous prônez une spiritualité personnelle et individualiste.

Bien sûr ! Je peux dire que je suis aussi une personne spirituelle. Je crois en la dignité, en la solidarité et en l’égalité. Mais je n’ai pas besoin de croire en un Dieu imaginaire. J’ai traversé ce chemin : je suis devenue ma propre autorité et mon propre prophète qui décide pour soi-même.

Vous militez pour une laïcité très stricte. En quoi les manifestations du religieux représenteraient-elles une menace pour la société ?

Extérioriser notre religion, c’est chercher le contact avec le monde afin d’être approuvé(e), de convaincre ou de chercher le conflit. Là, ça commence à être une démarche politique. Sortir dans la rue avec ses croyances, c’est une forme d’exposition et de manifestation. Par exemple, il y a la question du vêtement pour les femmes. Tout en étant consciente de la ligne très fine entre critique et xénophobie, je ne peux pas accepter l’idée de cacher un corps prétextant que celui-ci est obscène et sexuel. C’est dégradant. Le patriarcat et le sexisme se cachent derrière ce code vestimentaire religieux. J’entends l’argument de ces femmes qui défendent ces codes comme étant affaires de choix ; mais, même si nous sommes toutes libres de porter ce que l’on souhaite, cela me contrarie lorsque certaines prétendent que ces vêtements sont des symboles de libération et d’émancipation des femmes. C’est essayer de déguiser des idées patriarcales en féminisme !

Aujourd’hui, faut-il croquer le mythique fruit défendu pour déconstruire les sociétés patriarcales ?

Absolument. Personnellement, comme je l’explique dans le livre, j’ai été inspirée par la Genèse : Ève agit contre les règles établies et défie Dieu en faisant le choix d’aller vers Satan. Cette histoire est prophétique. Nous devons casser les règles imposées afin de satisfaire notre curiosité et obtenir notre liberté. Les féministes du XVIIIe siècle ont utilisé cette figure biblique et l’ont transformée en véritable femme combattante.

Pour vous, être une femme, c’est être héroïque par défaut ?

Oui. Dans ce monde masculin qui est fait de limites discriminantes et de morales humiliantes, l’existence féminine devient héroïque, par définition. Que nous soyons religieuse ou athée, nous sommes femme avant tout. Aujourd’hui, le plus grand acte féministe est d’apprendre à s’accepter et à s’aimer, à se sentir forte et courageuse. Nous pouvons être tout ce que l’on veut. C’est le message que je veux faire passer aux femmes qui continuent d’entendre qu’elles sont sales et pleines de péché. Je veux les inspirer à croire en elles-mêmes, à ne jamais douter ni à abandonner. Dans mon livre, je nomme de nombreuses héroïnes. Mais la plus importante serait cette femme anonyme qui se bat chaque jour contre sa société, sa communauté ou sa famille. Une femme qui doit juste exister dans ce monde qui n’est pas fait pour elle.

(*) Héroïques. Amazones, pécheresses, révolutionnaires, Inna Shevchenko (Les Échappés, 2019)

Leader du mouvement international Femen depuis 2012, Inna Shevchenko obtient l’asile politique en France en 2013. Diplômée en journalisme à l’université de Kiev et en droits de l’homme à Sciences Po Paris, elle milite pour le droit des femmes lors d’happenings remarqués où les corps des activistes se transforment en véritable instrument de manifestation. En 2017, elle coécrit Anatomie de l’oppression (Seuil) avec son amie Pauline Hillier. La même année, elle reçoit le prix international de la laïcité.

Extrait "Le Monde des Religions” du 09/09/19

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Mon Rivage

C’est dans le fond de moi-même l’endroit où je m’écoute. Ce n’est pas toujours facile.

C’est l’endroit où subsiste l’enfant que je fus, l’endroit où je me retrouve à chaque âge, où je trouve le fil de mon existence.

C’est l’endroit où le monde, ceux que je rencontre laissent leur empreinte, l’endroit où je reçois les paroles et gestes de bonté, de générosité, de liberté et de courage, qui comme des graines semées en terre fleurissent, grandissent, et transforment ce lopin de terre au fond de moi en un très beau jardin, dont j’essaye de prendre soin car il m’apparaît aujourd’hui être mon trésor intime, et j’y veille les personnes vivantes ou disparues qui me sont chères.

C’est l’endroit de mes questions fondamentales, l’endroit où se tiennent mes valeurs, ma compassion, là où naissent mes révoltes contre les injustices, l’endroit où se murmurent et s’affermissent des pardons alors que mon amour-propre rugit à la guerre contre celui qui m’a blessé.

C’est l’endroit où je m’ose nu, fragile, mais aussi l’endroit de ma force irréductible, qui ne peut plus s’effondrer même lorsque je me sens abandonné. C’est le rivage où j’ai fini par m’échouer lorsque le courant de la vie a emporté l’échafaudage de certitudes et de repères qui de l’extérieur me soutenaient.

Pour entrer en cet endroit, j’ôte mes costumes, je dépose les armes. Il faut que je m’abandonne à me contenter de ce que je suis seulement, de ce que la vie me donne seulement, et aussi assumer ce que la vie me propose d’assumer sans m’échapper.

J’y rencontre mon être profond, avec lequel parfois je coïncide.

Cet être m’apparaît de plus en plus clairement au fur et mesure que j’avance dans la vie, qu’elle me dénude et me martèle de sa réalité. Je le perçois incomplet mais ne cessant de grandir au fur et à mesure que je vieillis, je sens que je n’aurai jamais fini de le découvrir.

Il sait se tenir debout et marcher seul et me/se porter dans les tourmentes que je/nous traversons. Lorsque je me tiens près de lui, ou en lui, je peux regarder tranquille ma mort. Ce plus vieux et fidèle compagnon me console et se tient en moi comme une promesse d’amour envers moi-même et tous les autres. Je sais que je souffre quand je suis égaré à côté de lui. Je me rends compte que je dois prendre soin de lui. Pour lui permettre d’exister je dois l’affirmer contre les modes, les clichés, accepter son originalité. Ce n’est pas toujours facile.

De la découverte en moi de cet être qui danse et chante la jouissance de vivre, me vient mon vrai désir de rencontre avec les autres. Rencontrer non pas pour dominer, pour assouvir un désir en utilisant les autres. Mais depuis ce rivage, aller à la rencontre de celui de l’autre, témoignage que je ne suis pas isolé, mais que d’autres êtres font route et veillent aussi à côté de moi, portant leur humanité, leur lot de souffrance mais aussi de bonheur à vivre, d’engagements.

Et peu à peu au fur et à mesure de ces rencontres se dessine le portrait d’une humanité qui est toute autre que celle revendiquée, j’ai envie de dire hurlée, par les modes et les médias, les cartes géopolitiques, raciales, ethniques et religieuses. Une humanité humble mais rayonnante d’êtres debout et éveillés, qui cherchent et donnent sens à leur vie.

Bernard Lestriez, membre de l’Association culturelle des amis de Marcel Légaut

(bernard.lestriez@cnrs-imn.fr)

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Cheminer avec l’Esprit.

(Proposé par G. Oswald, membre d'E&P, à la rencontre du 02 02 2019) 

 

Je crois que Dieu est comme un ESPRIT qui habite en chaque homme.

L'esprit pour moi n'est pas une autre personne car toute personne est en soi-même le temple où « Dieu » demeure au plus profond de chacun d'entre nous. Et puisque cet « ESPRIT » nous habite dès la naissance, nous pouvons nous servir de Dieu «  ESPRIT « à l'image de ce que  JESUS  lui-même se sentait  habité.

 

 C'est grâce à cet Esprit qui agit aussi  en nous que nous pouvons agir, penser,  discerner.  Il  est plus grand que nous et  ne peut être sans nous disait M. Legaut à travers ses prières d'homme ( 1978 ; chez  Aubier Edit.) 

La lecture de la Bible nous apprend l'histoire des hommes qui ainsi se répète de générations en générations  Cette foi ou croyance en Dieu sont ainsi mises à notre disposition et nous interrogent en fait chacun d'entre nous sur notre propre vie d'homme qui agit sur la terre. Car dans le monde,  (l'humanité c'est NOUS)  autrement dit : Nous sommes le monde. ( Khristamurti j.)

 

Nous n'avons pas à douter de l'amour de Dieu envers les hommes. Il suffit de chercher à comprendre l'histoire  en se laissant guider par des  hommes au fil du temps qui passe dans ce présent et avec nos propres  interrogations et nos doutes.

 A travers nos pensées,  nous pouvons diriger cet Esprit vers le mal ou le bien qui ne se situent pas en dehors de nous. L'homme qui n'est pas « Dieu » est limité à travers ses connaissances et c'est  cette adversité qui nous guette tous. Nous pouvons alors utiliser notre conscience  pour faire la part des choses dans nos vies.

On peut ainsi croire en Dieu et en Jésus – ou en Dieu et en Bouddha ou en Dieu et en Mahomet etc.. Chaque peuple qui a ses propres croyances fait partie de l'humanité que nous devrions considérer comme telle.  La tâche est ardue mais tant qu'il nous reste un souffle de vie nous pouvons agir sur le moteur notre propre existence !

Si la résurrection corporelle des morts fait partie de nos doute, il n'est pas exclu que l'Esprit qui nous a habité durant nos vies ne rejaillisse pas un jour ailleurs sous une nouvelle forme d'incarnation dont le mystère nous dépasse. Nul doute que l'Esprit continuera d'agir sur le monde dans une création offerte telle qu'elle existe sur la terre.

 

 Cheminer ainsi vers une paix à construire  toujours dans ce «  Présent de la vie » qui nous reste est en fait un magnifique cadeau à s'offrir pour les fêtes de NOEL. 

 

Germaine OSWALD 

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SOMMES-NOUS TOUS DES MYSTIQUES ?

 

 « Le monde change, mais un de ses traits ne varie pas : tant qu’il y aura des hommes, ils aspireront à autre chose. Autre chose que ce qu’ils ont déjà, autre chose que la vie de chaque jour, autre chose que la vie tout court ». (1)

 

« Mystique »  vient de « mystère ». Est mystique celui qui perce le mystère des choses, qui va au-delà des apparences. Qui se sert des choses visibles pour faire l’expérience de choses invisibles à l’œil, des choses très réelles (ni inventées ni rêvées) mais qui ne sont pas accessibles directement aux sens. Et qui peine à l’exprimer dans des mots.

Exemple : une amie aime passionnément jardiner. Quand elle gratte la terre autour d’un massif de fleurs, elle est totalement dans ce qu’elle fait. Puis elle lève la tête et s’absorbe dans la contemplation d’une fleur. « Et là, me dit-elle, je ne sais plus où je suis. Pendant cet instant, je suis dans la fleur, le monde extérieur n’existe plus ».

Instant mystique. La beauté d’une fleur lui a fait franchir le mur des apparences, elle est ‘’ailleurs’’. Un ailleurs dont elle ne sait rien dire, parce qu’il échappe aux mots.

Une autre amie : « Parfois je regarde mon bébé qui dort, jambes écartées, le poing contre son front, image de paix indescriptible. Une onde de tendresse m’envahit, je ne pense plus à rien ». La tendresse, l’amour devant l’enfant qui dort lui a fait franchir une porte, passer de l’autre côté vers l’indicible, l’inexprimable.

 

La beauté et l’amour, portes de l’expérience mystique

 

Dès l’origine de l’humanité, la beauté a été la première ouverture vers cet autre chose que la vie tout court. On le voit dans les Psaumes de la Bible, qui s’extasient devant « les cieux qui chantent la gloire de Dieu », mais déjà les peintures rupestres de nos ancêtres préhistoriques témoignaient d’une aspiration vers la beauté, d’un sens de la beauté. Saint Augustin raconte que c’est elle qui l’a séduit et lui a fait franchir l’obstacle des apparences. Au long des siècles le christianisme inscrira dans ses églises romanes et ses cathédrales gothiques son aspiration vers l’Invisible rendu visible par la simple beauté.

 

Quant à l’amour, il transformera des hommes et des femmes ordinaires en martyrs ou en serviteurs des pauvres, allant jusqu’à baiser les plaies d’un lépreux ou à prendre la place d’un galérien sur son banc de souffrance. Était-ce par masochisme, par dérèglement psychologique ou affectif ? Non, c’était par ‘’excès d’amour’’. Ces mystiques n’ont pas été rebutés par la laideur d’un lépreux, n’ont pas souffert par plaisir les chaînes du galérien : l’amour transfigurait le dégoût et la peine, l’amour les faisait accéder à une autre dimension de l’humanité.

Ni la beauté ni l’amour ne trouvent de mots capables d’exprimer ce qu’ils sont, ce vers quoi ils nous mènent. L’un et l’autre sont une ex-stase, une sortie de soi pour accéder à un plus haut degré de conscience et d’expérience. Le mystique rencontre une plénitude au-delà des mots : « Alors, la puissance de la parole est vaincue. Sur certaines cimes, le silence seul habite » (3).

Es-tu parfois saisi par la beauté d’une musique, d’un paysage, d’un coucher de soleil ? Tu es mystique. Ressens-tu parfois une onde d’amour qui te parcoure et te submerge ? Tu es mystique.

 

Aujourd’hui, la mystique mise à mort

 

Nous sommes faits pour la beauté et pour l’amour. Aucun de nos projets, aucune de nos ambitions, de nos agitations, n’a de sens s’ils ne produisent pas de la beauté, ne conduisent pas à l’amour. Sans le savoir, c’est par la beauté et par l’amour que chacun peut franchir le miroir d’Alice au pays des merveilles, accéder à un autre chose qui le dépasse et possède un goût d’éternel divin. Les puissances maléfiques qui rôdent dans notre monde le savent bien, et c’est par là qu’elles attaquent – de plus en plus visiblement.

 

Beauté attaquée : l’espèce humaine est en train de détruire la nature qui lui offre son hospitalité. Déjà 40 % des animaux sauvages ont disparu de la planète, autant de plantes sont menacées. Nous creusons, nous bétonnons, nous déchargeons nos ordures, nous enfumons nos cieux, nous déforestons, nous pesticisons, nous polluons rivières, lacs et océans. Nous tuons les insectes et les oiseaux. Conscients de ce drame – la disparition de la beauté du monde – nous avons créé des ‘’réserves naturelles’’ où l’on peut encore admirer ce qu’il était avant que nous le fassions disparaître. Mais ces réserves, elles aussi, sont menacées et seront dévorées un jour par notre appétit. Alors il n’y aura plus que de vieux films documentaires pour nous rappeler que la planète, un jour, fut belle et noble.

 

Amour trahi : en même temps (et les deux choses sont intimement liées) on observe sur la planète une explosion de la violence, qui devient si quotidienne, si ordinaire qu’on s’y habitue, on ne s’en étonne plus, on la trouve normale. L’amour n’a plus de place dans nos sociétés. S’est-il réfugié dans les familles ? Même pas. Jamais il n’y a eu autant de conflits entre adultes, de séparations et d’enfants marqués à vie par la haine qui s’est glissée dans leur petit monde intime. Quand ils deviendront grands, n’ayant connu que l’égoïsme et la haine, à leur tour ils les feront passer avant l’amour.

 

« S’il me manque l’amour, dit St Paul, je ne suis qu’un métal qui raisonne, une cymbale retentissante. S’il me manque l’amour, je ne suis rien. L’amour ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, n’entretient pas de rancune. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout ». Et l’amour, conclut-il, « ne disparaîtra jamais » (4). Eh bien ! cette prophétie-là, elle est en train de s’avérer fausse : on le voit, partout l’amour se cache, s’étiole, l’amour disparaît de la planète. Remplacé par la haine, le mépris, la violence sous toutes ses formes.

Un monde privé de mystique (privé de beauté et d’amour) est un enfer. Je ne sais si l’enfer des religions existe, mais si oui, je sais à quoi il ressemble : il est laid et violent, nauséabond et rempli de haine.

Et nous, mystiques anonymes, que faire ? Sinon préserver autour de nous quelques petits recoins de beauté, faire à notre porte quelques gestes d’amour pur, invisibles et incompréhensibles pour ce monde devenu étranger à Dieu, parce qu’inhumain

Michel Benoit, jour de noël 2018      

http://michelbenoit-mibe.com/2018/12/sommes-nous-tous-des-mystiques/

 

(1) Jean d’Ormesson, C’était bien.

(2) Bilocation : être vu à un endroit alors qu’on se trouve à un autre.

(3) Mère Yvonne-Aimée de Malestroit, Écrits spirituels.

(4) Première Épître aux Corinthiens, chap. 13

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Nos chemins de vie… un chemin spirituel ?           par Bernard LAMY

 – Osons l’essentiel – – 2018 – (56 pages)

Voici un document rare et original, la retranscription écrite de six rencontres-témoignage animées par Bernard LAMY entre octobre 2017 et juin 2018 à FRANOIS près de Besançon. Une parole libre pour dire la vie et balbutier le divin, pour oser partager nos questions essentielles, pour reprendre souffle : 1. Naître à soi-même… Naître au monde ; 2. Nos naissances étonnantes ; 3. Chercher le sens de sa vie ; 4. La voie d’intériorité ; 5. Assumer la solitude, la mort et le non-sens ; 6. Vivre à tombeau ouvert.

Bernard LAMY et Serge COUDERC, membres de l’Association Culturelle Marcel Légaut (ACML), proposeront une semaine de rencontres à MIRMANDE autour de ces six thèmes, un thème par jour, la dernière semaine d’août 2019.

Document disponible chez l’auteur pour 8 euros, port compris (Bernard LAMY, 5, rue Saint Christophe, 25770 SERRE-lès-SAPINS lamyfasol@free.fr tél 06 04 14 94 13)

 

Le rapport au pouvoir par Antoine Nouis

 

(...) Toutes ces raisons* me font aimer l’Église sœur mais une raison, une seule, m’empêche de devenir catholique, c’est la question du rapport au pouvoir. Au fondement du catholicisme se trouve un acte de foi : le pari que l’Église n’est pas une institution comme les autres mais qu’elle a une part de divinité en elle. Le thème de l’infaillibilité de l’Église ne veut pas dire qu’elle ne se trompe jamais mais qu’elle demeure infailliblement Église du Christ jusque dans ses erreurs et ses errances, du fait de sa fondation divine. Cette position est belle, et peut même se justifier bibliquement, sauf que l’histoire a montré que bien souvent l’Église a eu un comportement qui était en contradiction radicale avec le message de l’Évangile. La sociologie nous a appris que les institutions connaissent une évolution qui les conduit à privilégier leur propre fonctionnement au détriment de l’intuition qui les a fondées. Sur ce registre, je suis obligé de constater que l’Église est une institution comme les autres. Les institutions génèrent des jeux de pouvoir alors que le Jésus des Évangiles a toujours privilégié le pouvoir de l’amour sur l’amour du pouvoir. Comment exercer une autorité au nom de celui qui a contesté toutes les autorités de son temps ? Relisons l’histoire, dans toutes les Églises, nous avons vu des hommes de foi devenir des hommes d’appareil.

 

* Pour lire tout l'article d'Antoine Nouis présenté dans Réforme, cliquer :

https://www.reforme.net/bible/abecedaire/c-comme-catholicisme-1-pourquoi-je-ne-suis-pas-catholique/

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Ce texte a été médité lors de la rencontre E&P du 22 septembre 2018;

Arbre et pirogue

Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue.

Mythe Mélanésien de l’île du Vanuatu

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Ce texte a été lu lors de la rencontre E&P du 3 mars 2018;

Je te souhaite

Je te souhaite de ne pas réussir ta vie .

Je te souhaite de vivre autrement que les gens arrivés.

Je te souhaite de vivre la tête en bas et le cœur en l’air, les pieds dans tes rêves et les yeux pour entendre.

Je te souhaite de vivre sans te laisser  acheter par l’argent.

Je te souhaite de vivre debout et habité.

Je te souhaite de vivre le souffle en feu, brulé vif de tendresse.

Je te souhaite de vivre sans titre, sans étiquette, sans distinction, ne portant d’autre nom que l’humain. (…)

Je te souhaite de vivre libre, dans un monde libre, d’aller et de venir, d’enter et de sortir, libre de parler librement dans toutes les églises, dans tous les partis, dans tous les journaux, à toutes les radios, à toutes les télévisions, à toutes les tribunes, dans tous les congrès (…).

Je te souhaite de parler non pour être écouté mais pour être compris.

Jean Debruynne

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre E&P du 10 février 2018;

 

L’homme porte en lui une aspiration à l’infini, à l’éternité, à l’absolu;

 

Nous portons en nous des aspirations. Celle de connaître, d’aimer, de donner, de recevoir, d’agir de façon exaltante, de dépasser ses limites. Si nous les avons portées pendant des dizaines d’années pour rien, sans qu’elles ne soient jamais satisfaites, nous avons le sentiment d’avoir raté notre vie. Nous avons alors besoin d’être sauvés de la désillusion négative : nous avons perdu nos illusions ainsi que notre enthousiasme.

 

L’homme porte en lui une aspiration à l’infini, à l’éternité, à l’absolu, et il vit dans le fini, le temps, le relatif. Il est fondamentalement, ontologiquement, insatisfait. S’il n’en prend pas conscience, il reporte ses aspirations les plus profondes dans le domaine de l’avoir : il est sans cesse en quête de biens matériels et de plaisirs immédiats qui ne pourront jamais le combler. Il sera alors éternellement insatisfait, car il se trompe sur la nature du véritable bien.

 

S’il n’est pas lucide, il peut aussi se mentir à lui-même et vivre dans l’illusion d’être comblé ou de pouvoir le devenir par des moyens erronés. Mais n’est-ce pas cesser d’être un homme que de se sentir satisfait ?

On a également besoin d’un salut quand on est malade, souffrant, dans la misère. Quand la vie n’est qu’une longue suite d’épreuves et de difficultés en tout genre. C’est ce salut que nous propose l’Ecriture quand elle nous dit : l’amour est fort comme la mort. Et c’est cela l’Espérance : à la mort, toutes les limites qui s’imposaient à moi, toutes les épreuves aussi, cessent pour faire place à une plénitude de joie et d’amour

Abbé Pierre

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L’espérance

J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie

Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits

Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries

Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir

J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.

Andrée Chelid

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre du 9 décembre 2017;

A la veille de Noël, alors que de nombreux migrants cherchent simplement un gîte décent en Europe, peut-on justifier la présence de la crèche sur nos parvis et refuser l'hospitalité à des frères qui frappent à notre porte ? ... 

Christ revient sans cesse avec les personnes en détresse

Il fut un temps où l’on attendait le messie; il devait venir pour tout arranger, tout allait changer pour le mieux. Ce messie est venu et on ne l’a pas reconnu. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas répondu à nos attentes …

Le Christ ne cesse de venir, il ne cesse de venir jusqu’à nous, certes de manière incognito, mais pourtant tout à fait reconnaissable puisqu’il vient à nous sous la figure de l’homme et de la femme en détresse. Le Christ est venu il y a deux mille ans pour nous apprendre qu’il ne cesse de venir en s’identifiant à celles et ceux qui manquent de nourriture, d’attention et d’amour. Il est de coutume de dire que le Christ reviendra à la fin des temps; mais cette conception est naïve et, pour tout dire, assez fausse…

Le testament du Christ ne nous demande pas de l’attendre mais de le recevoir dans la personne de celui qui souffre. Ou, s’il convient de désirer la venue du Christ, son attente n’est pas autre chose que notre vigilance à le rencontrer tous les jours, lorsque nous acceptons de fendre la cuirasse de notre égoïsme. Il faut donc le dire avec force: il n’y a pas d’autre venue du Christ à espérer que celle-là, quotidienne, en quelque sorte ordinaire.

Dominique Collin

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Ecouter; Lettre Démocratie et Spiritualité N° du 155 de Sept-Oct 2017

Ecouter, c’est être là, présent, attentif, laissant dire ce qui se dit. C’est être pleinement disponible, privilégiant la pensée d’autrui, le laissant s’exprimer sans chercher à voir comment avoir raison. On écoute des mots, mais on perçoit aussi une voix, un regard, un visage, un corps habité... Il s’agit de laisser toute la place à une parole qui suggère plus que ce qui est dit et qui fait advenir ce qui n’avait pu encore être dit.

Ecouter, ce n’est pas forcément être d’accord, mais c’est accepter d’aller sans jugement préconçu, avec empathie, vers l’inaudible, vers ce qui dérange, vers l’expression d’une humanité qui se cherche. L’écoute favorise non seulement une parole authentique, mais aussi offre l’opportunité d’exprimer une pensée en gestation ; elle ouvre un espace où l'écouté peut trouver sa place et mieux accéder à sa propre parole, ce-jamais- entendu, cet « in-oüi » qui est dévoilement de sa parole et chemin vers sa vérité.   

Ecouter, c’est rendre entendues les paroles de l’écouté, puis de l’écoutant, ce qui contribue à générer du dialogue et à créer de la congruence. Une écoute gratuite permet de dévoiler et d’approfondir nos conversations intérieures, d’ouvrir des portes, de cheminer ensemble en vérité, d’accepter nos limites, de créer des liens, d’édifier des amitiés, de poursuivre de vrais dialogues.

 JC Devèze, avec le concours d’Henri-Jack Henrion et de Martine Huillard

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre de rentrée du samedi 30 septembre  2017 :

Qui suis-je ?

Combien d’entre nous ont acquis la discipline et trouvé le goût d’un temps quotidien de silence intérieur ? D’une pratique régulière de mise en ordre de ses pensées, de ses émotions de sa vie ?

 Quel être humain sur la terre, en effet, n’a pas un rendez-vous intime avec les questions suivantes ?

« Qui suis-je ? Qu’ai-je au fond de moi de différent, de singulier, d’unique ? Me suis-je déjà donné les moyens de le découvrir et de l’exprimer ? Ai-je donc assez pris soin de moi-même ? Ai-je une connaissance superficielle ou approfondie de moi-même ? Au quotidien et au fil des années, est-ce que je prends le temps de faire silence en moi-même ? Le temps de me mettre en quête et à l’écoute de mon moi profond ? Est-ce que cette expression même –tout comme celles d’âme ou d’intériorité- a un véritable sens pour moi ? Ou bien n’y ai-je jamais vraiment réfléchi ? Est-ce que j’ai choisi une vie en harmonie avec quelque chose qui chez moi viendrait ainsi du dedans ? Est-ce je la construis comme un véritable chemin à la rencontre de moi-même ? Comme un processus d’accompagnement en accord avec mes aspirations et mes facultés les plus personnelles ? Suis-je toujours fidèle à ce que je m’étais promis d’être ? Ma vie suit-elle une direction majeure, ou bien une série éclatée, sans ordre ni progrès, de buts ponctuels ? N’ai-je pas le sentiment désagréable de m’être laissé imposer mes objectifs et mon mode d’existence par la société ? Si je suis honnête avec moi-même, puis-je toujours me considérer comme « vivant », ou bien ai-je laissé mes rêves, mes idéaux, mes aspirations les plus vitales se diluer ou se dissiper peu à peu ?».

De plus en plus d’individus cherchent aujourd’hui à retrouver le temps, la sincérité, la profondeur de ce type de questionnement sur soi. Ils en ont assez de sociétés où rien n’est prévu –aucun espace- pour communiquer à ce même niveau d’intimité avec d’autres. Assez de ces univers matérialistes où personne ne parle jamais de la vie comme d’un cheminement intérieur, où ne sont donnés nulle part les moyens d’avancer dans l’accord avec soi, la connaissance de soi, l’exigence envers soi ou l’acceptation de soi …

Abdennour Bidar – Les Tisserands

Un espace prévu pour parler de la vie comme d’un cheminement intérieur, pour  communiquer dans l’intimité avec d’autres … ?

Ecoute et Partage a été créé justement pour cela !

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO du samedi 17 juin 2017 :

La fidélité à ce que l’on doit faire permet d’être ce que l’on devient.

Les projets de la jeunesse ne se réalisent jamais comme on les souhaitait, mais l’esprit fondamental qui les inspirait se montre exact. Il se retrouve intact et confirmé par la vie tout entière et par sa fin.

A mesure que l’on vieillit, le champ d’action se rétrécit, car les forces baissent. D’autre part, nous sommes limités par tout ce que nous avons vécu. Il faut le reconnaître. Les générations plus jeunes nous le font voir sans ménagements. Mais on gagne en profondeur, on devient plus libre. En s’éloignant dans le passé, les évènements perdent de leur importance. Ils prennent leur place dans un ensemble qui leur donne sens. Ils nous aident à nous comprendre.

L’avenir ne commande plus. Il n’impose plus ses inquiétudes et ses projets. Avoir cultivé ses trente arpents de terre suffit pour avoir une base solide. Avoir été fidèle à ce que l’on devait faire permet d’être ce que l’on doit devenir. Cela permet aussi de rendre providentiels les évènements qui nous arrivent. Nous avons en nous, nous pouvons accueillir en nous l’inspiration qui nous permet de leur donner le sens qui convient à ce que nous sommes et devenons. Le même évènement pour des êtres différents ne sera pas providentiel de la même manière. Nous recréons l’évènement à la mesure de notre être.

Ce que nous sommes n’est pas étranger non plus à ce que les autres sont pour nous. Cette influence, d’ailleurs réciproque, quoique se développant à des niveaux bien différents suivant ce que chacun est en lui-même, va bien au-delà du faire et du dire. Elle nait de la présence d’être à être, quand l’un et l’autre sont, chacun de leur côté, en présence d’eux-mêmes. 

Marcel LEGAULT (tiré du livre Patience et passion d’un croyant ; Editions Cerf)

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J'aime ceux qui aiment

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre Eco du samedi 6 mai 2017 :

"La vie est une procession",  Pierre Pourchez,

 

La soif d’être aimé.

Nulle part cette soif d’absolu qui habite l’homme ne se manifeste mieux que dans son désir d’être aimé, désir qui est certainement le plus fondamental de l’être humain et qui permet de comprendre nombre de ses comportements. Nous désirons être aimés de manière infinie, alors que l’amour que les autres nous offrent n’est pas infini (il est limité par leurs propres nœuds et blocages) et que nous ne pouvons pas être aimés non plus par une infinité de personnes. Nous désirons être aimés de manière permanente, mais comment pourrions-nous sentir en permanence l’amour des gens qui nous aiment ? Ils ne peuvent pas penser à nous tout le temps (et heureusement !). Nous désirons être aimés de manière inconditionnelle, or l’amour que nous offrent les autres est conditionnel : il dépend de nos qualités ou de nos performances. Même l’amour des parents n’est pas pleinement inconditionnel : il y a une première condition à cet amour, c’est qu’il ne se donne qu’à son enfant. Si le hasard nous avait fait naitre dans une autre famille, nous n’aurions jamais reçu cet amour si exclusif. Enfin, nous désirons être aimés de manière gratuite quand l’amour qu’on nous offre contient une forme de demande ou d’exigence, celle d’être aimé en retour. Il y a dans nos « Je t’aime » un « Je veux que tu m’aimes ». Nous ne rencontrons pas seulement le désir de l’autre mais son besoin, voire un puits sans fond dont nous sentons que nous aurons beaucoup de mal à le combler.

Si on regarde ces quatre conditions de l’amour –infinité, permanence, inconditionnalité et gratuité-, on se dit que seul Dieu pourrait répondre à une telle demande. Car seul Dieu a l’omnipotence, l’infinité, l’omniprésence. Seul être existant en soi et par soi, il est sans besoin, donc seul capable de pure gratuité. Son amour ne pourrait que nous laisser libres à l’égard de lui.

Nous sommes donc devant une alternative. Soit l’expérience d’un tel amour divin est impossible parce que Dieu n’existe pas, et l’homme est alors condamné à assumer le drame d’une soif qui ne pourra jamais être pleinement satisfaite. Heureusement, il nous reste l’amour de nos proches, qui, malgré toutes leurs limites, continuent à nous donner la vie et le goût de vivre. Soit une telle expérience, métaphysique, d’être aimé d’un amour infini, permanent, inconditionnel et gratuit est possible, comme le suggère la vie des saints, et il y a une issue au tragique désir d’être aimé. Une telle expérience pourrait nous dégager de notre dépendance au regard d’autrui et nous rendre capable d’un amour gratuit. Nous sentant pleinement aimés, nous n’aurions plus à courir en tous sens pour mendier l’amour des autres.

Je ne chercherai pas à trancher, d’autant que dans ce domaine, ce ne sont ni les argumentations ni les croyances qui peuvent opérer, mais la seule expérience …

Reza Moghaddassi  (La soif de l’essentiel Marabout)

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO du samedi 4 mars 2017 :

"Nous sommes le monde",  Pierre Pourchez

 

 

 

 

Quelque chose de plus grand que nous

 

Si nous disons que notre soif de l’essentiel est soif de vérité, de bonté ou de beauté, de justice et d’amour, comment rendre compte alors de son unité ? Devant la beauté, nous avons l’impression de rencontrer la plus grande vérité, comme nous faisons l’expérience de la plus grande beauté quand nous rencontrons la bonté. Du point de vue de la soif, toutes ces qualités lumineuses sont reliées et apparaissent comme les différentes facettes d’un même diamant. C’est en ce sens que la soif de l’essentiel est une soif d’absolu : elle est tendue vers un horizon vécu comme unique, dont procèdent toutes les qualités merveilleuses et lumineuses expérimentées dans ce monde. Cet horizon est à la fois la destination mystérieuse de notre soif et son origine secrète.

 

Soif d’absolu

 

Si notre soif de l’essentiel est soif d’absolu, c’est parce qu’elle ne saurait être seulement soif de beauté, de bonté ou de vérité. Elle est soif de tout cela en même temps. Et aussi de tout ce que la pensée ne sait appréhender que comme des contraires : l’amour et la force, la douceur et la fermeté, la mesure et la démesure, la raison et la folie, etc.

 

Le terme « absolu » a le mérite de désigner de façon neutre cet horizon vers lequel nous nous sentons appelés car nous présupposons, à tort ou à raison, une unité de ce qui émerveille et illumine. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas des lumières trompeuses, mais que tout ce qui nous a élevés participe d’un même principe. L’essentiel est comme un soleil qu’on ne voit pas, mais qui nous attire par ses rayons. Voilà pourquoi l’horizon de notre soif est brumeux et que nous bafouillons dès qu’il s’agit d’en parler. Nous ne savons pas ce qu’il est, pourtant nous voulons le réaliser en nous réalisant.

 

Nous mentirions en affirmant que nous savons ce que nous cherchons, car la source d’où émanent la bonté et la beauté reste pour nous mystérieuse. Mais nous mentirions aussi en disant que nous ne savons rien de ce que nous cherchons, car les expériences de nos vies nous ont indiqué un chemin et nous ont donné la saveur de cet absolu. Toutes les réalités qui ont éveillé et animé en nous la soif ont ce goût d’absolu, car leur valeur n’est relative à rien.

 

Pourquoi aimons-nous la bonté ? Parce que c’est la bonté.

Pourquoi aimons-nous la beauté ? Parce c’est la beauté.

Pourquoi aimons-nous la vérité ? Parce que c’est la vérité.

Nous les désirons pour elles-mêmes et non en vue d’autre chose.

 

Reza Moghaddassi  (La soif de l’essentiel - Marabout)

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre Eco Med du mardi 21 février 2017 :

La morosité a-t-elle de l'avenir ?

 

La question n’est plus simplement de savoir qui sera président en mai 2017, mais ce que sera le monde en 2050, voire en 2100. [...]

Dénoncer les dérives et les excès d’une société qui transforme les humains en objet de production et de consommation ? C’est sans doute indispensable. Nous n’aurons jamais de mots assez sévères pour cela.

Mais le risque est parfois de devenir donneurs de leçons, moralisateurs qui ajoutent encore à la morosité ambiante. À l’inverse, l’évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus une vraie révolution de comportement :

« C’est vous qui êtes le sel du monde [...]. C’est vous qui êtes la lumière du monde. »(Mt 5,13-14).

Il s’agit effectivement d’une révolution. La tradition biblique employait ces symboles plus volontiers pour parler de Dieu lui-même et non des êtres humains. Mais voilà que nous est donnée une vraie mission, celle d’incarner une présence divine dans le monde...

Ces deux symboles sont différents et complémentaires. Le sel est discret, au contraire de la lumière. Comme un appel à une dialectique entre la discrétion et une audace du plein jour. Le point commun entre ces deux réalités est néanmoins de mettre en valeur ce qui existe.

Le sel est un exhausteur de goût, pas un transformateur de goût. La côte de bœuf aura toujours un goût de côte de bœuf, et non de saumon ou d’œuf à la coque. Révéler le goût des choses, n’est-ce pas le meilleur remède contre la morosité ?

Valoriser ce qui existe, le rendre savoureux, n’est-ce pas là une belle mission qui nous éloigne de nos gémissements habituels et des dérives de la polémique immédiate et creuse ?

 Quant à la lumière, c’est bien elle qui fait exister au regard ce qui est, qui donne du relief par les ombres qu’elle crée. D’ailleurs, comme pour Dieu dans le livre de l’Exode, on ne peut pas regarder directement la lumière du jour, le soleil, sans se brûler les yeux. On voit ce qu’elle éclaire en devinant la source. Voilà encore une exhortation à une forme de dialectique dans nos vies, entre discrétion et audace.

Si nous éclairons le monde, c’est pour le mettre en valeur, et non pour mettre en avant notre identité, notre drapeau, notre Église, notre histoire. La « nouvelle évangélisation » n’est peut-être pas de vouloir « gagner des âmes » ou de vouloir toujours plus de paroissiens, mais, avec une humble audace, de rendre le monde plus beau et plus délicieux.

La morosité aura alors perdu.

 

Jean-Marie de Bourqueney - Réforme, hebdomadaire protestant n°3693

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO  du samedi 4 février 2017 :

 

Un mensonge aveugle

 

« Que faut-il faire ? » demandent certains disciples à Jésus dans l’Evangile de Thomas.

« Arrêtez le mensonge ! Ce que vous n’aimez pas, ne le faites pas », répond Jésus.

Cette formule étonnante renvoie les disciples à leur ardeur. Le problème n’est pas tant ce qu’il faut faire que l’intensité de notre soif. Arrêter le mensonge, c’est d’abord se mettre à l’écoute de sa soif, la prendre au sérieux. Ce que Jésus reproche à ses disciples n’est pas tant qu’ils lui mentent, mais qu’ils se mentent à eux-mêmes. Mais de quel mensonge s’agit-il ? Comment un mensonge pourrait –il être inconscient ?

 

Le mensonge est en effet traversé par une division puisque le menteur joue à celui qui dit la vérité tout en sachant que ce qu’il avance est faux. Il doit inventer un scénario et garder son sang-froid d’acteur. A l’inverse, celui qui veut dire la vérité  n’a pas besoin de réfléchir ni d’inventer, il laisse sa spontanéité s’exprimer. Il lui arrive de se tromper mais, de cette erreur, il sera la première victime. Il n’a pas eu l’intention de trahir ou de mentir. Il n’a pas joué un double jeu. Vivre, c’est parfois faire l’expérience du mensonge et de la trahison, c’est connaitre la duplicité de celui qui prétend à la vérité mais qui joue et se joue de nous.

 

Malheureusement, il ne suffit pas de ne pas mentir pour ne pas vivre dans le mensonge. Une forme plus subtile de duplicité nous habite, qui n’est ni consciente ni mal intentionnée, mais qui nous divise et nous éloigne de la vérité. Dans chacun de nos actes, nous sommes séparés de l’absolu mais nous faisons comme si ce n’était pas le cas. Oublier sa soif, c’est d’abord être inconscient de l’imperfection de ses actes.

 

Prenons quelques exemples pour illustrer cette inconscience. Remarquons, en premier lieu, que le désir de dire la vérité ne garantit pas que ce que nous disons est la vérité. Nous prenons souvent le ton de la compétence pour parler des choses, mais qu’en savons-nous ? Ne sommes-nous pas en train de colporter des informations que nous avons glanées çà et là sans interroger nos sources ? La science elle-même ne présente-t-elle pas le plus souvent des vérités incomplètes, temporaires et approximatives ? N’est-elle pas un regard possible sur le réel ? Les mots peuvent-ils dire pleinement les choses ?

 

Ce même écart se retrouve encore dans bien d’autres domaines. De la même manière et sans même en avoir conscience, lorsque nous donnons, nous faisons comme si nous n’attendions rien en retour, mais nous nous regardons donner. Nous espérons peut-être inconsciemment quelque chose en retour : que celui à qui nous donnons, et qui devient alors notre débiteur, nous témoigne sa reconnaissance ou que la vie nous récompense, comme si nous cherchions ainsi à acheter inconsciemment un meilleur destin. Notre don a beaucoup de mal à être total  et gratuit mais nous faisons pourtant comme s’il l’était.

 

Quand noud disons « Je t’aime », même si nous le disons du « fond du cœur », sommes-nous à la hauteur de cet amour que nous invoquons ? S’agit-il d’un amour pur de tout égoïsme et possessivité ? Non. Le sentiment bien réel que nous invoquons porte toutes les limites qui sont les nôtres.

 

Nous ne sommes pas seuls à entretenir le mensonge. Toute la vie sociale entretient le vernis de la vérité. Jouer à ce jeu est même, à certains égards, une nécessité ; une sincérité totale empêcherait la vie en société. Nous devons faire comme si notre don était gratuit et désintéressé, comme si notre amour était pur et désintéressé, comme si tout allait bien quand cela ne va pas, comme si, etc.

 

La soif de l’essentiel trouve son terreau dans la conscience de cet écart. Elle est un cri ou un appel à plus de vérité : non pas un appel à transgresser les codes sociaux –ce serait infantile et regrettable, car il est souvent précieux au niveau extérieur de faire « comme si » -, mais un appel à nous élever intérieurement à la hauteur de nos exigences, à entrer en cohérence avec les principes que nous invoquons. La soif de l’essentiel est un appel à une purification intérieure. Encore faut-il, pour entrer dans une telle démarche, prendre conscience du mensonge. La sincérité, c’est d’abord la conscience de sa non-sincérité.

 

Or, nous avons tendance à vivre dans l’inconscience ou dans une forme de mauvaise foi. Par orgueil ? Par paresse ? Les causes sont multiples et aussi bien intérieures qu’extérieures, mais le résultat est là : nous ne cherchons pas à polir le miroir de notre cœur.

 

Reza Moghaddassi La soif de l’essentiel, Editions Marabout

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La spiritualité

 

« Nous sommes entrés dans la première civilisation agnostique de l’histoire, consciente d’ignorer la signification de l’homme …Et j’ajoute très tranquillement ; ça ne durera pas éternellement. Notre civilisation sera contrainte  de trouver sa valeur fondamentale ou elle se décomposera »  André Malraux

 

Les communautarismes, les ethnocentrismes, les obligations faites aux minorités de s’intégrer sous peine de « désintégration » ou d’exclusion … pis, les massacres ou autres épurations ethniques donnent raison à ce  visionnaire athée.

 

La spiritualité est une ressource de sens potentielle. La spiritualité peut aider les patients à surmonter leur détresse. La spiritualité n’est pas seulement l’affaire des représentants religieux ou des soignants. La spiritualité appartient à celui ou ceux qui éprouvent la vie, leur vie. Elle se vit « comme on peut » avec ou sans support religieux, mais elle se vit. La spiritualité se vit plutôt dans l’intimité et la solitude. Elle peut se partager avec celui ou ceux qui, au sens étymologique, connaissent (naissent avec), avec les proches.

 

« A l’heure où l’on voit s’opposer un Dieu sans spiritualité et une spiritualité sans Dieu, donner du sens au terme de spiritualité passe par le fait de pratiquer celle-ci en apercevant notamment  comment elle passe par le sens de l’intelligence, de la nature, de l’homme, de la relation et du sens » Vergely

 

« Ce que l’on voudrait souhaiter à tous, c’est de porter un regard lucide et serein sur la finitude de notre existence. » Ce message est une invitation  à réfléchir dans le calme et sans tabou à nos priorités, à nos valeurs, à nos convictions et à nos espoirs, si possible dans un dialogue avec les êtres  qui nous sont chers. Dans nos vies, ces dialogues restent malheureusement rares et nous nous y consacrons souvent très tard. C’est notre liberté de prendre, ici et maintenant, le temps nécessaire à cette introspection.

Extrait du livre "La fin de vie" "Se préparer à mourir est la meilleure façon d'apprendre à vivre" Editions Eyrolles

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L’Eglise face aux défis de la modernité

Intervention de  Jacques NOYER, évêque émérite du diocèse Amiens.

Les changements causés par la modernité bouleversent l’Eglise qui  traverse une tempête secouée par 3 lames de fond :

1) Le rapport au territoire a changé, le modèle de la paroisse est ébranlé. L’Eglise installée dans le monde depuis de nombreux siècles était structurée en paroisses, chacune délimitée dans un territoire précis avec un curé à sa tête qui organise tout. Mais ce modèle est dépassé car le curé vit pour ses paroissiens, mais ils ne sont plus là.  La mouvance des habitants pour le travail, les loisirs,  conduit à une société « hors sol » et les chrétiens ne sont plus majoritaires. Pour pallier au manque de vocations, le prêtre est responsable de plusieurs paroisses, mais les fidèles ne vivant plus ensemble dans un même lieu, il n’y a plus de liens structurels entre eux. Autre modèle dépassé comme celui de penser l’Église par milieux, mais leur définition a évolué.

La communauté vivait autour de la messe. Faut-il défendre l’Eucharistie pour la totalité des chrétiens et trouver d’autres formes de sacerdoce pour que tous en bénéficient ou bien faire l’eucharistie autrement. On ne peut pas faire l’Eucharistie pour tous avec moins de prêtres …

La messe télévisée, les adap, les rencontres des JMJ , les pèlerinages,  le carême par internet, Facebook … sont d’autres approches pour faire Eglise.  

Il faut que l’Eglise accepte de se repenser autrement avec tous ces liens nouveaux.

Il faudrait que des communautés de chrétiens se forment. Il est important de partir de la vie des gens telle qu’elle est en cherchant du sens à ce qu’ils vivent.

2) La parole de l’Eglise est contestée… Le monde affirme sa liberté de penser. La société contemporaine n’écoute plus… La spiritualité elle-même se passe de l’Eglise … L’autorité du dogme est remise en question.

L’Église est asphyxiée par sa hiérarchie. Elle a confondu le royaume de Dieu et le royaume de l’Eglise. Son autorité n’est plus reçue ni écoutée comme avant, mais elle continue de juger comme si elle était encore gardienne du troupeau. Les clercs avaient la connaissance et imposait ce qui était bien et mal. Sa manière de parler ne convient plus. Il lui faut réapprendre à parler à la manière de Jésus qui parle avec une autorité reconnue, mais pas de manière autoritaire. Les paroles de Jésus sont capables de bouleverser une vie.

3 Le discours sur l’Homme : l’Eglise disait ce qu’était l’Homme aux yeux de Dieu. Evangéliser c’était imposer. (Notion de nature,  loi naturelle sur l’Homme, la famille, le social…). Cette prétention a été mise à mal par l’histoire, l’exégèse, les sciences humaines… Ce qui est fondamental, c’est la relation. L’être est une relation, Dieu est défini par une relation.                                                              3

Croire ce n’est pas croire à une vérité qui est déjà là, mais c’est la chercher. Dieu n’a pas tout décidé, avec Dieu je peux agir. Le discours de l’Eglise ne tient pas compte comment il est reçu chez les gens. Quand on annonce l’Evangile,  quand on fait un  sermon, il faut se demander si c’est une parole qui sauve, qui réconforte. Trop longtemps l’Eglise a défini une doctrine qui est un système à croire et non pas basé sur la relation. La foi ne se met pas en boite, c’est comme la vision. Elle n’est pas une obéissance, mais un émerveillement sur une réalité différente. Le rationalisme a secoué le dogmatisme de l’Eglise qui croyait que le royaume de Dieu était achevé. Elle reconnait maintenant qu’il y a une lecture historique de la Bible. La notion d’histoire nous oblige à une relativité des choses. La religion est un moyen pour la foi, mais on l’a sacralisée à travers ses règles,  ses chefs. L’Eglise a toujours le sentiment qu’elle a la vérité. Elle doit s’adapter et répondre aux questions du moment, trouver les mots justes. Les synodes romains et diocésains devaient permettre à l’Eglise de prendre des décisions à l’échelon national. Dans  l’histoire, des réformes ont été faites par des prophètes comme St François d’Assise. Quels enseignements tire-t- elle des prophètes d’aujourd’hui come Marcel Légaut, Helder Camara , Mgr Riobé,  l’abbé Pierre.

             Cinq changements de perspective à opérer pour rester fidèles :

 

1)      Sortir de la chrétienté : l’Eglise n’est pas un empire, elle n’est pas une société qui impose, elle n’a aucun privilège. Après la chute de  l’empire romain l’Eglise s’est sentie responsable du monde et on a vécu dans cette supériorité. On peut sauver le monde en disant : « monter dans la barque », mais on peut aussi mettre un phare pour l’éclairer.

2)      Il faut aimer le monde d’aujourd’hui tel qu’il est avec ses souffrances, ses erreurs, ses échecs, ses injustices,  mais ne pas s’installer comme le parangon de la justice.

3)      Il faut accepter la diversité. On a trop pensé l’Eglise comme un arbre, mais on peut  la voir plutôt comme un buisson. Tout le monde ne marche pas au même pas. Importance de concilier les différentes initiatives et d’en faire l’évaluation.  Il faut accepter d’être différents et rentrer en dialogue, mais ce n’est pas facile.

4)      Ne pas avoir peur de faire du neuf et croire à l’Esprit qui invente,  qui fait toute chose nouvelle et qui change la face de la Terre. Faire confiance à l’Esprit, c’est croire qu’une autre Eglise est possible. C’est un souffle,  une énergie qui nous guide vers le royaume de Dieu.

5)      Passer du catéchisme à la pastorale. Le catéchisme affirme des vérités,  la pastorale ne juge pas ;  ce qui permet à la brebis de trouver ou de retrouver un chemin. Je crois beaucoup plus à la parole qui agit comme une caresse. Les Béatitudes ne doivent pas être reçues comme des commandements. Il faut aider les gens à goûter les paroles et les gestes de Jésus et dire Dieu autrement.

 

Compte rendu par Blandine&Alain (CHEMINS NOUVEAUX)  

 

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre Eco Med du samedi 7 janvier 2017 :

 

Prières d’homme

 

« Que chacun aille en paix

sur la voie qui est sienne

avec l’exactitude de la fidélité.

Départ et détachement,

Dépouillement sans fin.

Distance et liberté

Seul, face à son destin.

Discrétion et patience

De celui qui se sait, mais espère dans la pureté du silence.

(…)

Attente de la présence qui fait être

Dans la totalité du vouloir.

(…)

Harmonie et paix

étant soi sans être à soi,

dans la rectitude du regard,

dans la justesse de la pensée,

dans la simplicité de l’acte,

dans l’authenticité de l’être,

disponible, et comme immobile

devant Dieu,

pour recevoir et pour donner. »

 

Marcel Légaut

 

Ce texte a été exploité lors de la rencontre Eco Med du jeudi 17 novembre 2016 :

L’avent : un grand vent d'espérance, un autre monde est possible !

Le temps de l’Avent, c’est le temps du désir. Le désir toujours entretenu, jamais assouvi, qui nous porte en avant dans la joie d’aller à la rencontre de Celui que nous ne cessons de chercher. Là où il y a un désir, il y a un chemin.

Ce n’est pas l’attente inquiète pour un train qui n’arrive pas. Ni l’attente angoissée pour un être cher dont la vie est en danger. Ni l’attente illusoire de ceux qui ne vivent que pour un passé à jamais révolu.

C’est l’attente joyeuse des parents qui se préparent à la naissance de leur enfant. C’est l’attente des guetteurs d’aube. Ils savent que la nuit, si longue soit-elle, laissera place à la lumière du jour. C’est l’attente des amoureux de la vie. Ils sont en état d’accueil. Etre vivant, c’est être accueillant. Accueil à ce qui va venir, à ce qui peut advenir, à l’inattendu, à l’inédit. Ils entrent dans l’aventure de la vie.

Mais il y a les déçus de la vie, qui n’attendent plus rien d’elle. Ils n’attendent plus rien d’eux-mêmes, ni des autres, ni de Dieu, ni de l’Eglise, ni de la société. On dirait que leur vie s’est arrêtée, qu’ils sont déjà entrés dans la mort.

Quand Dieu vient habiter parmi nous, tout invite au renouveau. C’est une bonne nouvelle qui change la vie. Le temps de l’Avent, c’est le temps des recommencements, toujours possibles, quels que soient notre âge et notre situation.

Le temps de l’Avent s’élargit à l’humanité tout entière. Un grand vent d’espérance : un autre monde est possible. Notre planète, si meurtrie soit-elle par les inégalités et les violences, peut faire germer la justice et la paix. Il n’y a pas de fatalité. Quand Dieu entre dans notre histoire, il ouvre l’avenir et nous donne la passion du possible.

Tiré du livre, page 68 "Un catéchisme au goût de liberté" de Jacques Gaillot, Alice Gombault et Pierre de Locht

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO du samedi 3 novembre 2016 :

 

 

Une espérance qui engage

 

 

   Comment vivre sans entretenir dans son cœur une part d'espérance ? On aspire à un lendemain moins éprouvant, plus heureux. On espère vaincre une difficulté, échapper à une épreuve, voir se réaliser un mieux-être, pour soi et pour ceux qui nous sont chers. On ne peut se résigner à voir des enfants mourir de faim, des régions entières manquer du nécessaire, des peuples s'entre-tuer ...

 

   L'expérience nous apprend que l'espérance surgit au coeur de l'épreuve. Elle prend corps souvent dans la détresse. Alors que nous touchons le fond du puits, voici que tout peut à nouveau repartir. C'est au cours de la nuit que nous pouvons voir l'aube se lever.

 

   La tension qui existe en chacun entre la conviction que les situations pourraient être autres, entre un rêve, un idéal entrevu et la réalité présente, souvent douloureuse, inacceptable pour soi, pour les autres, appelle à bander ses énergies dans des actions d'entr'aide, dans des solidarités exigeantes.

 

   L'espérance est un levier essentiel du dynamisme et des engagements humains. Elle est toujours un combat. Elle consiste à traverser la détresse sans se laisser écraser par elle.

   Ainsi les témoins de l'espérance reviennent de loin. Ils ont connu la guerre, la prison, la torture, la faim, l'exil, la maladie ... mais ils ont tenu bon. Ils portent encore les blessures de leur grande épreuve comme pour mieux manifester la puissance de la vie et de l'amour. Grâce à eux, on peut croire qu'un avenir est encore possible. Des portes s'ouvrent. Il n'ya plus de situation sans issue.

 

... Car l'espérance n'est pas qu'une simple attente d'un lendemain plus heureux. Il n'y a a d'espérance solide et vivace que dans l'engagement personnel, qui nous incite à établir dès maintenant les jalons d'un mieux-être, si modestes soient-ils.

 

   Habituellement l'espérance ne se vit pas seul. Elle est portée par un groupe, une communauté, un peuple. C'est ce qui donne un dynamisme et un élan à nos efforts et à nos combats. Un peuple porteur d'espérance a l'avenir devant lui, malgré les obstacles. C'est ce qu'exprime Pablo Néruda en s'adressant aux ennemis des libertés : "Ils pourront couper toutes les fleurs, jamais ils ne seront les maîtres du printemps".

 

Tiré du livre, page 65 "Un catéchisme au goût de liberté" de Jacques Gaillot, Alice Gombault et Pierre de Locht

 

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre du samedi 3 septembre 2016 :

La Beauté
 

Au cœur du monde, il y a la beauté,
Le Cœur du monde est invisible
Il bat
Notre Cœur bat silencieusement
Invisible à nos yeux il bat
A chaque seconde il bat
La vie bat tout autour de nous
Et les saisons s'enchaînent
Et la fleur éclot au printemps après le silence de l' hiver
Et l' oiseau chante le miracle d'exister
Le matin résonne d' une symphonie
L' oiseau fête le jour qui se lève
Et personne ne l'entend
Chacun s' affaire
A sa peine, à son labeur
Et l' oiseau est là
Comme l'obscurité pourtant la laideur est là ... aussi
Comme pour dire " mesurez votre chance"
Oui, je suis là, la guerre, la mort
Et tout le chapelet d'horreurs
Mais justement malgré tout cela
La vie est toujours là
La beauté d'un regard
La beauté d'un geste
Moment d'éternité
La beauté n'est pas une quantité
Dans la balance
Des milliers d'horreurs et un Cœur
Le Cœur du monde qui bat
Il est là
Il suffit de s'arrêter et d' Écouter.

Nicole

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO-MED du samedi 5 novembre 2016 :

                             Prier

Se rendre présent à l'Eternité au cœur de soi

Le monde était présent avant nous

Sera là dans l'éternité du temps

Et je suis là à ce moment précis

Fourmi lilliputienne au cœur de l'Univers

Là en totalité avec mon histoire

Résumée en aujourd'hui et disponible à l'inconnu

Et tout est là comme une pèlerine avec son sac à dos

Tout l'indispensable est là il n'y a rien à craindre

Ce moment comme un extrait de parfum

Entre le passé et le futur

Il a fallu tant de fleurs pour créer cet extrait

Il a fallu tant de chemin pour créer ce que je suis

Je suis et ça suffit

Cela a une couleur, une odeur, une texture

C'est unique et essentiel

C'est Dieu en moi

C'est un grain de sable

Et sans chaque grain de sable il n'y aurait pas la dune

Et sans la dune il n'y aurait pas le désert

Et s'il n'y avait pas le désert il n'y aurait pas les touaregs et leurs chameaux

Chacun est indispensable au tout

Dieu, c'est une présence qui habite

Je suis habitée et cela seul suffit

Il n'ya plus de mot, plus de mouvement, seulement une présence

Et quels que soient les travers les obscurités du monde

Sentir la chaleur de cet Amour immense

 

Nicole

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO-MED du samedi 4 juin 2016 :

EcoMed ou "Ecoute - Méditation" du 2016 04 30

Vie contemplative 

Le contemplatif est celui qui s'est risqué dans un désert de l'esprit au delà du langage, au delà des idées, en ce lieu où Dieu se trouve dans la simplicité de la confiance pure. Dès lors, le message du contemplatif ne sera pas de vous inviter à chercher votre voie dans la jungle du langage. Que vous le compreniez ou non, Dieu vous aime, il vit en vous. Il vous offre une lumière qui ne ressemble à rien de ce que vous avez pu trouver dans les livres ou entendre dans les sermons.

Le contemplatif n'a rien à vous dire si ce n'est pour vous rassurer, car si vous osez pénétrer votre propre silence, alors vous arriverez jusqu'à la lumière et à cette capacité de comprendre au delà des mots ce qui est trop proche pour qu'on l'explique.

Thomas Meurton, moine cistercien

Transcendance et politique

La transcendance, c’est la conscience de se savoir traversé par quelque chose d’autre que soi. L’humilité de se savoir redevable – de savoir que je ne suis ce que je suis que parce que je suis « traversée ». Par Dieu, et par les autres : leurs propres inspirations, leurs visions, leurs colères, leurs désirs.

Je fais souvent cette prière à Dieu en lui demandant de me compléter. La transcendance en politique, ce pourrait être d’adresser cette prière aux autres. Au lieu de « détenir » le pouvoir, le partager avec d’autres et leur dire : « Complétez-moi ».

 

Lorsque Élie dans le désert désespère, il dit : « C’en est trop ! Maintenant Éternel, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. » (1 Rois 19,4).

Je me dis : voilà bien le complexe de toute ma vie ! Ne plus rien oser entreprendre, car je ne sais pas comment m’y prendre. Mettre des enfants au monde dans l’angoisse que leur avenir soit pire que notre aujourd’hui, et ne pas savoir pour qui voter pour leur offrir un monde vivable…

 

Je ne suis pas une spécialiste de la vie politique. Tout humain doit être à sa mesure un spécialiste de la vie politique. Or, nos dirigeants ne nous encouragent pas à cette participation, à cette responsabilisation. Il ne s’agit pas d’être indulgent ou pas, il s’agirait déjà, basiquement, d’être en relation. Jésus lui-même vient m’encourager à me tenir debout, me mettre en marche, assumer de prendre ma part et de dire « je ».

 

Dans ma lecture de la Bible, un Dieu partage avec nous le pouvoir, nous en croit dignes, qui nous désire responsables et je nous vois préférer construire une Église qui invente des dogmes, des hiérarchies, des spécialistes...

Tout un système qui, comme sur la scène politique, permet à ceux qui jouissent du pouvoir de jouir tant qu’ils peuvent, et à ceux qui, comme moi, souffrent du complexe d’Élie de se défausser. Il n’y a pas plus de spécialistes de Dieu que de spécialistes de la « fragilité des affaires humaines ». Ce sont de grandes affaires qui ne s’abordent qu’à plusieurs. Tous les plusieurs.

 

La démocratie n’est pas, elle naît. Elle est toujours à mettre au monde. J’ajoute que l’Évangile aussi, et c’est en cela que le christianisme ne peut pas être une religion. La démocratie et l’Évangile ne peuvent vivre qu’en milieu ouvert.

C’est ce qui fait, à l’un comme à l’autre, leur fragilité. Mais c’est ce qui conditionne leur puissance et leur pertinence. En démocratie comme en Évangile, il faut être toujours prêt à se laisser déranger et à se mettre à l’écoute d’autre chose que soi...

Tiré de « Questions à Marion Muller-Collard, Théologienne ; Réforme , hebdomadaire protestant N° 3655 du 28 avril 2016

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Ce texte a été exploité lors de la rencontre ECO du samedi 28 mai 2016 :

Je vieillis

 

Seigneur, tu sais mieux que moi que je vieillis et qu'un jour je ferai partie des vieux.
Garde-moi de cette fatale habitude de croire

que je dois dire quelque chose à propos de tout et en toute occasion.

Débarrasse-moi du désir obsédant de mettre en ordre les affaires des autres.
Rends-moi réfléchi et non maussade, serviable mais non autoritaire.
Il me paraît dommage de ne pas utiliser toute ma vraie réserve de sagesse,

mais tu sais, Seigneur… que je voudrais garder quelques amis.

Retiens-moi de réciter sans fin des détails,

Donne-moi des ailes pour parvenir au but.

Scelle mes lèvres sur les maux et douleurs, bien qu'ils augmentent sans cesse

et qu'il soit plus doux, au fil des ans, de les énumérer.
Je n'ose pas te demander d'aller jusqu'à prendre goût au récit des douleurs des autres,

mais aide-moi à les supporter avec patience.
Je n'ose pas te réclamer une meilleure mémoire

mais donne-moi une humilité grandissante et moins d'outrecuidance

lorsque ma mémoire se heurte à celle des autres.

Apprends-moi la glorieuse leçon qu'il peut m'arriver de me tromper. Garde-moi…

Je n'ai pas tellement envie de la sainteté : certains saints sont si difficiles à vivre !

Mais une vieille personne amère est assurément l'une des inventions suprême du démon.

Rends-moi capable de voir ce qu'il y a de bon là où  on ne s'y attendait pas

et de reconnaître des talents chez des gens où on n'en voyait pas.

Et donne-moi la grâce pour le leur dire… Amen !

 

Prière écrite par une religieuse anglaise au XVII° siècle –

 communiquée par André Costabel  3 rue du Moulin à Vent 30540 Milha

 

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Communiqué de presse du conseil d'administration de la fédération des réseaux du Parvis réuni le samedi 12 septembre 2015 (voté à l'unanimité)

Réfugiés : urgence !

 12 septembre 2015

L’arrivée dans nos pays de nombreux demandeurs d’asile en provenance de pays en guerre ne peut et ne doit provoquer qu’une seule réponse de notre part : l’accueil inconditionnel. Si nous voulons agir en cohérence avec  le message de l’Evangile, aucun argument ne doit nous détourner de cette tâche prioritaire. Lorsque Jésus dit « j’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais prisonnier et vous m’avez visité »… il ne met aucun autre critère à notre action. Lorsqu’il bénit « ceux qui sont persécutés pour la justice » il ne précise pas leur nationalité ni leur religion.

C’est pourquoi nous récusons fermement toutes les arguties de celles et ceux qui refusent d’accueillir des personnes en détresse sous le prétexte de préserver « l’identité chrétienne de l’Europe ». Jésus ne demande pas à ses disciples de conserver des dogmes et des rites, mais de pratiquer la charité envers tous. Il prolonge en cela l’appel, récurrent dans la Bible, à l’hospitalité et à l’accueil de l’étranger.  La seule identité chrétienne qui doive être préservée, c’est celle qui met en pratique cette valeur simple et fondamentale : la fraternité universelle.

Que celles et ceux qui veulent que l’Europe se replie dans sa forteresse ou qui veulent trier les demandeurs d’asile selon des critères d’appartenance religieuse aient au moins la cohérence et la décence de ne pas prétendre le faire au nom du christianisme.

La tâche est immense, difficile et complexe. Nous devrons accepter de nous laisser déstabiliser, de nous mettre au travail, avec d’autres hommes et femmes de toutes convictions, pour créer les possibilités d’un accueil digne de tous ces arrivants. Nous devrons aussi, avec la même énergie, peser sur les décisions nationales et internationales qui amènent tant de personnes à fuir la guerre, la misère, les atteintes aux droits de l’Homme.  Nous sommes convaincus que c’est ainsi que nous répondrons concrètement aux paroles de Jésus le Nazaréen. « Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait.»

Fédération des Réseaux du Parvis

 Contact :

Marie-Anne JEHL, présidente

maf.jehl@orange.fr

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Le train de la vie       2016 04

Communiqué par M.D. Canada

A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents.
On croit qu'ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos Parents descendront du train,
nous laissant seuls continuer le voyage.

Au fur et à mesure que le temps passe,
d'autres personnes montent dans le train.
Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants,
même l'amour de notre vie.

Beaucoup démissionneront  (même l'amour de notre vie)
et laisseront un vide plus ou moins grand.
D'autres seront si discrets qu'on ne réalisera pas qu'ils ont quitté leurs sièges.

Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d'attentes,
de bonjours, d'au- revoir et d'adieux.
Le succès est d'avoir de bonnes relations avec tous les passagers
pourvu qu'on donne le meilleur de nous-mêmes.

On ne sait pas à quelle station nous descendrons.
donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que des beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.

Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d'être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d'avoir fait un bout de chemin avec toi.

 

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A tous ceux que j'aime ...

 

Je vous offre une brassée de LUMIERE

et de CHALEUR qui puisse  RECHAUFFER

tous les cœurs sombres ou ténébreux de la terre.....

 

- PARTAGEONS  ENSEMBLE

ce que nous pourrons apporter pour fêter NOEL en

famille

 

Nos JOIES ou nos PEINES

 

BRILLANCE  de nos talents -  de nos dons ou

de notre aide   en y  participant  avec sourire  ou

 DOUCEUR et TENDRESSE inhabituelles …..

 

SOINS des cadeaux   qui font  la joie des petits..

mais aussi  le plaisir des grands …..

 

JEUX ou ATTENTIONS PARTICULIERES

aux plus affligés ou très agités ….

 

BREF – tout ce que vous imaginerez vous-mêmes

à travers la beauté de vos gestes de vos paroles,

ou de votre simple présence  - mais  surtout de

 

votre grand cœur  qu'on ne dit pas

qu'on ne devine pas mais qui est capable

d'accomplir le miracle du jour !

 

VEILLONS aussi au FEU qui se consume et

ranimons  de temps à autre nos braises afin

que nous puissions nous en souvenir après les fêtes !

 

SOYONS  ou  restons  <  NOEL <  ... toute l'année !

 

NOUS  accompagnerons cette fête de nos meilleurs  VOEUX

pour le passage obligé de l'année suivante  qui se fera

malgré nous – mais jamais sans nous !

 

REMERCIONS  humblement cette CREATION DIVINE

qui est plus grande que nous mais   qui se manifeste aussi  en NOUS !

 

 TRES BONNES FETES DE FIN D 'ANNEE à VOUS TOUS !               Germaine Oswald                             

 

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« Comme un voyage »

TOUSSAINT. Plus de 600 000 Français pensent aujourd’hui faire un legs à une association. Qui sont-ils ? Pourquoi veulent-ils consacrer une partie de leur patrimoine à une œuvre caritative ? Que deviennent leurs biens après leur disparition ?

TÉMOIGNAGE.  Un légateur, Geneviève, 90 ans, explique sa démarche, profonde et réfléchie.

Jusqu’à présent préservée des soucis de santé, Geneviève doit aujourd’hui composer avec un coeur fragilisé. La mort, elle y pense sereinement. Toute sa vie, elle a fait des dons à des associations comme SOS Village d’enfants ou l’Institut Pasteur  Parce qu’elle ressent une attirance particulière pour les enfants, ou pour aider la recherche contre le cancer, qui a emporté plusieurs de ses proches. « J’ai toujours envie d’améliorer les choses, j’aime les fleurs, les plantes qui poussent, c’est intéressant. » Mère d’un fils unique, qui n’a lui-même pas eu d’enfant, elle a longuement réfléchi à la question du legs, sans trop savoir comment s’y prendre. « Je ne connais pas grand-chose aux histoires d’argent, ça n’a pas été ma ligne de conduite pour vivre. » Au début, son fils la mettait en garde : « Maman, je ne veux rien pour moi car j’ai ce qu’il faut, lui disait-il. Mais j’aimerais mieux que tu ne lègues pas tes biens : c’était ton travail, je préférerais que tu en profites. » Ce à quoi Geneviève répondait : « C’est embêtant de laisser passer l’argent comme ça… » Dépenser pour dépenser, ce n’est pas son truc. Et puis, elle est catégorique : « Une fois qu’on est mort, on ne profite de rien ! »

Un jour, elle est tombée sur un article dans un journal catholique parlant de Mécénat chirurgie cardiaque (MCC). Ça a fait « tilt » dans sa tête. « J’en ai parlé à mon fils, qui m’a dit : “Je suis d’accord. Je  ferai comme toi.” » Aujourd’hui, Geneviève et son fils ont décidé de léguer tous leurs biens à MCC. « C’est pas mal : des enfants condamnés à mourir peuvent vivre après, une fois opérés. La première image qui me vient en tête quand j’y pense, ce sont des petits pas qui courent sur le sable ou dans la forêt. C’est comme un voyage que je fais à travers d’autres. »

http://reforme.net Hebdomadaire protestant

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MÉDITATION                 L’attitude tolérante

 

L’attitude tolérante ne suscite pas tout de suite et obligatoirement la sympathie dans les structures religieuses, politiques, ou chez certains particuliers, anxieux ou bétonnés.

La tolérance peut être soupçonnée de mollesse, de tiédeur. Elle prospérerait surtout sur les terrains de manque de conviction, de faiblesse et aurait la vertu de l’édredon qui amortit le choc. Elle serait comme une anesthésie de la conscience, comme une forme d’éteignoir.

« Il y a des maisons pour cela », disait le si grand et pourtant si intolérant Paul Claudel...

En vérité, être tolérant, c’est découvrir tout au long de l’existence, de choix en choix, dans les situations quotidiennes, avec une volonté tendue vers le respect, que le chemin de la tolérance est un chemin difficile pour ne pas succomber à la facilité.

Être tolérant, c’est se connaître soi-même, être tolérant avec soi-même, avec ses blessures, ses richesses, et s’ouvrir alors aux autres dans leurs différences, accepter d’être transformés par eux, tout en restant fidèle à soi-même.

Être tolérant, c’est accepter d’être accepté par les autres, pour pouvoir les recevoir avec leurs richesses, leurs pauvretés, leurs soleils et leurs ombres, et la différence de leurs couleurs.

Disponibilité, attente, désir, choix, ouverture, dépouillement - le dirais-je ? Amour - autant de mots qui disent la condition forte, riche et pauvre, exigeante et silencieuse de la tolérance. La vérité de chacun est insaisissable, elle lui appartient et il ne sait pas la dire. En théorie, la tolérance est facile lorsqu’on parle de dignité et de tolérance dans les pays lointains, et loin des frontières. Elle est une exigence difficile dans les rencontres quotidiennes.

« Le fossé le plus proche est le plus difficile à franchir », dira Friedrich Nietzsche.

 

René-Xavier NAEGERT, dit le « Pope »

(1925 -2015), aumônier de l’École normale de Strasbourg

 

mai-juin 2015 ~ LES RÉSEAUX DES PARVIS 31 http://www.reseaux-parvis.fr/

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Proposé par M.B.

Inconnus mais pas étrangers

Va à l’étranger
comme chez ton ami
et chez ton ami comme à l’étranger

Depuis longtemps
nos langues nous séparent
malgré les montagnes
les plaines
les rivières,
que nous avons grimpées
traversées
longées
Depuis longtemps
nos dieux nous séparent
malgré le désert
le ciel, la mer
que nous avons priés

Le pommier est-il l’étranger du pin,
l’oranger, celui du chêne,
le reflet du peuplier
dans la rivière de Castille,
est-il plus clair
que celui du bouleau
dans un lac de Finlande

 

La neige qui tombe à Odense
au Danemark
le jour de Noël
est-elle plus blanche
que celle qui tombe
des rêves du Touareg
à Bamako, le jour de L’Aïd

La lune que je contemple ce soir
dans l’hémisphère nord
est-elle plus ronde
que celle qu’on ne voit pas ce soir
dans l’hémisphère sud ?

Depuis longtemps
nos langues nous attirent
grâce aux pains
aux chants que nous partageons
autour de la même table
Et la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds
m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd
dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays
ils font de l’inconnu
un étranger.

 

Yvon Le Men, poète

 

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Appelle-moi par mes vrais noms  

Ne dis pas que je partirai demain
Car je nais aujourd’hui encore.
Regarde profondément : je nais à chaque seconde.
Je suis un bourgeon sur une branche au printemps.
Je suis un petit oiseau aux ailes encore fragiles
Qui apprend à chanter dans son nouveau nid.
Je suis une chenille au cœur d’une fleur.
Je suis un joyau caché dans la roche.

Je ne cesse de naître, pour rire et pour pleurer,
Pour craindre et espérer.
Le rythme de mon cœur, c’est la naissance
Et la mort de tous les êtres en vie.
Je suis l’éphémère se métamorphosant à la surface de la rivière
Et je suis l’oiseau qui, quand le printemps arrive,
Naît juste à temps pour manger l’éphémère.
Je suis la grenouille qui nage heureuse dans l’étang clair
Et je suis l’orvet qui, approchant en silence, se nourrit de la grenouille.

Je suis l’enfant d’Ouganda, je n’ai que la peau et les os,
Mes jambes aussi minces qu’un bambou fragile
Et je suis le marchand d’armes qui vend des armes mortelles en Ouganda.
Je suis la jeune fille de 12 ans, réfugiée sur un esquif

Qui se jette dans l’océan après avoir été violée par un pirate
Et je suis le pirate, mon cœur encore aveugle, incapable de voir et d’aimer.
Je suis un membre du Politburo, ayant tant de pouvoir entre les mains
Et je suis l’homme qui doit payer sa « dette de sang » à son peuple,
Agonisant lentement dans un camp de travail.

Ma joie est comme le printemps, si chaude qu’elle fait fleurir les fleurs sur tous les chemins de la vie.
Ma souffrance est comme une rivière de larmes, si pleine qu’elle remplit les quatre océans.
S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Que j’entende ensemble mes cris et mes rires,
Que je voie ma joie mais aussi mes peines.
S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms
Pour que je puisse me réveiller
Et pour que reste ouverte la porte de mon cœur,
La porte de la compassion.

Thich Nhat Hanh
 

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b. Une Palestine bien vivante

(sans oublier bien  sur les paysans qui luttent pour survivre  sur des terres qui leur sont volées par la colonisation)

En guise de vœux de Noël une lueur  d’espoir dans  un pays déchiré par la violence et la haine. Mais on pourrait trouver de nombreuses lumières sur toute notre planète en pleine  crise dans tous les domaines de vie de l’humanité.

Noël est depuis des temps immémoriaux le moment (dans l'hémisphère nord) du retour du  soleil et de l'échec des ténèbres, une fête de" l'appel de la vie à elle même" '(K.Gibran) ,c'est à dire aussi de l'enfant. Symbole de renaissance et donc de résurrection.

On  doute que Jésus  soit effectivement né à Bethléem mais peu importe. La grotte légendaire est un utérus  d'où peut venir une lumière pour un monde enténébré par la haine et la violence.  Ceci est une traduction approximative (Google) d'un texte reçu en anglais et arabe sur internet de la part de Mazim Qumsiyeh (mazin@qumsiyeh.org)

Jean RIEDINGER

Ceci est notre premier message de Noël du Musée de la Palestine Histoire Naturelle (PMNH) à l'Université de Bethléem. Nous vous souhaitons un Joyeux Noël et une heureuse, productive et paisible nouvelle année 2015. Depuis le lancement en Juin 2014, PMNH atteint une croissance remarquable et accélérée.

PMNH a tenu une fête de la science qui a mobilisé ensemble des centaines d'écoliers et de bénévoles pour des activités comme les expériences et discussions sur des choses allant de la pensée critique pour la physique à la protection de l'environnement.

PMNH a publié d'importantes recherches sur la Biodiversité et lancé plusieurs nouveaux projets de recherche (certains impliquant des techniques moléculaires et cytogénétiques). PMNH continue à étudier l'impact environnemental de génotoxique et colonial israélien activités.

PMNH a beaucoup travaillé sur notre site de terres pour créer et récupérer une écosystème intégré des animaux et des plantes palestiniennes endogènes (non un zoo ou un jardin botanique, mais un écosystème intégré). Nous avons commencé à réhabiliter certains animaux sauvages blessés ou abandonnés.

PMNH a commencé à développer la permaculture et l'aquaculture. Nous recyclons et revalorisons les déchets.

PMNH crée une bibliothèque numérique pour la faune et la flore. Avec les efforts des bénévoles et seulement les dons individuels, nous allons réaliser beaucoup. Aussi je vous remercie. Nous vous demandons de collaborer avec nous.
Ensemble, nous pouvons accomplir beaucoup plus en 2015.

Palestine Museum of Natural History
Université de Bethléem, Bethléem occupée, Palestine

 

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b. Croire en Dieu

  Né dans une famille modeste, d’origine catholique, formé par l’école laïque et par l’Action Catholique d’après-guerre, préparé à la Mission de France, âgé de 82 ans, je n’ai pas rompu avec l’Église qui m’a révélé Jésus-Christ. Aujourd’hui comme hier, je crois en Dieu. C’est à- dire ? L’harmonie profonde du monde, sa complexité, son agencement, sa beauté « naturelle » me donnent l’évidence d’une intelligence créatrice, « positive », sans limites, qui ne cesse de m’émerveiller et à laquelle je rends grâce d’avoir ma place dans l’espace et dans le temps. Cette intelligence- là, je l’appelle « Père ». Dire « le hasard et la nécessité » m’amuse. Dire « Dieu est création de l’homme, il n’existe que dans son cerveau, fruit de la solitude et de la culture » ne me gêne pas. Qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, que ce quelque chose soit en évolution, depuis l’origine, vers plus d’esprit, cela me fait réfléchir. Mais la relation à l’inconnaissable, vivante, quotidienne est à jamais pour moi l’essentiel nécessaire.

   Né ailleurs, dans une autre culture, je ne croirais probablement pas à ce que partagent juifs et chrétiens, ni aux dogmes des seuls chrétiens. Évidemment. Dieu est cependant là également pour tous. Et c’est bien ainsi. Pour moi, Français « catholique », avec le parcours qui a été le mien, au-delà de l’humain (non méprisable) présent dans les histoires et les institutions, j’ai perdu beaucoup de certitudes, et, à beaucoup d’affirmations, je réponds : « Je ne sais pas, mais je respecte. » Un seul me paraît émerger, totalement sûr, totalement humain, totalement confiant, abandonné, uni et ouvert à Dieu : Jésus de Nazareth, né en Palestine, il y a un peu plus de vingt siècles. Ses paroles, son comportement, tels qu’ils nous sont rapportés, sont vraiment pour moi, « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

   Alors l’Église ? Il y a des Églises depuis le début et l’histoire ne cesse d’en faire naître. Tous les disciples de Jésus sont pour moi des frères. Nous formons ensemble la grande et unique Église du Christ. Quoi d’autre ? Le protestantisme ? Je n’en suis pas, mais, par nature, j’aurais dû en être. Le catholicisme ? Je me tiens à distance parce que je ne suis plus un enfant, parce que j’aime la liberté, l’égalité, la fraternité et... la vérité. Lorsque deux ou trois s’assemblent en son nom, dans l’écoute et la simplicité, Jésus est là (Cf. Mt 18,20).

   Michel Fournier, Charenton-le-Pont

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b. Quand je m'endormirai ...

Quand je m'endormirai du sommeil de la mort,

C'est dans le cœur de Dieu que je me consolerai,

A l'image de ma mère assurant ma couchette,

Préparant mon repos en douce chansonnette ...

 

Quand vous verrez tomber de gros flocons de neige,

Effaçant mes empreintes marquées par le passé,

Je serai quelque part sans vous le dévoiler

Et vous me trouverez cachée dans vos pensées ...

 

Vous me suivrez sans crainte avec vos mêmes doutes,

Poursuivant vos chemins qui traversaient nos routes

Et ce silence de Dieu offert à notre écoute,

Représentait pour moi la pépite de mon corps.

 

L'univers est immense dans ce grand prolongement;

Il permet la distance si nous restons confiants

Car l'espérance mène et nous entraîne ainsi

A puiser nos ressources cachées au fond des vies ...

 

Quand surviendra la mort à nos âges différents

Où planeront nos âmes vers le ciel qui attend,

Vous verrez les visages traversant cette balade,

Saluant au passage la danse de ses nuages ...

 

Si ton Esprit le croit sans chercher la distance,

Alors tu verras bien toutes ces étoiles filantes

Qui remplissent le Ciel en assurant ta voie,

Par ce lien immortel que l'on perçoit en Soi ...

 

C'est la magie de Dieu dévoilant son mystère;

Rien n'est inachevé, la mort est nécessaire;

Il faut bien la franchir pour passer la frontière,

Dans ce mouvement du temps éternellement présent

Quand je m'endormirai, quand je m'endormirai ...

 

Nous sommes tous uniques, à l'image d'une fleur

Dévoilant son parfum à travers sa couleur

Car on peut apprécier en humant ces senteurs

Tout ce que dégage l'homme à travers son labeur.

 

Chacun donne sa mesure, celle que l'on peut offrir,

Comme le fit un beau jour, notre frère Jésus-Christ;

Il médita sa vie, nous assura l'ESPRIT

Car l'histoire se poursuit en guidant chaque vie

 

On le dit fils de Dieu, retourné chez son Père,

Invitant ici-bas les enfants de la terre

A se joindre à lui à travers son mystère,

Unissant nos Esprits où résonnent nos prières

 

Germaine OSWALD 02-2014

 

 

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b. Le présent

 

"Trouver le présent,
c'est laisser la vie couler à travers soi,
c'est laisser le réel se présenter à soi,

 

Le présent est indéfini ;
le futur n'a de réalité qu'en tant qu'espoir présent,
le passé n'a de réalité qu'en tant que souvenir présent.

 

Si le passé nous retient,

si l'avenir nous tourmente,
le présent nous échappe.

 

L'homme dissipe souvent sa vie

à raisonner sur le passé,
à se plaindre du présent,

à trembler pour l'avenir.

 

Le moment le plus important est le présent ;
Si on ne s'occupe pas de son présent, on manque son futur.

 

Le présent ne nous éloigne pas de ce que nous sommes, il nous en rapproche.

Et c'est peut-être ce qui fait peur car «qui je suis» maintenant est le résultat de toute une histoire vécue. Joie et souffrance comprises.

Nous avons le choix : soit rester dans une tourmente intellectuelle pour être liés par les souffrances de notre corps ; soit nous regarder dans un miroir, accepter notre histoire, faire la paix avec elle pour retrouver notre plénitude naturelle.

 

Si nous ne pouvons saisir le présent, ce n’est pas parce qu’il nous fuit, c’est parce qu’il nous contient.

Ce  n’est pas parce qu’il n'est rien : c’est parce qu’il est tout.

Comment la vague pourrait-elle saisir l’océan ?

 

Maintenant, regardons, voyons ce qui est directement là, présent :

un oiseau, un arbre, le ciel …

Ils sont là, tout simplement.

Ecoutons et observons ce qui est là, devant nous et rien d’autre ; Rien d’autre que ce qui s'y trouve vraiment.

Ne pensons qu’à regarder et à écouter ;

Ce qui nous est donné généreusement, en abondance, est là,

N'ajoutons rien d’autre.

Le regard devient pensée et la pensée écoute les sons ;

Contemplatif est alors notre regard.

 

Dans le moment présent, les couleurs du monde prennent de l’ampleur

quand le corps émotionnel est transparent, nettoyé.

Si les couleurs sont ternes, c'est que l'émotionnel est obscurci par notre armure.

 

Vivre au présent c'est être comme l'eau pure d'un lac de montagne prêt à accueillir la vie.

 

Florel Viardot  Mail : phylomis@aol.com   tel. 0612890512

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b.  L’impossible coïncidence

Je t’aime peut s’entendre comme une prière, un contrat, une mainmise, une dette. Cette formule qui me brûle les lèvres vaut d’abord pour reconnaissance d’un égarement. Je célèbre l’enfièvrement que l’autre suscite en moi et je proteste contre le désordre où il me plonge. Par sa seule présence, un étranger a fracturé ma vie en deux et je voudrais revenir à moi sans le perdre. La collision amoureuse est l’irruption d’une verticalité dans le calme plat de l’existence; elle est douleur et jouissance, bourrasque et ressourcement, brûlure et parfum. Comment dompter cet autre qui m’étourdit, me foudroie de sa hauteur ? Par un aveu qui sera tout à la fois supplique et interrogation.

Sous l’ivresse du je t’aime se dissimule l’envie d’attraper l’autre pour le contraindre à me répondre. En même temps que je confesse mon trouble, je pose une question : "Et toi, m’aimes-tu ?" Si, par miracle, il répond oui, j’accède à l’apaisement, j’entre dans la jubilation de la réciprocité.

Je t’aime est un synchroniseur : il ajuste la différence de temps des amants et les installe sur le même fuseau horaire. Il fait de Toi et Moi des contemporains. Il est aussi le passeport que nous tendons à l’autre pour entrer dans son territoire, l’équivalent d’un permis qu’il nous octroie pour accéder à son univers. Mais le mystère résiste à sa défloration : tout est dit, rien n’est accompli. Une fois la sentence fatale proférée, les amants doivent étalonner sur elle leur existence, s’en montrer dignes. Difficile de se dédire, de revenir en arrière. Nous sommes embarqués d’autant que je t’aime ne tolère pas l’adverbe : ni un peu ni beaucoup, c’est un absolu à lui seul qui tranche et régit….

Tomber amoureux, c’est rendre du relief aux choses, s’incarner à nouveau dans l’épaisseur du monde, et le découvrir plus riche, plus dense que nous ne le soupçonnions. L’amour nous rachète du péché d’exister : quand il échoue, il nous accable de la gratuité de cette vie. Seul, je me sens à la fois vide et saturé : je ne suis que moi, je suis de trop. Dans le moment abominable de la rupture, ce moi que j’avais souhaité mettre entre parenthèses me revient en boomerang comme un paquet de soucis inutiles…

Mais le secret de ce moi, c’est qu’il est tout entier forgé par l’autre, par l’état d’exaltation où il nous met : jouissance inouïe d’être aimé, c’est à dire sauvé de son vivant. L’amour a un pouvoir germinatif, il fait éclore quelque chose qui n’existait qu’à l’état latent, il nous libère de l’égo ressassant, pauvre qui constitue notre fond personnel. Il nous en retourne un autre démultiplié, joyeux, qui nous rend forts, capable de grandes choses.

Pascal Bruckner Le paradoxe amoureux

http://plein-jour.eu

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b. Comment transmettre l’éveil de la conscience ?

D’après l’expérience de Philippe Mottet,

 

Comme l’oiseau, qui se laisse porter par les courants.
Comme la vache, soumise et docile.
Comme le cheval, libre et fougueux.
Comme l’être humain, conscient de sa fonction sur terre.

 

Simplement en faisant le travail sur soi.
Peu de mots. Sentir la Présence.
Vivre dans la Présence. Laisser vivre et agir le Vivant en nous.

 

Etre convaincu que l’histoire sert les hommes et non le contraire.

Dire à qui le demande, mais pas avant, ce qui est, selon son entendement.

La conscience ne peut s’enseigner. Ici c’est l’acte qui compte. Cohérence.

Ma conscience peut charger le Silence de sa Présence.
Le Silence est l’enseignement suprême.

 

Etape 1 : Poser le problème

-Nous ne pouvons transmettre que ce que nous sommes.
-Se connaître soi-même c’est connaître son Seigneur.
-Le Temps et la Patience sont nos alliés. Chaque épreuve est un cadeau sur la voie, elle nous révèle à nous-mêmes.

 

Etape 2 : Décrire la situation

-La souffrance réside dans l’éloignement de notre vraie nature, la conscience pure.
-Nous ne sommes pas là pour donner quoi que ce soit, mais pour écouter.
-Il faut partir du principe que l’on ne peut guérir quelqu’un.

 

Etape 3 : Comprendre la situation

-Tous les hommes ont la possibilité d’accéder à leur propre livre. Notre conscience pure est la même que celle du Prophète, la même que celle de tous les Prophètes.
-Celui qui face à l’autre se pose en miroir s’efface devant l’autre.
-Dans cette relation à l’autre nous vivons l’effacement : face à l’autre je suis en Lui, à Son service, à leur service ; en l’autre qui me fait face, je Le vois, Lui, et l’autre à son tour peut reposer en Lui.

 

Etape 4 : Rechercher les solutions

-Se mettre au service du divin, c’est être responsable, c’est se vivre humble parmi les humbles serviteurs.
-Cette appartenance est un état de conscience.
-Si je suis serviteur et que je vois aussi l’autre comme Son serviteur, alors dans cette communication profonde, il n’y a plus deux mais UN ; et mille voiles tombent.

 

Etape 5 : Décider ou faire décider

-L’instant et la sincérité commandent.
-Tout vient toujours de LUI..

-Aimer c’est d’abord aimer la créature divine que nous sommes ; après seulement nous pouvons essayer d’aimer l’autre.

 

Etape 6 : Mettre en œuvre

-La conscience ne peut s’enseigner, elle se vit.
-Elle se transmet par le Silence et l’exemple.
-La transmission se vit de Conscience à Conscience.

 

Etape 7 : Suivre les résultats

VIVRE

la fraternité
la sincérité
l’humilité

par le VIVANT d’instant en instant

 

Thérapie de l'âme http://www.therapiedelame.org/

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bEcoute et Partage ou Libre et respectueux   Septembre 2013

  

Rester libre, bien évidemment, c’est essentiel.

Libre de s’exprimer ou de garder le silence.

Libre de penser différemment et de le dire.

Libre de ne pas croire ce que d’autres confient.

Il ne peut y avoir qu’une seule tête dans la diversité des membres d’Ecoute et Partage !

 

Oui, libre, mais respectueux aussi.

Respectueux du cheminement de chacun.

Respectueux de convictions qui ne sont pas miennes.

Respectueux de la différence.

Apprendre à écouter et être disponible pour chercher seulement à comprendre.

 

Exprimer ce qui me tient à cœur.

Librement, respectueusement.

Sans réagir à la parole d’un autre, sans l’interrompre,

Sans chercher à convaincre.

M’exprimer simplement, brièvement, sincèrement pour clarifier mon point de vue.

 

Ecouter la richesse, la diversité de ceux qui me respectent ;

Partager des expériences, celles de sages qui nous ont précédés ;

Ecouter et partager, librement, respectueusement pour cheminer, croitre.

Et, en un seul mot, être, tout simplement.

 

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b. L’Évangile en liberté

La tâche qui nous incombe aujourd’hui n’est pas de nous attacher de toutes nos forces aux formes traditionnelles et dépassées d’une religion dont l’homme a de plus en plus de mal à faire son bien. Elle est de mettre au jour la vie qu’elle portait en germe et qui doit être dégagée de sa gangue pour allumer encore dans le regard de l’homme la brûlure d’une foi. […]

L’exode dont nous parlons, cette sortie du monde religieux de l’enfance pour un espace plus vaste, ne débouche pas sur le vide ni le néant. Il n’est pas refus de toute la transcendance dont le monde ancien était pétri. Il est réinterprétation, intériorisation, ouverture vers le ciel du dedans : là où toutes contradictions trouvent, en chaque homme, leur réponse et leur accomplissement. Rien de paradoxal, en effet, qui ne se résolve dans la respiration assumée d’une vie s’ouvrant peu à peu, jusqu’à l’ultime, à son propre mystère. […]

La sortie de la religion est d’abord réappropriation de ce qu’elle possédait de plus propre et qui nous était devenu étranger. Cette prise de conscience peut nous sembler brutale. En fait, elle se préparait depuis des siècles dans les consciences. Il y fallut le courage de bien des prophètes malmenés, interdits, condamnés, parfois mis à mort par les tenants de la religion officielle. Que de patience pour que l’évidence dont ils étaient témoins, quelquefois avec des siècles d’avance sur les préjugés de leur temps, éclate enfin au grand jour !

Jean Lavoué L’Évangile en liberté pp.85-86 Ch.4 : Mutation spirituelle L’aujourd’hui de Dieu. Ed. Le passeur-2013 ( 287 pages.19, 90 € )

-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-

Alain Dupuis a lu et aimé L’Evangile en liberté de Jean Lavoué

On a envie de dire : "Jean Lavoué, ça fait du bien ! "…Pourquoi ?

Parce que, dans la floraison de livres s’efforçant d’ouvrir la voie à un christianisme audible par l’homme de notre temps, il apporte comme une petite musique bien à lui !

D’abord, Jean Lavoué, le croirez-vous, n’a que 58 ans…quand l’immense majorité des auteurs vivants qui accompagnent nos questionnements toutes ces dernières années a dépassé les 70 ans, voire les 8o. Sans parler de LPC.… Bref ! Une autre génération…

Ensuite, Jean Lavoué, bien que discret sur son "historique" personnel, semble nous parler comme un membre lambda du peuple croyant, non à partir d’une théologie et d’une expérience apprises sur les bancs des séminaires et dans les rangs de clercs professionnels du divin. Il nous parle à partir de son engagement humain(1), doublé d’une vaste culture accumulée au fil des rencontres et des questionnements.

Rencontres et lectures où nous reconnaissons bien des figures qui nous sont familières : Jean Sulivan, d’abord, mais aussi Bernard Feillet, Jacques Musset, Bernard Besret et tant d’autres rencontrés au fil des pages. Il nous parle du fond d’une aventure spirituelle faite de dépouillement, de lâcher prise et de l’apprentissage de ce silence intérieur qui permet de discerner, derrière toute vie, toute parole humaine, le "Souffle" qui cherche à se dire.

Enfin, parce que l’auteur a des analyses subtiles et lucides sur les raisons profondes et bien humaines qui conduisent la plupart des grandes traditions spirituelles, à commencer par la nôtre, à se fossiliser et se bunkériser dans leurs certitudes.

Mais il ne s’y attarde pourtant pas : son souci est, à longueur de pages, de nous appeler à entrer, ici. et maintenant, dans ce qui fait le cœur vif de toutes les spiritualités authentiques : l’exode et la marche en avant, en nous rendant disponibles à la nouveauté qui survient, en collant au réel de ce monde tel qu’il est, et des hommes qui y cherchent leur chemin d’humanisation.

Pour lui, à l’origine de toute aventure spirituelle (et humaine) authentique il y a cette parole que la Bible fait entendre à Abraham : "Exi ! Sors !"… "Va. Quitte ton pays, ta parenté, la maison de ton père. Va pour toi, vers toi-même, vers le lieu que je te montrerai." (Gn 12, 1).

Il y a là tout le secret : l’ "exode" hors et au-delà de toutes nos fausses et vaines certitudes. Et la descente à la rencontre, au plus profond de nous-mêmes, de ce "souffle" de vie qui nous donne de devenir ce que nous pouvons être.

Ce chemin intérieur est, pour Jean Lavoué, ce qui nous permet de lire, et d’entendre avec le cœur, au-delà des dogmes, des rituels et des institutions, le grand Poème qui se dit au cœur de toutes les traditions, à commencer par l’Évangile.

(1) Jean Lavoué reconnaît que ce livre n’est pas message abouti, mais signe que " le chemin se fait en marchant (Antonio Machado) »… et que le bonheur est dans l’incessante marche (Jean Sulivan)".

Ce livre-témoignage, foisonnant, comme la vie, et aux formules souvent saisissantes, ne peut guère se "résumer". Il se peut même que sur certains points, comme un christo-centrisme exacerbé où le Nazaréen se substitue souvent à sa "source" divine, et tend à vouloir s’imposer à toutes les cultures, on soit plus que mal à l’aise. Mais il propose, à travers un vécu, bien des clés qui permettent à tout être humain, à commencer par les "chrétiens" du XXIème siècle, de "croire en liberté" et d’aller de l’avant, vers cette "terre" qui nous est proposée, sans regarder en arrière.

http://librepenseechretienne.over-blog.com/

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b. Suite à l’élection du nouveau pape François

 

Peut-on être espérant, souriant ou même enthousiaste quand on est un(e) chrétien(ne) progressiste et critique ?

C’est la question que je me suis posée en lisant plusieurs textes envoyés par mes amiEs chrétiens « de gauche » suite à l’élection du nouveau pape François.

Dans nos milieux de chrétiens engagés, il est de bon ton d’être « critique » : il ne faudrait surtout pas être surpris en train de « baisser la garde »! Ni se laisser aller à des espoirs qui risqueraient d’être déçus. Notre souci d’« analyse » prend le pas sur la confiance et le besoin quasi maladif d’identifier les problèmes existants nous empêche trop souvent de nous réjouir sans arrière pensée de ce qu’il peut y avoir de positif dans une situation donnée. 

J’aurais plein d’exemples à donner. Je me contenterai d’un seul texte, à titre d’illustration d’une tendance fort répandue. Je précise que j’ai une grande estime pour l’auteure du texte et son œuvre, et j’élargirai très vite le débat au-delà du texte cité pour aborder les questions de fond que je veux soulever.

 

L’exemple d’Ivone Gebara

 

Dans son texte « Un nouveau pape. La géopolitique du secret », daté du 14 mars (lendemain de l’élection du pape François), Ivone Gebara, importante théologienne brésilienne, met en opposition les « premières émotions devant un pape sud-américain à l'expression aimable et cordiale » avec la nécessaire « critique à l'égard de ce système [de secret entourant l’élection du pape] pervers qui continue à utiliser le Saint Esprit pour le maintien de postures ultra-conservatrices revêtues d'apparences de religiosité et de soumission bonasse. »

Je ne voudrais pas citer Ivone hors-contexte (son texte a quand même 2½ pages), mais le ton général est sans ambiguïté : ceux et celles qui se réjouissent des premiers gestes du pape François sans y ajouter aussitôt des réserves sont associés aux « peuples [qui] applaudissent sur les grandes places publiques, [qui] s'émeuvent, prient et chantent pour que les bénédictions divines tombent sur les têtes des nouveaux gouvernants politico-religieux. » Tandis qu’ « Écrire sur ˝ la géopolitique du secret ˝ au temps de l'euphorie médiatique, c'est gâcher la fête des petits vendeurs du temple rendus heureux par leurs baraques pleines de chapelets, scapulaires, flacons d’eau bénite, images grandes et petites de beaucoup de saints. » Bref, l’émotion populaire inconsciente contre l’analyse critique rigoureuse. D’ailleurs, ne manquant pas d’autocritique, elle ajoute que « Nous sommes complices du maintien de ces pouvoirs ténébreux qui nous enchantent et nous oppriment en même temps. Nous surtout, qui possédons plus de lucidité sur les processus politiques et religieux, nous sommes responsables de l'illusion (…). » (les italiques sont de moi).

J’aurais bien des choses à dire sur le texte d’Ivone, mais ce n’est pas ici la place. Mon propos est  plutôt de soulever une question fondamentale : quelle est la place de l’espérance pour nous, chrétienNEs engagéEs et critiques? Et comment la vivre concrètement dans un événement comme celui que nous venons de vivre suite à la démission du pape Benoît XVI?

 

Espoir(s) et espérance

 

Durant toute la période préparatoire au conclave, j’étais partagé entre des « espoirs réalistes » (qui variaient selon les jours et les nouvelles) et une véritable espérance (qui, elle, était beaucoup plus stable). 

Les espoirs, nombreux et parfois un peu fous, allaient évidemment dans le sens de l’Église dont on rêve, celle entrevue durant Vatican II, qui saurait s’ouvrir à une véritable rencontre avec notre monde contemporain, ses défis, ses grandeurs et bien sûr ses misères. Pour moi, l’espoir est le sentiment humain qui porte mes rêves et mes désirs; mes espoirs sont mes souhaits vécus et ressentis « à vue humaine ». Et comme l’Église-Institution et ses cardinaux, électeurs ou non, de même que son Histoire millénaire comme son histoire récente, sont ce qu’ils sont, un minimum de réalisme m’obligeait évidemment à tempérer mes espoirs.

Pourtant, comme disciple de Jésus et de sa Bonne Nouvelle, j’étais et je demeure profondément espérant (ou plutôt : j’essayais et je continue d’essayer d’être chaque jour le plus espérant possible). Non pas en raison de l’élection du pape François (même si celle-ci a ravivé plusieurs de mes espoirs). Mais en raison de l’Amour et de l’Alliance annoncés par Dieu, ses prophètes et par son Fils lui-même, dans sa vie comme dans l’Évangile qui nous a été transmis à travers les siècles. Cette espérance est spirituelle, antérieure aux (et indépendante des) péripéties ecclésiales, romaines ou plus universelles.

« À vue humaine », les espoirs comme le pessimisme[1] de nos analyses peuvent se confronter ou se justifier : seuls le temps et l’histoire détermineront qui avait raison, et jusqu’à quel point. Mais « à vue évangélique », seule l’espérance a sa place, même s’il faut souvent, comme nos ancêtres dans la foi, « espérer contre toute espérance ».

  

Espérance, espoir(s) et le pape François

 

Quel que soit l’inconnu qu’allait nous révéler le « Habemus papam », l’espérance évangélique qui n’est qu’un autre nom de l’Amour nous invitait déjà à l’ouverture et à la confiance : Dieu (bien sûr à travers toutes les médiations bien humaines –et donc faites du meilleur et du pire-- des cardinaux et du conclave) allait continuer d’être présent au monde et à son Église à travers le 266e successeur de Pierre (selon notre décompte historique officiel).

Ce nouveau pape a bien sûr nourri, par de nombreux gestes qu’il a posés dès la première semaine qui a suivi sont élection, cette espérance spirituelle. Mais il a tout autant, et pas seulement chez les chrétiens, réjoui des cœurs et suscité des espoirs pour un autre visage d’Église (et donc de Dieu) offert au monde : un visage de bonté, d’accueil et de tendresse (trois autres noms de l’Amour). Plein de gens, dans l’Église et hors de l’Église, ont été touchés par cet homme, son sourire, ses paroles, ses actes du quotidien : faudrait-il bouder notre plaisir sous prétexte que ces réactions bien humaines et légitimes relèvent des émotions? Faudrait-il lever le nez sur la proximité qu’a vécue le cardinal Bergoglio avec les pauvres et les petites gens et sur l’intérêt qu’il leur a porté sous prétexte que cela ne s’attaque pas automatiquement aux causes et aux structures de la pauvreté? Le sourire et la simplicité du pape François sont-ils moins importants ou significatifs parce que ses relations avec les autorités argentines durant la guerre sale n’ont pas été aussi prophétiques qu’on pourrait le souhaiter?

Aucun humain, fût-il pape, ne peut être à lui seul à la hauteur de tous les espoirs humains (d’autant plus que mes ou nos espoirs ne sont pas nécessairement ceux de tous les autres)! Aucun pape, aussi saint soit-il, ne peut non plus combler totalement l’espérance qui est la nôtre, puisque celle-ci aspire à rien de moins que Dieu lui-même et son Royaume.

Le pape François semble vouloir démystifier bien des attitudes et des traditions qu’on croyait immuablement associées à la papauté : tant mieux! Il semble vouloir d’une Église pour les pauvres : si cela se concrétise, ce serait un énorme changement de cap! Il veut une Église d’ouverture, de bonté et de tendresse : quel progrès!

Sera-t-il capable de livrer la marchandise? Nul ne le sait. Son pontificat sera-t-il assez long pour qu’il puisse apporter les changements souhaités? Impossible à savoir. Sera-t-il récupéré ou boycotté par la Curie? Seul le temps nous le dira. Répondra-t-il à tous nos souhaits et désirs légitimes? À cela, au moins, on peut déjà répondre « non » sans aucun risque de nous tromper!

Mais cela n’enlève absolument rien à la joie d’avoir un pape François qui ouvre des portes, secoue les traditions et donne enfin un certain visage humain, et donc limité, à une fonction à la fois spirituelle et humaine : la papauté en ce début du XXIe siècle.

 

La papauté, l’Église et nous

 

Suivre les événements entourant le conclave (malgré des excès médiatiques comme on en trouve dans tous les événements que les médias jugent –ou rendent—d’importance planétaire), se réjouir (ou pas) du choix du nouveau pape, être envahi d’espoirs (raisonnables ou irréalistes), tout cela ne nous dispense aucunement de revenir à ce qu’est vraiment l’Église depuis Vatican II : le rassemblement du peuple de Dieu, c’est-à-dire nous tous. 

L’Église n’est ni le pape, ni la Curie romaine, ni l’État du Vatican, ni les richesses culturelles et patrimoniales accumulées au fil des âges, même si chacun de ces éléments contribue souvent, de façon très importante, à façonner l’image publique (et médiatique) de notre Église. 

Même avec François comme pape (et sans doute davantage espérons-le), l’Église c’est nous tous. Nous tous, c’est-à-dire non seulement ceux et celles avec qui je me sens spontanément davantage proche et solidaire (les chrétienNEs de ma gang, ceux et celles qui partagent ma compréhension de l’Évangile et mes priorités sociales et politiques), mais aussi tous les autres chrétienNEs d’ici et d’ailleurs dans le monde, tous ceux et celles qui se reconnaissent comme disciples de Jésus et qui s’efforcent de vivre, au meilleur de leur conscience et dans le concret diversifié de leur culture, l’Évangile au quotidien. 

Et donc pour tous les dossiers qui nous tiennent à cœur, y compris tous ceux auxquels le pape François n’apportera sans doute pas (mais peut-être serons-nous parfois surpris?) la réponse que nous aimerions (ouverture du sacerdoce aux femmes ou aux gens mariés, acceptation de l’homosexualité ou de l’avortement, etc.), il n’est pas question de nous en remettre à Rome et de nous contenter d’attendre des « autorités » la réponse à nos questionnements. Comme Jacques Gaillot nous le rappelait, lors d’une de ses premières visites au Québec, « l’Église, c’est vous (et nous) tous : faites-le et ça se fera! »

  

Notre théologie de la libération

 

Je ne veux pas entrer ici dans une réflexion poussée sur la théologie de la libération (que nous avons nommée au Québec « théologie contextuelle »). J’utilise ici l’expression au sens de la théologie dont les chrétiens progressistes, socialement engagés ou « de gauche » se réclament.

Celle-ci intègre dans sa réflexion, et avec raison, une foule d’outils humains développés au cours des derniers siècles : sociologie, psychologie, sciences économiques et politiques, etc. Je n’ai même pas d’objection, quant à moi, à ce que la théologie tienne compte des analyses et des acquis du marxisme, au même titre que de la psychanalyse et de bien d’autres branches de la recherche et du savoir. Cela n’en fait pas pour autant une théologie marxiste ou psychanalytique. 

Mais je dois reconnaître que notre fréquentation des sciences humaines a peut-être émoussé peu à peu la dimension proprement spirituelle de notre foi-telle-que-vécue-dans-notre-pratique-quotidienne. 

Faire l’analyse tout à fait utile qu’Ivone Gebara proposait, avant le conclave, dans son texte sur les médiations éminemment humaines que prend l’Esprit Saint pour éclairer les cardinaux[2] n’équivaut pas à dire que l’Esprit Saint n’est que le nom qu’on donne aux tractations humaines ou que la somme de celles-ci. Pour moi, l’Esprit Saint (Dieu) est cette réalité mystérieuse (au sens de mystère) qui transcende notre réalité humaine tout en y étant intimement présente. Et réduire notre lecture de la réalité, fût-elle progressiste, socialement engagée ou « de gauche », à ses seules dimensions humaines (ce que j’ai appelé plus haut « à vue humaine »), est une erreur importante à laquelle nous n’avons peut-être pas toujours échappé. 

À nous lire, j’ai parfois l’impression de rencontrer une vision du monde aussi sévère et monolithique que celle que nous avons, à bon droit, très souvent reprochée aux autorités ecclésiales et romaines depuis la fin du Concile Vatican II. Nous souhaiterions souvent imposer notre vision d’Église (place de la femme dans l’Église, morale sexuelle, priorité à l’engagement social concret, théologie de la libération, etc.) à tous les chrétiens, sans toujours tenir compte des contextes culturels et historiques particuliers ou, beaucoup plus simplement, sans tenir compte des sensibilités ou des opinions différentes des nôtres.

Faire Église, en 2013 comme depuis toujours, c’est accepter les différences entre Pierre et Paul, c’est accepter que nul ne peut prétendre connaître ou nommer Dieu, c’est respecter les chemins uniques et particuliers que Dieu invite chacunE à suivre, c’est reconnaître qu’au nom du même Dieu et du même Évangile, deux frères ou sœurs en Christ n’arriveront pas nécessairement, en leur âme et conscience, au même choix ou à la même décision, c’est valoriser aussi bien, comme moyen de rencontrer Dieu, l’émotion que la raison, l’adhésion spontanée que l’analyse. 

Mais par-dessus tout, c’est accepter que nos réactions comme nos analyses humaines, aussi importantes et indispensables soient-elles, cèdent ultimement le pas à quelque chose qui les transcende et qui s’appelle la rencontre mystérieuse et privilégiée avec le Tout Autre.

Et cette réalité spirituelle non seulement nous autorise à être « espérant, souriant ou même enthousiaste » (pour reprendre la question du titre), même quand on est des chrétienNEs progressistes et critiques, mais elle nous y invite instamment. Car Dieu est Amour, Dieu aime le monde (y compris dans toutes ses dimensions humaines souvent discutables), Dieu nous veut tous et toutes heureux (chrétiens ou pas) c’est-à-dire sauvés. Et pour en être ses témoins sur la terre, Dieu attend précisément des chrétienNEs cette « joie imprenable[3] » et cette espérance.

 

Dominique Boisvert

21 mars 2013


[1] J’allais ajouter : « voire le cynisme », mais je crois profondément que le cynisme est anti-évangélique et qu’il ne devrait donc jamais être de mise chez les disciples de Jésus.

[2] L’élection d’un nouveau pape et l’Esprit Saint, Ivone Gebara, Brésil, février 2013 (4 pages)

[3] Pour reprendre la riche et profonde expression de la théologienne protestante suisse, Lytta Basset : La joie imprenable, Genève, Éd. Labor et Fides, 1996, 371 p.

b. Noël ? La famille de Jésus croyait le connaître

 

Sa mère croyait le connaître, sous prétexte qu’elle l’avait fait quand elle était jeune et l’avait éduqué (de même combien de parents n’ont rien compris de leur enfant, souvent surprenant, inattendu…) ; ses frères pareillement, qui l’avaient vu grandir à leur côté, sans doute faisant le galopin avec eux, comme tous les enfants… Comment auraient-ils pu imaginer qu’ils avaient affaire à un prophète, à quelqu’un d’extraordinaire ? Comment auraient-ils à apprendre quelque chose de lui ? Matthieu écrit : "Ils voulaient lui parler"… Ils auraient mieux fait de vouloir l’écouter ! Mais peut-être avaient-ils le toupet de lui expliquer quel évangile il devait annoncer ? Sa famille croyait le connaître… Ils auraient pu réciter son état civil !

 

Aujourd’hui vous et moi, chrétiens ou non, les églises et les anticléricaux, ne croyons-nous pas le connaître ?  Pour le plus grand nombre, Jésus c’est une affaire classée. Aucune surprise à attendre de ce côté-là, on est bien au courant, nous n’avons rien à attendre de Jésus…

Quelle erreur !  Et si nous avions tout à découvrir ?

– Jamais de la vie ! Nous savons tout presque par cœur, tant ceci nous a été martelé : Noël, la crèche, le petit Jésus, les anges… et puis Jésus allant de lieu en lieu, prêchant la bonne parole avec plus ou moins de succès, faisant  des miracles souvent peu crédibles ; et sa mort sur une croix, le tombeau vide et les anges messagers … oui nous connaissons tout cela !  Certains d’entre nous continuent à le prêcher…

 

Vous n’y êtes pas, braves gens, et ce n’est pas votre faute. Car l’essentiel, sa proposition prodigieuse, son offre d’un monde renversé, à réaliser et annoncer par de petites équipes risque-tout et inspirées, son invitation à entrer dans le mode de fonctionnement de "Dieu", tel que lui-même, Jésus, se le représentait, pour entreprendre le sauvetage d’un navire en train de faire naufrage, une œuvre grandiose et urgente à accomplir, par pure générosité et bonté… oui, cette offre qui nous a été faite à tous, a été généralement dédaignée et délaissée de son temps et plus encore au cours des siècles… Certainement aussi aujourd’hui.

Croyons-nous connaître Jésus ou le connaissons-nous vraiment, lui et sa merveilleuse proposition ? Celle qui rend heureux malgré les difficultés et les oppositions, celle qui comble plus que tout au monde...  

Roger Parmentier

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b. Un homme tout simplement !

 

Je n’ai aucune honte de ce passé mais j’ai toujours redouté que par cette révélation je me trouve « habillé pour l’hiver », selon une expression un peu curieuse : Je n’ai pas envie d’être revêtu des habits d’un personnage que j’ai fui. A cause du poids de l’histoire, qui heureusement ne concernent pas les générations nées après les années 60, le prêtre reste un curé, vêtu d’une soutane, un être à part, relié au sacré, à la religion, à des cultes, moitié homme et pas forcément pour ce qu’il a de meilleur, moitié magicien et pas forcément pour ce qu’il a de plus drôle. Je n’ai pas supporté d’être pris pour un magicien, je n’ai pas apprécié d’être le ministre du culte, je n’ai pas accepté d’être le professionnel d’une religion. Puisque je suis dépouillé de tous ces déguisements, puisque tous ces masques sont tombés, autant être un homme, tout simplement. On me demande parfois ce que je pense de l’avenir de l’Eglise. A vrai dire, je n’en sais rien. Sauf que cet avenir m’est indifférent.

Je pense que l’Institution Eglise n’a pas d’avenir. Pas d’avenir le folklore religieux.

Pas d’avenir le faste romain.

Pas d’avenir une institution corsetée dans ses dogmes, dans ses rites, et même dans ses sacrements.

Je n’ai jamais rien demandé à cette Eglise-là depuis 40 ans, ni de bénir notre mariage, ni de baptiser nos enfants. Je ne lui demanderai pas de célébrer mon enterrement.

L’évangile de Jésus a irradié ma vie. Je crois qu’il reste ma boussole.

Je n’ai pas besoin de croire qu’il est né d’une Vierge et du Saint Esprit. Je préfère qu’il soit mon Frère en Humanité, et je voudrais bien devenir un Fils de Dieu comme lui.

Tous les hommes, tout comme Jésus et tout comme moi, sont appelés à le devenir, Fils de Dieu !

Il suffirait que nous soyons des « Fils de la Charité ».

 

Tiré de Plein Jour http://plein-jour.eu    http://plein-jour.eu/PJ18_Homme_tout_simplement_427.htm#Homme

 

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b. Et Dieu leur répondit  …

 

Ayant entendu leurs prières et spécialement leurs prières dites d’intercession en faveur des humains en détresse, "Dieu" leur répondit :

 

Chers enfants, il me semble que vous avez beaucoup de toupet… Vous me demandez de faire ce qui est justement de votre propre responsabilité. C’est un comble ! Vous me  demandez d’établir la paix sur la terre et la justice, de prendre soin des malades, de secourir les torturés, de donner leur pain quotidien (et l’eau potable) à ceux qui souffrent de famine, de donner un bon cœur aux enfants et aux adolescents, la générosité et la sérénité aux vieillards, du courage et de la détermination avisée aux responsables politiques, de délivrer les prisonniers, de ramener chez eux les exilés… et beaucoup d’autres choses semblables…

 

Mais tout cela c’est votre plan de travail, la mission que je vous ai confiée !  Pourquoi vous adresser à moi ?  C’est à vous de réfléchir et d’agir.  Pourquoi pas me demander aussi de réparer le robinet qui fuit, de changer une ampoule ou le pneu crevé ?

 

Si j’ai bien compris vos théories sur la création du genre humain (qui m’ont beaucoup amusé) ce serait moi qui vous aurais tout donné : une grande intelligence (que vous laissez souvent au chômage), un cœur compatissant (idem), l’esprit d’entreprise, une conscience sensible aux détresses, des mains et des bras pour agir, et tout le reste… et qu’en faites-vous ? Et vous me demandez d’intervenir ?

 

Dans ma grande sagesse, je sais bien que toutes ces demandes sont inspirées par de bons sentiments, de bonnes intentions… Mais vous savez bien que ça ne suffit pas. D’ailleurs vous dites vous-mêmes que "l’enfer en est pavé" (je ne sais toujours pas ce que vous appelez l’enfer à moins que ce soit ce que vous organisez pour beaucoup sur la terre ?).

 

Tout cela, je vous envoie régulièrement des prophètes pour vous le rappeler… Qu’en faites-vous ? Les éliminer ?

 

Allez, un peu de courage spirituel, je vous en prie (chacun son tour !).

 

                        Pour copie conforme, le plus petit des secrétaires

                        Roger Parmentier

http://librepenseechretienne.over-blog.com

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b. Luttons contre les idées fausses

Pauvreté, immigration, assistanat, fraude... : cassons les idées reçues

 

Beaucoup de choses fausses sont dites sur l'assistanat, la fraude sociale, les étrangers qui coûteraient cher à la France... Elles installent une rhétorique qui risque de marquer les esprits pour longtemps. Nous vous invitons à déconstruire ces contre-vérités en prenant connaissance de ce document et en le diffusant largement autour de vous.

 

Pour avoir des explications sur les affirmations qui suivent, cliquer

 

Non, les pauvres ne sont pas des assistés ...

Aujourd'hui, tout le monde ne parvient pas à trouver du travail. Il y a entre trois et cinq millions de chômeurs en 2012 en France, selon la catégorie considérée. Il y a 8,7% de chômage chez les 16-25 ans ayant bac+2, et 35% chez les non-diplômés. Le taux de chômage des 15-29 ans est en 2009 de 29,5% en zone urbaine sensible et de 16,9% en moyenne nationale.

64% des chômeurs interrogés dans huit pays européens déclarent qu'ils veulent retrouver un emploi, même si cela ne leur procure pas un gain financier, alors que seuls 48% des personnes déjà en emploi déclarent vouloir conserver leur travail dans une telle situation …

 

Non, les pauvres ne sont pas des fraudeurs …

 

Non, une famille au RSA ne s'en sort pas mieux qu'une famille percevant un SMIC ...

 

Non, la France ne distribue pas des minima sociaux trop élevés ...

 

Non, les pauvres ne font pas des enfants pour toucher des allocations

 

Non, les gens ne font pas tout pour toucher un maximum d'aides

 

Non, l'immigration ne coûte pas à la France. Elle l'enrichit au contraire

 

Non, la proportion d'étrangers n'augmente pas d'année en année en France

 

Non, les étrangers ne prennent pas d'emplois aux Français

 

Non, la France n'est pas un des pays d'Europe qui accueillent le plus d'immigrés

 

Non, les familles étrangères ne font pas beaucoup plus d'enfants

 

Non, la France n'accueille pas toute la misère du monde

 

Non, les étrangers ne peuvent pas profiter facilement des minima sociaux

 

Non, les étrangers n'augmentent pas la délinquance

 

Non, les enfants d'immigrés ne sont pas plus en échec scolaire que les autres

 

Non, dans les familles pauvres, les parents ne sont pas démissionnaires

 

Non, ce n'est pas parce qu'ils ne travaillent pas que les enfants pauvres réussissent moins bien à l'école

 

Non, les pauvres ne se complaisent pas dans leur situation

 

Non, les pauvres ne sont pas exemptés d'impôts

 

Non, l'école ne réduit pas les inégalités sociales. Elle les amplifie au contraire

 

Non, les Roms ne sont ni des fainéants, ni des fraudeurs, ni des tricheurs

 

Travail réalisé par ATD Quart Monde et la MRIE, Mission Régionale d'Information sur l'Exclusion en Rhône-Alpes.

Mouvement ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde France www.atd.quartmonde.fr

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b. Le pacte civique, une approche nouvelle du changement

Comment amorcer et accompagner dans la durée les transformations personnelles et collectives que requièrent les crises, dérives et fractures dont souffrent notre société et notre démocratie ?
Pour répondre à cette question, les organisations et les personnalités qui ont décidées fin 2008 de lancer la démarche Pacte civique vous proposent un diagnostic, une approche nouvelle du changement, une démarche basée sur l'engagement et la coopération.

Un diagnostic

La crise que nous subissons nous fait prendre conscience des limites de la nature, de l’intérêt personnel, de l’accumulation des désirs et la multiplication des démesures. Pour en faire une opportunité de changement, il s'agit de mobiliser de nouveaux potentiels humains, mal reconnus, mais disponibles. Voilà pourquoi un Pacte civique est lancé pour élargir le débat et rassembler les énergies. Les forces humanistes, spirituelles et politiques doivent œuvrer ensemble pour améliorer la qualité de notre démocratie.

Une approche nouvelle du changement

Pour changer les mentalités, le Pacte civique privilégie quatre impératifs pour orienter l’action :
la créativité pour donner du sens plutôt que pour gagner plus d’argent,
la sobriété pour économiser les ressources, et distinguer l’essentiel du superflu,
la justice pour assurer le respect des droits et le partage équitable des richesses,
la fraternité pour renforcer nos solidarités et rehausser la qualité de notre démocratie.
Le Pacte civique relie trois formes de changements : changements des comportements personnels ; des modes de fonctionnements des organisations ; des régulations institutionnelles et politiques. Ces trois formes de changement se conditionnent mutuellement, aucune n’est suffisante à elle seule.

Une démarche fondée sur l'engagement et la coopération

Pour concrétiser cette volonté de changements individuels et collectifs, le collectif Pacte civique vous demande de répondre à leur appel à adhérer à 32 engagements exigeants, mais nécessaires pour avancer ensemble. Ces engagements nous demandent à la fois :
• d'être nous-mêmes le changement que nous voulons pour la société ;
• de promouvoir dans les organisations qui structurent la vie sociale, ensemble et à tous les niveaux, des pratiques de créativité, de sobriété, de justice et de fraternité démocratique ,
• de militer pour améliorer la qualité de notre démocratie pour renforcer les actions contre les inégalités, les exclusions et discriminations, les maltraitances, pour revivifier le vivre ensemble, pour rendre l’Union européenne plus démocratique, plus sociale et plus active à l'intérieur comme à l'extérieur.

Le Pacte civique s’adresse à toutes les organisations et à toutes celles et ceux qui sont prêts à coopérer pour améliorer notre vivre ensemble et notre démocratie. Si l'on adhère globalement à la démarche, chacun se centre sur les engagements auxquels il veut apporter sa contribution.
Des groupes thématiques et des groupes locaux se mettent en place pour favoriser les expérimentations et coopérations, ancrant sur les territoires la démarche du Pacte civique. Un collectif, assurant la coordination de la démarche, veille à favoriser l'implication de toutes les volontés et à l'évaluation des efforts accomplis afin de décider des suites à donner fin 2013.

http://www.pacte-civique.org/wakka.php?wiki=MarchE

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b. Santé et équilibre alimentaire

 

Dans notre vie, nous sommes tous confrontés à des problèmes de santé qu'il nous faut résoudre au mieux. Le travail que j'ai mené auprès des agriculteurs-éleveurs m'a conduit à constater que le facteur alimentaire a une grande importance pour le maintien général d'un bon équilibre. Quand des problèmes lourds de santé se posent, cet équilibre devient alors essentiel.

 

C'est pourquoi de nombreuses publications parlent aujourd'hui de l'importance alimentaire et plus principalement de l'équilibre acido-basique. Cette notion qui peut sembler nouvelle, a en réalité été largement mise en évidence au début du 20e siècle par le docteur Paul Carton qui en a fait le socle de sa thérapie. L'œuvre du docteur Paul Carton prend sa source dans la pensée d'Hippocrate qui déclara "Que ton aliment soit ton médicament".

 

Le but militant que je poursuis (en tant que biologiste de terrain) est de diffuser dans un large public ces informations. Pour une initiation, c'est sous forme de recettes qu'il convient d'appliquer la découverte de l'équilibre acido-basique dans l'alimentation de tous les jours. Aussi je donne ces précisions avec un souci de brièveté :

           

- Dans notre organisme nous possédons environ 5 litres de sang qui sont en relation directe avec notre système digestif. Le sang distribue ensuite à l'ensemble du corps les éléments énergétiques (sucres) et les éléments de réparation (azoté).

- Le sang a un pH de 7,3, c'est-à-dire un équilibre acido-basique neutre et légèrement alcalin.

- Les aliments ont eux un pH très variable qui peut descendre jusqu'à 2,5 pour certains fruits, ce qui en fait des acides puissants.

- Imaginons en période estivale, l'ingestion, pour se désaltérer, d'un demi-litre de jus de fruit au pH 2,5. Ce liquide très acide va donc migrer dans le sang.

- Le pH du sang ne doit pratiquement pas varier, sinon se produisent de graves disfonctionnements. Face à cette agression, le sang va réagir en puisant dans le système lymphatique et dans les os le calcium nécessaire pour "neutraliser" ce liquide agressif.

- En pharmacie il est possible de trouver des papiers test qui permettent d'évaluer le pH des aliments.

- A titre expérimental; pour ramener un verre de jus de fruit acide pH 2,5 à la neutralité pH 7, il faut lui ajouter une cuillère à café de bicarbonate. Imaginons ce qui se passe dans l'organisme quand de telles quantités de minéraux sont prélevées…

 

Chacun peut alors comprendre comment, l'aliment ou le liquide très acide retire dans l'ensemble de l'organisme les minéraux basiques (calcium) fragilisant le système articulaire et osseux ainsi que le système immunitaire qui lutte moins efficacement contre les infections.

- Pour donner une indication d'ordre général, les prises d'aliments très acides doivent être des exceptions que l'organisme pourra supporter facilement. La logique sera donc de rechercher des aliments ou des liquides dont le pH se situe entre 4,5 et 7. Dans cette fourchette de pH, l'alimentation reste positive et ne demande pas d'effort digestif exagéré. L'ensemble des fonctions naturelles peut alors disposer de l'énergie nécessaire pour harmoniser sereinement la vie du corps et de l'esprit.

- Quelques exemples d'aliments végétaux recommandés :

La laitue, les courgettes, les potirons, les haricots verts (pH 4,5), les pommes de terre, le melon (pH 7), les pommes Golden, la mirabelle (ph 4,5), la banane (pH 7).

Les sous-produits animaux (viande, œufs, laitages) sont à un pH idéal, mais peuvent devenir acidifiants, ce qui pose un autre problème qui pourra être développé ultérieurement dans ces colonnes.

                                                                                                                      A suivre…

 

Compte rendu de l’Atelier ''Personnalité et Santé" du 18 novembre 2011

 

Jean-Marie Didon, ancien technicien de culture biologique.

(J. M. Didon se propose de répondre à toutes les questions que vous soulèverez ; jeanmarie.didon@gmail.com

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b. La « communauté de foi » vise à aider chacun de ses membres à être fidèle au meilleur de lui-même

Les petites communautés sont, à mon sens, la seule voie possible par laquelle l’Eglise puisse remplir auprès de ses membres la mission qui lui est propre ; non seulement enseigner et gouverner de façon générale, mais éduquer et appeler à la vie spirituelle, et plus particulièrement à la foi en Jésus, avec tout ce que cela comporte pour chacun suivant ses possibilités, ses besoins, au long de son cheminement propre.

Mais tout groupe ne mérite pas nécessairement le nom de communauté, quoique souvent il se qualifie de la sorte. Il est très important de préciser la différence radicale qui existe entre une communauté et une collectivité qui forme ses membres du dehors en leur imposant, explicitement ou implicitement, pour son projet (action commune, combat, etc.), par sa pression sociologique (sous les espèces de l’autorité, de la solitude, de l’intimidation) une unité dans l’uniformité. La communauté, au contraire de la collectivité, s’efforce de cultiver en ses membres leur originalité propre, de les aider à être fidèles à leur réalité profonde et ainsi de développer leurs possibilités connues ou leurs potentialités encore inconscientes. Dans ces conditions elle le fait non par quelque pression sociologique comme la collectivité mais par la présence de ses membres les uns aux autres, unis dans et par l’effort de fidélité ; fidélité qui les rend d’autant plus différents les uns des autres qu’ils sont plus divers à l’origine et plus exactement dans leur voie.

L’unité de la communauté est le fruit de la fidélité de ses membres, elle se mérite à travers leur diversité qui converge dans la profondeur humaine perçue en chacun au niveau de l’universalité. Elle n’est pas un point de départ ou un projet, comme dans la collectivité, mais un fruit de la vie spirituelle, qui n’est jamais assez mûr pour être cueilli…

Au terme « communauté de base » qui est une dénomination très souvent utilisée pour désigner des groupes d’origines, de raisons d’être, de projets très différents, je préfère celui de communauté de foi ; communauté fondamentalement enracinée dans l’humain, dont, en outre, les membres, inspirés, appelés par la foi en Jésus, sont en voie de devenir disciples. Au-delà de l’adhésion à la christologie officielle, ils entrent peu à peu, grâce à leur vie spirituelle, dans l’intelligence de ce que Jésus à vécu et a été. Ces communautés ouvriront certainement de nouveaux chemins pour la mission de l’Eglise dans la mesure où elles auront la patience, la ténacité, de rester en union avec l’Eglise tout en devenant toujours davantage elles-mêmes, tout en assumant le risque avec foi et courage. [1]

 [1] Marcel Légaut , Patience et passion d’un croyant, Centurion, 1975, pp. 181-183

 

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b. Stephane Hessel

 

Etes vous croyant ?

Non. Mais j’ai beaucoup de respect pour les croyants. Je ne suis adepte d’aucun monothéisme, et je me méfie des religions et de l’emprise qu’elles peuvent avoir les unes par rapport aux autres. J’ai un sens du divin que je ne peux pas inscrire dans un credo particulier. Je crois que l’homme est responsable de sa morale et de son engagement, indépendamment du fait qu’une foi l’anime. Entre la foi d’une Eglise et la conscience d’une responsabilité individuelle, je choisis la conscience.

 

Vous avez alors foi en l’homme ?

Oui.

Echange avec Stéphane Hessel (tiré de Evangile et liberté, Mars 2011, N° 247)

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b. Nouveau départ … pour une année à découvrir…  

 

Partir, c’est avant tout sortir de soi.

Prendre l’univers comme centre,

Au lieu de son propre moi.

Briser la croûte d’égoïsme

Qui enferme chacun comme dans une prison.

 

Partir, c’est cesser de braquer une loupe

Sur mon petit monde ;

Cesser de tourner autour de moi-même

Comme si on était le centre de tout et de la terre.

 

Partir, ce n’est pas dévorer des kilomètres

Et atteindre des vitesses supersoniques.

C’est avant tout regarder,

S’ouvrir aux autres, aller à leur rencontre.

 

C’est trouver quelqu’un qui marche avec moi

Sur la même route,

Non pas pour me suivre comme mon ombre,

Mais pour voir d’autres choses que moi,

Et me les faire voir.

 

                                   Dom Helder Camara

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b. Merci

«Si la seule prière que tu faisais dans ta vie était "merci", ce serait suffisant.»
– Maître Eckhart

Dire merci à la vie... J’ai longtemps tenté de le faire à la fin de la journée, sans jamais vraiment réussir à le vibrer. Je voyais plutôt les raisons de m’inquiéter, à l’époque, et les petits drames intérieurs que j’avais l’habitude de me créer. Et remercier quoi, de toute façon? Je n’avais jamais cru en ce Dieu «Père Noël» qui livre des présents (ou non). Et comment aurais-je pu ressentir de la gratitude pour les trésors de ma vie alors que plusieurs vivaient de grandes souffrances? À mes yeux, cela n’avait pas de sens. S’il y avait ne serait-ce qu’une seule personne qui n’avait pas accès aux mêmes privilèges que moi, je ne voyais aucune raison de remercier quoi que ce soit.

Puis, au fil du temps, j’ai compris (du moins, je le crois...). Graduellement, en glissant doucement de ma tête vers mon cœur, un «merci» extrêmement vrai et profond a commencé à émerger naturellement de moi... Une sorte d’état de grâce, un débordement de joie. Ce n’était pas un «merci de» ou un «merci pour». Ce n’était pas un merci à la vie juste pour moi. En fait, c’était plutôt la vie elle-même qui disait merci à travers moi. Et j’ai finalement compris que la gratitude n’est pas un simple sentiment, mais bien l’essence de ce que nous sommes, de ce que je suis. «Merci» n’est pas un mot, c’est le sens de la vie. Et c’est pourquoi on se sent si bien lorsqu’on le dit.

Je vous dis donc un beau «merci».

Marie-Pier Charron  www.matinmagique.com

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b. Dans le regard vers l'autre, nous naissons à nous-mêmes

"Jamais vous ne pourrez vous voir vous-même dans un miroir. Un miroir peut être utile à votre toilette, voire indispensable, mais ce n'est pas dans un miroir que vous trouverez la révélation de vous-même. Vous ne pouvez pas vous regarder priant dans un miroir, vous ne pouvez pas vous voir comprenant dans un miroir. Votre vie profonde, celle par laquelle vous vous transformez vous-même, c'est une vie qui s'accomplit dans un regard vers l'autre.

Dès que le regard revient vers soi, tout l'émerveillement reflue et devient impossible. Quand on s'émerveille, c'est qu'on ne se regarde pas. Quand on prie, c'est qu'on est tourné vers un autre ; quand on aime vraiment, c'est qu'on est enraciné dans l'intimité d'un être aimé. Il est donc absolument impossible de se voir dans un miroir autrement que comme une caricature si l'on prétendait y trouver son secret.

La vie profonde échappe à la réflexion du miroir ; elle ne peut se connaître que dans un autre et pour lui. Quand vous vous oubliez parce que vous êtes devant un paysage qui vous ravit, ou devant une oeuvre d'art qui vous coupe le souffle, ou devant une pensée qui vous illumine, ou devant un sourire d'enfant qui vous émeut, vous sentez bien que vous existez, et c'est même à ces moments-là que votre existence prend tout son relief, mais vous le sentez d'autant plus fort que justement l'événement vous détourne de vous-même. C'est parce que vous ne vous regardez pas que vous vous voyez réellement et spirituellement, en regardant l'autre et en vous perdant en lui. C'est cela le miracle de la connaissance authentique. Dans le mouvement de libération où nous sortons de nous-mêmes, où nous sommes suspendus à un autre, nous éprouvons toute la valeur et toute la puissance de notre existence."..

Dans ce regard vers l'autre, nous naissons à nous-mêmes.

Maurice Zundel

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b. Force et courage

Il faut de la force pour affirmer son opinion ;
Il faut du courage pour l’assumer jusqu’au bout.

Il faut de la force pour prendre une décision ;
Il faut parfois du courage pour en assumer les conséquences.

Il faut de la force pour avancer ;
Il faut du courage pour accepter de s’être trompé.

Il faut de la force pour dénoncer ;
Il faut du courage pour se taire.

Il faut de la force pour gagner sa vie ;
Il faut du courage pour affronter la misère.

Il faut de la force pour dire non ;
Il faut du courage pour être capable d’affirmer son opinion sans violence.

Il faut de la force pour endurer l’injustice ;
Il faut du courage pour l’arrêter.

Il faut de la force pour vivre ;
Il faut du courage pour survivre.

collectif « Fraternité Migrants » à Angres (62) ATD Quart monde

http://www.atd-quartmonde.asso.fr/?Le-collectif-Fraternite-Migrants-s

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b. Une histoire d’amour et un bouquet de fleurs en guise d’adieu  2009.03

Un ami français écrit cette "histoire d'amour" pour ses collègues et nous la transmet du Québec où il réside maintenant :

Laissez moi vous raconter une belle histoire vécue il y a près de trois ans en accompagnant un malade de 90 ans, qui est resté  trois mois à la Maison Michel  Sarrazin. Ce monsieur était très agréable et serein après avoir eu une vie pleine : une belle famille dont la photo ornait un mur de sa chambre, une épouse encore vivante dans leur maison et qui venait tous les après midis avec un de leurs enfants.

Je m’étais pris d’amitié pour cet homme fort physiquement et moralement qui avait travaillé en région il y a de cela soixante ans, qui avait connu la crise et qui aimait évoquer ses souvenirs si on lui en donnait l’occasion. Il était aussi un passionné de musique, allant de La Bolduc à la musique classique et il aimait chanter au grand plaisir du personnel. Il m’arrivait d’aller lui tenir compagnie dans sa chambre en début d’après midi lorsque j’étais en service et que la demande était moindre. Un vendredi, alors que Gilles était au piano, trois bénévoles sont venus en une demi-heure l’inviter au salon. J’étais avec lui à ce moment là et la troisième fois il a acquiescé en disant : Si ça peut leur faire plaisir!  Mais il n’a pas chanté ce jour  car sa santé déclinait.

Il est décédé après une longue agonie comme un chêne qui refusait de se laisse abattre et j’ai eu le privilège de lui faire mes adieux, entouré de sa famille. Il a confié à sa femme qu’il avait été heureux à la Maison.

J’ai voulu l’accompagner jusqu’au bout et je suis allé avec mon épouse à ses funérailles, discrètement, sans me faire reconnaître par la famille. En écoutant le prêtre et les témoignages de ses enfants et petits enfants, j’ai pu mesurer l’ampleur de cette vie d’homme engagé  au service de sa communauté et de sa famille, le respect et l’admiration  de chacun. En sortant de l’église, j’avais le sentiment d’avoir à ma façon rendu hommage à cet homme que j’avais aimé.

Et puis, dans la même semaine de fin mai, en téléphonant à ma mère en France.je m’aperçois alors que mon père était décédé exactement dix ans auparavant, lui aussi d’un cancer. Mon père aurait eu l’âge de ce monsieur et je n’avais pas été auprès de lui dans les derniers mois. Je n’étais arrivé que pour l’enterrer.

Ainsi la Vie m’avait donné cette chance de me reprendre, de donner à cet homme l’attention, la bienveillance et l’accompagnement que je n’avais pas été en mesure de donner à mon père, et à moi, elle m’avait permis dans ce transfert d’apaiser un certain regret, une souffrance non reconnue.

Oui, la Vie est belle et généreuse!

Chacun(e) de nous qui travaillons  auprès des malades a sans doute une ou quelques belles histoires comme celle là à raconter. En général, on les garde à l’intime comme un cadeau sacré que la vie nous a fait. 

Ce Merci à la Vie de m’avoir fait découvrir la MMS, je veux vous l’adresser à vous tous qui travaillez ici car vous êtes la Vie à l’œuvre et cette œuvre c’est La Maison vivante, chacun(e) à sa place, de l’administration à l’entretien, des services professionnels à la cuisine, de la fondation à la jardinière, des comités aux différentes formes de bénévolat, de la formation à la pastorale.

Cette Vie, on en ressent les vibrations en y entrant, en y travaillant. Ici, on célèbre la Vie en étant à son service. Nous sommes au service d’une œuvre qui compte pour nous, qui nous inclut et nous dépasse. Par l’humanisation de la mort, nous humanisons la vie, nous la spiritualisons en ne soignant pas seulement le corps mais toute la personne, l’être entier accueilli comme être de relation.

 Chacun(e) devient une cellule d’un Grand Tout et permet par son engagement, son implication, sa consécration que cette grande œuvre de service auprès des malades se continue. Chacun(e) est une fleur qui s’offre à la vie, qui se donne. Être là, donner son plein. Le sourire est le parfum. Il est différent et unique pour chacun(e). L’accueil, la bienveillance, la bonté, l’humanisme, la discrétion, l’humilité, le respect, la compétence, la compassion , la qualité de présence, le geste tendre, le silence sont les différentes facettes de la Vie, de l’Amour. C’est le meilleur de nous-mêmes que nous développons et offrons à la Vie ici et le tout est une Merveille pour de très nombreuses familles qui sont passées par la Maison.

Comme les cellules d’un même organisme, nous sommes dépendants les uns des autres dans notre présence et notre action auprès des malades et la coordination ainsi que les relations entre les différents intervenants sont très importantes.  Mais ce qui nous réunit, ce qui crée l’unité d’intention puis d’action, c’est le ressenti affectif que chacun(e) a devant la détresse, la fragilité, la vulnérabilité du malade en fin de vie et de sa famille. Nous ne sommes pas neutres et notre sensibilité à cette réalité est ce qui nous anime par instinct de survie, à compenser par un geste, une caresse, un regard, un sourire, une implication, un soin professionnel.

La priorité à l’autre, la nécessité de disponibilité et d’adaptation aux conditions et circonstances (même si quelquefois ça grogne en dedans) nous permet de découvrir une disponibilité nouvelle en nous et nous fait grandir en liberté intérieure. En d’autres mots, c’est notre héritage d’humanisme chrétien qui nous anime. Ce Dieu qui a accompagné nos ancêtres depuis quatre siècles au Québec n’est peut être plus aussi présent sur les murs, mais il l’est assurément dans les cœurs. Ce Dieu Amour est le lien qui nous conduit, qui nous unit, qui nous anime auprès de ceux et celles dans le besoin.

 Michel Demougeot, bénévole aux soins

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b. De "la paix avec soi-même" 2009.03

 

Souvent, les spiritualités ont privilégié la recherche de la "paix intérieure", sans trop se préoccuper de la nécessité d'agir pour la paix en s'engageant dans les luttes pour la justice. Comment agir pour la paix dans le monde, ont-elles dit, si on n'est pas d’abord "en paix avec soi-même" ? Cette chronologie semble avoir la simplicité de l’évidence. Elle est pourtant fallacieuse. Faut-il attendre d'avoir atteint la plénitude de la “ paix intérieure ” pour se décider à agir pour la paix dans le monde ? Ne risque-t-on pas d'attendre longtemps ? Trop longtemps, quand les victimes de l'injustice n'en peuvent plus d'attendre. Comment “ être en paix avec soi-même ”, si on n’est pas en paix avec l’autre homme ? Comment connaître la “ paix intérieure ”, si on n'agit pas pour la paix dans le monde ? La violence qui meurtrit les autres hommes peut-elle laisser en paix ? L’urgence de la vie n’oblige-t-elle pas à être d’abord “ en paix avec l’autre ” ?

 

Le monde s'est ouvert au regard de l'homme de façon illimitée. Il lui lance des défis inédits. La tentation est grande, à la vue de cette société qui se donne en spectacle avec ses turpitudes et ses lâchetés, ses reniements et ses violences, de la fuir, de se replier sur soi, de cultiver les fleurs exotiques d'une spiritualité évanescente. Pareille attitude conduit loin de l'épreuve du réel et de la vie. On prétend rechercher la paix, mais on risque de n’être en quête que de son bien-être personnel. C'est une faute contre l'esprit de prétexter l'échec, toujours possible, des actions humaines pour se résigner à la déchéance et à l'iniquité du monde, se replier sur soi et se tourner vers la pure intériorité. Cette voie mène dans une impasse. Elle conduit les hommes dans les marges de l'histoire, et leur fait renoncer à toute action.

 

En Orient comme en Occident, trop de faux gourous prétendent enseigner la spiritualité en dehors des conflits, loin des débats et des combats politiques, à l'abri des rumeurs et des fureurs du monde. Il ne s’agit pas d’une spiritualité de la paix, mais d’une spiritualité de la tranquillité. Les disciples sont invités à se libérer des besoins, des désirs et des passions de leur ego dans un exercice solitaire. Cependant, la meilleure manière de désapprendre à se “ soucier de soi ” est d’apprendre à se “ soucier de l’autre ”.

 

Trop d'hommes se réclamant d'une spiritualité désincarnée discréditent le conflit sous le prétexte qu'il divise les hommes au lieu de les unir. De même, au nom de l'harmonie, des spiritualités en sont venues à enseigner le refus de s'impliquer dans les conflits. Mais pareille conception de l'harmonie est illusoire. Elle fait en réalité le lit de l'injustice et du désordre établi. Face à l’injustice, le conflit ne rompt pas l'harmonie, il veut l'établir. Non, ce qui divise les hommes, ce n'est ni le conflit ni la lutte, mais l'injustice, l'indifférence, la résignation et la lâcheté. La fonction du conflit est de créer les conditions de la justice qui  seule peut ré-unir les hommes.

 

En s'absentant des conflits, les "spirituels" ne pouvaient que méconnaître la non-violence. Certes, ils ne manquaient pas, à maintes occasions, de parler surabondamment d'amour, de célébrer sa toute-puissance, mais, désincarnés, leurs propos n'avaient aucune prise sur les événements. Pendant ce temps, les conflits ne cessaient de croître au risque que les pires violences ne s'y donnent libre cours. Et alors que les spirituels ignoraient les conflits, ces derniers ne les ignoraient pas. Rattrapés par les conflits, les spirituels, le plus souvent, ne savaient pas faire autrement que de recourir eux-mêmes à la violence. Ils s'en sont alors accommodés et, presque toujours, ils ont fini par la légitimer.

 

Ainsi, la spiritualité ne prend sa véritable signification que dans l’action pour la justice. Nous savons par expérience que l’action est la chose la plus difficile au monde, parce qu’elle bouscule notre tranquillité et notre confort. C’est pourquoi nous avons peur de l’action et que, trop souvent, nous n’avons pas le courage d’en prendre le risque. Le pire serait de justifier notre refus d’agir par une prétendue recherche spirituelle qui mobiliserait toutes nos énergies.

 

L'homme se connaît par la médiation de sa relation avec l'autre homme. L'être n'est pas une existence, mais une présence. Et la présence est une relation. Un lien. Il faut penser l'homme non pas dans son face à face narcissique de lui-même avec son moi, mais dans la relation dés-intéressée avec autrui. En définitive, la notion de “ paix avec soi-même ” ne peut avoir qu’un sens dérivé, largement impropre. Il ne s’agit que d’un langage allégorique, métaphorique. Trompeur. L’homme qui se retire du monde pour chercher la paix ne la trouvera pas. Aucune paix ne se construit dans la solitude. C’est par l’acte de  bonté envers l’autre que j’accède à la paix. C’est en recevant la paix de l’autre, que je peux dire “ je suis en paix ”. La paix est une dynamique qui s’inscrit au cœur des relations de l’homme avec l’autre homme. La paix est ouverture à l’altérité. C’est pourquoi elle est une épreuve de l’être. Mais c’est à travers cette épreuve que l'homme accomplit son humanité.

 

Jean-Marie Muller,  Philosophe et écrivain, porte parole national du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN).

Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont un Dictionnaire de la non-violence paru en 2005 (Le Relié Poche, collection Sagesses, 408 p.)

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b. Nos « Vœux EPHATA  2009 », pour vous, pour nous, pour la planète :

 

.Diffuser notre « bien-être » vers les autres…

. Rayonner notre « mieux-être » autour de nous…

. Nous dé-centrer de notre Je pour aller vers le Nous,

.Utiliser notre « développement personnel » pour le bien d’autrui…

Et puis bien sûr nous faire plaisir surtout, nous distraire, danser, rire, aimer,

embrasser, étreindre, réveiller le feu là où nous passons : YALLA 2009 !!

« Que fait-on de ce qu’on sait ? Pourquoi pas partager la nourriture

que nous avons recueillie avec les êtres qui sont en souffrance ?

Il nous faut parler le langage de tous pour le bien de tous ».

 Charles Juliet

 

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b. Le moment présent 2009.01

 

Pour réaliser la valeur d’une année, demandez à un étudiant qui a doublé son année.

Pour prendre conscience de la valeur d’un mois, demandez à une mère qui a accouché prématurément.

Pour connaitre la valeur d’une semaine, demandez à l’éditeur d’un hebdomadaire.

Pour connaître la valeur d’une heure, demandez aux amoureux qui sont temporairement séparés.

Pour comprendre la valeur d’une minute, demandez à une personne qui a manqué son train.

Pour réaliser la valeur d’une seconde, demandez à celui qui vient juste d’éviter un accident.

Pour comprendre la valeur d’une milli-seconde, demandez à celui qui a gagné une médaille d’argent aux Jeux Olympiques.

Apprécions chaque moment que nous avons !

 

Hier fait partie de l’histoire.

Demain demeure un mystère.

Aujourd’hui est un cadeau.

C’est pour ça qu’on dit que c’est le présent !!!

 

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b. Diaporama : La Morale du papillon

Parfois l'effort est ce dont nous avons besoin dans notre vie...

Si l'on nous permettait de vivre sans rencontrer d'obstacles, nous serions limités, nous ne pourrions jamais "voler"...

Pour découvrir ce diaporama, cliquer

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b. Mes conseils pour s’aimer soi-même

 

1 Accepter qui l’on est

Cela peut prendre du temps, mais il me semble vital de commencer par s’accepter tel que l’on est, avec ses racines et ses blessures. Pour y parvenir, il est précieux de trouver une oreille attentive pour exprimer sa souffrance. Par l’écoute, je peux accepter progressivement ce qui m’est arrivé. Car je ne peux avancer qu’en partant de ce que je suis. Un enfant peut avoir été élevé par un père, une mère "toxique" (qui a maltraité son âme ou son corps). Il a besoin pour se construire de reconnaître que ses parents l’ont maltraité, que cela fait partie de son histoire.

 

2 Oser prendre des initiatives

Accepter permet d’oser à nouveau. Par exemple, j’avais des dons pour la musique, mais mes parents n’ont jamais voulu que je les cultive. J’accepte le fait qu’ils ne soient pas mélomanes. Mais au-delà de cette réalité, je prends conscience qu’ils n’ont pas le dernier mot sur mon existence. Je peux alors décider librement de prendre des cours de piano. Même si on ne s’aime pas beaucoup soi-même, il faut oser agir, en commençant par des initiatives ponctuelles. Si par exemple j’aime nager, je peux commencer à aller une heure à la piscine chaque semaine. En constatant que je retrouve un équilibre de vie, une forme de bien-être, je découvre alors que je prends du plaisir à oser être moi-même.

 

3 Donner gratuitement

C’est un cercle vertueux : si j’ai du plaisir à être moi-même, je ne suis pas loin de l’amour. En commençant à m’aimer un peu, je vais pouvoir aimer les autres sans user de puissance. J’apprends à nouer des relations gratuites, sans arrière pensée ni désir de manipulation. Je prends du plaisir à aimer, en me montrant sous mon vrai visage.

 

Jacques Poujol

Tiré de « Les essentiels », La Vie

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b. Estime de soi et souci de l’autre

 

 Comment trouver l’équilibre entre travail personnel et action politique ? Etienne Godinot propose de travailler à un « changement tridimensionnel » et d’oser les « pourquoi ? » qui nous permettront d’échapper aux routines et aux automatismes.

  

Pour Jacques Généreux, refonder la vision de l’homme sous-jacente à la société actuelle est un enjeu de survie. Il y a en effet de quoi être préoccupé par l’individualisme ambiant, par le courant du « Moi d’abord ! ». Le culte du corps voulu beau et parfait, de l’éternelle jeunesse, de la performance physique obligatoire amène à dépenser sans compter en cures d’amincissement, en viagra ou en chirurgie esthétique. Ce qui fait société, ce n’est plus la recherche de l’intérêt collectif à long terme, c’est la mobilisation de courte durée par l’émotion, orchestrée par les médias, ou les mobilisations de petites communautés, de micro-réseaux, voire de clans. Sans parler de la course effrénée aux biens matériels et du modèle économique qui menace les écosystèmes naturels.

 

Jacques Généreux pose aussi une question redoutable : Pourquoi et comment des millions d’individus persuadés que la coopération solidaire est cent fois préférable à la compétition solitaire restent-ils impuissants à refonder sur elle leur système économique et politique ?

 

De l’individu au collectif

 

Un trait apparaît évident dans le débat et dans le combat pour transformer l’homme et la société, un trait marquant et préoccupant : c’est le manque d’une vision globale du processus de changement. Certains prônent la transformation personnelle, l’intériorité, la conversion du regard, mais sont réticents envers l’engagement politique. D’autres agissent dans leur entreprise ou leur commune, mais font l’impasse sur l’action  politique dans le cadre national ou international. D’autres sont engagés en politique, mais oublient de travailler sur eux-mêmes ou de commencer l’action dans leur milieu de travail ou de vie. Or l’action, pour être cohérente, efficace, durable, doit être menée dans les trois champs à la fois :

-          le champ personnel,

-          le champ des organisations de vie et de travail,

-          le champ politique national et mondial, ou champ sociétal.

On  pourrait appeler cela le changement tridimensionnel. Il est possible d’agir dans les trois domaines à la fois, avec des niveaux d’implication évidemment différents dans chacun d’eux, selon le charisme de chacun. C’est là une déclinaison de la maxime « Penser globalement, agir localement ».

 

Un développement personnel qui ne génère pas un nouveau  regard sur le monde ni une action de transformation de la société est une masturbation psychologique. Inversement, une critique ou une action sociétales qui n’intègrent pas les dimensions culturelle et spirituelle risquent de déboucher sur un néo-matérialisme. Entre ces deux écueils, il y a place pour un développement personnel et collectif qui articule écologie, solidarité, non-violence et  spiritualité.

 

Un monde désenchanté

 

L’essence du néo-libéralisme consumériste n’est pas seulement la course aux biens matériels, mais la réification, c'est-à-dire la transformation en objet de tout ce qui existe : les êtres humains, les peuples, la nature. L’arbre est réduit à un paquet de molécules, la conscience à un paquet de neurones et le vivant à un paquet de gênes. Une issue à ce système est le ré-enchantement de tous les domaines : l’économie, l’agriculture, la science, l’architecture, l’éducation, la défense etc. Pour que l’être humain soit générateur de vie et de transformation du monde, il importe qu’il ait suffisamment confiance en soi et qu’il soit suffisamment relié à son être profond pour mettre en valeur ses potentiels. Cela nécessite un effort permanent d’introspection et de formation personnelle qui puisse aider chacun à être plus consistant et solide, plus à l’écoute de ses émotions et de ses intuitions profondes, plus critique et lucide sur ses propres faiblesses, misères, dysfonctionnements et contradictions, sur ceux de ses proches et de ses contemporains.

 

Foules embrigadées

 

Du nazisme au stalinisme, les régimes totalitaires ont réussi à convaincre des millions d’individus qu’ils incarnaient une vie nouvelle basée sur le travail, le dévouement, le courage, l’honneur et la communauté. L’évolution des sociétés a été principalement conditionnée par le fait que l’immense majorité des humains a laissé quelques individus particuliers prendre en main la destinée de la collectivité. Depuis l’aube de l’humanité, le pouvoir de changer le monde a été laissé aux dirigeants, aux héros et aux experts. Mais l’hypnotisme qu’Hitler, Mao ou Milosevic exerçaient sur les foules montre tout autant le manque de consistance de leurs admirateurs que le déséquilibre psychologique de leur héros. Hitler lui-même a désigné ses armes principales comme étant « la confusion mentale, les sentiments contradictoires, l’indécision et la panique ». Tant que chaque individu n’aura pas compris qu’il possède lui aussi le pouvoir de changer le monde, les choses ne pourront pas évoluer.

 

Pour cela, il faut être capable d’observer notre quotidien d’une manière neuve et totalement différente. Réfléchir à nos actes coutumiers comme si on les pratiquait pour la première fois. Voir les couleurs de nos actions et de nos décisions quotidiennes. Introduire dans notre vie de tous les jours une dimension poétique au sens étymologique du mot, c'est-à-dire un pouvoir de création et de transformation.

 

Réinventer le quotidien

 

La condition première pour changer le monde est d’agir soi-même en être libre :

-          Repérer les bifurcations, les carrefours dans notre vie, les possibilités de faire un choix qui influencera la suite des événements. Tout homme est confronté à ce type de décisions, pas seulement dans le choix d’un métier ou d’un conjoint, mais dans la banalité de son quotidien.

-          Oser les pourquoi, qui nous permettent d’échapper aux routines et aux automatismes.

-          Devenir moins prévisible, être capable de modifier de manière inattendue sa façon de penser ou d’agir face à une situation nouvelle ou une bifurcation dans sa vie.

 

Comment pouvons-nous alors agir ? En tant que consommateurs, notre pouvoir tient en une question : « Pourquoi acheter tel article plutôt qu’un autre ? ». En tant que citoyens, notre pouvoir individuel ne se trouve pas en priorité dans l’élaboration de nouvelles lois, mais dans la manière d’utiliser au quotidien celles qui existent. Qu’il s’agisse de refuser ou non l’ordre d’arrêter des Juifs ou de torturer des Algériens, qu’il s’agisse d’écrire ou non une lettre à un prisonnier d’opinion, la question à se poser est alors : «  Mon attitude envers les lois, les ordres, ou les sollicitations que je reçois me rend-elle les autres hommes proches ou lointains ? »

Nous pouvons enfin agir dans le domaine de nos relations avec nos proches. Notre manière d’exercer notre pouvoir sur nos proches, ou de le subir, peut nous aider à changer le monde, dans la famille, dans l’entreprise, à l’école. D’où l’importance de la communication non-violente et de la gestion positive des conflits interpersonnels.

 

Une éthique non-violente

 

Il y a des méthodes simples pour vivre mieux au niveau personnel : chercher à habiter le moment présent, prendre trois minutes trois fois par jour pour se relier à soi-même, ressentir de la gratitude pour ce qui va bien afin d’affronter mieux ce qui va mal, soigner son acuité de conscience et de cœur, développer l’estime de soi etc. De même pour mieux coopérer dans les groupes : cultiver la confiance en soi et en l’autre, accueillir la différence, s’ouvrir aux désaccords, prendre soin de nos colères, apprendre à dire non et à accueillir le non de l’autre sans soumission ni agression, partager ses propres valeurs, expliquer le sens et le bien fondé des règles.

 

Ce dynamisme personnel, appelé empowerment en anglais, se fonde sur l’estime de soi, le sentiment de sa compétence, la participation à l’action collective et la conscience critique. L’individu relié à ses forces de vie et à ce qui le nourrit intérieurement (et que chacun appelle à la façon : Dieu, l’Univers, la Transcendance etc.)  est alors apte à s’approprier ou à se réapproprier son pouvoir tant au niveau social que psychologique.

 

« Ce qui fait vraiment la démocratie, disait Henry-David Thoreau, ce n’est pas le type de bulletin de vote que je glisse tous les cinq ans dans l’urne, c’est le type d’individu que je glisse tous les matins hors de mon lit ».

 

Etienne Godinot, membre du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN) et de l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (IRNC)

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b Mes conseils pour voir l’autre

1-       Cultiver le silence

En lui seul se révèle le fond de l’âme, de la sienne propre et de celle de la personne rencontrée. Pour l’enraciner en soi, il importe à la fois de se protéger des verbiages dont notre monde est saturé et de s’accorder chaque jour des temps de silence. Silence de la parole mais également silence des pensées délétères qui virevoltent sans cesse en nous.

 

2-       Mettre entre parenthèses ses préjugés

Toute personne est habitée par une quête intime : la regarder uniquement en fonction d’une quelconque étiquette, c’est s’empêcher de percevoir la réalité qui l’anime profondément. La vie de l’âme est au-delà de toutes les options idéologiques.

 

3-       Etre dans l’admiration

Pour aller vers le mystère, il faut une certaine virginité, une nudité du regard, cultivés dans le silence intérieur. On confond trop souvent la naïveté –ce qui est près de la naissance- avec la crédulité, et, en réaction, on adopte une posture cynique ou désabusée. Pourtant seules la bienveillance et la capacité à s’émerveiller nous offrent de voir la beauté que cache celui ou celle que nous rencontrons, homme, femme, enfant, paysage.

 

4-       Relire notre route à la lumière de nos rencontres

Elles nous révèlent ce vers quoi nous allons. La rencontre d’un être est toujours révélatrice de ce que nous sommes. « On va toujours, en fin de compte, vers où l’on pèse », écrivait Saint-Exupéry. Découvrir le mystère d’une personne nous révèle en retour notre propre mystère et l’objet de la marche

Alain Vircondelet, écrivain

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b ETRE  AVEC  LES  AUTRES  EN  RESTANT  SOI-MEME

 

... Mais revenons aux besoins. Nous pouvons donc souvent nous couper totalement de nos sentiments et de nos besoins, c'est-à-dire interdire de les ressentir, de les écouter, et bien les « bétonner ». Toutefois, nous ne pouvons pas être dépourvus de sentiments et de besoins, même si souvent nous n’en sommes pas du tout conscients.

Cette conscience est précieuse parce que je crois de plus en plus que le fait de ressentir et de partager est ce qui nourrit le plus profondément notre nature humaine.

Ainsi notre bien être le plus intime et le plus essentiel naît de la qualité de la relation que nous entretenons avec nous même, avec les autres et avec les choses qui nous entourent.

 

N’est ce pas quand nous communiquons clairement avec nous même et avec nos proches , quand nous sommes bien reliés à nous et à ceux que nous aimons, quand les rapports  se vivent dans l’estime et la confiance, dans ce que j’appelle le « bien-être-ensemble » que nous ressentons les plus grandes joies ? A l’inverse, n’est-ce pas quand nous ne voyons plus clair en nous même, quand nous nous sentons coupés de nous et quand nous ne voyons plus clair  dans une relation, que nous nous sentons coupés d’une personne que nous aimons que nous éprouvons les plus grandes peines ?

Ainsi notre bonheur, notre bien être ne vient pas de ce que nous possédons, ni de ce que nous faisons, mais de comment nous vivons notre relation avec les êtres, les activités et les choses.

 

Depuis que je cherche à comprendre et à trouver un sens à la difficulté d’être, je constate que les personnes qui dégagent un bien être profond, une joie d’être au monde, sont celles qui privilégient non pas la multiplication des activités, des possessions, des rencontres, mais la qualité de la relation qu’elles entretiennent avec les êtres, les objets et les choses à faire, en commençant par la qualité de relation qu’elles entretiennent avec elles-mêmes.

 

Ces personnes ne cherchent pas à remplir leur vie de choses à faire ou de gens à voir, mais à remplir de vie les relations qu’elles nourrissent et les choses qu’elles font.

Extrait de « Cessez d’être gentil, soyez vrai » de Thomas d’Ansembourg

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b SILENCE et  PAROLE 

 

        ... Le silence est l'absence de bruits et de mots, mais, tu le sais, il recouvre une réalité plurielle : le silence peut être exigé dans certains lieux en certaines circonstances... Si certains silences sont lourds, d'autres sont nécessaires et fonctionnels. En effet, par bonheur, il existe des silences positifs, auxquels on ne saurait renoncer : le silence de respect devant la parole de l'autre; le silence que l'on choisit, car il est "un temps pour parler et un temps pour se taire" (Qo 3,7); le silence de l'amitié et de l'amour, où le langage non verbal permet au silence de devenir parole; le silence de la présence et de la plénitude, lorsqu'on est bien ensemble et que cela suffit; le silence qui est écoute amoureuse, attentive, contemplative, recueillie; le silence "d'une brise légère", qui se fait voix ténue comme pour Elie sur le mont Horeb (1R19, 12-13); et puis, il y a le silence intérieur, qui habite le coeur de chacun de nous, qui permet de faire place à la présence des autres et de Dieu...

        Mais pourquoi faire silence, pourquoi apprendre progressivement le silence ? Avant tout parce que dans le silence nous faisons l'expérience d'énergies qui génèrent une activité intellectuelle plus féconde : le silence stimule notre mémoire, il affine nos facultés de raisonnement et d'imagination. Oui, dans le silence, nous devenons plus réceptifs aux impressions transmises par nos sens : nous voyons, nous écoutons, nous sentons, nous touchons mieux ! Ainsi, lorsque nous voulons faire une caresse -ou la recevoir- le silence se fait tout naturel...

        Tu peux tenter l'expérience de la solitude. Tu verras que les heures durant lesquelles tu ne parles pas et n'écoutes ni mots, ni bruits te rendent différent; elles t'aident à écouter ce qui t'habite au plus profond de toi.

        Ainsi, nous prenons peu à peu conscience des raisons qui nous font parler. Nous faisons connaissance de réalités insoupçonnées: nos mots sont souvent des instruments de conquête ou de séduction, qui permettent à notre "moi" de gagner en puissance, d'acquérir un certain succès. Nous nous apercevons que nos paroles sont agressives ou intéressées, qu'elles visent un but non déclaré, qu'elles sont des outils de manipulation. Alors, dans le silence, nous apprenons à parler, à veiller toujours plus attentivement sur le style de notre communication afin que, dans le dialogue, nos mots soient toujours davantage source de communion et de paix...

Enzo Bianchi (Panorama)

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b    HOMMAGE  A  Christiane  SINGER

 

            Le 4 avril dernier, l’écrivaine Christiane Singer est morte d’un cancer. Un médecin lui avait annoncé le 1er septembre qu’il ne lui restait que six mois à vivre et elle a décidé de noter ses derniers fragments de vie, son expérience de la maladie car dit-elle "Je n’ai pas d’autre choix que de la partager. Rien qui m’appartienne en propre. Rien. Tout est expérience qui nous concerne tous".

            Son livre Derniers fragments d’un long voyage paru chez Albin Michel m’a beaucoup touché et j’aimerais en guise d’hommage à une amie de cœur lui redonner la parole, car elle a tenu à saisir le flot de ses pensées les plus intimes pour les rediriger vers ses lecteurs. Elle a reçu le prix de la Langue Française pour l’ensemble de son œuvre, cette langue dont elle fit sa patrie et qu’elle maniait si bien.

A son éditeur, elle écrivait le 2 mars 2007

"Comme promis et dans la joie…

Je crois que ce livre a vraiment sa lumière propre!

Quelle grâce j’ai reçu de lui livrer passage!!

Prends en soin, je t’en prie. Mon rêve serait qu’il paraisse le plus tôt possible. Ce serait une manière très forte d’entrer dans un espace neuf - peu importe où - mais neuf".

 

            Cet espace neuf dont elle parle m’apparait dans son journal de bord comme l’acceptation vécue de chaque instant présent à vivre pleinement ce que la vie lui offre, que ce soient les affres de la douleur dont elle dira  "j’ai été battue à plate couture", le mystère de l’enfer de la souffrance, "cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence, calcinée jusqu'à la dernière cellule", la joie et le bonheur de la rencontre de personnes admirables et aimantes, "toute cette foule amoureuse, toute cette foule d’êtres qui me portent" et enfin ses explorations d’autres mondes dont elle revient avec effort "pour témoigner auprès de ses frères humains" et dont elle nous dit "Je vous le jure. Quand il n’y a plus rien, il n’y a  que l’Amour, Il n’y a plus que l’Amour".

Cet amour qui vit en elle et qui est l’essence de ses livres précédents : La Passion, Seul ce qui brûle, entre autres et dont elle dit "la seule mesure de l’amour est sa démesure. L’amour exagéré, l‘amour démesuré, l’amour immodéré". Toute une invitation  "comme un grand appel à être vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément".

            A 64 ans, Christiane Singer fait le deuil de sa vie de façon sereine et lucide avec une gratitude totale pour tout ce qu’elle a vécu, "une vie pleine à ras-bord",  aux côtés de ses fils, de son mari, de ses amis car pour elle, la mort n’est pas la fin de la vie. "Tout est entier, il ne manque rien. Si je dois aller tout est parfait. Ma dernière prière  Ne soyez pas déçus que la mort ait en apparence vaincu; ce n’est que l’apparence, la vérité est que tout est Vie. Je sors de la vie et j’entre en vie. Par un sombre ravin, j’ai passé  de la Vie à la Vie. Je ne suis qu’une VIVANTE qui voyage entre les mondes".

Parce qu’elle ne pouvait plus lutter, ni se dérober, elle rend les armes. Soulagement de celle qui n’a plus à lutter. "J’ai cru avec ravissement l’instant du passage venu. Une journée durant, j’étais dans l’extase du seuil. Et puis je suis revenue, Je vous demande avec une tendresse immense d’ôter de mon cœur toute pression par un souhait trop fort de me voir parmi vous".

Respect du mystère qu’est le passage, qu’est l’agonie. Cette agonie qui peut être apaisée par la prière, la lecture de paroles saintes et par cette foi démesurée qui l’habite, foi commune a toutes les religions, "autant de chemins de compassion pour donner forme, rite et matière à l’Invisible qui nous fonde".

Respect de l’expérience intime que vit le malade, le mystère que lui seul vit. "N’est respectueux que le non-savoir radical. C’est à ce prix que peut avoir lieu la rencontre quand le visiteur s’abstient de tout conseil, savoir théorique facilement acquis et surtout de la tentation d’aider".

 

            Le 1er mars 2007, madame Singer pose la plume. Elle a tout dit. Elle a pris le temps de nommer chaque personne rencontrée, de les remercier, de leur dire son amour, de partager sa gaieté, son bonheur, d’un bonheur sans fin, illimité qui ne veut rien, qui n’attend rien sinon l’émerveillement de chaque rencontre, de chaque seconde.

"Sachez que la manière dont je vis cette aventure est difficile à faire percevoir. Je suis habitée d’une liberté infinie.

De la où je suis, où je serai, je suis et je serai avec vous.

La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous."

 

                        Je tenais à rendre hommage à Christiane Singer qui me touche au cœur et me nourrit par ses livres et que j’ai eu le privilège de rencontrer à une conférence à Montréal il y a quelques années.

 

                                                                                  Michel Demougeot

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b ECOUTER  L' AUTRE

 

"Entendre ne veut pas dire écouter car l'ouïe est un sens mais l'écoute est un art."

Écouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu'un. Ce simple geste démontre à une personne qu’elle est importante pour nous et que ce qu’elle dit nous intéresse. Voici des approches qui favorisent une meilleure écoute:

1.        Savoir se taire

Avez-vous remarqué que les conversations sont remplies d'expressions du genre: "C'est comme moi quand..." ou bien "Ça me rappelle ce qui m'est arrivé..."? Bien souvent, nous recherchons dans ce que nous entendons des occasions de parler davantage de nous-mêmes. Écouter, c'est avant tout savoir se taire.

2.        Se concentrer sur l’autre

Écouter, c'est laisser tomber tout ce qui nous préoccupe pour donner son attention entière à l'autre. C’est le laisser diriger totalement la conversation. Essayez de vous concentrer sur ce que votre interlocuteur dit plutôt que de penser à ce que vous allez répondre. Écouter, ce n'est pas de chercher à répliquer, mais plutôt laisser l’autre trouver réponses à ses propres questions.

3.        Favoriser la confiance

Écouter c’est créer un environnement relationnel dans lequel l’autre se sent en confiance. Votre interlocuteur doit savoir que ce qu’il vous dit sera traité avec respect, et que les choses confidentielles resteront entre vous deux. Ceci crée un environnement favorable aux confidences et permet à votre interlocuteur, s’il le veut, d’aborder des sujets très personnels.

4.        Être ouvert

Écouter c'est accueillir l’autre avec respect tel qu'il se voit lui-même. C'est être ouvert sans juger à tous les sujets, à tous les comportements, à toutes les expériences et à toutes les solutions. Écouter, c’est surtout laisser à l'autre le temps et l'espace de trouver la voie qui est la sienne. Ne vous attendez pas à ce que les gens réfléchissent comme vous et soient sensibles aux mêmes choses que vous. Nous devons accepter comme une richesse les différences de l’autre. Écouter, ce n'est donc pas vouloir que l’autre soit comme nous et pense comme nous, c'est plutôt apprendre à découvrir les qualités de l’autre. C’est être attentif à ses préoccupations non pas aux nôtres.

5.        Comprendre et partager

Écouter c’est comprendre et autant que possible partager les sentiments de l’autre. Afin de réaliser ce partage, remémorez-vous une situation similaire à celle que votre interlocuteur décrit. Par exemple, si un ami nous raconte un évènement qui l'a embarrassé, remémorez-vous la dernière fois que vous avez été humilié. Puis, au moment opportun, décrirez brièvement ce que vous pensez comprendre de ses sentiments. Par exemple, vous pouvez lui dire: “Est-ce que tu te sentais sévèrement humilié?“. Évidemment, il est capital de poser ce genre de questions avec parcimonie et délicatesse.

Conclusion
La pratique de l’Écoute peut devenir une ouverture sur le monde parce qu’elle permet de comprendre ce que les autres vivent vraiment. C'est une expérience enrichissante sur le plan humain et personnel. Lorsque que vous avez un élan de générosité et que vous vous demandez quoi donner; alors donner de votre temps en écoutant les gens autour de vous. L’écoute nécessite du respect, de la persévérance, de la patience, et énormément d'ouverture d'esprit; mais en revanche, elle permet de recevoir beaucoup.

"Écouter, c'est permettre à l’autre de s’exprimer
afin qu’il trouve lui-même son propre chemin."

 

Ce texte a été publié dans le magasine "Vie & Santé" (Canada) de mai-juin 2005.

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b MORT  et  DEPENDANCE

 

Mort et dépendance sont le sujet de conversations, de lec­tures, de discussions passionnées avec des ami(e)s de ma généra­tion. Nous avons peur de peser sur nos enfants, peur de la maison de retraite, vue tout à la fois comme un lieu d’entassement et de solitude, de discipline et de torture aseptisée parfois et, dans les meilleurs cas, d’une attente sans fin qui n’attend rien. Le lieu du désir impossible. La mort nous apparaît plus souhaitable, mais, si nous n’avons pas peur de la mort, en revanche, nous avons peur de mourir, parce que nous avons peur de souffrir. C’est du moins ce que nous disons.

 

Je ne suis pas sûre que les choses soient aussi simples. Le passage et l’après restent un mystère, et tout mystère est inquié­tant. S’il est une réalité que nous ne pouvons pas maîtriser, c’est bien celle-là. Certains se savent, se sentent entre les mains de Dieu et font confiance ; d’autres s’en tirent en se faisant, à partir de leur Foi, des représentations en image d’Epinal ; d’autres, enfin, refu­sent délibérément d’y penser, et quelques-uns se croient immor­tels. Il me semble, quant à moi, que ma seule « porte de sortie », ce soit d’accepter sans me résigner ; une acceptation positive, en quelque sorte. Cela me renvoie à des souvenirs d’adolescence : pendant les premiers bombardements, je me suis dit que si j’acceptais de mourir, je n’aurais plus peur. Et comme cela a mar­ché, et même m’a permis, non pas d’admirer, mais de me laisser subjuguer par l’aspect dantesque du ciel, j’ai pensé que c’était une attitude constructive. Alors, aujourd’hui, j’essaie de retrouver cette attitude d’acceptation positive en vivant pleinement le jour qui passe, en acceptant de ne pas savoir ce que sera mon lendemain, tout en le préparant de mon mieux ; c’est ce que j’appelle l’espé­rance. J’essaie de vivre la fraternité pour aller à la rencontre de l’Amour absolu. Je suis consciente de ma fragilité, mais fragilité n’est pas impuissance. La maladie d’Alzheimer qui a accablé mon mari pendant quinze ans a été l’occasion d’apprendre à lâcher prise sans renoncer à vivre. Le dépouillement n’est pas forcément signe de mort. Il peut être l’occasion d’une vie plus intériorisée. Je parlais, au début de ce texte, de la nécessité de porter une attention soutenue à ce que nous sommes en train de faire, sous peine de faire des bêtises parce que notre tête ne fonctionne plus aussi bien et que les sollicitations extérieures paralysent la marche de notre pensée. C’est une difficulté qui peut être source d’un bien. Nous avons là l’occasion de creuser notre sillon, d’approfondir notre recherche spirituelle. Le temps qui passe nous invite à réfléchir sur notre propre parcours. Si nous le faisons dans l’honnêteté de la lucidité, nous deviendrons plus indulgents pour les autres. Nous accéderons à la possibilité de pardonner au lieu de réchauf­fer les vieilles rancunes. Un vrai pardon, qui dit oui à la vie de toutes ses forces.

 

La sagesse qui serait l’apanage des vieux n’est pas le fruit naturel de la vieillesse. Je connais de vieux messieurs qui sont amers et de vieilles dames qui sont mesquines. La sagesse est le fruit d’un travail sur soi. Elle naît du dépassement positif des frus­trations. Pourquoi, alors, fait-on souvent rimer vieillesse et sagesse ? Eh bien ! Sans doute parce que, en vieillissant, les frustra­tions, on connaît bien ; pas besoin de les chercher... Elles se pré­sentent en rangs serrés ; et si nous ne faisons pas l’effort de nous adapter, c’est la loi du jeu de quilles. Chaque nouvelle frustration, c’est la boule qui va démolir un peu plus l’édifice. Mais, en revanche, chaque fois que nous aurons retrouvé un équilibre nou­veau après avoir vacillé, nous nous serons enrichis d’une expé­rience. La sagesse n’est pas l’ennemie du désir ; elle nous permet de le canaliser et de le rendre efficient. La société attend des vieux une sagesse qui ressemble à une forme d’absence ; elle en choisit un qu’elle loue à grand bruit, pour pouvoir discrètement faire taire les autres. La sagesse ne demande pas d’adopter profil bas, elle demande une certaine discrétion, ce qui n’est pas la même chose. La sagesse n’interdit pas les questionnements et les contestations ; elle laisse une part au doute. Elle ne propose pas de vérité monolithique et rassurante. Elle est ouverte à l’imprévu, mais elle sait que l’homme est inscrit dans une chaîne, avec un avant et un après.

 

Le tombeau vide de Pâques est une invitation à se mettre en route vers l’amour, plutôt qu’une réponse. Le sage, le vieux sage, est donc en route dans son propre chemin, qu’il débroussaille peu à peu en marchant vers sa mort, dans l’espérance que ce jour-là, Dieu aura du talent.

 Denise Lallich-Domenach  Etudes Sept.2002

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b DE  QUI  NOTRE  BEBE  SERA  L'ETRANGER ?

Une histoire (vraie) de Noël.
 

« D’un jour à l'autre, je vais donner naissance à un bébé, un petit garçon. Son père et moi attendons sa venue dans une sorte de coton vertigineux, étrange et indicible.(…) Car cet enfant va avoir du mal à entrer dans les catégories pré-établies qu’on lui propose. Anatole Leclerc sera français, né de deux parents français, eux mêmes nés français. Et j'espère qu'il en sera fier. Mais évidemment, si on remonte jusqu'aux grands parents, ça se corse.
Sa grand-mère paternelle était une enfant cachée, elle a porté l'étoile jaune et ses parents sont morts d'êtres nés juifs sans avoir pu élever leurs filles. Pendant ce temps, ses arrières grands-parents maternels étaient résistants communistes. Son grand-père maternel (mon père) Algérien (depuis naturalisé) était un sans papier quand il a épousé sa grand-mère, (ma mère) française, et eu des enfants. En Algérie, pendant la guerre d'indépendance, les français ont fusillé tous les hommes de sa famille de plus de 17 ans, sans procès ; pendant ce temps, son grand-père paternel faisait la guerre d’Algérie en tant qu'appelé français du contingent Son grand père maternel fait le ramadan et s’intéresse au soufisme et à l’hindouisme, sa grand-mère maternelle est mystique et sophrologue, ses grands parents paternels sont athées, ses parents sont athées, tendance bouffeur de curés, imams, rabbins. Son grand père paternel est ingénieur retraité du nucléaire, et sa grand-mère maternelle est une soixante-huitarde écolo antinucléaire, sa grand-mère paternelle née juive grecque est une fan de Brassens tout comme son grand père maternel qui est parti d'Algérie, il y a trente ans, sa guitare sur le dos pour seul bagage.

 

Et c’est, entouré de cette famille tout ce qu¹il y a de plus française, qu’Anatole, Magyd, Woody, Leclerc fêtera son premier Noël(…).
Aujourd’hui le racisme existe toujours, l’injustice existe toujours, mais les grandes idées nous glissent entre les mains comme le sable du désert. Seul le mélange fait qu'on ne regarde plus l'autre comme un étranger mais qu’on voit chez lui ce qui nous lie à lui. Malheureusement nous vivons dans un pays où le manque cruel de mixité sociale pousse les gens à se cramponner à ce qui leur semble être le plus grand dénominateur commun. Et horreur, je constate que ce dénominateur est souvent la couleur, l’origine, la religion ou les trois à la fois Les français de souches, les français noirs, les français maghrébins, les français  musulmans, les français juifs ; chacun d’entre nous en acceptant de nous soumettre à ces étiquettes grossières, ouvrons la porte au pire des racismes. Nous donnons à Sarkozy, à le Pen et à tous les français qui ont peur de la différence, ce qu'ils demandent. Nous disons oui, nous sommes différents, acceptez-nous différents, donnez des quotas à nos différences, rendez-nous nos droits de victime de l'histoire ! Et nous tombons dans le piège que l'humanité semble incapable de dépasser, siècle après siècle. Et ce, malgré le fait scientifique qui fait de nous, toutes origines confondues, des êtres identiques de chair et de sang.


" Est-ce que je préfère ma sœur à ma cousine, ou ma cousine à sa copine la voisine ? " chante Magyd Cherfi, chanteur français, digne héritier de Brassens. Non ! Il faut leur rappeler que la naissance est une chose, mais que le choix de vie et les convictions en sont une autre. Non, je ne préfère pas forcément ma sœur à ma cousine, je ne suis pas constituée que de mon héritage familial, mais aussi de ce que j'ai appris et aimé toute ma vie et de ce que je choisis d'être ! Cessons de nous identifier à une couleur plutôt qu'à une autre, à une souffrance plutôt qu'à une autre

Si communauté il doit y avoir, c’est la communauté des Hommes et des Femmes libres.

Anatole, Magyd, Woody Leclerc va naître. Son père et moi ferons tout ce que nous pourrons pour lui éviter d'avoir un jour à souffrir de ce qu'il est. Mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur (ce sentiment qui fait tant de mal) quand je pense à lui. De qui notre bébé sera l'étranger ? De personne, je l’espère.

 

Extraits d’un texte de Baya Kasmi écrit pendant la révolte des « Quartiers »,

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 b LE  BONHEUR

 

Avec la permission de Gérard, cet extrait de son courriel qui a permis à tous les membres du groupe EP1 d'"écouter et de partager" sur le bonheur :

 

Gérard a perdu la vue suite à une grave  maladie. Il est né en 1955  et a édité son premier conte pour enfant en janvier dernier (l’Harmattan, éditeur).

 

Dis, c’est quoi le bonheur ?

C’est une vaste question que pourrait poser un enfant à son papa. Si je veux l’aborder ici c’est que j’ai peut être une vision différente du bonheur.

Le bonheur je l’ai connu et le connais encore. Je l’ai connu tout le temps que j’ai été élevé par ma grand-mère. Tout était beau avec elle, tout, même les devoirs qu’elle me faisait faire en plus de l’école.

Le bonheur je le connais encore avec ma mère. Je lui dois beaucoup, tu sais, et je crois t’en avoir déjà parlé, mais je résumerais à ceci : elle m’a donné la vie trois fois. La première en me mettant au monde, la seconde lorsqu’elle à dit au chirurgien, en mars 1961, de m’opérer alors qu’il venait de lui apprendre que je n’en avais plus que pour douze jours et que je mourrais sur la table d’opération. Elle a quand même dit d’opérer et ce fut une réussite formidable, inattendue, non prévue, presque un miracle. La troisième fois ce fut ce jour de 1982 où je suis sorti de mon premier coma profond, très profond même, ce jour où j’ai entendu une petite voix appeler « Gérard,Gérard.. » sans cesse alors que mon corps était maintenu en vie sur le lit avec des tas d’appareils, et que moi j’étais une petite bille jaunâtre qui avançait lentement, si lentement vers cette voix qui appelait sans cesse « Gérard, Gérard ». La voix devenait de plus en plus audible. La petite bille jaunâtre  avançait lentement vers la voix. Soudain la voix est devenue toute proche. La petite bille jaunâtre a dit « tu es là maman ? » . La voix a dit « oui, c’est maman je suis là ». Alors la petite bille jaunâtre a réintégré le corps et celui-ci s’est assoupi.. Je me suis alors remis à vivre. (../..)

 

Si je ne quitte pas ma mère, c’est que je lui doit tant et que nous serions malheureux, l’un sans l’autre. Ma mère et mi formons une famille à nous deux seulement puisque il n’y a plus personne autour de nous, ni grand-mère, ni grand père, ni oncle ni tante ni frère, ni sœur, rien , rien du tout. Alors pourquoi casser cette fragile famille monoparentale. Nous vivons presque comme un couple, avec des bas quelque fois, mais si rares, plutôt des hauts et j’aime faire rire ma mère, le rire c’est du bonheur  et j’aime donner du bonheur.

 

(puis Gérard parle de sa maladie , son reste de vue qui lui fait voir des choses extraordinaire et qui prête à rire ou à sourire..)

 

Ces « vues » souvent inattendues me rappellent cette vérité que je veux oublier : je suis amblyope profond. Mais mon envie de vivre heureux domine et m’aide à surmonter ces moments difficiles.

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b  EXPERIENCES  DE  VIE PERSONNELLE

 

Quand ce groupe devient un lieu d’expression où il est possible de déposer des expériences de vie personnelle :

Nous livrons ici deux moments forts vécus autant par celui qui a amené le sujet que par ceux qui l’ont reçu.

La maltraitance d’une personne âgée 

Lors d’une tentative de dénoncer un tel acte, comment être cru et entendu par les professionnels du médico-social qui se couvrent ou ne veulent pas toujours voir la réalité ?

La question était alors de dépasser la culpabilité ressentie face à cette situation bloquée, où celui qui dénonce se retrouve seul.

Il semble important d’entretenir notre capacité à dire, à s’indigner, à s’opposer et résister pour protéger les autres.

Etre conforté dans cette position est nécessaire à un moment donné, dans une action que l’on mène seul pour l’un de nos proches. Se relier à des associations d’usagers peut aussi aider.

 

Intimidation dans une cave, vol de 50 euros et tentative de racket d’un jeune de 18 ans par deux de ses copains d’origine étrangère.

Toute la difficulté résidait dans « quelles actions et réactions avoir dans cette situation ? »

Ces jeunes gens avaient été ses amis, venaient chez lui, connaissaient bien ses parents.

La question de la protection de la victime se pose: le jeune de 18 ans est touché, a peur et subit surtout une incompréhension totale.

Lors du partage de cet événement, le groupe « Ecoute et Partage »  a pu contenir à ce moment toutes les idées à mettre en œuvre pour faire face à cette situation : elles étaient multiples et parfois opposées. Cela mettait bien en évidence la difficulté de trouver « la bonne façon de réagir ».

D’une part, la question de l’intervention de la loi a été largement évoquée.

D’autre part, même si nous étions tous persuadés qu’elle est une richesse, la dimension de la différence de valeurs et de culture abordée ce soir là, a ouvert sur la compréhension de modes de fonctionnement qui ne nous sont pas accessibles naturellement.

 

Cet échange a permis certainement de trouver un entre deux et de ne pas répondre de façon extrémiste (comme l’a d’ailleurs été ce méfait).

Même si l’option de faire une main courante à la police a été retenue, elle s’est accompagnée par une tentative d’échanger avec les jeunes, de les interpeller sur leurs agissements qui dépassaient notre entendement.

Il est vrai que la discussion n’a pas été simple comme si l’accès à la nuance, à la distance par rapport aux mots prononcés n’était pas possible.

Les mêmes mots ne semblent pas avoir le même sens. Le rappel à la loi a été mal perçu, comme impossible à entendre. Ceci dit, il a quand même eu le mérite d’être prononcé.

Tout est amplifié, excessif.

Le discours le plus entendu, a été celui du côté de l’affectif, celui du cœur…Heureusement peut-être… Sinon, tout cela aurait pu être sans issue ou en réponse à l’excès et la gravité des faits, dans quelque chose du « tout du côté de la loi » (une plainte). C’était cependant difficile d’oublier que ces trois jeunes étaient encore des copains un mois avant les faits.

 

La vie d'Ecoute et partage

 

Le groupe a pour chacun d’entre nous cette capacité d’accueillir les  « paroles des uns et des autres ». Le temps d’une pause et le temps d’y déposer ce qui nous anime, qui nous traverse l’esprit, qui nous entame, qui nous dérange et même qui nous fait souffrir.

Ce groupe nous semble peut-être à chacun une force dans notre parcours de vie ; force puisée dans la relation à l’autre, « aux autres » dans la richesse de leurs paroles énoncées  ; force trouvée à l’intérieur de chacun dans le désir d’adresser des paroles pour les partager…

Il apparaît d’ailleurs que les thèmes amenés ces derniers temps évoquent bien notre condition humaine dans cette dimension d’être relié aux autres hommes, de l’ajustement permanent que cela nécessite, de la place si souvent questionnée de l’homme dans différent groupe.

Chacun se livre ou livre une petite part de lui :

La parole… dire ce que l’on pense…comment est entendue ma parole par l’autre…elle peut être violente, génératrice de conflits…

Et puis, l’écoute des paroles des autres, les propos prennent du sens ou ne valent pas la peine … la capacité du retrait…

La transmission, donner, le bonheur à transmettre

Etre avec les autres, et non pas tout seul, ressentir cette force en nous (existence de Dieu ?) et percevoir le potentiel en l’autre.

Responsable de notre comportement, accepter nos limites, les reconnaître.

 

C’est en mettant au milieu du groupe tout ce beau matériel de paroles, de pensées, de réflexions et c’est en saisissant chacun à notre mesure cette nourriture pour l’intérioriser qu’Ecoute et Partage chemine. Nous sommes entraînés dans une aventure où alternent des moments de fermeture, puis d’ouverture, des moments vides qui se remplissent.

 

Pascale et Jean-Paul Mourot

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b  ECOUTE  et  PARTAGE

            Les préoccupations des femmes, des hommes -et des jeunes- d’aujourd’hui sont souvent très concrètes : les conditions d’existence suffisent à mobiliser leurs énergies.  Beaucoup parmi eux, nous semble-t-il, sont cependant très sensibles aux besoins des autres à travers leurs propres difficultés. La solidarité ou les combats pour la justice les interpellent. Ils sont soucieux d’authenticité et savent s’engager dans des actions précises.

            Si, pour beaucoup d’hommes actuels, l’interrogation religieuse n’a guère de place et si le clivage entre croyants et agnostiques s’estompe, certains de nos contemporains sont toutefois interpellés par celui qui a faim, celui qui souffre, l’étranger, le malade, les sans papiers et sont attentifs au monde dans lequel ils vivent. Affrontés à la souffrance, aux épreuves, ils apprécient d’être accueillis, écoutés, visités et ils entendent facilement cette parole :

« Chaque fois que vous avez donné à manger à ceux qui ont faim, visité celui qui est malade, accueilli l’étranger, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Matthieu 25- 34 à 46.

            Même si beaucoup ne se préoccupent guère de religion, certains essaient de vivre ce qu’ils croient. Si beaucoup ne « pratiquent » pas –c'est-à-dire ne fréquentent pas les offices religieux-, certains pratiquent en réalité l’essentiel en assumant personnellement la voie de l’autonomie pour répondre à leurs interrogations et en se construisant dans la réflexion et le dialogue.

            Chaque fois que quelqu’un fait en effet l’expérience d’une écoute attentive et d’une mise en commun loyale, il découvre étonné, émerveillé que les approches diversifiées viennent enrichir sa propre perception. On peut avoir des appréciations différentes sur des sujets brûlants (par exemple l’euthanasie, l’avortement, l’accueil des immigrés, l’aide des plus démunis), l’écoute vraie et le respect des convictions de l’autre n’estompent pas ou ne réduisent pas nos propres convictions mais peuvent les fortifier en nous interpellant et en nous invitant à les expliciter.

            Les femmes et les hommes de notre groupe souhaitent utiliser leur autonomie, leur liberté et leur responsabilité pour vivre une véritable cellule d’écoute et de partage. Le message évangélique et d’autres textes prophétiques nous permettent d’essayer d’incarner dans la vie les valeurs vivantes qui nous animent et de les vivifier. Nous savons qu’il ne faut rien attendre du ciel  - « Pourquoi regardez vous le ciel ? » (Actes de apôtre 1 , 11) – mais qu’il importe d’empoigner à pleines mains notre terre et notre chemin en humanité. Nous n’écoutons plus les « commandements », les vérités toutes faites et infaillibles, les réponses toutes données qui ne permettent pas un dialogue véritable. Nous sommes ouverts aux questions, aux appels et aux aspirations de l’humanité en recherche. Mais nous fuyons le fanatisme, les intégrismes des Ayatollahs ou des Bush qui utilisent Mahomet ou Dieu pour satisfaire en réalité leurs intérêts. Nous croyons que « vos fils et vos filles prophétiseront » comme l’annonçait le prophète Joël et qu’aujourd’hui l’Esprit continue à souffler où il veut (Jean 14.12).

                                                                Les membres d’Ecoute et Partage

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